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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je n'ai pas pour habitude de lire du théâtre et je ne suis pas forcément à l'aise avec ce genre littéraire (je préfère voir des pièces). Mais s'agissant d'une lecture scolaire pour mon cours de littérature française, je m'y suis collée... sans grand problème puisque la pièce est très courte et que son sujet m'intéressais.

Deux amis discutent : H1 reproche à H2 de s'être éloigné et ce dernier lui avoue qu'il n'a pas apprécié une phrase qu'H1 lui a dite. H2 a la réputation de rompre ses relations sans raison, ce dont H1 lui fait part.

Ce dialogue compose la pièce et, quoique surprenant, c'était chouette à lire. En effet, la structure du texte est ici très importante, notamment avec l'utilisation récurrente de points de suspension. Les subtilités du langage sont, en quelques sortes, décortiquées. L'autrice a fait un travail intéressant avec ce texte.

Même si j'ai aimé lire cette pièce, la lecture a été parfois déroutante parce que presque absurde, mais j'ai bien aimé l'idée et j'aimerais, à l'occasion, la voir jouée !
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Deux amis s'expliquent, l'un demandant à l'autre l'origine du refroidissement de leur relation : ils finiront par se reprocher l'un d'être bohème, l'autre d'être catégorique. Un mot condescendant a causé la rancune, et chacun fait valoir, à travers des souvenirs communs, à la fois un confort et un mépris, la satisfaction intérieure que rien ne soit « rangé » ou que tout soit « à sa place », le sentiment de ridicule que la poésie soit affectée ou que l'ordre ne soit qu'un rassurement pauvre. C'est assurément une pièce qui traduit l'opposition des êtres – on devine combien j'ai appréhendé, après le Silence, qu'il s'agît encore de théâtre-pour-ne-rien-dire, cette oeuvre étant la dernière que je n'avais pas lue au programme d'agrégation 2024 –, seulement, ce sont vingt-sept pages grand format d'une scène anecdotique assez stéréotypée, relatant une dispute qu'on tire peu avantage à connaître, et dont l'écriture, quoique pertinente, n'ambitionne pas d'effets surprenants (on peut notamment remarquer que l'intervention d'autres personnages est superflue). Peut-être peut-on féliciter cette pièce d'avoir, comme je le soupçonne, inspiré « Art » de Reza, dont l'élaboration valait mieux, qui était à la fois plus drôle et profonde, et qui ne situait pas l'antéposition dans un systématisme caractérisé pour ne pas dire manichéen. On n'a dans ce Sarraute trop peu de temps pour s'interroger si les personnages sont justes, sans un espace et sans toile de fond, et le moment étant presque aussitôt terminé, je n'ai pu trancher, il faut relire des extraits, réinstruire les rôles, réinvestir son jugement à rebours : or, je sens une densité du dialogue, mais perçois aussi quelque chose d'artificiel, un insouci de vraisemblance, comme un laxisme avec, par exemple, l'idée initiale d'autorisation administrative et ces voisins qui apparaissent tout à coup – sans parler des répliques finales, qui sont une nullité et un gâchis, une pure clausule pour terminer une intrigue. Pour un oui ou pour un non est une pièce qu'on ne peut adorer ni détester : c'est trop entre-deux pour susciter des réactions vives, sorte d'essai dramatique où l'on devine dans l'écriture l'amusement et la facilité. Mais il me faudrait peut-être plus de temps… voir la pièce ?... J'ai regardé un peu sur Internet… Rarement bien joué, comme toujours… Manque d'élégance et de simplicité, manque de compréhension intuitive du rôle, manque d'aisance… Une bonne captation sur Viméo « au boson » en 2014 (mais un décor douteux). Pourtant, drame probablement meilleur que je ne dis… J'ai bien le temps, avant de publier cette critique, d'y réfléchir encore… J'y mettrai un post-scriptum.

