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EAN : 9782234022140
Stock (30/11/2001)
4.5/5   2 notes
Résumé :
En 1948, âgé de vingt-neuf ans à peine, Alexandre Safran fut élu grand rabbin de Roumanie. La communauté juive roumaine se trouvait alors déchirée au gré des alliances qui se nouaient et se dénouaient entre les leaders de l'Axe. Un million d'êtres humains allaient ainsi être torturés, déportés, assassinés, tandis qu'en face des Gardes de Fer, du gouvernement Antonescu et des nazis se dressait un homme seul, se battant avec pour seules armes son courage le pouvoir de... >Voir plus
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Que lire après Un tison arrache aux flammes : la communaute juive de roumanie, 1939-1947 : memoiresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Un tison arraché aux flammes", porte le sous-titre " La communauté juive de Roumanie 1939–1947. Il s'agit de la traduction de l'anglais du livre de mémoires, "Resisting The Storm" avec une introduction par Jean Ancel. Il me semble significatif de rappeler la dédicace à Sarah l'épouse bien-aimée. À juste titre le rabbin rappelle le conseil d'un sage "il y a un temps pour le silence". Après l'horreur, il suit toutefois les conseils qui lui sont donnés et : "Le 11 mai 1977 [écrit-il] je fis une conférence sur la pensée juive à l'université de Haïfa. C'est le Pr. Bela Vago historiens réputé pour ses travaux concernant l'holocauste en Roumanie et en Hongrie qui m'accueillit. Quelques années auparavant il m'avait demandé de lui fournir des détails sur le stade final de la destruction de la communauté de Transylvanie du Nord. Il me montra ses travaux et insista pour que je lui confie la tâche de mettre au clair mes notes. Pour faciliter les choses et lui permettre d'avancer plus vite, il me demanda d'enregistrer au magnétophone mes souvenirs de la guerre de l'immédiat après-guerre" (p. 15).
"Dans ce livre, je n'ai pas tout dit. Il ne relate pas tous mes souvenirs du temps des persécutions. C'est surtout pour la période 1944-1947 que j'ai dû volontairement omettre beaucoup de choses à cause des Juifs vivant encore en Roumanie. [...] Je fus expulsé du pays et le Dr. Wilhelm Filderman, président de la Fédération des communautés, dut s'enfuir clandestinement." (p. 16)
Au moment de son élection comme rabbin de Roumanie, cette communauté comptait environ huit cent mille personnes et était la quatrième plus important au monde.
Ce n'est pas chose aisée que de résumer ce livre si grave de par son sujet mais si plein de foi et d'espoir en même temps. Dans son introduction, Jean Ancel retrace avec maestria les principales étapes historiques de cette communauté différemment traitée dans les quatre régions historiques de la Roumanie (Le Vieux Royaume ou le Regat, la Transylvanie, La Bessarabie et la Bukovine). Et de conclure : "Le résultat, c'est que personne n'essayait de prétendre que les Juifs roumains faisaient partie de la nation roumaine" (p.23)
Par certains aspects, comme notamment la récurrence du terme massacre, ce livre porte une charge insoutenable de douleur, mais il est exemplaire à plus d'un égard. L'infatigable rabbin put obtenir des vies sauvées, une à une parfois, grâce à sa ténacité et comme il le raconte dans ce passage, qu'il me soit permis de citer dans son intégralité :
"Les risques encourus étaient grands : d'abord, c'était un antisémitisme notoire, ensuite, il était à Sibiu, où je ne pouvais me rendre que clandestinement, en ma qualité d'otage. En outre, il y avait là-bas un important quartier général de la Gestapo, ce qui multipliait le danger d'être pris. Il ne nous restait qu'une possibilité, inconcevable en temps normal : envoyer un messager à Sibiu pour faire savoir au métropolite que je voulais le voir de toute urgence à Bucarest. Et l'incroyable se produisit… Ce même homme qui s'était toujours montré si distant à mon égard au Sénat, cet intime du maréchal Antonescu, qui avait accepté de sa main une charge refusée par le patriarche Nicodème, fit répondre au grand rabbin qui le rencontrerait à Bucarest, au domicile de ses parents, le général Vaitoianu, ancien Premier ministre… les portes qui semblaient si hermétiquement closes commençaient à s'ouvrir, un miracle était en train de se produire.
Au début de notre entretien, le métropolitain parut d'abord aussi froid que d'habitude. Je lui exposai la situation extrêmement critique dans laquelle se trouvaient les Juifs de Transylvanie du Sud, dont la déportation en Pologne n'était peut-être plus qu'une question d'heures. Il gardait un visage impassible. Alors je haussai le ton, je lui dis, lui criai presque qu'après notre mort nous nous retrouverions devant le Juge suprême et que je saurais lui rappeler, oui, je saurais lui rappeler la mort de ces dizaines de milliers de Juifs, de ces innocents dont il avait été responsable parce qu'ils habitaient son diocèse.
