L'histoire est fascinante. Dans une Allemagne cernée de toutes parts par un obscur ennemi qui a juré foi en un dieu unique, les habitants voient l'espoir de vivre avec la possible arrivée d'un train dans lequel ils seront emportés. Mais tout le monde ne trouvera pas sa place à bord de cet éden. Sansal conjugue passé (nazisme) et présent (islam fondamentaliste) pour déchiffrer une actualité toujours plus sombre & douteuse. Entre les politiciens corrompus, les habitants lucides de leurs avenirs, le récit s'envole et nous intrigue. Et puis, l'auteur se plante considérablement. A trop vouloir s'éparpiller, il perd son lecteur qui n'en demandait pas tant. Pourquoi rajouter des intrigues parallèles, pourquoi ne pas se focaliser sur cette fable initiale et dresser des portraits de notre société en proie à la suspicion et au fake-news? Parce qu'il souhaite toucher une élite littéraire avide de dictons philosophiques? Désolé, mais le charme est rompu en plein milieu du livre et ne reviendra pas.
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C'est un livre qui se veut très intelligent.
D'abord parce qu'il parle du monde d'aujourd'hui, vaste programme dans la lignée de l'attentat du Bataclan, et qu'il ne voudrait pas laisser passer un seul des aspects politique, écologique, sociologique, littéraire, et j'en passe, à travers un curieux mélange des genres mêlant fantastique, dystopie, fable politique, roman historique, roman ancré dans la réalité d'aujourd'hui...Il parle de la société de consommation, du réchauffement climatique, de la mondialisation, de la guerre, des islamistes et des religions en général, des migrants, de l'humanité et de inhumanité des hommes, de leurs grandeurs et lâchetés. J'en oublie, je crois.
Et puis il adopte une forme atypique, pas une forme romanesque trop banalement simple, mais un amas de lettres, de notes, plus un roman inachevé posthume, espèce de délire post-traumatique prophétique, complété par un autre roman censé finir le précédent, lesquels se font miroir par des généalogies jumelles imbriquées labyrintiques, des réflexions socio-politico-philosophiques en tartines : dis-donc, Sansal, il y a quand même écrit ROMAN sous le titre....
Il ne faut pas oublier le fameux thème-fil rouge de la métamorphose (qui consiste bien souvent en la simple évolution des personnage au fil de leurs expériences). On a même droit à une explication de texte sur La métamorphose de Kafka, dispatchée au fil des pages, dont on finit par se demander si Sansal n'a pas recyclé un vieil article universitaire opportunément ressorti d'un fond de tiroir. Et cerise sur le gâteau d'un résumé en quelques pages de le Désert des tartares, car, mais oui, le monde est absurde, la guerre, la violence, tout ça,
Sansal est un érudit, que voulez-vous. Oui, mais en fait je m'en fiche, ce que je veux, c'est un bon bouquin, avec un minimum de cohérence et d'humilité, pas un truc confus pseudo-savant qui ne sait pas où il va, mais y va avec assurance par des chemins tortueux. Car je me dis que l'intelligence littéraire, ça n'est pas l'étalage d'érudition, la recherche de l'originalité à tout prix, l'éparpillement intellectuel, la pensée profonde mais ordinaire, le brio factice .
J'ai un peu honte : qui suis-je pour juger M. Sansal ? Personne. Juste quelqu'un qui n'a pas trouvé son plaisir là où elle attendait beaucoup, quelqu'n de pas assez intelligent pour jouir de ce genre de truc.
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