Que l’homme médite ce point : l’oiseau qui sort de l’œuf et qui n’a pas encore d’ailes n’est pas pressé de voler. Il attend que ses ailes aient poussé : alors il s’aperçoit que cet acte lui convient.
En cette lumière, je vois parfois, mais point souvent, une autre lumière qu'on me dit être la lumière de la vie. Je ne puis dire quand et comment je la contemple. Mais tant que je la contemple, toute tristesse et toute angoisse me quittent : je me sens comme une toute jeune fille naïve, point comme une vieille femme.
L’homme en effet ne peut puiser en soi-même la joie pleine de son utilité particulière : il faut qu’il la reçoive de quelqu’un d’autre. Quand cet autre lui aura permis de comprendre cette joie, ce sera en son cœur une grande exaltation.
L’âme en effet soutient le corps par l’amour, de même que la partie dure de la terre soutient la partie molle, et l’action des deux est en tout inséparable : de même la femme s’attache à son mari dont elle ne peut être séparée, tous deux sont unis dans un même corps.
Quand Dieu créa l’homme, il le revêtit d’un habit céleste qui resplendit dans une grande gloire.
Mais Satan vit la femme : il reconnut en elle la mère dont le sein déjà abritait un grand monde possible.
Par la même infamie qui l’avait détaché de Dieu, il réussit à dominer Dieu dans l’œuvre qui était la sienne : il s’associa cette œuvre de Dieu qu’est l’homme.
Une fois la pomme mangée, la femme se sentit devenir autre : elle donna la pomme à l’homme, et tous deux perdirent leur vêtement céleste.
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O Ignis Spiritus - Chant de sainte Hildegarde de Bingen au Saint-Esprit