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EAN : 9782702448038
Le Masque (04/09/2019)
3.9/5   73 notes
Résumé :
Au centre, il y a Philippe. Philippe qui vit dans une cité et passe ses journées à traîner, fumer et piquer des bières au centre commercial. Philippe, entouré d'une mère qui le déteste ouvertement, d’un père effacé qui a renoncé depuis longtemps et d’un frère aussi beau que bête.À côté, il y a Bruno, son pote baroudeur et destroy. Bruno qui raconte qu'il a fait le tour du monde, a connu les plus belles femmes, qu'il n'est là que de passage, avant son prochain voyage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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La fumée.

Celle qui embrume le regard. Celle qui bouche des horizons. Celle qui voile tout.

Elle est partout dans ce roman.

Elle empêche de voir, de se voir. Elle salit tout autour d'elle. Elle embrume les cerveaux. Elle brûle dans les yeux de cette femme à genou …

A peine si on distingue Philippe, anti-héros malgré lui d'une fable cruelle et moderne. Perdu entre les tours de cette ville tentaculaire, de ces quartiers oubliés.

Philippe a dix-huit ans et à l'âge de tous les possibles, tout lui semble bouché. Il traîne en bas des tours, une certaine forme de désespoir mais une envie d'accomplir quelque chose. Même s'il ne sait pas exactement quoi.

Il traîne. Au fil des pages. Au milieu d'une galerie de personnages étranges et pourtant si quotidiens. le lecteur s'arrête et regarde enfin vers ces endroits où il a plutôt l'habitude de détourner les yeux.

C'est dur. Lorsque personne ne semble tendre la main. Lorsque la famille tourne le dos. Que la société vous ignore. le béton à en perdre la vue …
C'est un roman sur l'absurde ironie d'exister. Sur les détresses invisibles.
J'ai aimé ma lecture. Elle pique un peu. Elle étonne et détonne dans le paysage littéraire. Ni tout à fait roman noir, ni tout à fait critique sociale. Doux amer. Un roman désenchanté qui laisse un goût amer. Celui de l'échec d'une certaine humanité.

Nathalie Sauvagnac laisse entendre une voix originale, singulière et percutante, pleine de vérité. Un regard sur ceux qu'on ne voit pas, perdus dans les volutes de ces quartiers oubliés.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Un roman bien sombre que voilà ! L'auteure ne ménage pas son personnage, dont la vie ordinaire et sordide, ne lui laisse aucune porte de sortie. Ce n'est pas faute de vouloir s'en sortir, mais il a beau avoir une famille, personne ne fait attention à lui, ses amis n'en sont pas vraiment, avec lesquels il ne partage que les beuveries… Il est seul, sans travail, sans avenir, sans aucune lumière à l'horizon…
Philippe, va perdre pied… Il ne maîtrise plus rien. Alors que l'auteur maîtrise son intrigue, avec une symbiose déconcertante entre elle et son personnage qu'elle incarne à travers une violence, doublée d'une grande sensibilité. le tragique côtoie la souffrance. Un roman sombre, qui perd de sa vigueur vers la fin, sans pouvoir mettre en valeur le final inattendu.
Un roman, qui porte un regard sombre sur les cités, sur ces jeunes qui tentent de trouver leur place sans parfois pouvoir atteindre leur rêves. Les bars d'immeuble, le béton servent de décor pour sublimer ce bouquin atypique.
Une première version de ce livre est parue en autoédition chez Librinova le 21/09/2018.
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C'est le genre de roman qui vous laisse KO après l'avoir lu. Qui vous laisse groggy comme si on s'était pris une bonne raclée.
Philippe il aurait peut être dû s'en prendre quelques unes pour lui donner envie de se rebeller contre ce monde de merde. Philippe ne semble pas complètement réveillé comme si son univers ne devait se percevoir qu'entre deux eaux, entre deux bières ou après deux pétards, laissant aux autres le choix de l'initiative. C'est vrai que sa cité de béton ne lui laisse guère d'espoir quand son père a déjà renoncé depuis longtemps. Son rayon de lumière à lui, c'est son pote Bruno . Un type avec la langue bien pendue, qui a fait le tour du monde sans un sou et baisé les plus belles femmes du monde. Qu'importe si tout ça c'est peut être du vent ou de l'esbroufe , les histoires de Bruno le font rêver, l'aide à y croire, encore un peu. Mais Bruno n'est qu'un oiseau migrateur sans accroche qui finira par partir et laisser Philippe décider de son futur à moins que celui-ci ne signifie le début de sa prochaine déchéance.