Post-scriptum : Oui, meilleur que ça ne paraît. Mais ça conserve tout de même, quand c'est écrit, le défaut patent justement d'avoir l'air moins bon que ça n'est. Oui, c'est moi qui, cette fois-ci, ait manqué à juger vite : j'ai le jugement plus long que je n'avais cru. N'empêche que la fin manquée et que ces personnages inutiles… sans parler du titre…
J'y reviens en détails : l'inconvénient manifeste et presque ostentatoire de cette pièce, et qui peut suffire à tromper le lecteur jusqu'à lui faire croire en son bâclé, c'est que tout ce qui implique son cadre est insuffisant. D'abord, c'est une pièce courte, ce qui peut induire à tort un sentiment défavorable ; ensuite, son titre est mauvais, proverbe peu en rapport avec l'essentiel du drame ; puis, son début est médiocre et le demeure assez longtemps, à la fois parce que les premières répliques sont factices (« Écoute, je voulais te demander… C'est un peu pour ça que je suis venu… je voudrais savoir… que s'est-il passé ? Qu'est-ce que tu as contre moi ? »), parce que le contexte en a été expurgé (pas d'introduction subtile, pas de décor, pas d'induction tacite de la relation d'amitié : on dirait des inconnus qui se parlent sans sympathie crédible, et l'on conserve longtemps, comme souvent chez Sarraute, l'impression que ces êtres viennent d'apparaître sur scène sans jamais avoir existé ni s'être fréquentés), parce qu'aussi bien l'idée surréaliste d'une demande adressée à un comité pour cesser une amitié que l'intervention des voisins sont superfétatoires et brouillent l'intérêt du réalisme avec des trucs de fiction) ; enfin, la fin est une absence d'idée et manque presque de considération pour le lecteur, anéantissant d'un coup la sensation de rigueur qu'on a pu trouver aux échanges (« Oui ou non ?... — Ce n'est pourtant pas la même chose… — En effet : Oui. Ou non. — Oui. — Non ! »). Ce sont ces indéniables maladresses qui abîment l'appréciation de l'oeuvre, pour la raison sensible que la dramaturge se livre à l'écriture théâtrale avec une distraction évoquant une négligence : elle n'a en l'occurrence qu'une pensée au départ, celle d'accroître et de fonder la divergence de modes d'existence entre des êtres, et d'indiquer comme au long de leur relation ils n'ont pu s'empêcher de signifier leur méfiance en dépit de leur fidélité, en sorte qu'une incompréhension foncière caractérise la relation, révélée par extraction lente dès qu'on ne se dissimule plus derrière des conventions et qu'on n'ose le risque de briser une amitié. C'est ce mur que Sarraute signale, le détruisant en annihilant les gentillesses faciles, par sondes impitoyables, et elle montre ainsi la façon dont toute connexion n'est généralement qu'une somme d'obligeances superficielles, y compris les amitiés de longue date. L'enquête au coeur de cette séparation, qui est bien le sujet de l'oeuvre, indique combien c'est la volonté de ne pas complaire qui permet d'atteindre à des racines véraces, à des liens indéfectibles plus que des simulacres. Ce sujet, dès qu'on s'y trouve, est mené avec habileté et pertinence, par progrès logiques, mais on peut sans préjudice, même avec avantage, passer les sept premières pages et quitter avant les deux dernières, ce qui, pour une pièce qui en compte vingt-sept, est tout de même d'un certain inconvénient.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Cette pièce de théâtre très courte d'une cinquantaine de pages « Pour un oui ou pour un non » de Nathalie Sarraute, est créée comme pièce radiophonique en décembre 1981, publiée en 1982 et représentée pour la première fois au théâtre en 1986. C'est la pièce la plus jouée de Nathalie Sarraute, avec plus de 600 représentations professionnelles depuis sa création. (Wikipédia) Elle met en scène deux personnages qui ne sont pas nommé et pourraient être n'importe qui : H1 autoritaire, très sûr de lui et H2 peu sûr de lui, susceptible… Alors qu'ils étaient très liés, H1 souhaite des explications de la part de H2 qu'il lui semble fuyant. H2 finit par admettre qu'une phrase de H1 l'a profondément vexé : « C'est bien, ça ». S'en suit une conversation et des échanges autour de la signification et du ton employé pour dire cette phrase. L'explication devient ubuesque a-t-elle point qu'au lieu d'améliorer la relation entre eux deux, elle la complique ! Pour le lecteur, cette scène peut prêter à sourire par le comique de certaines répliques de H2 mais on reste aussi témoin d'une certaine cruauté de la part de H1. On ne peut alors qu'admirer cette capacité de l'auteure à tourner autour de cette formulation toute faite et à réfléchir aux conséquence de certaines phrases qui passent pour anodine mais qui peuvent être ressenties de façons différentes selon chaque individu. C'est la première fois que je lis un texte de Nathalie SARRAUTE et j'ai trouvé intéressante cette réflexion autour des enjeux et des conséquences de la communication.
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Dans cette pièce, il n'y a pas d'action et très peu de personnages. On est donc bien dans le Nouveau Théâtre, pendant du Nouveau Roman. Tout se joue dans les silences, les non-dits, les phrases suspendues, etc, qui règlent un conflit tu, vieux de plusieurs années, entre deux amis. Cette pièce parle à son lecteur car on a tous connu cela, ce moment de bascule pendant lequel toutes les rancoeurs et les interprétations éclatent au grand jour, amenant une résolution définitive. Plus rien ne sera comme avant. Intéressant, mais cela reste du Nouveau Théâtre : comme pour le Nouveau Roman, il y a une certaine forme d'ennui qui s'installe chez le lecteur, ainsi qu'une distanciation vis-à-vis de ce qu'il lit.
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