AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 76 notes
5
10 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Impossible d'oublier un livre comme Gomorra et le film qui en a été tiré. Depuis, Roberto Saviano, son auteur, vit sous protection policière mais les menaces dont il fait l'objet n'altèrent en rien son courage.

Dans ce petit livre, avec deux nouvelles, il met remarquablement en scène deux histoires qui pourraient être qualifiées d'ordinaires pour la région napolitaine, si elles n'étaient pas déchirantes.
Retour de Kaboul nous fait vivre avec Maria. Juste avant de l'épouser, Gaetano est tué en Afghanistan : « Maria est obsédée par l'Afghanistan. Une obsession qu'elle n'a pas choisie. Une névrose qui était en elle, tel un destin funeste. » Avec des mots simples, toujours au plus près de l'émotion et du quotidien, Roberto Saviano donne à comprendre et à partager la douleur, le terrible manque de cette fille d'à peine dix-huit ans…

Une fille du nord de l'Italie débarque pour assister à un mariage et l'auteur l'emmène sur sa Vespa jusqu'au village. Ainsi débute La bague. Très vite, viennent des remarques qui font mouche : « Je n'ai jamais eu honte de l'endroit où j'ai grandi, mais parfois, à l'adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu'on refuse de vivre. »
Dans ce village, des gerbes de fleurs, des lumignons posés sur le sol, des plaques commémoratives rappellent des événements dramatiques : « Des partisans ? Elle ignorait qu'ici la Résistance n'avait quasiment pas existé, que la guerre avait été une interminable tuerie de civils… » Mais cette « résistance difficile à raconter, car elle ne se lève contre aucune milice, elle n'a aucune dictature à renverser. Une résistance qui ne consiste du reste pas à être contre, il suffit d'être en dehors pour tomber… »
Suit l'épisode de la bague, cette bague indispensable pour qu'une fille soit tranquille… Des années plus tard, cette femme devenue journaliste, revient et sort une photo. Elle montre deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo qui ont été tués. Parce qu'ils étaient camorristes ? C'est bien plus terrible que cela et Roberto Saviano (photo ci-dessus), simplement et avec une efficacité poignante raconte ce qui s'est passé.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          740
Le succès international inattendu de son premier livre-enquête contre la Camorra napolitaine « Gomorra » l'a condamné à mort en 2006. Depuis, Roberto Saviano vit sous protection policière permanente. Et il ne désarme pas. Dès l'année suivante, en 2007, il écrit pour le Corriere della Sera deux brefs récits percutants et tragiques situés dans le sud de l'Italie, réunis la même année dans un recueil.

Le Contraire de la mort :
Le texte ressemble à un article de presse. Il raconte l'impossible deuil de Maria une jeune fille de 18 ans. Son fiancé Gaetano voulait lui offrir un foyer digne mais il refusait de servir la Camorra. Alors, il s'est engagé en Afghanistan. A priori et vu l'état de désinformation des jeunes cela présentait moins de risques. Difficile de ne pas être émue par l'amour de la jeune Maria déjà veuve à 17 ans, errant dans la ville tout de noir vêtue, obsédée par l'Afghanistan et criant son besoin de vérité. le contraire de la mort ce n'est pas la vie, bien trop dangereuse, mais l'amour. Difficile de ne pas être atterrée par le fatalisme muet de son entourage qui ne veut rien savoir et par celui hyperbolique du narrateur-journaliste qui fait froid dans le dos : « Pour freiner le désir de s'engager dans l'armée, il n'y a guère qu'un rein en moins, un pied bot ou la rétinite pigmentaire qui provoque la cécité ».
La bague : ce récit est plus littéraire.
Le narrateur raconte que la première fois où il a amené une fille du Nord dans son village, il avait mal aux mains. Il l'a emmené sur sa Vespa jusqu'au village où on célébrait le mariage d'un cousin. Il avait honte des gerbes commémoratives et des lumignons posés sur le sol. Elle pensait qu'il s'agissait d'hommages aux Résistants. Comment aurait-elle pu comprendre ? Dans le village on la regarde en biais. A l'église, il lui passe au doigt l'anneau de sa tante. Pour qu'on sache qu'elle est son territoire. Des années plus tard, cette fille du Nord est devenue journaliste. Elle ne se souvient pas de l'anneau mais lui met une photo sous le nez. Deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo ont été tués. Elle croit qu'il s'agissait de Camorristes. Alors cette fois, il raconte. Une histoire tragique. Comme dans le premier texte, des jeunes gens se retrouvent mêlés malgré eux à une guerre qui les dépasse.
Commenter  J’apprécie          472
Après Gomorra et extra pure, je reviens vers R.Saviano, ce napolitain qui n'a pas hésité à exposer ouvertement les rouages de la Camorra et des cartels mexicains, remettant sa vie de fait entre les mains de ses gardes du corps.

