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Citations sur Nuages immobiles : Les plus beaux poèmes des seize dyna.. (30)

Le tigre



Le sage a soif mais il ne boit pas aux sources malignes
Le sage a chaud mais il ne s’abrite pas sous des ombres faciles
L’homme véritable sait porter le poids de la liberté.
Mon cheval est sellé ; il m’emporte auprès du devoir.
Ma cravache rythme son pas vif vers l’aventure qui appelle
Ma faim recherche l’antre des tigres — je me nourris de leur sauvagerie
Le froid et le sommeil me conduisent au bois des oiseaux où trouver refuge
La fin du jour presse mon cœur insatisfait — ma quête n’est pas finie.
Je vois le déroulement des jours ; l’an s’épuise dans la nuit qui vient.
De lourds nuages occupent le rivage et poussent leurs soupirs vers la montagne.
La vallée retient mes vers et la crête des pics libère mes souffles angoissés.
Si l’agitation heurte les cordes du luth, Les hautes aspirations élèvent la parole.
Ô ! Comme vivre peut être pesant parfois !
Mais que se passe-t-il en moi qui braille la lâcheté qui s’épanche ?
Je frappe mon cœur — « réveille-toi et garde droite la vertu nécessaire ! »
Si ma poitrine se gonfle, voilà ma tête qui s’abaisse — comme j’ai honte…


// Lu Ji (261-303)

/ Traduction Alexis Lavis
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…La première lune d’hiver annonce les courants froids



…La première lune d’hiver annonce les courants froids
Le vent du nord s’engouffre cruel et tranchant.
J’endure la peine et sais la nuit longue.
Les étoiles hiérarques s’égrènent dans la nuit claire
Au quinzième jour, la lune est pleine
Et au vingtième déjà ses ombres se brisent.
Un voyageur pâle me tend une lettre seule.
J’ai lu au premier vers « amour immortel »
J’ai lu au dernier vers « douleur infinie d’être encore
J’ai conservé cette lettre dans les plis de ma robe
Trois ans déjà sont passés mais les mots n’ont pas blanchi.
Je m’offre entière à cette unique ferveur
Et je tremble que jamais tu n’en voies la valeur.


// Anonyme Les dix-neuf poèmes anciens des Han (ler siècle ap. J.-C.)

/ Traduction Alexis Lavis
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En voyant l’océan

Par l’orient, du haut de la montagne Jieshi,
J’envisage l’océan infini.
Des eaux bouillonnantes inlassables
surgissent des pics abrupts et déchirés.
Des arbres y croissent en grappe
Et l’herbe riche forme ses tapis de sève.
Le vent d’automne soupire
Les hautes vagues barattent l’écume
Qu’elles jettent ensuite aux cimes des nues
Soleil et lune, en leur périple,
Semblent trouver là, naissance et repos.
Les étoiles en leur brillance constellée
Émergent de ses profondeurs marines.
Comme est grand mon ravissement!
Je le chante dans ces verts.

(Zao Zao)
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Une nuit dans la montagne

Posé à même la montagne inclinée,
Je suis l’errance d’une barque fragile,
Dont l’écho rappelle ma destinée.
elle flotte, légère, sur les flots lourds,
Et fuit mon regard dans l’ampleur du ciel.
Le soleil s’épuise alors dans l’horizon
Et ma vue entre soudain dans le demi-jour d’une lumière indécise.
Un dernier rayon considère encore la cime des arbres
Et la pointe des roches chenues.
Tandis que le lac se teinte d’encre noire,
Des nuages rouges témoignent encore de l’astre défunt.
L’ombre des iles, plus noire encore
Se détache des eaux assoupies
Qui reflètent un instant le souvenir du jour;
Mais déjà l’obscurité pèse sur les bois et les collines,
Et le trait confus du rivage
Se trouble dans mon regard impuissant.
La nuit vient, l’air est vif;
Le souffle du nord crie implacable
Et pousse les cormorans vers la rive.
Ils attendront l’aurore entre les roseaux.
La lune coquette se montre sur les eaux lisses.
Je prends mon luth
Et accompagne ma solitude.
Mes doigts caressent les cordes en sanglots;
Le chant disperse au loin ses accords.
Le temps s’envole;
Un frisson de rosée me rappelle à l’heure tardive.

