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sur 374 notes
On ne présente plus Roberto Saviano, cet écrivain d'un courage inouï qui s'est élevé contre les pratiques mafieuses en Italie notamment celle de la camorra à Naples. Il vit aujourd'hui sous protection policière car sa vie est menacée depuis « Gomorra », l'enquête phénomène sur la camorra qui s'est vendu à des millions d'exemplaires. Pour son premier roman « Piranhas« , paru aux éditions Gallimard en 2018, Saviano nous plonge au coeur de la violence urbaine des clans camorristes et de ce nouveau phénomène que sont dans le milieu criminel napolitain ceux que l'on appelle les Baby-gangs. Nous sommes à Naples, dans le quartier de Forcella, bastion mafieux où la pauvreté et un chômage endémique pousse beaucoup de ces jeunes désoeuvrés à choisir la camorra plutôt que de suer comme leurs parents pour un travail légal et peu valorisé, Bien sûr, tous ne sautent pas le pas vers la grande criminalité mais le jeune Nicolas Fiorillo lui n'a qu'une idée en tête : se faire une place et entouré de sa bande de potes fonder sa paranza, son clan, sa « famille ». Lorsque son professeur de lettre lui demande en classe, lieu qu'il fréquente rarement, quel auteur il a aimé lire, Nicolas répond du tac au tac Machiavel. Et lorsqu'on lui demande pourquoi, sa réponse fuse : pour le pouvoir, pour dominer, pour être fort. Dans l'idéal, l'imaginaire de ces gamins nourris à la violence depuis leur plus jeune âge, on n'a plus peur ni des carabinieri, ni de la prison qui est vue comme une étape nécessaire pour grandir et prendre sa place au sein de la paranza. Cette parenza justement est fantasmée par ces gamins tous frères et qui pourtant n'hésitent jamais à s'entre-tuer pour un regard, une fille, un deal. le fric, la drogue, le sexe, une vie chaotique, les agressions, le racket ou pizzo l'impôt mafieux payé par tous les commerçants de Naples ou presque en échange d'une protection du clan, les morts qu'on enterrent, ces gamins détruits par la came, la mégalomanie, des rêves d'un code de l'honneur qui au fond n'est qu'une supercherie de plus. Ces gosses ne respectent rien et surtout pas leurs aînés camorristes car dans la camorra il n'y a pas d'organisation verticale comme dans Cosa Nostra en Sicile. A Naples, dès qu'un parrain est arrêté, d'autres sont prêts à prendre sa place. Les clans se battent pour une ruelle, une place de deal. La violence extrême, l'absence de moral, de scrupule sont autant de signes distinctifs pour les définir. C'est dans ce grand chaos, que Nicolas qui n'a peur de rien va gravir les échelons pour devenir un jeune homme craint de tous. Mais déjà les échos d'une guerre longue et interminable entre clans se lèvent à l'horizon. Les forts doivent dominer les faibles, ceux qui s'opposent à la parenza doivent être éliminés. Un livre qui sonde les coeurs sombres de ces gamins perdus et qui mourront pour la plupart avant trente ans. le style est incisif, l'action menée tambour battant. le souffle court, on s'enfonce dans ces ruelles, ces quartiers, ces places. La violence est partout, elle explose de tous les côtés, la trahison, la vengeance et la mort. Un roman puissant, servi par une écriture qui nous emporte pour ne plus nous lâcher. Roberto Saviano réussit une nouvelle fois à nous couper le souffle en décrivant de façon vertigineuse « le système » et le chaos qui lui est inhérent.
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Ce que j'ai ressenti:
« La seule limite, c'est le ciel. »

Irradier d'audace à Forcella…
Nicolas Fiorillo et sa bande veulent le pouvoir, l'argent, le respect de Naples. Se frotter aux plus grands criminels, marcher dans les pas de la Camorra, souffler un nouveau vent de violence dans les rues de Forcella. La Paranza dei Bambini s'immisce comme la mer, en une vague rouge, virulente et sans peur, dans les plazza de la ville italienne. Leurs âges: entre 10 et 19 ans…Des enfants…Des petits Piranhas qui veulent se faire une place au soleil, avec de la blanche écume à portée de nez, des embruns de billets verts, des tempêtes de poudre noire, et de rouge craintes à faire jaillir…Les baby-gangs est le nouveau fléau, une toute nouvelle forme d'agressivité née de cette génération surexposée aux influences néfastes d'Internet, un nouvel essor de banditisme insoupçonné, qui fait ravage.

