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EAN : 9782756422831
168 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (10/10/2018)
3.36/5   11 notes
Résumé :
« Je vis en retrait du monde depuis deux ans. Deux ans de solitude, deux ans où le temps, pour moi seul, s'est arrêté, deux ans de prison, deux ans de réclusion (in)volontaire, deux ans d'une tragi-comédie à huis clos, deux années de vide, de rien, de faux-semblants, mais aussi de luttes indicibles qui disparaîtront à jamais dans les méandres d'une angoisse avide. C'est en renouant avec la vie environnante, en exposant ma vie pour les besoins de ce livre que je pren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Difficile de juger un témoignage, l'important n'étant pas la qualité d'écriture mais le fait de pouvoir comprendre une histoire, un ressenti parfois très différent du nôtre.
Le thème des hikikomoris m'intéressait, Il s'agit d'un phénomène initialement observé au Japon où des personnes se retirent volontairement de la société, allant jusqu'à s'enfermer totalement chez eux, ne sortant plus, n'ayant plus aucune activité sociale hormis par le biais d'internet.
Certains vivent enfermés chez eux depuis des années.
Andréas Saada, un jeune parisien a lui aussi vécu cet isolement, une première fois pendant 6 mois, à l'âge de 17 ans et dix ans plus tard, son mal-être a empiré au point qu'il a passé plus de deux années enfermé dans sa chambre.
J'ai eu bien du mal à comprendre la réaction de la maman de ce jeune homme, qui a l'air d'accepter la situation sans vraiment réagir. Bien entendu, il est totalement dépendant d'elle financièrement, puisqu'il ne travaille pas et qu'en plus, il ne fait rien au quotidien pour l'aider alors qu'il vit chez elle. Certains détails m'ont choqué, comme le fait que sa mère lui fournit des canettes de boissons protéinées et des bouteilles en plastique vides pour qu'il puisse uriner dedans sans même avoir à sortir de sa chambre.
Je ne nie pas la souffrance de ce jeune homme, mais dans ce cas, il m'a semblé très étrange qu'une mère laisse les choses empirer jusqu'à de telles extrémités sans réagir.
On aurait parfois envie de la secouer, de lui dire de réagir, d'appeler un médecin, de faire hospitaliser son fils, de se faire aider par un professionnel ou un autre membre de la famille.
Andréas nous explique son impression de ne pas avoir sa place dans la société, sa sensation de ne pas savoir quoi faire de sa vie, de ne pas avoir de projet ou d'envie particulière, ses crises d'angoisse qu'il sent monter en lui et qui le paralyse, mais cela reste assez factuel et le font un peu passer pour un ado capricieux qui a toujours eu l'habitude que sa mère soit là pour tout faire à sa place, passant même derrière lui pour régler ses problèmes ou réparer ses erreurs, petites ou grosses.
Bien sûr, il est question du lien mère-fils, du fait que ce jeune homme est très dépendant de sa mère pour absolument tous les aspects de sa vie, que la maladie quelle qu'elle soit semble n'être ni diagnostiquée, ni soignée, qu'il n'y a pas de structure capable d'accueillir une personne souffrant de ce genre de maladie…les raisons semblent nombreuses pour expliquer le cas de ce jeune homme, mais quelles solutions sont proposées, ça nous n'en saurons rien et j'ai trouvé ça dommage.


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Le hikitruc désigne un phénomène qui aurait émergé de l'Extrême Orient avant de toucher progressivement l'ensemble du monde, comme bien d'autres maladies exotiques de l'époque.


Le hikikomori préfère ne rien foutre chez lui plutôt que de ne rien foutre à l'extérieur. Même la vie sociale finit par ne plus l'intéresser, et c'est à ce point de bascule que l'inquiétude des « proches » semble devenir la plus patente. Vont-ils aussi se faire jarter du lot ?


Aujourd'hui, l'état d'urgence dit de crise dite sanitaire oblige une grande partie de la population à vivre comme des hikikomori. Cette frange de la population, majoritairement tertiairisée, ne menait de toute façon au sein du monde extérieur qu'une parodie de vie active puisqu'elle se contentait la plupart du temps de brasser de l'air. Elle se bat maintenant contre des moulins à vent depuis l'écran de son ordinateur personnel. Encore une fois se trouve confirmée la théorie selon laquelle le normal n'est que le consensuel d'une époque donnée. le hikikomori est devenu le normal de notre société depuis le mois de mars 2020. Je parle donc d'un livre traitant d'un thème obsolète.


