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Julie Ganzin (Illustrateur)
EAN : 9782851943828
Fata Morgana (21/01/1995)
5/5   1 notes
Résumé :
Les photographies de ce livre ont été prises par Julie Ganzin de septembtre 1991 à mars 1993 sur l'île Billancourt entre -La Tour aux Figures- de Jean Dubuffet et les friches industrielles des usines Renault face à l'Ile Seguin... Texte de Pierre Sansot
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dîtes-moi... Comment résister à un titre aussi incroyable... qui offre , par anticipation, toutes les promesses rêvées ??!

Hier, je me rendais à ma médiathèque pour faire des recherches... et comme chaque fois je m'arrête pour fouiner dans des bacs où sont vendus pour un euro symbolique, des ouvrages qui , sinon partent au pilon... L'obligation de "désherbage" (faire de l'espace pour les nouvelles acquisitions )...
Grand bien m'en a pris... car je suis tombée sur une petite pépite, publiée en 1995, par un éditeur d'une grande exigence: Fata Morgana...

Une joie autant qu'une émotion agrandies, car Pierre Sansot est dans mon "Panthéon personnel", des écrivains-poètes-sociologues d'une immense envergure humaniste...
De plus , le sujet de ces jardins-ouvriers m'a toujours fascinée, laissée admirative devant ces "bulles de liberté et d'ingéniosité"... et là, il s'agit de jardins ouvriers de l'île de Billancourt [ destinés originellement aux ouvriers des usines Renault...], que j'ai découverts par hasard, en poussant, il y a environ un an et demi, une modeste porte sur les bords de la Seine [ Je venais rendre visite à un camarade, artiste peintre et sculpteur, Missak ADJAR, habitant au bout de cette île St Germain, où ses parents, exilés arméniens, sont venus s'installer et construire "leur maison", il y a bien longtemps ]

Je me suis sentie tomber sur une autre planète, préservée et magique... J'ai pris un grand plaisir à photographier ce lieu insolite et plein de fantaisie...en dépit et grâce à sa simplicité... Quels choc et émotion de tomber sur ce livre, les mots de Pierre Sansot et les très beaux clichés, en noir et blanc de Julie Ganzin...qui datent de vingt-cinq années !...Je n'habite Issy -les-Moulineaux que depuis fin 2013!!...

"Ces photos parce qu'elles sont émouvantes pourraient inciter à la suspicion : ne nous touchent-elles pas parce qu'elles exaltent des hommes simples, parce qu'elles mettent en scène des objets familiers, parce qu'elles nous laissent pressentir des existences modestes ? Nous n'aurions pas le droit d'être "touchés" parce ce qu'un artiste nous présente. C'est là concevoir le domaine de l'esthétique sur un mode glacé, distancié : on on exigerait des amateurs qu'ils fassent taire leurs élans, leur capacité à entrer en sympathie avec les objets, avec les autres hommes. (...)
Les images conçues par Julie Ganzin nous montrent que le plus triste et le plus prévisible ne sont pas toujours sûrs, qu'il existe en certains hommes ordinaires la capacité d'inventer autre chose, de réordonner à partir de
peu (...) le monde."

Très, très joyeuse d'avoir déniché et "sauvé" ce petit trésor... qui me parle à de multiples niveaux, dont la familiarité des lieux !! Joyeuse de ranger ce livre dans mes rayonnages, à proximité... pour re-savourer les photographies de Julie Ganzin...selon l'envie et l'élan du jour !...

Mes pensées vont de tout coeur aux Jardiniers de l'île... qui poursuivent avec ténacité la survivance de ce lieu précieux...situé merveilleusement sur le bord d'un bras de la Seine... tout est réuni pour s'échapper et rêver..
avec "très peu" ...mais dignité, fantaisie, convivialité face à un monde trop consumériste....

"De ci de là nous percevons le grondement d'immeubles sans grâce et sans bienveillance. Par bonheur nos jardiniers ont, grâce à une exubérance végétale, inventé des pare-immeubles, tout comme, en danger, certains hommes endossent des gilets pare-balles."

PS : j'ai trouvé un mini reportage de 2001 sur ces jardins ouvriers : http://www.ina.fr/video/CAB01024578
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'art du peu n'est pas peu de chose. Il nécessite de l'ingéniosité car on n'a pas le droit à l'erreur, aux chutes, car le projet et les moyens préexistent à l'individu qui doit s'en satisfaire. Il manifeste une manière de vivre , de la sagesse : ne pas récriminer, ne pas demander la lune, tirer parti de ce que les circonstances nous offrent, ne pas regarder amèrement ceux qui se situent en haut de l'échelle sociale mais procéder selon ses goûts et sa fortune avant d'éprouver la fierté d'avoir su bien tirer de ce que l'on avait sous la main.
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La création, la diffusion, l'apologie des jardins ouvriers ont été l'objet de critiques sans indulgence. N'avaient-ils pas été conçus pour lutter contre l'alcoolisme, pour ressouder les familles ?les lots n'étaient-ils pas en priorité accordés aux familles les plus nombreuses ? Le travailleur, à ses moments de liberté, risquait de s'abandonner à des excès, à des idées d'anarchie et de révolte. Ainsi, les braves gens rejoindraient sur un mode symbolique la classe des propriétaires, clôturant jalousement leur minuscule territoire, se repliant sur lui en compagnie des leurs. dans le même mouvement, on exaltait les vertus de la terre, du grand air, des potagers tandis qu'on se livrait au procès de la ville, tentaculaire mère des vices et du crime. Le jardin ouvrier se donnait comme le lieu naturel d'un ordre social perverti puis restauré.
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Je risque une autre espérance. Si des gens de peu que tout prédestinait à la reproduction des modèles dominants, à qui l'on a prêché la mesure, l'ordre, la platitude, ont ainsi laissé être leur imagination et accordé à la nature toutes ses chances, c'est que certains individus suivent les chemins d'une logique dont nous comprenons seulement après coup la nécessité- et en oeuvrant dans la pénombre, ils nous permettent d'accéder à plus de lumière. A ce compte leur exemple nous assure que demain d'autres hommes ne résisteront pas au désir d'inventer.
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Conserver est aussi une marque de la prudence populaire. Ma mère conservait bouts de ficelle, enveloppes usagées, vieux journaux, parce qu'"on ne sait jamais, cela peut toujours servir". Ainsi pourvu d'objets dont l'usage ne paraît pas évident, on se sent rassuré, prêt à soutenir un siège contre un éventuel ennemi, contre cette obstinée persécutrice : la misère.
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Je crois découvrir dans ce qui nous est montré, les signes d'un bonheur qui attire mon estime. Il n'a pas , pour source, le confort, la réussite, mais la capacité de savourer les plaisirs simples, de s'accorder à eux, et souvent de les inventer. (...)
Avec pour seul compagnon, leur jardin. Je les imagine sans peine lui parlant, lui demandant de les excuser pour un retard, parfois ronchonnant contre lui parce qu'il ne met pas de bonne volonté à collaborer.
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