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Patrick Dechesne (Traducteur)
EAN : 9782290379646
512 pages
J'ai lu (06/09/2023)
3.73/5   70 notes
Résumé :
Fils d'un riche marchand, Jevick a été bercé toute son enfance par les contes et légendes de la lointaine Olondre, contrée merveilleuse où les livres sont aussi communs qu'ils sont rares sur son île. Et voilà qu'à la mort de son père il doit s'y rendre. Malheureusement, le rêve tourne au cauchemar lorsque Jevick se découvre hanté par un fantôme. Suspecté d'un crime, il devient rapidement un pion dans la lutte qui se joue entre les deux principales religions olondrie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 70 notes
Enfin réédité en France grâce aux éditions Argyll, Un étranger en Olondre est le premier roman de fantasy écrit par l'Américaine Sofia Samatar, un récit déjà couronné par le World Fantasy Award en 2014 — tout de même…

À la mort de son père, riche cultivateur de poivriers dans une contrée reculée, Jevick prend en charge les affaires familiales. Des responsabilités nouvelles qui vont le conduire à Olondre, dans la cité de Bain, où il ne tarde pas à se retrouver impliqué dans une guerre de religions après avoir été visité par un Ange, sorte de fantôme vénéré par les adorateurs de la déesse Avalei…
On pourrait, à lire ces quelques lignes introductives, reléguer Un étranger en Olondre au rand d'ersatz du Prince du néant de R. Scott Bakker.
On aurait tort.
Porté par la plume mirifique de Sofia Samatar, le récit se pare d'une poésie remarquable, et ce dès les phrases initiales — force est d'ailleurs de saluer le travail de traduction de Patrick Dechesne, à la hauteur d'un style qui superpose les adjectifs et les métaphores avec une habileté proprement époustouflante au fil des pages. Une sensibilité stylistique qui infuse jusqu'au coeur même du texte ; il est ici question d'émerveiller, certes, mais en douceur, en toute subtilité. On visite à demi-mots des contrées insolites aux noms improbables que l'autrice effleure le plus souvent, avant de plonger dans des descriptions sidérantes de minutie au coeur même de certaines villes et contrées. Olondre ne se dévoile pas si facilement, elle conserve jusqu'au bout son mystère.

Cette façon si particulière de concevoir l'exploration d'un monde en rebutera plus d'un, sans doute, de même que la lenteur évidente de l'histoire…
Mais ce serait nier l'effet recherché par l'autrice, à savoir imprégner lentement le lecteur d'une ambiance feutrée, magique et, en définitive, infiniment romantique. Pas tant intéressée par l'aspect politique de la chose que par le pur point de vue personnel et intimiste, Sofia Samatar fait le choix radical de tout asseoir sur l'insignifiance du quotidien, l'émerveillement constant du banal. le résultat s'avère tout à fait étonnant, pour ne pas dire magistral.
D'un roman de fantasy seulement peuplé de quelques figures archétypales et d'un Ange, Sofia Samatar tire un flamboyant récit d'amour aux multiples facettes. L'amour de son pays, de ses origines, parfois difficilement conciliable avec les aléas de la vie. L'amour d'un homme et d'une femme traité avec une pudeur infinie dans une langue qui trouve alors tout son intérêt, déposant sur ce couple impossible un parfum de divin, de mythologique. Sans oublier l'amour des livres…
C'est là que réside le véritable coeur d'Un étranger en Olondre, dans cette déclaration d'amour encore plus malicieuse que le Morwenna de Jo Walton. le livre devient un objet magique, un vallon, qui permet au récit de prendre des envolées lyriques insoupçonnées. Sofia Samatar pousse la démonstration jusqu'à construire de véritables poupées russes narratives en enchâssant des récits de légendes dans une histoire narrée par un personnage lui-même inclus dans le récit central — jusqu'à donner vie à un livre au sein même de son propre livre. L'intelligence de l'ensemble, sa manière et ses répercussions forcent le respect.