(Chang Jian)
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Au loin disparu



Le cygne déploie ses ailes agiles et laisse le vent le porter
   au loin.
Un air vif le rappelle au souci et il tourne la tête, incertain.
Un cheval livre ses pas lourds à la steppe désertée — les
   siens sont partis.
Son cœur s’enlise dans des pensées interdites comme ses
   sabots dans la glaise meuble.
Le destin s’abat sans pitié sur deux dragons que leurs ailes
   opposent.
Il reste pourtant les chants qui savent révéler les amours
   secrets.
À l’ami qui s’en va, je joins les mots du ruisseau où coulent
   mes larmes.
L’écho des tambours exalte les vertus mâles et déchire les
   cœurs des compagnons vaincus.
La solitude des vers alimente le brasier du souvenir
Et plombe mon âme mon âme brisée dans l’horizon des
   peines.
J’aimerais pouvoir entonner encore les airs de l’enfance,
Ton pays est loin désormais — il t’ignore jusqu’au trépas.
Le mal me dévisage et il pleut sur les joues des filets
   d’amertume.
Les cygnes volent leur vie entière deux à deux
Mais pour nous, hommes, qui ne pouvons nous envoler
   ensemble
Il n’y a que routes mornes aux destins séparés.


// Su Wu (140-60)

/ Traduction Alexis Lavis
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Nuages immobiles



Nuages immobiles lourds et mornes,
Averse des pluies saisonnières
Les huit directions en une seule pénombre
Et toute la terre changée en rivières.


// Tao Yan Ming

/Traduction: Alexis Lavis
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Tristes souvenirs



Du temps où tu gagnas ma maison
Jamais je n’ai eu dans tes yeux l’impression d’être pauvre.
Chaque soir, jusqu’à minuit aux travaux de couture ;
Le repas toujours prêt au temps accordé.
Neuf jours sur dix, nous nous contentions de légumes salés.
Mais toujours tu gardais en surprise une belle pièce de viande.
Nous comme l’est et l’ouest unis dix-huit ans durant,
Partageant l’amer et le doux.
Nous comptions alors sur cent ans d’amour.
Mais en une nuit seulement je t’ai perdu.
Ta fin me revient inlassable en mémoire ;
Comme tu tenais ma main, incapable de parler.
Ce corps vieilli qui dure encore,
Te rejoindra vite dans la poussière.


//Mei Yaochen (1002-1060)

/ Traduction Alexis Lavis
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Assis avec ma femme au début du printemps



Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.


// Xu Junqian (540-609)

/ Traduction Alexis Lavis
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Les oiseaux s’envolent et les fleurs tombent

À l’aurore d’une matinée printanière, les oiseaux surgissent par volées,
Ils colonisent vite le parterre en fleurs,
Devant le papillon de mon jardin tranquille, ils badinent leur tintamarre.
À peine sont-ils posés, que l’ouvrage de la nuit les effraie;
Ils partent brusquement, non moins destructeurs que la nuit.
Le battement de leurs ailes a détaché bien des pétales;
Le vent, qui entrechoque les tiges, maltraite aussi mes pauvres fleurs.
Des nuages de toutes couleurs voltigent sur les degrés du perron;
Comme au séjour des immortels, une neige rose est tombée.
Les oiseaux partis, le chant cesse;
Pistils et étamines jonchent le sol, flétris et dispersés.
De la terrasse du pavillon, j’ai contemplé longuement ce spectacle.
Ne sommes-nous pas souvent prodigues du temps où nos années sont en fleurs?

(Qianqi)
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Pour moi, la peinture est un pèlerinage dans les nuages, une solitude qui voyage dans le ciel. Quand mes yeux sont fatigués ou quand ma main résiste à mon désir de peindre, je me mets à la fenêtre de mon atelier et je regarde les nuages. Je les aime depuis que j’étais petite fille. Ils se métamorphosent constamment et ne se répètent jamais.
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