Nathalie Sauvagnac nous parle de ces sans-grades, ces paumés formidables qui cherchent leur voie sans jamais la trouver. Bardés de toute la misère du monde et de toutes les casseroles possibles et imaginables , ces jeunes représentés ici par Philippe errent sans autre but que de passer le temps, cherchant à tuer l'ennui, commettant quelques menus larcins pour se prouver qu'ils sont encore vivants.
L'auteure nous montre cet univers de l'ordinaire, où toute beauté semble avoir disparu dans ces immeubles décrépis et dont les couleurs tendent toutes vers un gris sale . Elle en extrait pourtant ces existences fugaces presque invisibles entre ces tours - ghettos, qui, malgré quelques soubresauts semblent voués à l'oubli… ou à la folie. C'est noir et brut de décoffrage comme une gitane sans filtre et même si la fin semble entendu on prend plaisir à lire cette prose d'une grande acuité et d'un réalisme saisissant.


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Livre acheté après la lecture d'une très belle critique sur Babelio; lu dans la foulée et d'une traite : un vrai coup de coeur! Noir, puissant et percutant.

Les personnages sont authentiques, l' histoire de Philippe, très réaliste, nous prend aux tripes du début à la fin.

Au centre de ce livre, il y a Philippe, tout juste majeur, qui vit dans une cité, passant son temps à traîner, fumer et piquer des bières au supermarché du coin. Philippe est entouré d'une mère qui le déteste, d'un père effacé et d'un frère aussi beau qu'il est crétin.
A côté, il y a Bruno, son pote baroudeur et destroy. Bruno raconte qu'il a fait le tour du monde et connu les plus belles femmes. Autour, il y a les grues et les murs qui tiennent avec les dealers, les gamins qui crient trop fort aux pieds des barres d'immeubles, les canards du parc qui s'étouffent avec des bouts de plastique.
Les petites violences du quotidien n'atteignent pas Philippe, tant qu'il y a de la bière et les histoires de Bruno pour inventer un autre horizon que celui des tours de béton. Jusqu'à ce qu'un drame vienne pulvériser son équilibre de papier et déclenche la bombe à retardement.

Ce livre est un petit bijou de roman noir qu'on lit au travers des yeux de Philippe, le narrateur. Il nous plonge au coeur d'une cité, comme il en existe tant dans notre pays. Nathalie Sauvagnac nous fait suivre les déboires de ce personnage, aussi bien sociaux que familiaux. Bruno de dix ans son aîné, est celui qui le fait un peu sortir de la noirceur de son univers.
"Les yeux fumés" est donc une très belle découverte, un livre fort à la dimension sociale indéniable qui véhicule des émotions par l'intermédiaire d'un personnage particulièrement bien construit dans sa dimension psychologique . C'est une lecture coup de poing, un véritable uppercut qui nécessite de temps pour se relever. Philippe m'a bouleversé, je recommande ce livre avec force et conviction!
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Philippe, jeune homme de dix-huit ans, passe son quotidien dans la cité qui l'a vu naître. Entre une mère qui le délaisse complètement au profit de son frère aîné, un père totalement effacé, et toute une panoplie d'amis particuliers, Philippe devra tout faire pour s'en sortir. Sans travail, sans but, il déambulera jusqu'au drame qui bouleversera tout.

Ce roman est tout simplement un petit bijou, livré brut et sans fioriture par l'auteure. Une véritable petite pépite de noirceur que j'ai dévorée quasiment d'une traite. Ici, c'est la psychologie qui est mise en avant et pas tant l'action. Cela ne va pas à toute vitesse mais happe plutôt le lecteur dans un univers rude, sans quartier et noir.

Nathalie Sauvagnac a réussi à m'immerger totalement dans la cité où évolue Philippe. C'est d'une grande densité psychologique et émotionnelle. Au travers des yeux de Philippe, on ressent tout son mal-être d'être tant à l'étroit, ses envies de liberté, d'évoluer. J'ai avancé dans ce roman en apnée, tant je sentait que la tension montait crescendo.

Le personnage de Philippe va longtemps me rester en tête. L'auteure a su créer un personnage qui va porter à lui tout seul l'intrigue. le choix de narration de la première personne est plus que judicieux, puisqu'il permet une immersion totale dans le microcosme proposé par Nathalie Sauvagnac.