Un étranger en Olondre se révèle un trésor d'intelligence, de beauté, de subtilité et, oui, osons le mot une fois encore, de romantisme. le genre de fantasy rare et précieuse qui confère au genre ses lettres de noblesse.
Lien : https://justaword.fr/un-%C3%..
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Précédemment publié en France en 2016 par les éditions de l'Instant, « Un étranger en Olondre », roman de Sofia Samatar récompensé en 2014 par le World Fantasy Award, a fait ce printemps l'objet d'une nouvelle parution que l'on doit aux éditions Argyll. L'ouvrage met en scène un jeune homme, Jevick, vivant avec sa famille sur une petite île qu'il ne désire rien tant que de quitter afin d'explorer le monde, à commencer par la mystérieuse et envoûtante contrée d'Olondre dont son père, marchand de poivre, lui a abondamment vanté la beauté et l'exotisme. Son souhait ne tarde pas à être exaucé puisqu'il va être envoyé là-bas pour entretenir les réseaux commerciaux familiaux. La découverte de cette région du monde foisonnante et cosmopolite dans laquelle les livres occupent une place centrale ne va toutefois pas se dérouler tout à fait comme prévue. A l'enthousiasme de départ succèdent bien vite la sidération puis la panique lorsque Jevick se rend compte que, suite à sa participation à un étrange festival et à sa rencontre avec une jeune femme atteinte d'une maladie incurable, le voilà désormais hanté par un fantôme. Or, en Olondre, on ne plaisante pas avec ceux qui revendiqueraient une connexion avec des esprits ou des anges, les autorités y suspectant systématiquement une tentative de manipulation pour des raisons religieuses et idéologiques. Totalement démuni, à la fois par ce phénomène surnaturel qu'il ne comprend pas mais qui lui cause d'atroces souffrances, mais aussi par le rôle qu'on semble désormais vouloir lui faire jouer au sein d'une lutte de pouvoir opposant deux courants intellectuels et spirituels en Olondre, notre héros va devoir trouver au plus vite ce que lui veut son fantôme tout en prenant garde à ne pas se laisser manipuler par ceux qui, au prétexte de lui venir en aide, comptent bien se servir de lui pour imposer leur vision.

« Un étranger en Olondre » est de ces romans qui, bien que loin d'être exempts de tout défaut et rythmés par des hauts et des bas, restent longtemps en mémoire des lecteurs. Mais commençons d'abord par les choses qui fâchent. Divisé en six parties, le récit peut en fait être scindé en trois gros tiers qui ne sont pas d'intérêt égal. La première partie consiste en la mise en place de l'histoire et à la découverte des principales spécificités de l'univers imaginé par Sofia Samatar. Elle évolue selon un rythme tranquille dont la lenteur et l'absence de rebondissements sont toutefois largement compensés par la curiosité que l'on éprouve non seulement envers le monde dans lequel évolue notre héros mais aussi envers celui qu'il aspire de découvrir, l'Olondre. L'univers de l'autrice se distingue de bien d'autres par ses nombreuses inspirations difficilement identifiables mais dans lesquelles on croit reconnaître parfois des éléments propres aux cultures africaines, asiatiques ou orientales, ce qui donne au roman une ambiance exotique particulièrement agréable. La seconde partie voit l'intrigue principale se mettre véritablement en branle et lève le voile sur les enjeux liés à la possession de Jevick par ce fantôme. Il s'agit curieusement de la partie du roman que j'ai le moins apprécié, l'autrice semblant souvent se perdre en digressions et se montrant parfois trop allusives pour permettre au lecture de cerner pleinement ce qui se joue ici en Olondre. La troisième partie est, à mon sens, de loin la meilleure, et c'est elle qui transforme un récit jusque là seulement sympathique en véritable petit bijou. Il y est davantage question du fantôme de Jevick et de son histoire, ainsi que de la relation que tous deux en viennent à entretenir. L'autrice complexifie également les positions précédemment prises par les deux principales visions du monde qui s'affrontent en Olondre, ce qui permet au lecteur de porter sur les événements passés un regard différent.

