Quand la force d'une famille meurtrie rencontre la puissance des plus grands pollueurs environnementaux. Un roman idéaliste et léger pour un sujet pourtant profond.
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Après avoir découvert Julien Sandrel avec La Chambre des Merveilles (2018), et avoir pris connaissance des avis dithyrambiques sur ce dernier roman, j'avais hâte de retrouver l'écriture de cet auteur et y suis entrée curieuse d'en découvrir le fond du sujet. Effectivement, le thème abordé est tout autre et sur ce point il a le mérite de se renouveler.
En effet, nous suivons le chemin de Phoenix, jeune fille âgée de 23 ans entourée de sa mère, sa grand-mère, son frère, tous réunis et heurtés de plein fouet par un évènement ayant touché leur père, Charlie, scientifique de renom. Il a laissé derrière lui autant d'incompréhension et de colère que cette envie de tourner la page.
Mais la découverte d'un message mystérieux à l'occasion d'une fouille des affaires laissées par ce père remettra la jeune fille, sa famille et quelques rencontres faites sur le terrain d'un petit boulot loin d'avoir été choisi par hasard, sur son chemin, malgré tout.
L'innocuité d'un fameux produit chimique vendu à l'international, censé aider les agriculteurs dans leur recherche de productivité serait remise en cause. Un sujet que le père aurait étudié dans le passé aux côté d'une mystérieuse femme disparue depuis.
Entre la quête de la vérité familiale et celle de la justice sanitaire et environnementale, les chemins vont se croiser, les personnes s'accompagner, les âmes se lier. N'est pas Clear et Lumière qui veut...
L'intention d'attirer ses lecteurs sur un sujet d'actualité et fondamental pour la survie de notre planète n'est pas sans rappeler les éternels combats de David contre Goliath qui se jouent chaque jour sur le terrain de la protection environnementale et humaine contre les pressions économiques et les lobbies financiers touchant au monde paysan et agricole, celui qui nourrit la planète et chacun de nous. Rendre accessible ce thème grâce à sa personnification en Phoenix était une jolie porte d'entrée.
Cependant, je ne ressors pas transie de cette lecture qui ne m'a pas vraiment embarquée aux côtés des personnages malgré leur volonté et leurs courages. le déroulement et la suite m'est vite apparue comme évidente et je n'ai pas eu de réelle surprise quant à l'issue, y compris à l'occasion de certains faits se voulant rebondissements.
L'écriture est fluide et aisée à suivre certes, mais il m'a manqué une certaine profondeur dans le traitement des personnages, de leur psychologie, de leurs nuances comme s'ils n'avaient en eux qu'un côté clair ou un côté sombre à quelques exceptions près. L'impression aussi que le déroulé temporel était sans cesse accéléré pour arriver rapidement aux faits marquants, sans fouiller ces temps intermédiaires essentiels à mon sens à une introspection du lecteur et de l'auteur même, par le biais de questionnements alternatifs, d'un style plus figuré, imagé, métaphorique.
En conclusion, et comme chaque livre sait aller trouver son lecteur, je comprends tout à fait l'engouement qu'il a suscité chez certains. Il est plein d'optimisme, de volonté de changer les choses par plus de transparence et de justice, de silences et de poings levés, de combats à mener.
Mais personnellement, cette tendance à surinvestir la catégorie devenue marketing du « feel good » au carrefour du développement personnel et de la romance me satisfait de moins en moins.
Car chaque livre peut rendre heureux, et pas forcément parce qu'ils se finit bien dans le meilleur des mondes, qu'il est résolument ancré dans un optimisme absolu, ou que les personnages sont des justiciers entendus uniquement définis par leur bonté d'âme et leurs réussites à toute épreuve.
Parfois un livre sombre et torturé réveille aussi, redonne vie, fait du bien. L'impact est personne-dépendant, il n'y a pas d'automatisme, pas ordonnance. Il y a surtout autant de livres qui procurent une forme de bonheur que de lecteurs et de contextes qui le permettent.
Galvauder cette catégorie en la réduisant aux lectures dites « faciles » ou - et j'ai même entendu ça dans un live récemment qui m'a laissée sans voix – considérées comme des « lectures de bonne femme » (dixit la chroniqueuse, j'espère pour faire réagir), risque même à terme de nuire aux auteurs que l'on enferme dedans, rangés dans cette case et lus dans cette subjectivité.
Un livre a ce potentiel de faire du bien, même si sa couverture n'est pas publiée à coups de couleurs criardes ou de graphismes gourmands. Et je souhaite à celles et ceux que celui-là ravira de passer un excellent moment.
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