Les gens ne sont pas des animaux.
- Je le sais bien, répondit-il. Les animaux sont logiques eux.
— Avez-vous bien dormi, Votre Éminence ? demanda une voix.
Chanteflamme se retourna. Llarimar, son grand prêtre, était un homme grand et corpulent, chaussé de lunettes, placide par nature. Les longues manches de sa robe rouge et or cachaient presque ses mains, et il portait un épais volume. Sa robe et son livre éclatèrent de couleurs lorsqu’ils pénétrèrent dans l’aura de Chanteflamme.
— J’ai magnifiquement dormi, Fouinard, répondit Chanteflamme en bâillant. Une nuit peuplée de cauchemars et de rêves obscurs, comme toujours. Terriblement reposante.
Le prêtre haussa un sourcil.
— Fouinard ?
— Oui, répondit Chanteflamme. J’ai décidé de vous donner un nouveau surnom. Fouinard. Il me semble approprié, vu que vous passez votre temps à farfouiller partout.
— J’en suis très honoré, Votre Éminence, commenta Llarimar en s’asseyant sur une chaise.
"Vous évitez de réfléchir, vous évitez ma présence, vous évitez l'effort... Y a-t-il quoi que ce soit que vous n'évitiez pas?"
Chanteflamme ne répondit rien. De son point de vue, le fait que celui qui connaissait le moins les règles obtienne souvent le meilleur résultat lui semblait révéler un défaut inhérent au jeu.
Tous les bons monarques savaient que la première chose à faire pour stabiliser son pouvoir consistait à exécuter tous ceux qui possédaient davantage de droits que vous sur le trône. Après quoi c'était généralement une bonne idée d'exécuter tous ceux qui croyaient y avoir droits.
Pas le meilleur Sanderson qui parfois aime bien se laisser aller à ses marottes mais très fun.
Aux yeux de Parlin, aucun signe d’affection ne valait un morceau d’animal mort entrain de saigner sur une table.
– Eh bien, en tout cas, vous avez visiblement retrouvé votre langue.
– Étonnamment , dit-il, elle se trouvait dans ma bouche. J’oublie tout le temps de l’y chercher.
Son but dans la vie lui avait été dérobé pour être confié à une autre. Elle était désormais superflue. Inutile.
Insignifiante.