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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Boualem Sansal prévient d'emblée son lectorat : il n'a pas la prétention d'être un grand spécialiste des courants islamistes. C'est pourquoi il n'hésite pas à renvoyer à d'autres auteurs, islamilogues confirmés tels Gilles Kepel.
Son essai n'en est pas moins très riche et très instructif pour toute personne s'intéressant à l'islam et ses dérives fondamentalistes. Il permet surtout de mettre des définitions claires sur des termes qu'on entend quotidiennement dans les médias et qui prêtent parfois à confusion (islamisme politique, islamisme radical, salafisme, wahhabisme, etc).

Il dresse tout d'abord un tableau descriptif de la religion musulmane. Il explique la séparation entre chiites et sunnites, ainsi que les diverses subdivisions de chaque partie. Il démontre ainsi la grande pluralité des musulmans et que les assertions des islamistes sur une communauté toute unie n'est qu'une vaste illusion, si ce n'est une manipulation.
Il revient également sur la dimension historique des pays arabes et musulmans, abordant les conquêtes des premiers siècles de l'islam, les croisades, la colonisation et les luttes pour se défaire du joug des puissances colonisatrices et s'émanciper jusqu'à l'indépendance. Il traite des premiers gouvernements post-coloniaux, souvent révolutionnaires et d'inspiration socialiste. Il cite en exemple le cas de l'Algérie, qu'il connaît tout particulièrement.
En parallèle, il montre la naissance des premiers groupes constitués revendiquant un islam plus rigoriste tels les Frères musulmans dans l'Égypte des années 1920. Ces groupes essaiment leurs idées dans les États arabes, infiltrant la société. Boualem Sansal décrit leurs manoeuvres pour propager leur vision, s'insérer dans le paysage social et politique, jusqu'à prendre le dessus ouvertement. Les conditions de la réussite des islamistes sont souvent identiques dans les différents pays: un pouvoir en place affaibli et/ou corrompu, une crise économique et moral, une jeunesse touchée par le chômage, un passé de colonisés souvent mal digéré, un ressentiment vis-à-vis de l'Occident, etc. Autant de points d'appui que les islamistes utilisent avec maestria pour manipuler les opinions en leur faveur.
Les courants fondamentalistes et djihadistes ne touchent pas seulement le Maghreb et les pays musulmans. Ils se diffusent de plus en plus en Europe, avec les conséquences que l'on connaît.

Je trouve l'essai de Boualem Sansal indispensable pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants d'un problème d'une ampleur majeur.
Il présente son propos de façon claire, avec pédagogie, permettant au néophyte d'appréhender la diversité du monde musulman et des mouvements intégristes. Cette meilleure compréhension contribue à éviter amalgame et contresens. L'auteur, menacé lui-même par les fondamentalistes en Algérie, donnent des éléments pour lutter contre ces dérives et, plus fondamental encore, pour prévenir leur mainmise et leurs manipulations.

Un ouvrage à lire, à relire et à diffuser au maximum si l'on ne veut pas que son roman 2084 devienne une réalité.
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Boualem Sansal aborde dans cet essai un sujet d'actualité brûlant, l'islamisme.
Prenant racine dans l'islam – mais en gommant toute sa diversité – c'est un mouvement plus politique que religieux, dictatorial, qui prétend s'opposer à la culture occidentale et en premier lieu à la démocratie.
Les premières victimes en sont les peuples musulmans, les femmes et les jeunes. Véhiculant comme tous les régimes totalitaires une vision du monde rassurante et revancharde, il arrive à s'imposer dans de nombreux pays, utilisant toutes les failles pour s'infiltrer, crises économiques, désarroi des jeunes, misère, besoin de repères, conflit israélo-palestinien.
Le risque c'est l'amalgame avec l'islam et l'auteur dénonce le silence des intellectuels du monde arabe dont le rôle serait d'expliquer les enjeux en cours et de prendre clairement position contre la montée de ce mouvement obscurantiste qui brouille toutes les pistes pour mieux élargir son champ d'action.
Quant aux réponses des Occidentaux, soit elles sont timorées – peur de passer pour raciste – soit elles se radicalisent – montée des partis d'extrême-droite en Europe, du fondamentalisme chrétien aux Etats-Unis.
Boualem Sansal nous donne quelques clés pour mieux comprendre le phénomène – qui reste malgré tout assez complexe et génère des attitudes de rejet global envers les musulmans.
On se prend à espérer un monde éclairé par la raison où l'homme vivrait simplement en paix avec lui-même sans religions, idéologies, guerres fratricides…
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Gouverner au nom de l'Islam, gallimard.

Dans cet essai très clair et bien organisé, l'auteur informe le lecteur sur l'Islam contemporain et il traduit nos interrogations devant l' actuelle islamisation. Son expérience du FIS en Algérie dans les années 80 en fait un connaisseur, auditionné lors du vote de la loi française sur le port de signes religieux à l'école en 2004.

