Rufin créé pour ce nouveau roman un couple improbable : un jeune français, Edgar, qui d'un seul regard dans les années soixante tombe amoureux d'une jeune ukrainienne, Ludmilla, lors d'un voyage-reportage dans le bloc communiste.
Désargenté, essayant de percer à Paris après une enfance difficile, Edgar réussi néanmoins à repartir en URSS, à retrouver sa belle, à l'épouser et à revenir en France avec elle. Toute l'énergie dépensée pour réussir à accomplir ce projet le laisse sans dynamisme une fois le couple installé à Paris. le début d'une vie à deux, puis menée chacun de leur côté, lui dans les affaires, elle chanteuse d'opéra. A chaque étape de leur vie, ils se croisent et se recroisent, s'attirent toujours, se remarient, puis divorcent.
L'auteur mélange ici un peu de lui – première épouse était d'origine russe, il s'est marié à trois reprises à sa deuxième épouse Azeb -, et beaucoup de l'histoire de la deuxième moitié du vingtième siècle.
Son Edgar, ambitieux, décidé à percer, qu'importe la morale, tient du
Xavier Niel et du
Bernard Tapie. A partir d'une première affaire pas trop propre, il enchaîne les succès financiers avec le soutien massif d'une banque.
Sa Ludmilla se découvre une voix, la travaille avec le concours de plusieurs professeurs ou formateurs et perce dans le monde de l'opéra. On pense à la Callas et à d'autres divas, adulées par leurs fans et poursuivies par les paparazzi.
Si Rufin réussit l'arrière-plan historique de son roman, il est moins convaincant sur les motifs qui attirent Edgar et Ludmilla, les font passer sur les infidélités de l'un ou de l'autre, revenir sans cesse, et aussi s'éloigner, parfois jusqu'à l'autre bout du monde.
Dans ce récit d'amour et de chamailleries, les personnages finissent par devenir tellement hors norme, que seule leur fille semble arrimée à la réalité.
Cette profusion d'excès finit par devenir un peu lassante. le récit n'emporte plus trop. Les pages se font plus longues, Rufin en fait trop, on l'a connu plus inspiré. Une demie déception donc.