A l'époque où Andréas Saada commence à comprendre qu'il est hikikotruc, ce n'est pas encore la mode. Comme tous les mecs qui viennent de sortir de l'adolescence, il semble lui manquer quelques cases, et plus sa mère le tance pour qu'il fasse quelque chose de sa vie, moins il a envie de se démarquer. Nous ne lui jetterons pas la pierre.


Le récit reste cependant surprenant car la vie d'hikikomori qu'Andréas nous décrit nous semble finalement assez banale. le doute m'étreint : ne se contente-t-il pas de décrire la vie banale d'un jeune de notre époque (donc d'avant 2020) ? Andréas se prend une année sabbatique au lieu de poursuivre ses études de merde. Il passe ses nuits en boîte et dort la journée. Il cherche vaguement un stage dans des entreprises au bord de la faillite, mais il n'en trouve pas. Il fume un joint de temps en temps avec un pote. Il traîne dans sa chambre et contemple un écran sur lequel défilent les images d'une quelconque série. La désidentification survient seulement lorsque Andréas nous explique qu'il n'a plus la force de sortir dehors pour s'acheter à becqueter. Mais comme sa mère lui fait des petits croques au jambon, y a pas urgence.


Le malaise surgit moins des phénomènes eux-mêmes décrits que du jugement qu'Andréas porte à leur encontre. Même s'il donne à lire son existence à un moment où il estime s'être éloigné de l'attitude hikiko, il en parle comme s'il n'en avait rien appris. Hikiko lui est passé dessus sans qu'il n'en sache rien. Il adopte l'attitude combative et volontariste souvent désignée comme l'idéologie dont le phénomène hikiko serait le symptôme. Andréas déclare vouloir à nouveau se plier aux injonctions qu'il semblait avoir refusées de tout son corps, plus que de toute son âme.


Pour désigner son comportement, Andréas se tance de couardise et de passivité. Au moment de prendre un quelconque métro pour aller gagner sa croûte, il constate avec emphase qu' « aux portes de l'action et de l'engagement, je reste saisi de stupeur, incapable de franchir le dernier pas qui modifiera ma vie. » Andréas retombe dans le discours aliénant. Aussi (et parce que) totalement soumis aux désirs de sa mère, il s'aligne, dans un mélange de débilité physique et de dépendance affective, sur les rêves d'avenir qu'elle prépare pour lui, sans lui demander son avis. Les deux semaines qu'il parvient à mener en stage de logistique constituent ainsi un plein succès.


« Ma mère était ravie de me voir me lever le matin – en plein hiver – et de revenir à une vie normale. En effet, je me réveillais tout seul, je prenais une douche, j'avalais un jus d'orange et je filais prendre mon métro. Je me sentais fier de moi : enfin, j'étais entré dans la vie active. »


Andréas semble n'avoir aucun désir qui lui appartienne en propre. Il accomplit le programme qu'une autre lui a réservé. Ainsi lui reste-t-il peu d'alternatives : vie de merde supposée normale ou néant.


