Ménage tes méninges

Si je vous parle d'Infidèle Castré, le dictateur en place à Cuho... en cette fin d'année 2016... Ça ne vous rappelle rien ? Une île de la Caraïbe, imprégnée de « bravitude ». Ça y est. Vous y êtes ?
Ça tombe bien parce que l'Inspecteur, devenu Principal, Bérurier et San Antonio y sont aussi, envoyés par le Boss : un agent français vient d'avoir un accident et a perdu la mémoire alors qu'il devait enquêter sur de secrets conciliabules entre Paulo Chon, le chef de la police cuhaltière et des activistes Guadeloupéens...
Un San Antonio du début 1962 qui laisse deviner les grands épisodes de fin des années 60, début 70 : une intrigue bien ficelée, et Béru actif …
Un petit bémol, malgré tout : une intrigue bien ficelée, certes, mais plus dardesque que san-antonionesque, avec des accents de « Le monte-charge » signé F.Dard. Ajoutons à ça un Béru aseptisé, presque propret ; pas de Pinaud, il est à la retraite...
Reste un bon épisode muni de calembours, de notes de bas de page, de digressions et énumérations fantaisistes... Un épisodes où certains personnages ne sont pas ce qu'on croit, et inversement, sous le soleil de Cuho. Tous les chemins mènent au rhum !

Avec son titre qui annonce un programme de vacances, ce "Ménage tes méninges" de Frédéric Dard alias San Antonio est un conseil qui me va bien. D'ailleurs, cette lecture m'a beaucoup amusée sans me faire mal à la tête même si cela ne m'était pas directement adressé. Quoi que ? Pourquoi ne pas ménager les lecteurs...

J'avoue avoir passé un bon moment avec ce polar des sixties quand la guerre froide faisait rage.
San-Antonio et Bérurier sont envoyés à Cuho, une île dirigée par le barbu Infidel Castré afin de comprendre ce qui est arrivé à l'espion mandaté par les services secrets français et soi-disant amnésique. Il est certain que les lieux se prêtent à une histoire d'espionnage d'autant plus que l'on n'est pas loin des États-Unis et de la Guadeloupe.
On a très vite quelques doutes sur la réalité de cette amnésie surtout lorsque l'intéressé passe par la fenêtre de sa chambre d'hôtel.
San-Antonio et Bérurier vont devoir se serrer les coudes pour s'extirper de situations difficiles, quand leurs vies sont en danger. Mais c'est un bon exercice pour le Béru qui doit faire ses preuves sur le terrain car il a l'intention de passé le concours de commissaire.

Loin de la vulgarité, ils excellent dans les jeux de mots dont ce polar est particulièrement bien fourni. Je dis loin de la vulgarité car le Béru peut être parfois très lourd mais ici le compagnon de San Antonio fait des efforts de concentration pour apprendre. Il a pas mal de boulot alors son ami l'aide à réviser ce qui donne un exemple de pirouettes sur la langue française pas piquées des hannetons.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XXème siècle 2023
Challenge Gourmand 2023-2024

Le Gros Mahousse veut devenir commissaire. Vrai de vrai, si je mens, vous allez en enfer. Il doute de rien, Benoît Bérurier... et surtout pas de son charme latino-slave, ni de ses capacités "hein télectuwelles".

Le voilà qui s'envole pour l'Ile de Cuho, dirigée par le dictateur Infidèle Castré. Toute ressemblance avec bla bla bla, est évidemment jouissive et recherchée par l'excellent Frédéric Dard. Dard que San-A. et Béru vont sortir (enfin, surtout le Mastard). Dans un premier temps, San-A. suit Béru, déguisé en homme d'affaires suisse, mais son déguisement fait long feu et on suit les péripéties rocambo-sexuello-espionno-policières avec l'habituel sourire aux lèvres. Dard traverse cette histoire d'espionnage à la vitesse de croisière de 25 calembours/page. C'est le minimum syndical.

Au pays mucho caliente, le tandem va (comme toujours) payer de sa personne afin de protéger la France. Quel dévouement, quelle abnégation.

L'intérêt n'est évidemment pas l'intrigue (très complexe, imitant parfaitement les romans d'espionnage à la James Bond), mais dans cette verge... euh non, cette verve particulièrement... en verve, donc.

En général, j'écoute plutôt des livres audio en même temps que je fais autre chose. Comme, par exemple dessiner, ranger ou bricoler, pour peu que ce soit une activité qui ne fasse pas trop de bruit (on oublie donc les trucs demandant des coups de marteau ou des vrrr vrrr de visseuse/perceuse). Et, jusque-là, ça m'avait plutôt réussi.

En recevant ce livre, j'ai donc lancé les deux premiers chapitres tout en débutant autre chose. Mauvaise idée. Au bout d'un quart d'heure, je ne comprenais plus rien à l'histoire. Entre les jeux de mots, l'argot et les erreurs du gros (alias Beru) mieux vaut rester concentré.

J'ai donc repris quelques jours plus tard, sans rien faire d'autre qu'écouter, ou presque. Et là, forcément, ça a été beaucoup mieux.
Si l'enquête ne m'a, au départ, pas plus intéressé que ça, j'ai en revanche, beaucoup aimé le langage et l'humour de San Antonio. Malgré le fait que l'histoire ait été écrite il y a près de 60 ans, elle n'a pas pris une ride (sauf en ce qui concerne les personnages féminins) et elle est très agréable à suivre. Quand bien même l'enquête ne nous emballerait pas, les protagonistes ont tellement de charme qu'ils nous font rester jusqu'au bout.
La lecture de Julien Allouf est excellente. Elle permet une bonne immersion dans l'histoire et sa voix convient extrêmement bien au personnage de San A.
Encore une fois, les éditions Thélème nous prouvent qu'elles savent choisi des narrateurs de qualité, ce qui n'est pas toujours le cas ailleurs.

En définitive, c'était mon premier San A, mais ça ne sera certainement pas le dernier.

San Antonio et Bérurier sont deux agents de la police française. Béru (c'est ainsi que son collègue le surnomme), prépare un concours pour monter de grade, lorsque le chef, poussé par San Antonio, l'envoie en mission. Nos deux compères s'en vont alors sur l'île de Cuho (île dirigée par le célèbre infidèle Castré). Une fois là-bas, ils devront retrouver un agent français, victime d'accident et ayant perdu la mémoire. Il est aussi suspecté d'avoir trahi les services français.

C'est le premier San Antonio que je lisais. Au début, j'ai eu un peu de mal notamment lorsque Béru révise son concours, car il utilise un vocabulaire décalé et je me suis demandée si c'était du second degré ou s'il avait vraiment mal révisé. Ensuite, je me suis accoutumée à ce langage mi-décalé mi-argotique, et j'ai beaucoup aimé cet humour. Je l'ai écouté en version Audio par les éditions Thélème, et je pense que le ton du lecteur m'a bien aidé. Il reflétait bien l'esprit du narrateur et de son acolyte.
Quant à l'histoire, je l'ai trouvée un peu compliquée, surtout à la fin. Il y a beaucoup de rebondissements, et les personnages retournent facilement leur veste, alors ce n'est pas évident de s'y retrouver. L'enquête n'était pas si captivante, mais le capital sympathie des personnages, le fait qu'ils soient drôles (surtout quand ils évoquent leurs conquêtes) et le langage employé m'ont donné envie de terminer ma lecture.
Je remercie les éditions Thélème ainsi que Babelio de m'avoir procuré ce livre audio dans le cadre de masse critique.