Les dyspraxies sont un ensemble de troubles cognitifs : « anomalies de constitution des gestes et de l'organisation visuo-spatiale »* qui toucheraient 2 à 5 % des enfants.**
Anne
Saint-Matthieu témoigne dans ce livre de la façon dont un enfant de bon niveau intellectuel et social peut surmonter ce handicap : son fils a réussi le concours d'entrée dans une École Normale Supérieure. Elle explique comment l'usage de l'ordinateur permet à un enfant de réussir sa scolarité et ses examens, malgré une vision très perturbée et l'impossibilité d'écrire à la main sans fatigue et perte de temps énormes (pour un résultat souvent quasi-illisible).
Avant d'en dire plus sur le parcours de Baptiste
Saint-Matthieu, je voudrais vous rappeler que grâce au combat des médecins et des associations, la loi française reconnaît ces troubles comme un handicap depuis 2005, ce qui a permis l'utilisation de l'ordinateur (ou d'un scribe) et l'octroi d'un tiers temps supplémentaire pour les examens.
Ce témoignage nous raconte les résistances de certains professeurs, parfois de l'administration, des élèves, à l'utilisation de ces moyens légaux de surmonter le handicap, et le combat permanent des parents, de l'école primaire aux classes préparatoires pour imposer le droit et la raison, surmonter les dysfonctionnements. Il souligne aussi le soutien de la plupart des professeurs pourtant souvent dubitatifs : « jusqu'ici, il s'en est sorti, mais à partir du cycle suivant, ce ne sera plus possible ».*** L'auteure n'est pas madame tout le monde, mais son attitude et sa façon de raconter m'ont inspiré plus d'admiration que de scepticisme.
Ce livre est utile pour montrer aux parents que -avec beaucoup de patience et parfois d'acharnement – un enfant handicapé peut s'en sortir, obtenir le soutien des auxiliaires de vie scolaires, utiliser son ordinateur malgré les difficultés techniques, obtenir l'aide nécessaire (cours et devoirs transmis par clé USB, documents agrandis pour être lisibles, aménagements horaires...). Pour cela, les associations comme DFD (Dyspraxie France dys), les médecins peuvent rappeler que c'est l'école qui doit s'adapter, et pas seulement l'élève. Au fil des années, (cela est visible dans ce livre mais déjà quelque temps auparavant) ce message commence à être compris et appliqué.
Ce livre est donc une référence et un exemple pour les parents : il leur montre comment ne pas baisser les bras. Il est aussi un rappel pratique avec par exemple un « petit dictionnaire de survie face aux sigles de l'Éducation Nationale » et une liste de liens utiles. Permettez-moi d'insister : l'enfant peut y arriver, mais avec beaucoup d'efforts de sa part, de celle de l'éducation nationale et des parents, qui doivent donner beaucoup de temps et bien comprendre les mécanismes administratifs.
Merci aux éditions Tom Pousse et à Babelio de cet effort de diffusion d'un livre utile, que les associations devraient mettre en avant.
*Selon le Dr Michèle Mazeau, qui préface ce livre
**8% selon ce livre
***Cette phrase est typique : TOUS les parents d'enfants « dys » l'ont entendue ou l'entendront plusieurs fois.