AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 367 notes
5
18 avis
4
22 avis
3
10 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pièce politique où la notion d'engagement, pas seulement politique d'ailleurs, est décortiquée par Sartre qui montre qu'entre l'idée et l'acte il y a un pas, quelquefois de géant. Existentialisme et engagement vont de pair pour l'auteur et il en valorise l'idée dans cette pièce conforme à ses convictions ou à leur absence. du bon Sartre.
Commenter  J’apprécie          660
Hugo, un jeune idéaliste, issu du milieu bourgeois, membre du Parti Prolétaire d'Illyrie s'est fait engager chez Hoederer un chef communiste qu'il à le sombre dessein de tuer pour la raison qu'il a « les mains sales ».
« Les mains sales », une pièce de théâtre en sept tableaux qui fut donnée pour la première fois au Théâtre Antoine le deux avril 1948.

Un texte qu'à juste titre on a comparé à celui de « Les Justes » de Camus ; une pièce qui traite de l'engagement politique et de ses excès, en même temps que de la valeur que l'on peut donner à la vie et à sa vie…

Un texte fort, qui, quand on le lit à quinze ans comme ce fut mon cas, ne manque pas d'interroger, à l'âge des questionnements existentiels plus ou moins conscientisés. Néanmoins ma pièce préférée de Jean-Paul Sartre.
Commenter  J’apprécie          380
"A quoi ça sert de lutter pour la libération des hommes si on les méprise assez pour leur bourrer le crane? " dit Hugo, un intellectuel, "gosse de riches", membre du parti révolutionnaire d'Illyrie, "petit anarchiste indiscipliné" à Hoederer le chef communiste aux "mains sales" (car magouilleur) qu'il doit tuer (car soupçonné d'allégeance avec le Régent de la droite nationaliste).
Nous voilà deux ans en arrière car cette pièce de théâtre (drame en 7 tableaux) qui débute son tableau 1 en 1945, lors de la remise en liberté d'Hugo (emprisonné pour le meurtre de Hoederer, en fait par jalousie) après deux ans de bonne conduite; se poursuit par sa version des faits relatés à Olga (femme de tête protectrice du parti prolétarien qui doit décider s'il est "récupérable" ou bon à être éliminé). Qu'est-ce qu'une vie? s'interroge-t-on déjà.
Les 5 tableaux suivants se passent donc en 43 chez Hoederer où Hugo s'est fait engager comme secrétaire et hésite à le tuer ("un acte ça va trop vite.Il sort de toi brusquement et tu ne sais pas si c'est parce que tu l'as voulu ou parce que tu n'as pas pu le retenir").
Jean Paul Sartre (philosophe et écrivain du XX° siècle) développe dans ce drame sa théorie existentialiste soumise au culte de l'engagement car pour lui exister c'est s'engager, être dans le monde pour autrui, ainsi qu'il l'affirme dans L'existentialisme est un humanisme: "L'homme n'est rien d'autre que son projet".
Sartre qui parle à travers Hugo, comme tous les intellectuels rêve de "faire de l'action" (il a d'ailleurs toute sa vie été engagé pour des causes telles que le combat en faveur d'Israël lorsque s'est crée l'état hébreu, contre les camps soviétiques, contre les guerres d'Algérie, du Vietnam..etc) et donne sa vision d'un marxisme qui n'a de fin en soi que grâce à l'existentialisme.
Hugo "ma petite abeille" qui a tué par jalousie, (sa femme provocatrice ayant embrassé Hoederer) en refusant la protection d'Olga va réellement revendiquer son crime, s'engager et exister aux dépens de sa vie.
Un drame ardu (trop intellectualisé à mon goût), un cheminement de pensée difficile à suivre et des "mains sales" politiques dont on s'aperçoit qu'elles sont monnaie courante.Mais ça on le savait déjà pas vrai?
Commenter  J’apprécie          350
Les Mains Sales est une belle pièce sur l'engagement politique. En Illyrie, pays imaginaire de l'Europe de l'Est pendant la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs partis s'affrontent afin d'obtenir le pouvoir. Hugo, jeune membre du Parti Révolutionnaire, intègre le Parti Prolétaire dans le but s'assassiner son chef. Il nous fait partager le cheminement intellectuel, de sa résistance jusqu'à la décision de l'attentat.

