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EAN : 9782707129161
139 pages
La Découverte (25/11/1998)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

L'effondrement financier de la Russie en août 1998 a déclenché une double réaction en chaîne aux effets dévastateurs. D'abord et surtout pour la population russe, confrontée à une crise politique, économique et sociale sans précédent. Mais aussi, d'une autre façon, pour le reste du monde, en particulier pour les pays de l'Union européenne. Pour comprendre cette crise et ses effets possibles ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Depuis le krach russe du 17 août 1998, la notoriété de Jacques Sapir n'a cessé de grandir. L'effondrement du rouble, entraîné dans la tourmente asiatique, ne venait-il pas confirmer les plus noires prédictions de l'auteur du Chaos russe (La découverte, 1996) ? Après avoir multiplié, durant l'été, les entretiens et les articles dans la presse, Jacques Sapir résume « sur le vif » (c'est le nom de cette nouvelle collection des éditions La découverte) son analyse.

La thèse de Jacques Sapir est simple. Il la martèle avec la verve du pamphlétaire, appuyée par la rigueur du chercheur qui a consacré sa vie à l'étude des fluctuations monétaires et économiques de l'URSS. le krach russe, soutient-il, signe l'échec des thérapies libérales recommandées depuis 1992 par le FMI, et mises en oeuvre par Tchernomyrdine et par ses épigones. En 1997, les frémissements de la reprise de l'activité constituaient des signaux erronés. Les chiffres du PNB répercutaient en fait l'externalisation des activités des entreprises ; la restructuration des conglomérats a obligé les entreprises à acheter à l'extérieur des biens et services jusque là fournis gratuitement à l'intérieur des firmes. « Ce processus d'externalisation aboutit à la révélation statistique d'une richesse dans le cadre des concepts du PIB ». C'est une illustration du « paradoxe de la ménagère », bien connu des étudiants d'économie : le célibataire qui faisait repasser ses chemises par son concierge « internalise » cette tâche après son mariage, en la faisant assumer par son épouse, cette internatlisation domestique se traduit par une diminution purement comptable de la richesse nationale.

Jacques Sapir démontre que les responsables russes ont commis l'erreur de tout sacrifier à la maîtrise de l'inflation et à la stabilisation du rouble. L'inflation a certes été vaincue, mais cette victoire à la Pyrrhus présentait un coût exorbitant. Pour financer le déficit budgétaire, le gouvernement était contraint d'avoir recours à l'emprunt, le FMI lui interdisant de monétiser ses déficits. La Russie a donc émis des titres de dettes, les GKO, et proposé des taux d'intérêts très attractifs. Ces taux exorbitants ont étouffé la croissance. D'abord, ils ont détourné les capitaux de l'économie réelle : les banques russes ont préféré spéculer sur l'écart des taux, en empruntant des dollars pour acheter des obligations d'Etat à 40 %, plutôt que de prêter au secteur productif. Ensuite, la montée des taux a dissuadé les entreprises d'investir laissant comme seuls clients aux banques, selon un phénomène de « sélection inverse », les entreprises les plus imprudentes dont les projets d'investissement sont d'autant plus prometteurs qu'ils sont risqués. Enfin, le coût exorbitant de l'emprunt conduisait l'Etat russe inexorablement à la faillite. le financement de la dette, pourtant limitée à 20 % du PNB, devenait sans cesse plus coûteux, représentant, en 1997, 63 % des recettes fiscales réelles de l'Etat fédéral. Pour payer les intérêts des emprunts échus, l'Etat russe n'avait pas d'autre alternative que de lancer de nouveaux emprunts auprès d'investisseurs internationaux, au risque d'ailleurs de mettre en péril la parité du rouble.

A la dynamique de la dette et à la prise de risque excessive des grandes banques russes, devait s'ajouter en effet un troisième phénomène : celui de la détérioration du solde de la balance des paiements courants. La Russie dégageait traditionnellement un excédent commercial qui lui permettait d'honorer le service de sa dette. Cet excédent se réduit sous l'effet de deux phénomènes. Dans un premier temps, la désorganisation des circuits de production obligent à recourir à des importations accrues. Dans un second temps, les exportations diminuent, sous l'effet d'un choc exogène : la crise asiatique. C'est moins la fluctuation des prix du pétrole et du gaz, vendus à terme, que celle des autres matières premières, telles que par exemple le ciment dont la Chine est un important importateur, qui explique cette dépression des ventes.

Si l'analyse que fait Jacques Sapir des causes de la crise russe est hétérodoxe, ses propositions ne le sont pas moins. Jacques Sapir n'y va pas de main morte. Les méthodes préconisées par le FMI ayant échoué, il faut, dit-il, le « mettre hors jeu » (Le Monde, 3 septembre 1998) et de nationaliser les banques les plus fragiles (n'est-ce pas la politique mise en oeuvre par le Japon ?). Quand à l'aide occidentale, elle ne doit pas faiblir, mais être réorientée. Elle doit avant tout permettre la reconstruction de l'Etat, un Etat qui pourra exiger des citoyens qu'ils paient leurs impôts à condition que lui même règle ses dettes et ne multiplie pas la détestable pratique des « séquestres budgétaires ». Elle doit privilégier les réformes structurelles, tant matérielles qu'humaines, à la différence des procédures communautaires Tacis, qui enrichissent les consultants européens, sans aider la Russie. C'est à ces conditions que la Russie – qui enregistrera en 1999 une récession de 8,3 % de son PIB – pourra espérer retrouver le chemin de la croissance.
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