« -Pour devenir un enfant j'ai mis dix ans. Pour te mettre une balle dans la tronche je mettrai pas plus d'une seconde. »

Résister encore, et encore…
Roberto Saviano écrit, au péril de sa vie. Cela change énormément les perspectives de mon ressenti de lecture. 12 ans qu'il est sous protection policière, parce qu'il a osé dénoncer les agissements de la mafia. Ce n'est pas une vie, et pourtant, il ose défier la mort, en écrivant. Résister, toujours, avec une plume à la main, c'est terriblement courageux. Il nous revient, cette fois ci, avec un roman, engagé, pour parler d'un phénomène criminel en pleine croissance, et qui risque de prendre sa place dans les grandes villes, si nous n'y prenons pas garde…C'est en tout cas, toute l'appréhension que Roberto Saviano redoute…Il essaye de nous faire prendre conscience qu'entre sa fiction et la réalité, la ligne est très fine, à une maille de filet presque, parce que la détermination de ses paranza, il l'a vu dans leurs yeux, ils n'attendent rien, ces gamins: la mort est un capital pour eux, un but à atteindre…

« L'amour est un lien qui se brise. La peur n'abandonne jamais. »

Toute l'Italie est là…
J'aurai toujours une tendresse particulière à lire de la littérature italienne. Roberto Saviano, dépeint une Italie de toutes les passions, avec des mots qui claquent, des gestes qui heurtent, mais des coeurs enfiévrés d'amour…Ils n'ont pas peur de leurs sentiments, ils vibrent d'une intensité dévorante. En choisissant de romancer ce sujet très sensible, l'auteur nous permet de comprendre ce qui anime ses personnages, de rentrer plus intimement dans leurs émotions contrariées, de saisir un peu de leur fougue…Et c'est tout ce que j'adore retrouver dans l'Italie, ces liens d'amours, leurs regards fiers, les éclats de leurs vies…

« Ici, c'est comme ça : quand des gens se disputent, tout le monde le sait, tout le monde doit le savoir. Chaque insulte, chaque voix, chaque cri aigu rebondit sur le pavé des ruelles habitué aux escarmouches entre amoureux. »

Déployer ses ailes…
Piranhas est un premier tome d'un diptyque, qui voit s'élever un ange blond… Nicolas, avec l'insolence de sa jeunesse et la fureur de son ambition, est un héros qui n'a pas froid aux yeux, brûle de conquérir la ville, glace d'effroi ses ennemis, incendie le coeur de sa belle…En quelques faits, et surtout en pires méfaits, il devient un roi, Maharaja, maintient sous sa coupe un gang de gamins inconscients encore ébahis devant des films de vengeance mafieuse, et déverse un flot de sang hargneux et gerbes de balles sifflantes…Mais, il faut savoir que le sang appelle toujours le sang, et dans ses milieux, les faits de violence sont toujours exponentiels…Et cela, Nicolas, va l'apprendre dans son expérience de petit parrain des temps modernes, à l'ère de WhatsApp et de Youtube….

Même si, je suis curieuse de lire la suite de ces aventures napolitaines, je reste encore terriblement choquée de l'impact de cette lecture. Je n'arrive pas à assimiler qu'on soit à l'aube de ce monde là: des enfants mafieux…C'est effrayant…

Ce livre est un uppercut!

« On pense toujours sont pour les adultes, mais plus jeune est la main qui manipule le chien, le chargeur et le canon, plus le fusil, la mitraillette le pistolet ou même la grenade est efficace. (…). Les armes sont faites pour les jeunes, pour les enfants. C'est vrai sous toutes les latitudes. »



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Il est sous surveillance depuis 2006 en raison des menaces reçues des organisations criminelles mentionnées dans ses écrits , notamment son explosif Gomorra : Dans l'empire de la Camorra, (adapté au cinéma par Matteo Garrone).
Mais cela n'empêchera pas Roberto Saviano d'être présent sur Lyon la semaine prochaine pour Quais du Polar, pour présenter ses deux premiers romans, "Piranhas" et baiser Féroce qui sort juste après sa venue le 5 avril.
Nous n'avons pas encore pu lire ce dernier, qui est en fait la suite de "Piranhas" mais celui ci est suffisamment puissant et explosif pour justifier sa venue.