Est-ce vraiment le phénomène hikikomori à la sauce occidentale qui est présenté dans ce livre ou l'abattement qui dévaste les hommes qui, empêchés de rencontrer le nom-du-père, finissent consumés par l'injonction à trouver une jouissance jusque dans le désir qui leur est le plus étranger ?
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C'est par curiosité que j'ai emprunté ce livre.
Je ne connaissais pas du tout ceux que l'on appelle les hikikomoris, terme venant du Japon désignant des gens souvent jeunes qui se retirent du monde en restant cloîtrés chez eux (généralement dans leur chambre), et j'ai eu envie de découvrir l'histoire de ce jeune hikikomori Parisien.
Effectivement, ce qui m'avait été expliqué à leur sujet m'avait interpellé. En lisant ce livre très bien écrit j'ai pu me plonger dans le quotidien d'une de ces personnes en France. Tout est bien raconté, sans lourdeurs et sans éléments inutiles.
Un document très intéressant pour prendre connaissance des hikikomoris et mieux les comprendre.
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio pour cette Masse critique.
J'avoue que j'ai été attiré par le livre car le phénomène des Hikikomori m'interpelle. Qui sont ces gens qui décident de refuser tout contact avec l'extérieur ? Comment en arrivent-ils là ? Savent-ils s'en sortir?
Le livre est le témoignage de l'un d'entre eux, il vit en France et a aujourd'hui 28 ans. Pourtant , au Japon, on sait que la moyenne d'âge d'un Hikikomori est bien plus haute. En Europe ce sont souvent les jeunes qui sombrent.
Andrea nous explique son quotidien, comme il en est arrivé là. de l'adolescent sans histoire, ou presque, au reclus.
Le témoignage est intéressant et intime, j'ai surtout apprécié la conclusion. Plus que l'Hikikomori, Andrea exprime la souffrance d'être un anxieux, et là-dessus je le rejoins totalement. C'est de là que tout part, de l'angoisse. Mais d'où vient-elle ? de notre enfance ? de notre scolarité ?
Plus q'un décryptage du phénomène Hikikomori, c'est surtout l'histoire d'un jeune homme perdu dans la société dans laquelle il vit. On se doute que sortir de cette spirale est le travail de plusieurs années. Ce n'était pas ma meilleure lecture, je l'attendais plus complexe, mais ça n'en reste pas moins une lecture enrichissante.
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Je remercie tout d'abord Masse Critique et les éditions Pygmalion qui m'ont permis de découvrir ce témoignage touchant d'un jeune adulte pris dans la tourmente. Il est dans l'incapacité de sortir de chez lui car son corps lui refuse à travers des crises d'angoisse paralysantes.

À travers ce récit il s'ouvre sur l'extérieur et s'interroge sur son "problème", à cause de quoi il est ainsi, sans culpabiliser et sans voyeurisme avec une belle simplicité il narre ses échecs et ces petites victoires sur le quotidien. Il permet aussi de comprendre ces personnes isolées du monde et qu'on ne voit pas sauf si on en connaît personnellement.

Livre qui se lit très vite et qui permet d'avoir un regard différent sur les troubles du comportement.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère, qui ne s’est aperçue de rien, pioche dans son plat, les yeux rivés sur l’écran. Tant mieux. Je prends sur moi afin de garder le masque de l’immobilité quand mon être tout entier traverse une tempête. Elle va s’inquiéter, ce qui est la dernière chose à faire face à un anxieux. Je n’ai pas envie qu’elle intervienne, qu’elle me touche, qu’elle me parle. Il faut comprendre que je dois être seul, car je suis vulnérable et incapable de me défendre contre une intrusion qui se veut bienveillante mais qui s’avère intrusive et inadaptée. Je me concentre sur un seul objectif : continuer de respirer.
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Après tout, ce n’est pas comme si au-dehors quelque chose m’attendait, comme si je ratais des opportunités de vie géniale, comme si je ruinais complètement mon avenir. Parce que je reste cloîtré chez moi. Non, même avant mon retrait, je faisais du sur place. Je n’ai jamais été un bourreau de travail, un type fort et compétitif, un jeune loup prêt à tout défoncer pour gravir les échelons.
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Je culpabilise et je réalise combien de temps j’ai perdu à errer dans les rues de Paris, dans les boîtes de nuit ou dans les cafés. Je me revois alors cloîtré dans ma chambre à mater des séries, à dormir et à prendre la vie du côté qui me semblait le plus facile. De tous ces jours, il n’en reste rien à présent.
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Ma mère s’est absentée pour la journée. C’est une bonne chose, car mon état ne tolère toujours pas de voisinage. Je n’y peux rien, c’est ainsi. La solitude fait partie du processus de retour à la normale.
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Mes amis n’ont rien remarqué. Ne me sentant pas bien du tout, j’ai voulu me rendre aux toilettes pour m’isoler. Mais j’ai été incapable de me lever. Mes membres refusaient tout bonnement d’écouter les ordres de mon cerveau. Ce dernier venait de se prendre irrémédiablement les pieds dans le tapis de mes pensées les plus folles, les plus agitées, les plus absurdes. Mes jambes tremblaient à présent.
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