Il dresse un panorama des diverses tendances de l'islam, sunnites, chiites, mais aussi de leurs différentes écoles ou obédiences qui en font une « nébuleuse » dans laquelle il est difficile de se retrouver .

Ses propos se font l'écho des préoccupations actuelles : p.76 « nous sommes inquiets face à l'avancée implacable de l'islam et sa tendance à ne supporter aucune opposition et à se radicaliser devant les difficultés qu'il ne parvient pas à résoudre […] ».

Actuellement l'islam est une religion mal enseignée : « on ne sait plus utiliser sa force bienfaisante et normative pour contrecarrer les idées mortifères propagées par les prédicateurs de l'islam radical ».

L'existence d'un « Islam des lumières » le laisse sceptique :

« Quel islam de paix et de tolérance peut-il sortir des mosquées improvisées, clandestines, échappant à tout contrôle, dont l'enseignement n'est rien de moins qu'un endoctrinement primitif exercé sur des personnes en perte de repères ou en rupture avec leur société ? »

En revanche, il constate l'existence d'une pluralité de structures, parfois officiellement constituées, parfois souterraines, « ne se définissant jamais comme islamistes mais comme islamiques, et très souvent, voire toujours, ne faisant état d'aucun objectif politique dans leurs missions officielles »

Pourtant elles envahissent tous les domaines, éducatifs, religieux, commerciaux, financiers, répondant plus ou moins explicitement à des opérations de prosélytisme conquérant. Notamment via d'innombrables vecteurs, allant des publications imprimées aux réseaux sociaux et virtuels que les islamistes maîtrisent parfaitement et qui s'avèrent très influents.

Face à cette déferlante, Boualem Sansal s'alarme du silence des intellectuels : « Ils portent une responsabilité lourde : en se dérobant à leur fonction sociale qui est d'expliciter à leur société les enjeux auxquels elle est confrontée, ils livrent la population et notamment les plus fragiles, les jeunes, au chant de l'islamisme et du bazar ou à la corruption et au despotisme des pouvoirs arabes. »

Telle est la double attitude de l'islam contemporain : soit la soumission aux dictatures et pouvoirs exorbitants des régimes arabes, soit la révolte dans une internationale islamiste dont Daech est l'exemple préoccupant.

Chacun peut s'apercevoir de la volonté islamique a tout régenter, dans tous les domaines (religieux, vestimentaires, moraux, alimentaires etc.) avec une violence qui autorise des punitions exemplaires allant des supplices aux peines capitales dont la barbarie nous fait actuellement frémir.

Ces données - et inquiétudes seront développées plus complètement dans « 2084 ».
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Écrire un tel livre sur un sujet aussi complexe que vaste est à la merci des bouleversements apportés hélas par l'actualité, en particulier les événements tragiques qui ont endeuillé la France et ses pays voisins au cours des deux dernières années. Par contre, il faut lire Gouverner au nom d'Allah par Boulem Sansal pour se remettre en mémoire toutes les implications de la nébuleuse islamique.

Écrivain algérien de langue française, Boualem Sansal connaît le monde islamique de l'intérieur puisqu'il vit en Algérie et ses romans, comme Rue Darwin, permettent de comprendre beaucoup de choses.
Gouverner au nom d'Allah débute par l'étude de l'évolution de son pays, passé du colonialisme à l'islamisme. « Des prédicateurs discrets venus du Moyen-Orient, la plupart membres des Frères musulmans… Nous les avons accueillis avec sympathie, un brin amusés par leur accoutrement folklorique, leur bigoterie empressée, leurs manières doucereuses et leurs discours pleins de magie et de tonnerre, ils faisaient spectacle dans l'Algérie de cette époque, socialiste, révolutionnaire, tiers-mondiste, matérialiste jusqu'au bout des ongles… »
Ils se sont répandu à travers le réseau des mosquées et des souks et, en 1988, après ce qu'on appela « le printemps algérien », le FIS (Front islamique du salut), parti créé de toutes pièces, remportait des élections cassées aussitôt par l'armée qui emprisonnait les principaux leaders islamistes, décrétait l'état d'urgence et instaurait le couvre-feu… et, « … en janvier 1991, le pays entrait dans une guerre civile qui allait durer une douzaine d'années. »
En 2013, la guerre est finie mais la paix n'est pas gagnée car l'islamisme radical est enraciné dans la population et dépasse largement le cadre algérien. Son pays est dans un marasme et une douleur durables.
Après cette première partie, l'auteur passe à l'étude de l'islam et du monde musulman, précisant tout de suite que l'on confond « islam, religion respectable et brillante s'il en est, et islamisme qui est l'instrumentalisation de l'islam dans une démarche politique, sinon politicienne, critiquable et condamnable. »
Les pages qui suivent sont détaillées, complexes comme le tableau qu'il brosse mais toujours important à lire et à connaître. L'auteur rappelle les quatre grands courants : le sunnisme, le chiisme, le soufisme et le kharidjisme, sans oublier l'islam populaire avec prières, ramadan, pèlerinage, aumône… Il traite aussi de la liberté en islam, pose des constats et des interrogations et rappelle les vecteurs de l'islamisme : courants religieux radicaux, États musulmans, élites intellectuelles et universités, médias, « rue arabe » et émigration avec l'échec des politiques d'intégration.
Enfin, Boualem Sansal, s'il réviserait aujourd'hui son opinion sur la Turquie, parle d'un monde arabe à la recherche d'une identité et d'un avenir. Il constate le problème posé pour l'Occident par l'islamisme mais ajoute que c'est aux musulmans qu'il fait le plus de mal : « Toutes les questions, toutes les peurs, tous les espoirs également sont possibles. »