Si l'intérêt du lecture fluctue en fonction de l'évolution du récit, il est néanmoins un aspect du roman présent de bout en bout qui lui donne une grande partie de son charme : la réflexion de l'autrice sur la place de la littérature dans une société et les plaisirs liés à la lecture. Sofia Samatar nous livre ici de très beaux passages, pleins de sensibilité et de justesse, sur le rôle déterminant que les livres peuvent avoir sur une existence ainsi que sur leurs pouvoirs bien connus des amateurs de littérature (celui de se lier d'amitié avec des personnages fictifs, celui d'étendre nos horizons, celui de nous déconnecter totalement du réel pour quelques minutes ou quelques heures, celui d'ébranler nos certitudes…). On pourrait d'ailleurs regretter que l'opposition entre les dirigeants actuels de l'Olondre, qui entendent faire du livre et de la raison le coeur même de leur civilisation, et leurs détracteurs (un culte religieux qui privilégie au contraire la culture orale et met l'accent sur le charnel) ne soit pas davantage développé sur le plan philosophique. Un mot, pour terminer, sur les personnages pour lesquels l'intérêt du lecteur varie là aussi en fonction de l'évolution du récit. La sympathie première qu'on éprouve pour Jevick se transforme peu à peu en indifférence à mesure que l'histoire le cantonne au rôle de spectateur passif et ignare. La troisième partie vient, là encore, réveiller l'affection première portée au protagoniste dont la détresse se révèle bouleversante. S'il est toutefois un personnage à retenir, ce serait avant tout celui du fameux fantôme, cette jeune femme condamnée à la mort et habitée d'une rage de vaincre et d'une colère incroyable. Bien que certainement moins sympathique que Jevick (son amertume et son arrogance la rendent parfois acerbes et cruelles avec les autres), cette dernière fait partie des rares personnages littéraires qui, en peu de pages, parviennent à acquérir une véritable densité, celle-là même qui la rendra inoubliable à beaucoup de lecteurs. Preuve en est que la cassure dans le récit initiale au cours de laquelle on quitte l'Olondre et Jevick pour découvrir son histoire, est sans doute la partie de l'histoire la plus captivante.

« Un étranger en Olondre » est un roman surprenant auquel on ne peut s'empêcher de trouver des défauts (de rythme, notamment) mais dont le succès s'explique grâce à la sensibilité de son autrice et sa capacité à mettre en scène un univers et des personnages d'une grande profondeur. La plume de Sofia Samar, pleine de poésie et de romantisme, participe également au charme du récit qui nous livre aussi de belles réflexions sur le rôle essentiel de la littérature.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Voici un titre sur lequel je zieute depuis sa sortie, comme à peu près tous les titres d'Argyll dont j'aime beaucoup les choix artistiques. Il m'aura fallu un critique dithyrambique de Rémi (Encre de la magie) sur instagram et une Masse Critique sur Babelio pour me lancer. Mais si la plume m'a beaucoup plu, elle m'a aussi laissée sur le carreau. Décidément en ce moment, j'ai du mal ^^!

Sofia Samatar n'est pas une nouvelle autrice, mais habituée plutôt des recueils de nouvelles et de poésie, elle livre ici son premier roman, et d'une certaine façon, cela se sent, même s'il a été couronné de grands prix : le World Fantasy Award et le British Fantasy Award. En effet, autant m'a-t-elle totalement embarquée dans le voyage qu'elle proposait, autant elle m'a également perdue au fil de ses digressions, voulant trop montrer sa belle plume ou voulant trop se faire plaisir en décrivant l'univers qu'elle avait imaginé, et moi, je ne suis pas trop lecture contemplative ^^!

Dans Un étranger en Olondre, elle nous invite, en suivant son héros Jevick, riche fils de marchand, à aller à la découverte d'une contrée merveilleuse : Olondre, où les livres fleurissent partout, ce qui n'est pas le cas là d'où il vient. le lecteur se perdra ainsi dans ces ruelles et ces pages peuplées de livres, contes et merveilles. Ce fut totalement mon cas, j'ai eu l'impression de couler et me noyer au milieu de ces flots de mots apportés par l'autrice pour nous conter la puissance des mots et des histoires dans cette nouvelle contrée tellement singulière et fascinante pour le héros. L'autrice semblait vouloir à tout prix nous faire vivre cette immersion en passant par l'écrit, ce qui est une belle et riche idée pour nous en montrer la puissance et la richesse, mais pour cela, elle partait dans de longues digressions, dans des histoires sans rapport les unes avec les autres. Ce fut donc comme plonger dans les allées d'un bibliothèque où j'aurais ouvert et grappillé des histoires au gré de mes envies de lecture mais sans le moindre liant. Perturbant.

