La présentation de son livre par Rufin à la Grande Librairie m'avait donné envie de le lire. Je trouvais sa vision de l'amour intéressante, vision tirée de sa propre expérience puisqu'il a connu trois mariages et deux divorces avec la même femme. Il s'agit en effet de l'histoire d'un couple qui se trouve et se perd pour se retrouver encore, jusqu'à célébrer six mariages, plus un, dont je tairai la nature.
Sept mariages, cela me paraissait d'emblée excessif, voire ridicule, mais bon… puisque c'était en partie autobiographique, cela pouvait se révéler intéressant.
Hélas, le résultat n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Certes l'histoire se lit facilement, mais j'ai été déçu par la double superficialité des sept mariages-ruptures et des deux personnages, elle chanteuse d'opéra, lui homme d'affaires. L'auteur introduit des événements assez « faciles » (malversations, faillites), des réactions parfois immatures (manque de communication sincère, mensonges grossiers, occasions ratées de se réconcilier de façon simple) du délire (divorcer pour mieux se marier pour de vrai), de la fantaisie (pour l'ultime mariage).
Je ne sais pas sur quels éléments autobiographiques s'est basé Rufin pour construire cette histoire, mais à part l'adultère, du moins la rencontre d'une tierce personne, et les voyages qui éloignent, je pense qu'il n'est pas concerné par les autres causes de divorces abordées dans le roman.
En prenant comme modèles de référence Maria Callas et
Bernard Tapie, Rufin a construit un couple artificiel qui manque de consistance, de profondeur, de crédibilité. J'aurais préféré un vrai récit autobiographique qui nous explique comment un couple peut effectivement se marier trois fois, avec de vraies problématiques d'homme et de femme intelligents, entreprenants, réfléchis.
Trop souvent, à la lecture, je me suis agacé contre l'auteur qui utilisait des ficelles pour relancer l'intrigue. Je ne me suis pas identifié aux personnages. La force de caractère du jeune Edgar qui, au début du livre, fait des prouesses pour s'attacher la sauvage Ludmilla, s'émousse au fil des ans pour donner un personnage tantôt médiocre tantôt brillant professionnellement, mais bien souvent stupide. Cette histoire d'amour prometteuse a accouché d'une comédie moderne un peu caricaturale.
Je terminerai par une touche positive. J'ai aimé le portrait de Ludmilla tout au long du livre, j'ai aimé son apprentissage professionnel du chant, l'évolution de sa vie affective, jusqu'à ce qu'elle tombe dans la facilité de la diva superficielle et capricieuse, grisée par le succès et oublieuse de ses valeurs fondamentales.
Pour autant, le livre se lit facilement. J'en attendais sans doute trop au regard du sujet qui méritait plus de réflexions pertinentes de l'auteur.