Pour ses premiers pas dans la fiction, Saviano plonge le lecteur dans une histoire largement inspirée de faits authentiques, contrairement à ce que me et l'auteur en exergue dans sa préface ( tout ça n'est que de la fiction, ça n'a aucun rapport avec des personnages existants) et montre que l'auteur n'en a pas fini avec les mafieux qui étaient les "héros " de Gomorra et utilise tous les témoignages qu'il a pu recueillir avec elle pour nourrir une fiction particulièrement dense.

"Piranhas" raconte l'histoire d'un gang adolescent (baby-gangs) qui se met à conquérir la ville de Naples, avec des objectifs bien précis, vendre de la coke et tuer tous ceux qui se mettent en obstacle à leur empire, leurs modèles étant les parrains de la Camorra.

Et le personnage principal,c'est le leader du gang Nicolas, 14 ans au début de l'histoire, un malfrat pré pu bère qui n'a qu'une ambition : régner sur Naples. un Nicolas- on pense forcément au prince de Machiavel avec ce prénom qui est tout sauf anodin- dont l'ascension sera fulgurante et forcément violente

Deux seules valeurs animent Nicolas et son gang : l'argent et surtout au delà de tout le pouvoir.

Une ascension que Saviano raconte tambour battant. On apprend notamment comment ces jeunes vont être guidés, contrairement à leurs ainés par la puissance d'internet et comment les réseaux sociaux ont influé dans la création de cette Gomorra 2.0 et comment ces jeunes apprennent à tirer grâces à des tutoriels sur you tube

Ce adolescents ne considèrent pas la mort comme un risque du métier mais une nécessité , plus qu'un horizon.. il faut que ca aille très vite, et que ça soit la mort et avant tout de devenir riche et puissant le plus vite possible, c'est cela qui les rend si passionnants à suivre, et en même temps, terrifiants, forcément terrifiants .

Ces gamins redoutent plus que tout de mener la vie ordinaire de leurs parents, . s'extraire d'une vie moyenne pour embrasser la vie à pleines dents, comme le font les riches et les puissants sur Snapchat et Instagram.

Si Saviano a mis de coté la forme documentaire pour tenter de se mettre totalement dans la tête de ses enfants, et donner un peu d'universalité à ces enfants par le prisme de la fiction, il reste fidèle à un style très sec, frontal, sans lyrisme ni emphase .

De ce fait, son roman parvient tout à fait à se mettre à la place des enfants, d'incarner, de vivre à l'intérieur des enfants.

"Piranhas" est aussi comme les précédents ouvrages de Saviana le portrait saissisant et terrifiant de Naples, ville qui favorise l'éclosion d'une violence dès les premières années de sa naissance : une cité toujours dans le conflit où deux camps se forment très vite "les baiseurs et les baisés", sans qu'une troisième voie soit possible.

Grace à sa méthode basée sur une étude poussée des mafias et son écriture rapide et rythmée, Piranhas se lit avec passion, malgré un regard parfois complaisant de l'auteur sur la description des meurtres gratuits commis par ces baby gangs, et un coté nihiliste, sans espoir de ces jeunes.

L'écriture a quelque chose de très cinématographique et on sera pas étonnés de savoir que le livre a été adapté au cinéma sous le titre La Paranza dei bambini" par Claudio Giovannesi, présenté en compétition au dernier festival de Berlin, avec Roberto Saviano himself en coscénariste.
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Ce roman se lit par bouchée, un morceau à la fois. Il m'est difficile d'en parler, je ne sais trop qu'en dire, il m'a laissée bouche bée. Dès que l'on commence l'histoire, on se doute que l'issue ne peut être heureuse. Que cela va se terminer dans un mur. Bien que pas si long à lire, c'est une histoire dure, crue, empreinte de violence. de violence gratuite, surtout. Son titre lui colle bien. Piranhas, un monde où le plus fort gagne. Un monde dans lequel celui-ci bouffe les plus petits sans aucuns scrupules.