Les mots étaient beaux, l'intention louable, le dépaysement assuré. J'ai aimé la beauté de la plume de l'autrice. Chaque petite histoire racontée si elle avait pu être le point de départ de quelque chose m'aurait sûrement plu par son atmosphère orientale et merveilleuse, comme dans les contes des 1001 nuits, mais en l'état ça n'a pas fonctionné sur moi. le résumé que j'ai lu malheureusement, promettait une aventure que je n'ai pas trouvée. Je vous déconseille donc de le lire. A la place, j'ai eu un récit très descriptif, limite contemplatif et philosophique, qui n'était pas ce dont j'avais envie et besoin à ce moment-là. La fatigue aidant, j'ai parfois traversé les pages sans rien comprendre à ce que je lisais, juste portée par la beauté des mots, mais sans y trouver de sens plus large. Je ne voyais pas où elle voulait nous conduire et je n'ai pas eu l'impression que les concepts qu'elle invoquait servait son histoire, si tant est qu'il est qu'il y en ait une…

Jevick, lui, le héros de cette histoire, n'est pas le genre de personnage à m'embarquer. Pas méchant, il est un peu falot et peut agacer, voire taper sur le système, tant il se laisse porter par les événements, même si j'ai lu que certain(e)s le trouvaient courageux et débrouillard. Ce n'était pas mon cas… Je préfère les personnages plus pro-actif ou avec un caractère plus marqué. Olondre et ses livres sont un personnage bien plus marquants et présents que lui, c'est dire ! En revanche, une carte m'a manqué pour réellement vivre pleinement ce voyage…

Doté d'une très belle plume et d'une intention louable, qui plairait à tout amateur de mots et d'histoires, Un étranger en Olondre est pourtant une lecture à côté de laquelle je suis passée. J'aime les descriptions mais encore faut-il qu'elles servent l'histoire. Je peux aimer les moments contemplatifs mais encore faut-il qu'il n'y ait pas que ça. Je peux me passer d'un héros charismatique si l'histoire ou l'univers sont suffisamment porteur. Ici, j'ai eu de la poésie mais c'est à peu près tout. Trop de descriptions sans lendemain, trop de digressions vides de sens, trop de méta. Ce n'était pas pour moi.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Me voilà fort marrie. Pourquoi ? Parce que j'ai beaucoup aimé Un étranger en Olondre, mais je me suis aussi beaucoup ennuyée dans ce roman.

Jevick rêve depuis son enfance d'Olondre. Lorsque son père, marchand de poivre, meurt, son rêve se réalise, et doit se rendre en Olondre pour reprendre les rênes de l'entreprise paternelle.
Tout est comme un rêve, jusqu'au festival des oiseaux. Là, Jevik est hanté par le fantôme d'une femme, dont il ne parvient pas à se dépêtrer.
Alors, il se retrouve pris dans une guerre civile entre deux factions religieuses, et sa liberté est compromise…


Ca a super bien commencé : un récit descriptif, contemplatif, raconté à la manière de mémoires. Tout ce que j'aime. Une certaine lenteur, en rupture avec le diktat des récits d'action où il doit se passer quelque chose toutes les dix pages. L'arrivée en Olondre est sensorielle, pleine de couleurs et de parfums. La langue est fluide, sonore, joliment enrobée dans une traduction très réussie.

J'ai vraiment apprécié le premier tiers, que j'ai vécu comme un voyage, une découverte des lieux comme Jevik.
Toutefois, une fois la moitié passée, j'ai commencé à trouver le temps très long. La situation de Jevik entre deux positions religieuses a fini par ne plus me passionner. Je me rends compte qu'au-delà de la beauté du texte, j'apprécie désormais être transportée et captivée par un récit. Or, j'ai perdu le lien avec ce roman en cours de route, malheureusement.