On est ici sur un tout autre type d'ouvrage, court, constitué de deux nouvelles qui ont pour trait commun la fatalité qui s'abat sur les jeunes de la Campanie.
Sans travail, ou peu payés, ils se tournent vers l'armée ou la pègre pour tenter de faire vivre une famille dignement.
Dans la première nouvelle , Maria, 17 ans , vient d'apprendre la mort de son homme en Afghanistan.
Dans la seconde, Saviano nous plonge dans l'horreur quotidienne qu'exerce la mafia dans les villages de Campanie.
Il le fait ici sans aucun voyeurisme, de façon posée. Son écriture est fluide, sans ajouter du superflue à l'horreur sous-jacente.
Il dénonce la fatalité , "il est des lieux où naitre est une faute ", et le fait avec beaucoup de tact, de finesse et de talent d'écriture. Saviano n'est pas qu'un "dénonceur" , c'est avant tout un écrivain talentueux, amoureux de sa Campanie natale et criant l'injustice qui touche ses habitants les plus fragiles.
Commenter  J’apprécie          230
Une jolie découverte pleine d'humanité. Ce livre est une ode de Roberto Saviano à son pays et plus particulièrement à la contrée de Naples. Malgré la dureté de la vie de cette ville qu'il aborde avec énormément de pudeur, il donne envie de découvrir la ville et ses habitants. Leur style de vie, leur mentalité et mode de fonctionnement.

Il y a le bien et le mal qui se côtoient, et même si Roberto Saviano a adopté le Bien, il ne dénigre pas et ne juge pas ses concitoyens pour lesquels le lecteur ressent une grande émotion et affection.

Le titre est bien choisi. L'amour est partout dans ce livre malgré la dureté des histoires des protagonistes.

C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur engagé et je commence a être fan car séduite par son intelligence et la simplicité de son écriture.
Commenter  J’apprécie          160
Deux petites nouvelles de l'auteur de la Gomorra. Deux nouvelles qui nous parlent du Sud de l'Italie, dans le pays napolitain où l'espoir d'un avenir pour les jeunes n'existe pratiquement pas. La première, sur la guerre, pas de "celles qui relèvent de la mémoire historique" (p.22), les dernières: Bosnie, Kosovo, Afghanistan, sur le deuil, sur l'amour, la fidélité, sur l'armée qui représente une issue telle un travail et un salaire pour nombre de jeunes gens. La seconde, sur l'éternelle mafia, la Camorra et sa violence, ses secrets, ses abus, son contrôle, ses crimes, ses erreurs meurtrières. En fermant ce tout petit livre ( 88 pages) magistralement écrit, j'ai ressenti une tristesse infinie, un profond accablement devant ce fatalisme. P. 19 " Tout arrive parce que ça doit arriver. On subit et on tire ce qu'on peut de ce qu'on a subi. On tire ce qu'on peut de ce qui nous est échu, mais on ne pourra jamais choisir quelle obole quémander à la malchance, et à ce qui s'abat sur nous, ni comprendre pourquoi." Roberto Saviano, celui qui vit dorénavant sous protection policière permanente donne le ton en nous disant qu' "il est des lieux où le simple fait de naître est une faute..."
Une heure de lecture qui nous fout le cafard et nous navre mais qui nous crie également que le contraire de la mort c'est l'amour.
Commenter  J’apprécie          160
Roberto Saviano revient après le phénoménal succès de "Gomorra" (à quel prix !) avec ce livre de deux nouvelles qui se déroule à Naples et ses environs.
«Le Contraire de la mort», raconte l'amour de Maria pour son fiancé Gaetano mort en Afghanistan. «La Bague», nous dresse le portrait de Giuseppe et Vincenzo, assassinés sauvagement pour avoir refusé de travailler pour la Gomorra. Un homme va se révéler incapable de raconter ce drame à une femme venue enquêter. Saviano nous parle d' amour, de mort, de violence, de mémoire. Il le fait de façon très réaliste, la peur est là présente dans chacun des protagonistes, comme si le mal triomphe toujours du bien, comme si la mafia est une fatalité. Menacé de mort par la Gomorra , on ne peut que saluer ce courage d'écrire sur un sujet aussi sensible en Italie. Cela m'a donné envie de
lire Gomorra.
Commenter  J’apprécie          110
Deux nouvelles courtes de Saviano, auteur de Gomorra. le cri du coeur des femmes qui perdent leurs amours. Non pas dans une guerre ancienne mais dans celles de notre époque croato-bosniaque (1992-1995).
Commenter  J’apprécie          100
Roberto Saviano est célèbre plus pour le sort qui lui est promis que par ses écrits. Depuis Gomorra (2006) consacré à la Camorra, triomphe littéraire international, devenu film de Matteo Garrone puis série, Saviano vit à l'étranger sous protection, menacé par la pieuvre napolitaine. Deux nouvelles dans ce mince recueil. Seule la seconde, La bague, revient sur la mafia, narrant en vingt pages comment Vincenzo et Giuseppe, deux jeunes napolitains n'ont pu survivre. Leur crime, avoir tenté de résister à l'horreur ancestrale. Sobre, serrée, essentielle, l'écriture de Saviano installe très vite le décor. Et la honte de vivre là, en cette ville gangrenée où le simple fait de naître est une faute, où le premier souffle et la dernière quinte de toux ont la même valeur, la valeur de la faute. C'est bref, précis, la violence y est fulgurante j'oserai dire, hélas, efficace. Cette saloperie de société criminelle, bien loin du Parrain, se porte bien.

