J'avais tellement entendu de bien au sujet de ce roman que j'ai voulu le découvrir et me faire ma propre opinion.
Thelma, maman célibataire de Louis, 12 ans, ne vit que pour son boulot chez Hégémonie, un grand groupe de cosmétiques. Un malheureux accident plonge Louis dans le coma. Les examens ne sont pas fameux, les médecins donnent un mois à Louis pour se réveiller. Si ce n'est pas le cas, il faudra songer à le débrancher. Pour Thelma, cette solution est inenvisageable. Elle découvre un petit carnet dans la chambre de Louis, son « cahier des merveilles », où il consigne tout ce qu'il a envie de faire dans sa vie. Thelma décide de faire toutes ces choses à la place de Louis et de lui raconter ses péripéties. Peut-être cela le réveillera-t-il ? Qui sait ? Comment savoir si Louis, à la frontière avec la mort, ne l'entend pas ?
Le sujet est très grave, l'idée de départ excellente. Comment surmonter l'accident de son enfant ? Par delà la culpabilité, Thelma va devoir rester forte. Elle sera soutenue par sa mère, avec qui elle avait pourtant des rapports assez houleux.
Bon, alors, soyons clairs….Cette lecture a été agréable, mais j'avoue avoir été un peu déçue quand même. Ça se lit vite, les évènements s'enchaînent, le lecteur est rapidement pris dans le récit. Mais plusieurs points noirs m'ont fortement agacée. Tout d'abord, Thelma. Son comportement est atypique, voire même choquant. Je n'ai pas compris pourquoi elle a caché à son patron et ses collègues l'accident de son fils. Il était évident qu'elle allait déraper…Ensuite, elle part au bout du monde réaliser les rêves de son fils, le laissant seul dans sa chambre d'hôpital. Quelle mère ferait cela ? Et en plus, cela rend tout le récit hyper prévisible. Alors oui, Thelma s'est remise en question, s'apercevant qu'elle s'est trompée de priorité et est passée à côté de certaines choses. En réalisant les rêves de son fils, j'ai eu l'impression qu'elle avait voulu se racheter. Bon, c'était peut-être un peu tard…
« Quand j'y pense désormais, quand j'entends quelqu'un prononcer le mot « urgence », cela a une tout autre connotation. Plus jamais je n'utiliserai un tel terme pour parler d'une présentation qui doit être bouclée, d'un test consommateurs qui doit être lancé, d'un flacon dont le design doit être validé. de quelle urgence parle-t-on au juste ? Qui est en danger de mort ? »
La résolution du problème financier a été une pirouette monumentale, pas très réaliste, il faut bien l'avouer. Et pour finir, la partie médicale. Moi qui suis plutôt passionnée par cette thématique, j'ai trouvé pas mal d'incohérences dans le parcours de soin et la réaction des médecins.
Ensuite, l'histoire sentimentale entre Thelma et le frère de l'infirmière s'occupant de Louis….Franchement ! le fils de Thelma est dans un coma profond, il lui reste moins d'un mois à vivre, et Thelma, célibataire depuis la naissance de Louis, tombe amoureuse, pile au moment le plus dramatique de sa vie ? C'est pas un peu léger, tout de même ? Bref….
On parle des points positifs ? Car rassurez-vous, il y en a eu, et heureusement ! La plume, tout d'abord, est fluide, simple et rythmée. La construction est intéressante, puisque certains chapitres se déroulent avec l'emploi du « Je » et sous l'angle de Louis. Cela permet de ressentir beaucoup d'empathie pour le jeune garçon, on se sent proche de lui, on a envie qu'il s'en sorte.
« Notez que, contrairement aux idées reçues, je n'ai pas vu ma vie défiler en quelques centièmes de secondes, j'ai juste vu les phares de ce foutu camion et je me suis dit tiens c'est bizarre ces phares allumés alors qu'il fait jour. C'est drôlement con, une dernière pensée. »
Tout le roman dégage beaucoup d'émotions, c'est touchant. L'humour est présent également, apportant une légèreté qui fait du bien (Thelma participant à un stage de football, par exemple, vaut son pesant d'or). le message d'espoir véhiculé par le destin de Thelma et Louis nous pousse à tenter de réaliser nos rêves. Les sujets soulevés sont pertinents et pointus, allant de la perte d'un enfant, aux relations mère-fille (Thelma et sa mère), mère-fils (Thelma et Louis), en passant par les familles monoparentales, l'urgence de vivre ses rêves, ou encore de revoir ses priorités.
C'était le premier roman de Julien. J'ai nettement préféré «
Vers le soleil ». «
La chambre des merveilles » est une belle lecture si vous souhaitez vous changer les idées, tout en n'étant pas trop pointilleux sur le réalisme de l'ensemble.
« Je mesurais à quel point les moments de complicité avec un enfant pouvaient être précieux, à quel point je n'avais pas pris suffisamment de temps pour les partager avec Louis, à quel point j'avais été égoïste, autocentrée, accaparée par mon travail. A quel point j'avais délaissé l'essentiel. »
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