De nos jours. Nous sommes dans le quartier de Forcella, à Naples. Une bande de onze jeunes garçons se mettent en tête de devenir les prochains « parrains » de la place. Les « anciens » sont tous soit vieux, soit déchus, soit morts ou en prison. Nicolas Fiorillo (dit Maharaja), le chef de la bande et le plus âgé, est la tête pensante du groupe, celui qui est le mieux organisé. C'est lui qui embarque tous les autres dans sa paranza. Tous sont d'âge mineur. Ceci ne les empêchera nullement de commettre tous les délits possibles; vols, règlements de comptes, harcèlement, trafic de drogue, possession d'armes d'assauts, trahisons, meurtres. Ces jeunes n'ont d'autre but que de devenir les meilleurs, les plus puissants, les plus dangereux, les plus craints. Ils ne veulent travailler pour personne, n'être la main de personne. Ce qu'ils veulent, c'est régner. Il n'y a point de morale, en dehors de la leur. Ils n'ont de respect pour rien ni personne en dehors de leur groupe, la paranza.

« Désormais, tous les gars dans l'appartement étaient devenus frères de sang. Et quand on est frères de sang, impossible de revenir en arrière. Les destins s'unissent aux règles. On vit et on meurt suivant sa capacité à rester dans le cadre de ces règles. »

« Il avait besoin de se donner cette dimension criminelle; même quand il était seul il la recherchait. Une leçon qu'il avait apprise sans l'aide de personne, sa version de la maxime des super-héros américains qui dit : ‘Vis dès maintenant la vie que tu voudrais vivre', alors qu'il ne l'avait lue nulle part. Au fond, il espérait être placé sur écoute, c'était mieux que le dernier rang de n'importe quelle organisation camorriste au bout du rouleau. Autour de lui, Nicolas ne voyait que des territoires à conquérir, des possibilités à exploiter. Il l'avait compris tout de suite et ne voulait pas attendre d'être plus grand. Il se fichait d'avancer étape par étape, se fichait des hiérarchies. »

Hors de question pour eux de vivre une vie « normale », une vie de leur âge. Ils puisent leurs idées sur le Net, s'inspirent de leurs héros de jeux vidéos, de leurs films et séries télés préférées et bien sûr, des réseaux sociaux, la crème de la crème. C'est en jouant à des jeux et en regardant YouTube qu'ils apprennent à tirer…

J'ai été effrayée et choquée de voir à quel point ce phénomène de gang pouvait aller loin. Comment ça débute et insidieusement, les emmène sur des routes de plus en plus sombres et tortueuses. Comment ils se piègent eux-mêmes. Ça m'a fait un effet que je ne peux décrire d'imaginer un enfant de 10 ans avec un AK-47 en mains prêt à tirer froidement sur n'importe qui alentour juste parce que quelqu'un de plus fort et en plus haute position le lui demande…juste pour impressionner et surtout, montrer qu'il a des couilles. Dans mes yeux d'adulte, je suis incapable de concevoir cela et pourtant, ces situations arrivent pour de vrai. Les gangs de rue, les motards, la mafia, etc. Un milieu où il n'en ressort rien de bon.

« - Pour devenir un enfant j'ai mis dix ans. Pour te mettre une balle dans la tronche je mettrai pas plus d'une seconde.' le déclic du Desert Eagle a été comme un cliché instantané dans la pièce. »

« Piranhas » aborde donc le sujet des « baby-gangs », un thème que je ne connaissais pas beaucoup autrement qu'en surface. Ce roman va bien en profondeur, brasser des émotions peu agréables et fait planer un grand sentiment de malaise.

En gros, c'est un roman bien rédigé, que je ne relirais sans doute pas car ce n'est pas un univers plaisant où nager mais je suis bien heureuse de l'avoir lu une fois pour savoir comment cela fonctionne dans ces gangs. Les personnages principaux et secondaires (très nombreux) sont fictifs mais fort crédibles (je les ai tous haïs) et le milieu social qui les a engendrés est réel. Toutefois, il y a tellement de personnages (noms et surnoms) qu'on y perd son latin.

