♫ I'm a poor lonesome cow-boy ♪ I'm a long long way from home ♫ pourrait être le générique de début de ce roman car nous avons un cavalier solitaire, loin de chez lui (en a-t-il un, déjà, de chez lui ??) qui arrive dans une vallée un peu paumée, sorte de trou du cul du Wyoming et qui, se posant pour un temps, va se lier d'amitié avec une famille…
Oui, ça pourrait presque commencer comme une aventure de Lucky Luke… Pour peu, on se serait cru dans "Des barbelés sur la prairie" tant les tensions sont assez exacerbées entre les fermiers qui élèvent leur bétail derrière des clôture et l'éleveur du coin qui ne jure que par les grands troupeaux paissant dans l'immensité de la plaine. Mheu.
La comparaison avec la bédé s'arrêtera là. Les barbelés sont déjà sur la prairie et les grands éleveurs de troupeau ont déjà perdu de leur aura, de leur puissance car il est plus facile d'engraisser des bêtes dans un enclos que circulant librement.
Shane est son nom et nous ne saurons que peu de choses sur ce cavalier étrange, cet homme aux yeux froids, mince, sec, souple, cet homme avare de paroles, cet homme qui cache un révolver dans une couverture, cet homme qui arriva un jour dans le petit ranch des Starett, ce cavalier solitaire qui va, le temps d'un roman, se transformer en fermier.
Le récit nous est raconté aux travers les yeux du petit Bob, le gamin de Joe et Marian Starett, 8 ans, et son innocence donne de la fraicheur à ce récit parce que notre petit homme ne comprend pas tout et c'est à nous, lecteurs, de faire les déductions qui s'imposent sur ce mystérieux Shane.
Il est travailleur et entre lui et le père de Bob, un profond respect est né, ils se comprennent sans parler et on sent que Shane, bien que seul, a le sens aigu de la famille.
Ce que Shane doit expier, nous devrons le deviner. Nous voici face à un homme qui pourrait laisser parler sa violence mais il la refoule, laissant plutôt les insultes glisser sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard.
Les insultes ?? Ben oui, il y a le gros éleveur qui voudrait devenir plus gros et virer les fermiers de leur terre. Fletcher… la salaud de service dont j'aurais aimé en savoir plus sur lui mais vu que tout est raconté par Bob, nous pourrons juste renifler une fragrance connue, celle d'une sorte de Joffrey Barathéon-Lannister, mais avec une paire de couilles, lui.
Le récit est épure de toutes fioritures, tel un beau morceau de viande premier choix sans la moindre once de graisse, mais le récit te touchera mieux qu'une balle tirée en plein coeur.
Le fait de voir le destin de Shane au travers des yeux d'un enfant renforce le récit et le rend plus doux, la violence étant larvée, cachée, même si elle suintera des pages à un moment où à un autre.
C'est le récit d'un homme qui lutte contre sa violence intérieure, un homme qui voulait être tranquille, travailler, manger à sa faim et passer du temps paisible au sein d'une famille. Un homme que l'on aimerait pas avoir comme ennemi, un homme dangereux, mais auquel on peut faire confiance.
Quand les colts seront remisés dans leur ceinture, la larmiche montera insidieusement dans vos yeux parce que des récits aussi court et aussi fort, ça ne court pas les rues ! de plus, la fin étant ouverte, vous pouvez l'écrire vous même, dans votre tête…
L'Ouest Américain, ça t'emporte dans des voyages inattendus et ça te rend triste lorsque le mot "The End" apparaît.
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