En annexe, sont rappelés les courants, les écoles et les mouvements en islam, la répartition des musulmans dans le monde, le monde arabe avec sa population, sa langue officielle et son économie. Enfin, un texte d'Ibn Khaldoun (historien, géographe, homme politique du XIVe siècle), conclut cet ouvrage qu'il faut lire.


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Pourquoi un homme avec une telle culture et une réflexion aussi fine n'est-il pas entendu dans les médias ? C'est la question que l'on se pose quand on a fini cet excellent essai qui nous fait comprendre bien des choses sur le monde Arabe et sur l'intégrisme qui le touche (et nous par ricochet)
Quel courage lui a-t-il fallu pour écrire un libre pareil en vivant en Algérie.
Certain pourront le trouver raciste mais ce serait aller à la simplicité je crois au contraire que c'est un cri d'amour pour qu'enfin un examen de conscience touche ceux qui se disent Musulman en les invitants à la modernité sans renier leurs convictions profondes.
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Boualem Sansal retrace ici l'histoire des différents courants de l'Islam puis de l'islamisme. C'est court - une centaine de pages - mais très efficace pour celles et ceux qui auraient raté les épisodes précédents. Un ouvrage fort utile, donc, pour mieux comprendre le monde d'aujourd'hui.
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Gouverner au nom d'Allah de Boualem SANSAL est une analyse historique, politique, sociale et religieuse des pays arabes. En guise d'introduction je vous livre les chapitres:
1- L'Algerie, du colonialisme à l'islamisme
2- L'islam et monde musulman: charia, écoles islamiques, de la liberté en islam
3- L'islamisme dans le monde : constats et interrogations
4- Les vecteurs de l'islamisme: les courants religieux, les états musulmans, les élites intellectuelles et les universités, les médias, la rue arabe, l'émigration ou l'échec des politiques d'intégration
5- Le monde arabe: un monde virtuel à la recherche d'une identité et d'un avenir
6- La politique occidentale et l'islamisme
7- Conclusion
Comme vous pouvez le constater c'est un livre riche qui aborde nombre d'interrogations que chacun de nous se pose et plus particulièrement après les attentats de Charlie, 12 victimes, de l'avion russe dans le Sinaï qui a fait 224 victimes, et du 13 novembre, 129 morts et 352 blessés. Cet auteur algérien, imprégné de la culture musulmanne ne peux pas être taxé d'islamophobe, comme c'est souvent le cas pour les occidentaux qui osent s'exprimer sur l'islam. Suite à sa lecture, je peux temoigner que c'est une analyse objective à charge et à décharge sur l'islamisme, un islam radicalisé. Sa lecture est particulièrement recommandé et éclaire même s'il ne répond pas à la plus importante des interrogations: comment va évoluer l'islamisme mis au pouvoir par la volonté des peuples (les élections), et comment va réagir le reste du monde ? Est-ce là un nouveau clivage ?
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Une analyse limpide du processus de généralisation d'un islam radical tant dans le monde musulman que dans le monde occidental.
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Modeste, Boualem Sansal précise dès l'introduction qu'il n'est pas un Islamologue mais bien un romancier et c'est certainement cela qui lui à permis d'écrire un livre simple , claire et précis pour nous autres profanes.
sunnisme, malékisme, hanafisme, chafisme, Tâquîyya, Dhimmi, des termes que vous avez déjà entendu parler sont ici expliqués et nous donne une vision globale des Islams.
Une fois ses bases posées, vient le temps de l'analyse. C'est là que la phrase de De Gaulle sur "L'orient compliqué" prend tout son sens.
L'auteur s'évertue à décortiquer les différentes ramification et les méthodes d'entrisme des Islamistes pour s'insérer dans toutes les strates de la société (culturel, économique, politique, humanitaire ect). Il démontre aussi que le "monde Arabe" n'existe pas et que les Arabes se sont entendu pour ne s'entendre sur rien, comme le disait Ibn Kalthoum cité dans le livre.
Grand absent de l'ouvrage est la question des solutions face à l'islamisme. Un aggiornamento de l'Islam est il possible ? C'est la question à laquelle Boualem Sansal ne répond pas... Et qui l'en blâmera ?
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