Cela vient aussi peut-être du fait que je n'ai pas saisi le message de ce roman. Que voulait donc nous dire l'autrice à travers ce récit ? Je n'ai pas réussi à capter les enjeux derrière cette histoire. J'y reviendrai sans doute un jour, plus tard.
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Merci à Babelio et aux éditions J'ai lu pour ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique. La couverture est superbe, avec une très belle illustration. La 4ème de couverture donnait bien envie également, avec un résumé qui promet du dépaysement, de la poésie et de la magie.
Je ressors cependant de ma lecture avec un sentiment de déception, dû en grandes parties aux longueurs dans le texte, le roman ne tient pas toutes ses promesses. Il est vrai que l'écriture est belle et poétique, mais aussi très précise : ce monde est décrit en détail - sans excès, de façon très sensorielle, physique, presque charnelle même. On sent les odeurs, on voit les variations de lumières selon les paysages, on goûte les repas proposés... C'est une vraie réussite ; les descriptions nous font même bien voyager dans le monde lui-même, on se déplace, le climat, la végétation, les animaux... changent au fur et à mesure.
Malheureusement, j'ai eu l'impression que l'histoire n'était pas à la hauteur de son décor. Les personnages ne sont pas d'une folle originalité : le père tyrannique, la mère protectrice, le sage mentor du jeune héros, le tavernier cupide, le grand-prêtre ambitieux... Ce sont des types que l'on retrouve souvent dans les romans de fantasy. de même, le fait que le coeur du récit tourne autour des machinations de religieux qui utilisent leur influence sur les foules ne surprend pas.
Mais surtout, j'ai trouvé que le roman contenait des longueurs, car j'ai eu l'impression que l'autrice avait voulu trop en mettre ; le parcours du héros comme le récit de la jeune fille sont intéressants, mais ils ne sont reliés que de façon trop artificielle. Je me suis honnêtement ennuyée une grande partie du texte, quand le personnage principal attend, soit dans le temple, soit sous le long hiver. Il attend, il réfléchit, mais il ne se passe rien.
En revanche, j'ai bien aimé la réflexion autour du pouvoir de l'écriture et de la littérature, dans une belle mise en abyme. Même les plus humbles, les plus rejetés, peuvent devenir immortels grâce au poids des mots, lorsque leur histoire est racontée.
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critiques presse (2)
SciFiUniverse
23 mars 2022
Roman de fantasy original, au style riche et sensuel, Un Etranger en Olondre est empreint de poésie et d'une finesse rare. Un homme devient le pion dans une guerre de croyances loin de chez lui, dans une cité qu'il a fantasmé toute son enfance. A lire absolument.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Elbakin.net
04 avril 2016
A Stranger in Olondria fait partie de ces romans exquis dont la qualité d’écriture n’a égal que la justesse de son propos, donc une réflexion plus que sympathique sur la littérature et le plaisir de lecture.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le silence. La fin de toute poésie, de toute romance. Plus tôt, effrayé, vous commenciez déjà à sentir comme une suggestion de ce silence ; tant de pages ont été tournées, le livre était si lourd d’un côté, si léger de l’autre, se réduisant alors que la fin approche. Néanmoins, vous vous consolez bien vite. Vous n’êtes pas encore à la fin de l’histoire, à cette terrible page blanche comme un volet fermé. Il y a encore quelques pages sous votre pouce, qui restent à explorer et à chérir. Oh, est-il possible de lire plus lentement ? Non. La fin approche, inexorable, à la même vitesse mesurée. La dernier page, le dernier mot précieux. Et là : la fin du livre. (…) Le silence advient, pareil à l’absence de son à la fin du monde. Vous levez les yeux. Vous êtes dans une chambre, dans une vielle maison. Ou peut être sur une chaise, dans le jardin ou même sur une place ; peut-être étiez vous en train de lire dehors et, soudainement, vous prenez conscience des chariots dans la rue. La vie reprend ses droits, les ombres des feuilles vous surprennent. Quelqu’un vient vous demander ce que vous voulez manger au dîner, deux jeunes garçons passent devant vous en courant et en criant, ou peut-être n’est-ce que le vent qui soulève un rideau, la blancheur qui se déverse dans la pièce et les papiers qui bruissent sur le bureau. C’est le son du monde. Mais pour toi, lecteur, ce n’est qu’un silence, vide et désolé.