Dans cette pièce de théâtre, Sartre nous fait une démonstration d'argumentation, entre le leader charismatique Hoederer et le jeune révolutionnaire légèrement hésitant qu'est Hugo, justifiant l'influence du raisonnement de celui qui semble détenir tant le pouvoir que la vérité.
Commenter  J’apprécie          220
Je fournis ici volontairement une critique singulière et ma foi assez subjective, en reproduisant les explications de Simone de Beauvoir dans La Force des choses sur cette oeuvre mille fois critiquée. La mienne ne manquera pas, celle de Simone de Beauvoir ne sera pas dépourvue d'explications oh combien éclairantes !

"Le sujet lui en avait été suggéré par l'assassinat de Trotsky. J'avais connu à New York un des anciens secrétaires de Trotsky ; il m'avait raconté que le meurtrier, ayant réussi à se faire engager comme secrétaire lui aussi, avait vécu assez longtemps aux côtés de sa victime, dans une maison farouchement gardée. Sartre avait rêvé sur cette situation à huit clos ; il avait imaginé un personnage de jeune communiste né dans la bourgeoisie, cherchant à effacer par un acte ses origines mais incapable de s'arracher à sa subjectivité, même au prix d'un assassinat ; il lui avait opposé un militant entièrement dédié à ses objectifs. (Encore une fois, la confrontation entre la morale et la praxis). Ainsi qu'il le dit dans ses interviews, il n'avait pas voulu écrire une pièce politique. Elle le devint du fait qu'il prit pour protagoniste des membres du PC. Elle ne ne me paraissait pas anticommuniste. Contre le Régent, contre la bourgeoisie fasciste, les communistes constituaient la seule force valable ; si un dirigeant dans l'intérêt de la résistance, de la liberté, du socialisme, des masses, en faisait supprimer un autre, je pensais comme Sartre qu'il échappait à tout jugement d'ordre moral : c'était la guerre, il se battait ; cela ne signifiait pas que le Parti fût composé d'assassins. La sympathie de Sartre va à Hoderer. Hugo se décide à tuer pour se prouver qu'il en est capable, sans savoir si Louis a raison contre Hoderer. Il choisit ensuite de revendiquer cet acte étourdi alors que ses camarades lui demandent de se taire." (...) "La pièce sortait anticommuniste parce que le public avait donné raison à Hugo."
Commenter  J’apprécie          160
Pièce sur le conflit entre la morale et les finalités politiques révolutionnaires d'une lecture très accessible.
L'accès au pouvoir peut-il justifier des compromis qui trahissent ses idéaux?
On y découvre deux hommes qui face à un objectif commun prennent des voies radicalement différentes, l'un ne dérogeant pas à ses valeurs et à l'intégrité morale, l'autre considérant qu'en politique, il faut savoir se salir les mains et mentir au peuple.
La pièce est un refus du réalisme politique.
Elle suggère aussi une frustration de Sartre transposée dans le personnage d'Hugo, l'intellectuel de bonne famille, que ses compagnons issus de milieux ouvriers ne considèrent pas en pair, mais comme inapte au combat révolutionnaire.
Un ouvrage à recommander pour entrer dans l'univers de la pensée de Sartre.
Commenter  J’apprécie          150
Je redécouvre avec bonheur cette pièce de Sartre, qui jadis m'avait été imposée au cours de français et qui avait suscité de vifs débats. Et il est intéressant de voir comment le temps a modifié mon point de vue …

Dans un pays envahi par les nazis, à la veille de leur chute et de l'invasion par l'armée rouge, deux hommes s'opposent : Hugo, un jeune intellectuel issu de la bourgeoisie, et Hoederer, l'un des chefs du parti révolutionnaire communiste.

