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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Publié en 1999, “Le serment des barbares” est sans doute le livre qu’il faut avoir lu pour comprendre le degré de détresse dans lequel se trouve le peuple algérien en cette fin de siècle.

Entraînée au fil des décennies dans une spirale infernale qui l’a conduite à la guerre civile, prise entre le marteau intégriste et l’enclume d’un pouvoir corrompu, l’Algérie, malgré d’indéniables atouts économiques, n’a pas réussi à concrétiser les espoirs que laissait augurer l’indépendance de 1962.
Avec lucidité, Boualem Sansal dépeint son pays au bord du chaos où la peur semble la chose la mieux partagée. Attaché à ses racines, il s’interroge sur les conséquences sociologiques d’une arabisation forcée et d’une omniprésence du pouvoir religieux. En homme de lettres pétri de culture, il disserte avec verve sur le quotidien nauséeux de ses compatriotes victimes d’un système autoritaire gérant le pays sans réelles perspectives.

S’ils se fient à la quatrième de couverture, les amateurs de roman policier en seront pour leur frais. L’enquête poussive d’un flic désabusé sur l’assassinat à l’arme blanche d’un retraité un peu louche est certes en arrière plan du roman mais n’en constitue pas l’intérêt principal.

“Le serment des barbares” aux idées si fécondes est le premier roman de Boualem Sansal qui aujourd’hui encore vit reclus dans sa maison de Boumerdès sur la côte algérienne. Avec pour seules armes sa plume et son courage, il n’a de cesse de dénoncer l’islamisme comme le totalitarisme du 21ème siècle.
L’actualité lui donne raison. Les cohortes de réfugiés sillonnant les routes européennes ne sont-elles pas une des conséquences abominables de ce barbarisme aux multiples ramifications ?
Oui il y a urgence à prendre pleinement la mesure des écrits précurseurs et alarmistes de Boualem Sansal !


P.-S. : Boualem Sansal était l’invité d’Anne Sinclair ce matin sur Europe1 à l’occasion de la parution de son dernier livre “2084” ; voici le lien permettant de l’écouter :

http://www.europe1.fr/emissions/l-interview/boualem-sansal-linterview-integrale-2513851