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« Un livre », nous dit Vandos d’Ur-Amakir, « est une forteresse, un lieu empli de pleurs, la clé d’un désert, une rivière dépourvue de pont, un jardin de ronces. » Fanlewas le Sage, le grand théologien d’Avalei, écrit que Kuidva, le Dieu des Mots, est « un maître exigeant, porteur d’un fouet plombé ». On raconte que Tala d’Yenith conservait ses livres dans un coffre en acier qui ne pouvait être ouvert en sa présence, au risque de la voir s’écrouler au sol en hurlant. Elle écrivit : « À l’intérieur des pages se trouvent des feux qui peuvent embraser, roussir les cheveux et cuire les paupières. » Ravhathos parlait en ces termes de la vie des poètes : « la route juste et fatale, sur laquelle même la poussière et les pierres sont chères au cœur » et il nous avertit que les personnes venant de vivre une période prolongée de lecture ou d’écriture ne devraient pas être dérangées pendant les sept heures qui suivent cette activité, « car ils sont descendus au plus profond d’un Puits qu’ils ont dévalé sur une Pente de Feu mais dont ils remontent sur une Échelle de Pierre ».
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Je lui ai raconté l’histoire de Tialon et Lunre, et elle pleura. Je lui ai tout raconté, tous mes secrets. Je me sentais en train de me désintégrer, de m’effacer, de me changer en fumée, je devenais pure pensée, pure énergie, comme elle. Je désirais cette dissolution, je la recherchais avec avidité. Ce n’était jamais assez. Jamais, même si nous nous accrochions l’un à l’autre comme deux orphelins perdus dans la forêt.
– Maintenant, tu n’as plus peur de moi, murmura-t-elle en frissonnant.
– Non, dis-je, me penchant vers elle et ne touchant que le marbre.
Je ne pouvais pas la toucher. Et pourtant, elle semblait si proche, la lueur de sa peau contre ma main, sa voix comme une musique privée pour mes oreilles. Je lus son anadnedet, encore et encore. Je voulais encore écrire, m’inscrire sur ses pages parmi les mots olondriens et kideti. Ma propre poésie éparpillée comme des graines. Je l’imaginais jouant avec ses amies et je pouvais la voir clairement : les yeux doux et dictatoriale à la fois. Et il me semblait qu’elle était la réponse à un désir que j’avais porté toute ma vie sans le savoir.
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Lorsque j’étais étranger en Olondre, je ne connaissais rien des splendeurs de ses côtes, ni de Bain, la Cité-Port, dont les lumières et les couleurs se déversent dans l’océan telle une cascade de roses. Je ne connaissais pas l’immensité du marché aux épices de Bain, dont les effluves capiteuses rendent fous les marchands. Je n’avais jamais vu se lever les brumes matinales à la surface de la verte Illoun chantée par les poètes ; je n’avais jamais vu de femme porter des joyaux dans ses cheveux ou contemplé l’éclat cuivré de dômes, ni ne m’étais tenu sur les plages mélancoliques du Sud tandis que le vent soufflait sa tristesse de la mer. Au plus profond du Fayaleith, le Pays des Vins, votre cœur peut s’arrêter de battre face à la pureté de la lumière qui y règne ; il s’agit de la lumière que les natifs de l’endroit appellent « le souffle des anges » et on prétend qu’elle peut guérir les maladies cardiaques et les poumons fragiles. Plus loin encore se trouve Balinfeil où, durant les mois d’hiver, les gens portent des capes en fourrure d’écureuil blanc et qui, durant les mois d’été, alors que la terre est tapissée de fleurs d’amandier, est le séjour de la déesse Amour. Mais de tout cela, je ne connaissais rien. Je ne connaissais que l’île où ma mère huilait rapidement ses cheveux à la lueur d’une chandelle et me terrifiait avec ses histoires du Fantôme Sans Foie, dont les sandales claquaient sur le sol à cause de ses pieds placés à l’envers.
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Ses yeux étaient d’un vert minéral, de la couleur des mers où surviennent les naufrages, de la couleur des melons pas encore mûrs, de la couleur du lichen, de la couleur du verre.
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Vidéo de Sofia Samatar
L'interview de l'autrice de fantasy Sofia Samatar (Un Etranger en Olondre, éditions de l'instant), pendant l'Eurocon qui s'est tenue du 19 au 23 juillet 2018 à Amiens.
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