C'est le combat entre l'idéaliste qui veut rester pur sans concession et le réaliste qui s'adapte aux circonstances avec le risque de se pervertir, de se perdre. C'est le combat entre l'homme d'idées, l'intellectuel, convaincu de la justesse de ses opinions bien arrêtées et loin de l'homme ordinaire, de la vie quotidienne, et de l'homme d'action, l'homme politique, qui connait la misère des hommes, leur souffrance et leurs angoisses, … Hugo hésite à tuer Hoederer, Hoederer est prêt à protéger (et donc à aimer) Hugo : ces personnages sont complexes, ambigus et non sans paradoxe. Ce qui en fait des hommes de chair qui ne nous laissent pas indifférents.

C'est aussi un livre sur le crime politique et sur l'action politique : les idées peuvent-elles justifier le meurtre d'un homme ? Peut-on tuer de sang froid un homme qu'on a côtoyé ? Qu'est-ce qu'une action politique ? Faut-il chercher l'efficacité en politique ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Quel est le rôle des idées dans la politique ?

Je découvre aussi un Sartre misogyne, laissant peu de place aux femmes dans sa pièce, telles la fiancée qui apparait idiote et superficielle ou l'amie terroriste, froide, butée et prête à tout pour défendre des idées toutes fabriquées par les hommes, incapable – selon Sartre - de penser par elle-même.

L'écriture en dialogue permet les formules chocs, expéditives voire brutales. Comme des vérités trop évidentes et qui forcent le débat. Telles « c'est vrai, tu as des idées toi. Cela te passera », ou le magnifique « méfiez-vous des enfants sages », ou encore « c'est si commode de donner, ça tient à distance. Et puis on a l'air inoffensif quand on mange » et « La politique est une science, tu peux démontrer que tu es dans le vrai et que les autres se trompent. »
Autant de petites phrases qui – comme des slogans publicitaires ou … politiques - résonneront encore longtemps dans mon esprit et nourriront mes réflexions.
Commenter  J’apprécie          110
Les mains sales, pièce sur l'engagement politique, est une des oeuvres théâtrales les plus retentissantes de Sartre. de anti-héros existentialiste au début de la pièce, Hugo acceptera de se salir, acceptant en cela sa condition d'homme, conquérant ainsi une forme d'authenticité. Les Mains sales nous apprend donc que même le pire ne peut se faire sans le consentement de celui qui le fait, qu'il faut assumer et revendiquer ses actes. Cette leçon, qui paraît évidente aujourd'hui, était explosive dans le contexte de l'Occupation allemande …
Commenter  J’apprécie          70
Une pièce qui retrace le parcours d'Hugo, militant du parti révolutionnaire au cours de la seconde guerre mondiale qui souhaiterait prendre de l'importance au sein de ce parti politique. Pour cela il propose ses services afin d'accomplir une mission de la plus haute importance, l'assassinat d'un des chefs du parti prolétarien.

Cette pièce met en lumière l'opposition qui peut se créée entre les idéaux et les actes politiques, ainsi que sur le questionnement qui peut apparaitre lorsque l'on se trouve face à un choix ayant un caractère irréversible tel que donner la mort.

C'est un peu longuet dans le cheminement, mais replacé dans son contexte temporel, le travail de l'auteur paraît juste et précis.

J'ai passé un bon moment, les personnages sont attachants et les émotions contradictoires vécues par ceux-ci amènent un regard assez humaniste à cette oeuvre.

À lire.
Commenter  J’apprécie          70
Une pièce sur la prise d'opinion politique, avec un homme qui se bat pour ses idées, il s'oblige a tuer un homme qu'il apprécie, et lorsqu'il sort de prison il se rend compte qu'il l'a tuer pour rien, il décide alors de se suicider. J'adore cette tragédie, je l'ai dégustée, elle est savoureuse ! je vous la conseil !
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1399) Voir plus



Quiz Voir plus

L'oeuvre littéraire et théâtrale de Jean-Paul Sartre

Dans Huis Clos, l'enfer c'est...

Les oeufs
Les autres
La guerre
Les voisins

8 questions
348 lecteurs ont répondu
Thème : Jean-Paul SartreCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..