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Ce roman, à travers une enquête menée par un vieux policier proche de la retraite sur un double assassinat, nous dresse le portrait d'Alger pendant la "sale guerre" des années 1990 à 1998. Deux décennies de gestion socialiste ont appauvri le pays et démantelé les infrastructures industrielles. L'économie est exsangue : industrie sinistrée, agriculture mal gérée, la pauvreté règne en maître ainsi que la corruption et l'analphabétisme. Les hommes sont sans scrupules, brutaux et empreint d'une religiosité de surface sans relation avec une quelconque moralité ; les femmes sont asservies et maltraitées, presque animales. Les enfants errent, miséreux. L'agglomération d'Alger et ses quartiers périphériques ne sont plus qu'un terrain vague encombré de détritus et de squelettes d'usines abandonnées.
L'armée, dès le début de 1992 a mis fin au processus démocratique qui allait porter le Front Islamique du Salut au pouvoir. Ce dernier est interdit et contraint de rentrer dans une clandestinité violente qui se transforme rapidement en guerre civile. Les attentats ciblent d'abord les policiers et fonctionnaires, représentants du régime usurpateur, puis peu à peu ensanglantent toute la population civile qui subit d'effroyables pertes et une pauvreté galopante.
Le commissaire est terrassé par le chagrin de voir son pays mis en coupe réglée par des militaires et des religieux sans scrupules et adeptes des pratiques mafieuses les plus sordides. Il subit la pression de ses supérieurs désireux de clore l'enquête au plus vite : le FIS, ou n'importe laquelle des autres organisations terroristes qui pullulent sur le territoire, est un coupable tout désigné ; et comme ce coupable-là ne craint pas la mort, il est difficile à appréhender : inutile donc de s'attarder dans des recherches qui pourraient s'avérer dangereuses.
Malgré les mises en garde de sa hiérarchie, notre enquêteur s'entête à poursuivre des investigations qui le mènent à un cimetière chrétien, où il note de bien étranges allées et venues. Que va-t-il découvrir ?
Ce roman est servi par une écriture riche, trépidante dont le style s'apparente au réalisme hystérique. Il n'est pas toujours de lecture aisée. Ce qui le caractérise c'est l'apparente jubilation avec laquelle Boualem Sansal dépeint cette traversée des horreurs, qu'il a connue et qu'il a choisi de rendre truculente pour la tenir à distance, tant on devine qu'il partage le désenchantement du policier enquêteur.
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éloges mérités pour un livre magnifique et une langue poétique et ciselée ; vocabulaire très riche ; ce peuple est trompé, affamé, spolié comme bien d'autres hélas
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Un livre d'une superbe technicité littéraire qui fait penser que l'auteur à tout tenté pour transformer l'horreur en beauté et fait son art. Il a réussi. Attention, l'enquête policière n'y est qu'un prétexte, un prétexte pour plonger dans les méandres labyrinthiques de l'Algérie, de son histoire, de sa chute. Un premier roman ou l'auteur semble exorciser ces démons pour ensuite nous donner à lire de magnifiques oeuvres plus apaisées.
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Que dire de cette lecture?
Un avis très mitigé!
La trame est très dense, le vocabulaire riche, la plume m'a séduite au début mais au fur et à mesure d'avancer, certains passages m'ont carrément fatiguée, lessivée même. Fallait rester constamment très concentrée pour ne pas perdre le fil du récit.
L'auteur relate les pires années de l'Algérie, celles de la décennie noire, un cauchemard éveillé qu'on a vécu. Il en fait plutôt une analyse socio politique. Tout est imbriqué, toutes les périodes se superposent: la guerre, l'indépendance, le FIS, la décennie noire.
Un tas de vérité dépeinte en noire, rien qu'en noir, pas une once de couleur même pas un dégradé de gris. Rien !!! Sansal broie du noir, il porte en lui une hargne et une haine terrible. Il est en colère et on le ressent dans son écriture pléthorique. Il en fait un chwya trop. Est ce parce que c'est son premier roman??? Qu'il veut nous en mettre plein la vue???
Je ne peux pas dire que j'ai détesté le lire. Non ! Mais il me faut le relire pour me faire idée finale.
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Boualem Sansal nous entraîne dans l'Algérie des années 90. Trente ans après l'indépendance, il nous montre combien les fractures sont encore ouvertes entre les mouvements qui ont lutté pour cette libération. A travers l'enquête policière que mène l'inspecteur Larbi, qui est prés de la retraite, concernant la mort d'Abdallah, un vieil homme qui était ouvrier agricole dans la ferme d'une famille de colons qu'il a rejoint en France et qui s'en est retourné finir sa vie à Rouiba prés d'Alger, ou il entretient les tombes de la famille Villatta, dans le cimetière chrétien, il décrit l'Algérie post-coloniale, il décortique les relations entre le FLN, les islamistes, les mafieux, il démontre que attribuer les crimes aux uns où aux autres n'est pas choses faciles. Ce roman est passionnant, on perçoit bien que l'auteur a tant à dire sur son pays, qu'il part parfois dans des paragraphes de plusieurs pages dans lesquels il aborde des aspects très différents de la vie en Algérie, et cela rend parfois le livre dur à lire.
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Corrosif, style très personnel, explosif, percutant et incisif (mais parfois obscur).
Quitte le récit du roman pour le pamphlet politique.
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Ce roman est d'un style particulier, profus et pléthorique, avec un peu d'agressivité dans les propos s'il l'on peut dire. Certes, il y a des endroits où ça devient trop surchargé et même fatigant à lire, mais sa reflète la colère de l'auteur envers l'injustice ; Sensal décrit explicitement une partie de la décennie noire qu'a vécue l'Algérie durant les années 90.
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