Dîtes-moi... Comment résister à un titre aussi incroyable... qui offre , par anticipation, toutes les promesses rêvées ??!
Hier, je me rendais à ma médiathèque pour faire des recherches... et comme chaque fois je m'arrête pour fouiner dans des bacs où sont vendus pour un euro symbolique, des ouvrages qui , sinon partent au pilon... L'obligation de "désherbage" (faire de l'espace pour les nouvelles acquisitions )...
Grand bien m'en a pris... car je suis tombée sur une petite pépite, publiée en 1995, par un éditeur d'une grande exigence:
Fata Morgana...
Une joie autant qu'une émotion agrandies, car
Pierre Sansot est dans mon "Panthéon personnel", des écrivains-poètes-sociologues d'une immense envergure humaniste...
De plus , le sujet de ces jardins-ouvriers m'a toujours fascinée, laissée admirative devant ces "bulles de liberté et d'ingéniosité"... et là, il s'agit de jardins ouvriers de l'île de Billancourt [ destinés originellement aux ouvriers des usines Renault...], que j'ai découverts par hasard, en poussant, il y a environ un an et demi, une modeste porte sur les bords de la Seine [ Je venais rendre visite à un camarade, artiste peintre et sculpteur, Missak ADJAR, habitant au bout de cette île St Germain, où ses parents, exilés arméniens, sont venus s'installer et construire "leur maison", il y a bien longtemps ]
Je me suis sentie tomber sur une autre planète, préservée et magique... J'ai pris un grand plaisir à photographier ce lieu insolite et plein de fantaisie...en dépit et grâce à sa simplicité... Quels choc et émotion de tomber sur ce livre, les mots de
Pierre Sansot et les très beaux clichés, en noir et blanc de
Julie Ganzin...qui datent de vingt-cinq années !...Je n'habite Issy -les-Moulineaux que depuis fin 2013!!...
"Ces photos parce qu'elles sont émouvantes pourraient inciter à la suspicion : ne nous touchent-elles pas parce qu'elles exaltent des hommes simples, parce qu'elles mettent en scène des objets familiers, parce qu'elles nous laissent pressentir des existences modestes ? Nous n'aurions pas le droit d'être "touchés" parce ce qu'un artiste nous présente. C'est là concevoir le domaine de l'esthétique sur un mode glacé, distancié : on on exigerait des amateurs qu'ils fassent taire leurs élans, leur capacité à entrer en sympathie avec les objets, avec les autres hommes. (...)
Les images conçues par
Julie Ganzin nous montrent que le plus triste et le plus prévisible ne sont pas toujours sûrs, qu'il existe en certains hommes ordinaires la capacité d'inventer autre chose, de réordonner à partir de
peu (...) le monde."
Très, très joyeuse d'avoir déniché et "sauvé" ce petit trésor... qui me parle à de multiples niveaux, dont la familiarité des lieux !! Joyeuse de ranger ce livre dans mes rayonnages, à proximité... pour re-savourer les photographies de
Julie Ganzin...selon l'envie et l'élan du jour !...
Mes pensées vont de tout coeur aux Jardiniers de l'île... qui poursuivent avec ténacité la survivance de ce lieu précieux...situé merveilleusement sur le bord d'un bras de la Seine... tout est réuni pour s'échapper et rêver..
avec "très peu" ...mais dignité, fantaisie, convivialité face à un monde trop consumériste....
"De ci de là nous percevons le grondement d'immeubles sans grâce et sans bienveillance. Par bonheur nos jardiniers ont, grâce à une exubérance végétale, inventé des pare-immeubles, tout comme, en danger, certains hommes endossent des gilets pare-balles."
PS : j'ai trouvé un mini reportage de 2001 sur ces jardins ouvriers : http://www.ina.fr/video/CAB01024578