Bref, un roman à lire qui a plus la fonction d'instruire que de divertir. Je pense que je vais m'en rappeler longtemps. Ça débute fort et cru tout de suite en partant et il n'y a pas de temps morts. Roberto Saviano est un auteur à retenir ! Je compte bien lire ses autres romans.
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Ce roman est un vrai choc.
Roberto Saviano est un auteur qui a dénoncé avec force dans plusieurs de ses ouvrages, Gomorra pour le plus connu, les agissements mafieux de la Camorra, mafia Napolitaine. Je tiens, tout d'abords, lui rendre hommage, il fait preuve d'un courage hors du commun. Il vit depuis plus de 10 ans sous protections policières. Comme quoi, une plume peut aussi devenir une arme contre le crime organisé.
Ici, nous sommes bien dans un livre de fiction mais inspiré par des faits réels qui font froid dans le dos. Ce roman raconte l'histoire d'adolescents, très jeunes pour certains d'entre eux, puisque que l'on a à faire à de jeunes gens entre 10 et 19 ans. On va les suivre dans leur quête de richesse, de notoriété, mais surtout de pouvoir. Ils veulent devenir quelqu'un, inspirer la terreur, prouver leur appartenance aux clans mafieux à n'importe quel prix.
La violence, les armes à feu font partie intégrante de parcours initiatiques. Ils tuent froidement, implacablement, sans le moindre remords. Ça fait réellement peur, c'est choquant. Comment peut-on, à 10 - 12 ans porter une arme à feu et en faire usage avec une froideur déconcertante et un naturel choquant ?
L'auteur restitue parfaitement ces faits, ils ont tout à fait crédible. Il décrit avec une froideur implacable les mécanismes qui amènent de jeunes adolescents à franchir la limite du supportable, de l'entendable. Pourtant, tout cela semble bien réel. La fin est époustouflante, insupportable, d'une dureté implacable.
Le seul reproche que je ferai à l'auteur, c'est une certaine froideur, une distance par rapport aux faits décrits, aux personnages. le récit manque d'empathie, il y a trop de distance. Mais peu-être, est ce une volonté de l'auteur qui veut montrer toute l'horreur de ces faits.
Ce livre reste un choc pour moi, je me suis pris une sacrée claque. Je ne peux que vous le conseiller mais pour un public averti. C'est mieux, il ne faut pas être trop sensible.
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Roberto Saviano a délaissé les enquêtes cette fois pour se lancer dans un roman à propos d'une bande de jeunes, âgés entre 10 et 18 ans, qui ont réussi à terroriser la ville de Naples en appliquant les méthodes de leurs aînés dont les meneurs étaient momentanément emprisonnés. Dans le titre original, apparaît le terme de paranza reprit souvent au cours du récit. Ce mot désigne ces bateaux qui pêchent la nuit en étourdissant les poissons avec de la lumière. Par extension, il désigne un groupe qui impose sa loi dans un quartier en contrôlant le trafic de drogue ou en extorquant de l'argent par la menace, l'intimidation, la violence.
Gomorra puis Extra-Pure étaient de terribles constats dont il me semble peu de leçons ont été tirées mais voilà que Piranhas est glaçant de violence car, l'auteur le confirme : « les personnages et les faits sont imaginaires, mais le milieu et la réalité sociale qui les ont produits sont authentiques. »
Ils ont tous des surnoms, dépendent encore de leurs parents, sont toujours scolarisés, en principe, mais chacun possède son scooter et c'est un formidable moyen pour circuler, s'échapper, séduire les filles et cet engin emmène plusieurs fois le lecteur dans de folles équipées en plein coeur de Naples : « À Naples, rouler signifie dépasser partout, sans se soucier des routes barrées, des sens interdits, des zones piétonnes. »
Cette lecture m'a emmené dans un véritable enfer, une histoire folle, souvent compliquée, embrouillée comme peuvent l'être ces réseaux mafieux prêts à tout pour prendre le pouvoir et ramasser le plus d'argent possible.
Dans cette ville à la population très dense, aux ruelles souvent inextricables, tout est possible malgré la police et les conséquences judiciaires des arrestations. Ces jeunes enfants-ados, emmenés par un garçon prêt à tout, d'une intelligence acérée, n'ont peur de rien, ne respectent même pas la vie, sèment la terreur jusqu'à ce que celle-ci frappe les êtres qui leur sont chers.
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Avec l'immense Gomorra, Roberto Saviano avait brisé l'omerta qui régnait en maître autour de la mafia napolitaine. Avec Extra-pure, c'est dans un voyage au coeur de l'économie de la cocaïne qu'il nous avait emmenés. Son dernier livre, premier roman traduit en français, est Piranhas dont le titre original est La paranza dei bambini.
Ce terme de paranza, nom qui désigne les chaluts de pêche qui vont prendre des poissons qu'on a trompés avec la lumière, est devenu le surnom des groupes de camorristes qui pullulent à Naples. La paranza dei bambini pourrait se traduire par escadron d'enfants ou encore gang des enfants, enfants âgés le plus souvent de 10 à 18 ans.
C'est encore une enquête mais cette fois, Roberto Saviano rentre dans la tête des personnages et les fait penser. Ces personnages et les faits rapportés sont imaginaires mais le milieu et la réalité sociale sont authentiques, comme l'auteur lui-même l'a confirmé.
Le roman se déroule à Naples, dans le quartier de Forcella, un des lieux les plus tristement célèbres de la vie mafieuse, au coeur de la ville. Il débute ainsi : Nicolas Fiorillo donne une leçon à un jeune Renatino qui a osé liker des photos de sa copine sur les réseaux sociaux, leçon choc qui nous laissera sous le choc nous aussi ! Ça débute fort !
Nous sommes face à une jeunesse shootée aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux. Nicolas et sa bande de copains, pour éviter de vivre la vie miséreuse ou tout simplement ordinaire de leurs parents, veulent prendre en main leur destin et pour cela empruntent les chemins de la violence, des trafics, de la mafia.
Au départ, ils ne sont pas à la marge et pas non plus issus de familles mafieuses. Nicolas est même assez doué scolairement. Mais ils ont soif d'argent, ils veulent briller. Leurs valeurs sont l'argent mais surtout le pouvoir !
Ils commencent par sillonner les rues de Naples avec leurs scooters pour chaparder puis n'hésitent pas à menacer, racketter pour finalement flinguer. Leur souhait : occuper la place laissée vacante par les anciens mafieux.
Ils veulent vivre, vite, tout de suite, mourir jeune ne les effraie pas.
Piranhas, roman inspiré de la réalité, décrit un univers glaçant inspiré d'une logique qui s'apparente à celle qui gouverne notre société contemporaine.
Tout au long du bouquin, j'ai suivi ces jeunes en me laissant parfois attendrir par leur comportement alors que je pourrais qualifier leurs actes d'inimaginables. C'est un roman qui fait froid dans le dos et il semble quasiment impossible pour ces familles d'échapper à ce monstre qu'est la mafia et d'en préserver leurs enfants.