La plume de l'auteure est d'une fluidité incroyable. Les pages ont défilé. le style est très épuré, mais riche, et surtout l'émotion transparaît au travers des mots, ce qui n'est pas chose aisée.

Un roman d'une rare densité psychologique, servi par un personnage principal fort et très bien dépeint. Ne cherchez pas l'action dans ces pages, mais plutôt l'émotion. Un roman auquel je vais beaucoup repenser. Une pépite.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
— Elle avait une robe noire qui allait de son cou jusqu’à ses genoux. Pas de quoi fantasmer des masses. Mais mon pote, je peux pas te dire !
— Et après ?
— La fille, elle continuait à me sourire. Sympa et tout. P’tit Louis il était de plus en plus nerveux. Il lui disait : « Alors, tu viens ? », mais elle continuait à me regarder sans bouger.
— Mais oui !
— Je te jure ! La main sur le cœur ! Attends, là, P’tit Louis, il s’est franchement énervé et il a commencé à vouloir me casser la gueule, mais elle l’a retenu, elle lui a pris la main et ils se sont barrés. Moi, je suis resté là comme un con. Et puis, elle est revenue.
— Mais non !
— Si. Elle me prend la main et elle m’entraîne.
— Mais bien sûr !
— Je te promets mon pote, elle m’a entraîné.
— Tu déconnes ? Entraîné comment ?
— Attends. Moi je l’ai suivie évidemment. On s’est arrêtés derrière le Casino, dans la cour où ils mettent les poubelles, tu sais, là où on a acheté de la beuh à La Belette la dernière fois. Tu vois ?
— Oui, je vois. Le local à poubelles du Casino.
— Alors, là, la fille m’appuie contre un mur et elle me roule un patin !
— Mais oui. Je vais te croire !
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Elle tire un paquet froissé de sa poche, en extrait une
cigarette qu’elle allume.
— Ça fait longtemps.
— Tu dormais ?
— Tu veux du thé ?
— Si t’as que ça.
Elle traîne ses savates jusqu’au camping-gaz posé sur
une table basse, bancale envahie de paquets divers, pâtes, purée, lait, sucre, thé. Elle allume le feu sous la casserole et s’appuie contre le mur en tirant sur sa cigarette.
— Qu’est-ce que tu deviens ?
Je retire mon blouson et m’assois sur le bord du matelas
défait, je pousse du pied des vêtements féminins ; une
culotte, des collants.
— Oh, la routine ! T’as une clope ?
J’allume la cigarette qu’elle m’a envoyée. J’aime venir
chez Flora. C’est sombre et doux comme un ventre de
femme. Elle n’ouvre jamais ses volets parce qu’elle habite
au rez-de-chaussée.
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Un jour, les riches achèteront des bouts de ciel. Pour y mettre de la publicité, pour qu’on achète encore d’autres choses. Même le ciel n’empêchera pas ça.
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— Un jour, j’étais sur le toit d’une maison en Inde. J’étais couché sur ce toit, tout seul. J’ai regardé le ciel, il était blanc, tout blanc. Pas un nuage, pas un putain d’avion, pas de cris de mômes comme on entend ici tout le temps… rien. Ils avaient annoncé une éclipse de lune dans la soirée. Et moi, j’attendais là. Il faisait encore jour. Le ciel était blanc, comme je te disais. Pas bleu, même pas bleu clair, blanc. Il n’y avait pas un nuage… Et alors, j’ai vu du rien… Il n’y avait pas un bruit, j’étais dans du silence et dans du rien. Tu sais pas ce que c’est de ne plus rien voir, ni de plus rien entendre de la vie des autres. Eh bien, je peux te dire que c’est quelque chose. Putain, Baboo, c’était le plus beau moment de ma vie.
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Je ne dérange personne, ça on peut pas dire, mais que je sois là ou pas ça ne change rien au monde. Il y a des tas de mecs qui rêvent de faire de grandes choses, et, même si ça n’arrivera jamais, qui croient que l’avenir sera rose – pas moi. Je rêve de rien. Qu’on me foute la paix. Je ne me construis aucun souvenir, je ne serai pas différent dans vingt ans, ni même le jour où je mourrai. Rien ne changera ce jour-là, pour personne. Je n’aurai simplement terminé une vie, un corps cessera de respirer et c’est tout. Pas besoin d’en faire un roman ; je ne suis pas un héros. J’aurai pas d’enfant, pas de descendance à cette vie de chiotte, personne ne me pleurera. Je ne veux embarrasser personne le jour où je crèverai.
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