Sans doute surpris par la violence de mes paroles, il parut soudain troublé. Il se leva et se mit à marcher de long en large dans la pièce où nous nous trouvions. Un silence très lourd s'était établi. Brusquement, le métropolite se rassit et me regarda avec une grande intensité. Son visage parut s'adoucir. Il souleva le récepteur du téléphone posé près de lui, appela le bureau du maréchal Antonescu et dit qu'il demandait à être reçu immédiatement. le maréchal lui-même vint lui répondre et l'informa qu'il l'invitait à déjeuner ce jour-là. Voyant à quel point toute son attitude avait changé, j'insistai et racontai au métropolite un épisode affreux que Iuliu Maniu lui-même m'avait confié : quelques jours auparavant en descendant la rue Sfântul Ioan Nou, il avait entendu des cris déchirants s'échapper d'une maison. Il s'était arrêté pour demander ce qui se passait et on lui avait dit qu'il s'agissait de Juifs enfermés là et sur le point d'être déportés en Transnistrie. Maniu, cet homme si dur, s'en émut et tenta de faire annuler l'ordre, mais en vain. Vous, vous, dis-je au métropolite, vous pouvez faire quelque chose pour ces malheureux. Il faut appeler Mihai Antonescu. Deuxième miracle : Balan repris le téléphone parla du Premier ministre et lui demanda de s'occuper de cette affaire. Et les Juifs de la rue Sfântul Ioan Nou ne furent pas déportés...". (p.102-103)
Il n'y eut hélas, que peu de miracles et Alexandre Safran n'eut de cesse d'intervenir pour les Juifs persécutés partout (Union soviétique, pays arabes, etc.).
Je clos en rappelant que sur Alexandre Safran, on doit à l'universitaire roumain Carol Iancu une excellente monographie, publiée en 2007 déjà par l'Université de Montpellier III, et intitulée Alexande Safran, Une vie de combat, un faisceau de lumière.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon fils, Avinoam Bezalel, est né à Bucarest en 1945. Il a le nom de mon père–et un grand nombre de ses qualités. Le jour de sa naissance coïncidait exactement avec Yom Kipour et, quand j’arrivai au Temple Coral, un messager m’attendait avec la bonne nouvelle. La tradition voulait que le grand rabbin sur le premier à ouvrir l’Arche sainte le jour de Kippour. Et, tandis qu’apparaissaient devant moi les rouleaux de la Torah, le hazzan entonna le texte liturgique qui se termine avec la supplication. « Je te prie, ô mon Dieu, de donner Ta grâce au fils que Tu m’as donné… ». Chaque année, à Kippour, quand je lis ce verset, je remercie Dieu du don inestimable qu'il nous a fait, à ma femme et à moi, en la personne de notre fils. À lui aussi j’ai enseigné personnellement la Bible, le Talmud et la pensée juive. Il devait manifester très tôt son attachement à Maïmonide, qui fut à la fois rabbin et médecin et qui l'influença certainement dans le choix de ses études. Il résolut en effet de devenir médecin pour pouvoir soulager et aider ceux qui souffrent. Il était encore étudiant quand il reçut un prix de l’université de Genève pour un mémoire sur le thème « Médecine et judaïsme », qui fut publié plus tard sous forme de livre à Tel-Aviv, en hébreu et en anglais, et très bien accueilli en Israël, en Europe et en Amérique. Aujourd’hui, Avinoam Bezalel enseigne la neurologie ophtalmologie à Genève et est reconnu comme un des meilleurs spécialistes européens en ce domaine. Autour d’un grand nombre de publications, il est souvent invité à faire des conférences dans des universités d’Europe, des États-Unis et d’Amérique du Sud. Il a épousé Edith Abensur, qui est médecin et descend d’une très ancienne famille sépharade dont les origines remontent à l’Espagne d’avant l’Inquisition. (p. 280–281)
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Esther est née à Bacău en 1938. Dès l’enfance, elle manifesta un vif intérêt pour les grands textes juifs. À Genève, je lui enseignai personnellement la Bible, le Talmud et la pensée juive. Elle était une élève si avide d’apprendre qu’un jour où, trop occupé, je n’avais pas pu lui consacrer son heure habituelle, elle refusa absolument d’aller se coucher tant qu’elle n’aurait pas eu sa leçon. Au fil des années, elle devint pour moi une très précieuse assistante dans la rédaction de mes textes scientifiques. Docteur de l’université de Genève, elle est l’auteur d’un livre important, très réputé dans les cercles philosophiques sur Philon d’Alexandrie. Il a été publié à Paris en 1970. En 1987 a apparu un recueil de textes sur la pensée juive qu'elle a intitulé « Le Buisson de la voix ». Esther a épousé Joseph Starobinski, qui est juge à la cour de justice de Genève. Il est le fils d’Aaron Starobinski, un médecin né en Pologne et hautement versé en littérature et philosophie juives. Esther et Joseph ont deux fils, Gabriel qui a fait ses études à l’université de Bar-Ilan et s’est fixé en Israël, où il s’est marié, et David, qui vient de terminer ses études secondaires à la yeshiva Etz Haïm, près de Paris, et commence ses études universitaires d’ingénieur. (p. 279-280)
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Au cours d'une réception officielle, le 23 février, Burducea me prit par le bras et me conduisit jusqu'au premier conseiller de l'ambassade soviétique, Pavlov, pour bien montrer à ce dernier qu'en Roumanie, les religions étaient égales entre elles. Il ajouta que j'étais "un des plus brillants esprits du pays".
(p. 212)
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Il peut sembler extraordinaire, étant donné les circonstances dans lesquelles nous vivions, de penser que nous nous réunissions fréquemment chez moi pour traduire le Pentateuque, plus un commentaire, en roumain.
(p. 124)
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