La première nouvelle, le contraire de la mort est sous-titrée Retour de Kaboul. Maria n'a que dix-sept ans quand son amoureux s'engage dans l'armée. Et c'est l'Afghanistan. A priori seul ascenseur social envisageable pour un petit gars de Naples. Et puis les talibans, un camion, ou un char. Maria ne sait pas très bien et semble peiner à comprendre. Sans grandiloquence ni pathos Roberto Saviano cerne bien la jeune Maria, presque une enfant. Ces guerres récentes, un peu oubliées. Les morts de Bosnie, du Kosovo.

80 pages, regroupées sous le vocable Scènes de la vie napolitaine, et c'est assez pour saisir le drame intime de Naples, de la Campanie, et accessoirement du monde entier. Je ne tresserai jamais trop les louanges de la concision. A l'heure où le moindre auteur nous gratifie de 500 pages parfois indigestes, où tout metteur en scène de cinéma croit déchoir en dessous de 140 minutes, ça me plairait, ça, l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          60
🥀 « Qui addestrano a considerare tutto ciò che accade come inevitabile. È qualcosa di diverso dall'antico fatalismo che fa accettare a braccia aperte e ginocchia piegate ogni cosa. L'addestramento quotidiano a prendere tutto come viene qui ti spinge a un' attitudine persino più invasiva. Se è capitato, devi cercare di trarne un vantaggio e questa attitudine ti impedisce di capire. Capire come vanno le cose, come possono essere evitate, da dove vengono. » (p.16)

🥀 Saviano est un journaliste et romancier napolitain. Depuis 2013, année où il publie son roman intitulé Gomorra (relatant la réalité des activités de la mafia napolitaine appelée Camorra), il est menacé de mort et doit vivre sous protection policière. Cela ne l'arrête pourtant pas de continuer d'explorer les drames et les dommages causés par la Camorra et de les dénoncer dans des romans et publications.

🥀 Ce livre intitulé « Le contraire de la mort », réunit deux courtes mais ô combien percutantes nouvelles (en édition bilingue). Saviano y dénonce la violence des hommes, celle de la mafia en particulier, à travers l'amour et la mort, l'espoir et le temps, le deuil et la mémoire.

🥀 Il y a d'abord l'histoire de Maria, une jeune fille de dix-sept ans dont le petit ami est décédé en Afghanistan, après s'être enrôlé dans l'armée. A l'aube de sa vie, Maria erre dans la ville, toujours de noir vêtue, traînant pour seuls souvenirs tous les projets qu'elle n'accomplira jamais.

🥀Il y a ensuite « l'anello », histoire d'une amitié pulvérisée, de mauvais coup du sort, de traîtrise et de menaces, à travers les yeux d'un homme qui se souvient de son adolescence et de son premier amour et de la fameuse « bague » qu'il a glissé au doigt de sa fiancée pour dissuader les autres garçons de s'approcher d'elle.

🥀 Histoire d'un Sud qui crève de s'en sortir mais où l'argent sale se gagne plus facilement qu'en travaillant dignement, quel avenir pour ces jeunes ? Une vie de misère, de « fatica », de dure labeur pour essayer de s'en sortir honnêtement. Mais la mafia règne en maître sur la ville, et il est bien connu que la nuit, tous les chats sont gris. Les « vendette » ont lieu à la nuit tombée, dans l'ombre d'un jour couchant, où coupables et innocents se confondent. Ce qui compte, c'est la mort, le symbole de ce qu'elle représente, les messages qu'elle diffuse. « On est là ».

🥀 Un roman poignant et terriblement triste.
Commenter  J’apprécie          60
Deux nouvelles qui racontent deux réalités napolitaines violentes et contemporaines: la participation de mercenaires italiens aux missions humanitaires en Afghanistan, Irak ou Bosnie, et la tristement célèbre Camorra. Deux textes plus documentaires que littéraires qui dénoncent plus qu'ils l'émeuvent, la faute sans doute à leur brièveté.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (155) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
832 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}