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Roberto Saviano , c'est Gomorra, sublime récit qui lui vaut une protection policière à vie. Après un détour dans la blanche mexicaine, il revient avec un roman à sa ville, Naples.
Dans le quartier de Forcella, une bande de petits cons décide d'être califes à la place du calife. Beaucoup de camorristes sont en prison , la place semble libre, il est donc temps, du haut de leur 16 ans , pour ces jeunes de monter une "paranza",une bande criminelle organisée. Nicolas , le chef, alias Maharaja est prêt à tout pour ne pas avoir la vie de merde de ses parents.

Il y a deux volets dans ce livre. Tout d'abord , l'intrigue . Bon, les jeunes , ils sont sans foi ni loi, ne respectent rien, les vieux vont s'énerver, ils vont aller trop loin, ça va mal finir... ou pas . L'écriture n'est pas hors du commun, mais ça se lit bien . Une bonne petite fiction.

Sauf que ce n'est pas une fiction. Saviano est un expert en "camorra" et il s'appuie sur les phénomènes des Baby Gang pour écrire son livre.
Contrairement à la mafia sicilienne, très hiérarchisée, à Naples , la rue est découpée en secteur tenu par différentes organisations. Bien évidemment, certains veulent agrandir leur territoire, ce qui passe par le sang, et il y en a un peu dans ce bouquin. Depuis quelques temps, les très jeunes ados se mettent dans la partie. Influencés par le net, les séries sur la mafia , jaloux du train de vie des mafieux, rejetés par l'école te le système , ils plongent très tôt dans la criminalité sans respecter la moindre règle.
C'est en ce sens que l'étude du gang de Forcella (plein centre de Naples) est intéressante. La construction de cette paranza est , faisons confiance aux connaissances de Saviano, sans doute calquée sur la réalité. Elle fait peur.
le livre a été adapté à l'écran et le réaliseur disait à juste titre sans doute:
"Plus qu'un film sur Naples ou sur l'Italie, il s'agit d'un film sur l'adolescence en Occident. Naples est un lieu où l'Etat, les institutions, l'éducation et la famille sont très lointains. le choix criminel apparaît comme un choix évident, facile. Plus que de pessimisme ou d'optimisme, il s'agit de raconter une réalité et à travers cette réalité, de raconter une humanité. "

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Je n'avais pas prévu de lire ce texte. Si j'avais apprécié "Gomorra", je n'ai pas lu les textes suivants de Roberto Saviano.
La mafia, en digne fille du Nord de la France, je n'en avais qu'une vision un peu hollywoodienne en fait. "Gomorra" m'a fait découvrir un monde. Mais finalement un monde qui m'a paru éloigné. Ce qui est complètement faux je le sais bien.
Donc encore une fois, je n'avais pas prévu la lecture d'un autre texte de Roberto Saviano. Et puis, un parcours en voiture, France Inter, un entretien avec cet auteur. D'un coup son monde s'est rapproché du mien.... Et puis cette question :"si c'était à refaire, est-ce que vous réécririez "Gomorra" ? " Je m'attendais à tout (un discours sur la vérité et la nécessité de sa mise en avant même aux dépens de la vie / ou qqch sur le journalisme d'investigation....), je m'attendais à tout sauf à ce "non" clair, sans ambiguïté et si porteur.... Car oui depuis la parution de son premier texte Roberto Saviano vit terré, caché, sous la protection permanente de la police, la mafia ayant mis sa tête à prix. Et c'est en l'entendant, que je me suis dit que je devais lire son dernier texte, je le devais pour ce qu'il représente, pour ce courage dont il a fait preuve et qui désormais est un poids....

Quelque part je n'ai tjrs pas fait de commentaire sur le texte en lui mm.....
Sachez juste que vous entrez dans un monde particulièrement violent où les protagonistes, très jeunes (moins de 20 ans) n'ont rien à perdre puisqu'en aucun ils n'imaginent un jour avoir 40 ans, une famille etc etc
Texte violent donc surtout par son côté journalistique qui donne une grande crédibilité au récit. Au fond c'est plus effrayant que certains livres peuplés de serial killers inventifs..... là on est sur une seule règle : avoir tout, tout de suite, quelqu'en soit le prix....
Quelle tristesse.....
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Forcella, quartier populaire de Naples, se retrouve sans réel parrain depuis que les anciens sont au trou.
Un clan, une paranza, d'enfants et d'adolescents va se mettre en tête de prendre le contrôle de ce quartier, étape par étape, avec la certitude que seule la jeunesse peut connaître.
Maharaja a une âme de leader né, il sait ce qu'il veut et il le veut de suite. Pas question d'intégrer un groupe camorriste déjà en place, et être une petite main pour leur compte.
Il va réunir les siens et casser tous les codes.
S'inspirant de films sur les mafieux comme "Donnie Brasco", de jeux vidéos comme "Call Of Duty" et "GTA", cette paranza prend la vie par les cornes et s'affranchit de toutes les règles implicites de la mafia. "Tout, maintenant, par n'importe quel moyen", pourrait être leur devise.

Roberto Saviano, célèbre journaliste et romancier italien, mis sous protection policière après son premier roman "Gomorra", sait de quoi il parle. Il nous peint ici une toile réaliste et percutante d'une partie de la jeunesse napolitaine. L'ultra violence défie dorénavant les hiérarchies familiales implantées depuis de nombreuses années.

Même si certains passages sont peu cohérents dans leur syntaxe ou peut être mal traduits, engendrant une compréhension aléatoire de certains événements, je tire mon chapeau à l'auteur qui se base sur des faits réels pour écrire un roman alarmant sur la situation dans certains quartiers de Naples. La montée en puissance du clan dirigé par Maharaja est d'une certaine manière assez sublime dans sa façon de faire, et dans le déroulé du livre.

Et la chute finale, prépare avec brio la lecture de "baisers féroces", suite littéraire de "Piranhas".
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