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Nino S. Dufour (Traducteur)
EAN : 9782374254401
384 pages
Rue de l'échiquier (22/03/2024)
4.59/5   17 notes
Résumé :
Minnesota, années 1970. Rosalie Iron Wing grandit dans les bois avec son père, qui lui raconte des histoires de plantes et d’étoiles issues de leurs origines dakhóta. Mais un jour, il ne rentre pas à la maison. Âgée de douze ans, Rosalie est confiée à une famille d’accueil blanche.

Bien des années plus tard, Rosalie retourne sur les lieux de son enfance et renoue avec un passé enfoui et des traditions oubliées. Au fil des pages, son destin s’entremêle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Accompagnée de Diane Wilson j'ai suivi la piste des gardiennes de graines pour retrouver Les semeuses, des femmes grand-mères, mères, filles. Une piste bordée d'asclépiades menant aux rives du Minnesota, le fleuve, l'eau source de vie. Une terre, berceau des Dakhotas aujourd'hui cultivée par les descendants de colons européens subissant le contrôle de firmes agro-alimentaires, des fermiers du Midwest des années 70 pris dans le maelström d' une agriculture en mutation, certains à terre comme un siècle plus tôt l'avaient été les Dakhotas, affamés puis déportés, leurs terres confisquées.

Sur la piste des gardiennes de graines, un détour sur les lieux de la bataille de Birch Coulee (1862), une marche jusqu'à Mankato pour commémorer l'exécution collective de dizaines d'amérindiens, un pow -wow pour ne pas les oublier. Et sur le chemin, à la lisière d'un bois, une cabane abandonnée où Rosalie Iron Wing, la narratrice principale, le coeur de ce récit intergénérationnel, reprend son souffle pelotonnée sous le plaid de son enfance, une courte pointé élimée, délavée, parsemée d'étoiles.

Rosalie se rappelle et n'a pas oublié les récits de son père, les Dakhota sont le peuple des étoiles. A quarante ans après avoir été arrachée à sa communauté, placée en famille d'accueil, devenue épouse d'un fermier, mère d'un adolescent, et aujourd'hui veuve, elle fait le deuil de son époux, l'inventaire de sa vie, se demandant qui est-elle vraiment, épuisée, en bordure du cercle communautaire. Venue se ressourcer en plein hiver sur les lieux de son enfance, Rosalie à bout de force doit se revigorer pour trouver sa voie ou une issue afin de re-naître. Confrontée à son passé elle va retrouver un chemin de vie grâce à des gestes ancestraux pressentis quelques années auparavant lorsqu'elle s'occupait avec son jeune fils du jardin familial.

Diane Wilson construit son texte comme un patchwork, le patchwork de la courtepointe de Rosalie, symbole de son identité amérindienne, de son appartenance à un passé douloureux où chaque pièce révèle et réveille une mémoire. Celle de la terrible guerre des Sioux de 1862 avec les exécutions à Mankato, les déportations, les réserves, celle du temps des pensionnats, des familles disloquées, des enfances brisées, des vies violées mais aussi celle de l'acculturation, de la marginalité et de l'invisibilité avec son lot d'addictions, du diabète qui lamine les siens puis celle du pardon, de l'acceptation, de la résilience et enfin celle de la réappropriation et de l'espoir.

Diane Wilson nous donne à entendre des voix féminines fortes et courageuses, reliées les unes aux autres par la connaissance des plantes, la culture et la conservation des graines. Des voix qui se font écho. Les voix des semeuses qui permettront à Rosalie de retrouver ses racines et se tourner vers l'avenir grâce à la transmission de ces savoirs ancestraux. Les pièces du patchwork assemblées, les plaies cautérisées un chemin s'ouvre alors pour rejoindre le cercle, être un maillon de la communauté et participer à un avenir maîtrisé et devenir à son tour une nouvelle graine fortifiée par la mémoire de sa lignée .

Les semeuses une immersion dans la cosmogonie des peuples premiers de la Prairie, leurs traditions et leurs mode de vie. Les semeuses, un texte qui rappelle la destruction d'un monde harmonieux transformé en chaos par les Blancs où spiritualité, respect du vivant, cueillettes de baies sauvages et plantes médicinales participaient à un équilibre vertueux où la reliance avec la Terre et l'Univers était sacrée.

Avec Les semeuses, Diane Wilson écrivaine d'origine autochtone, de la tribu sioux Mdewakanton du Minnesota évoque un pan de leur histoire de 1860 à 2002 à travers les moments charnières de la domination blanche et ses conséquences sur la population autochtone tout en montrant la capacité de résistance et la vitalité de la communauté amérindienne. Comme fil conducteur une histoire de plantes, de graines, sauvages ou cultivées garantes de la survie des Dakhotas et des être humains comme de celle d'une partie de la faune. En exergue, un hommage à Ernie Whiteman (1947-2019), né et élevé dans la Réserve de Hinino'ei (Wyoming) un artiste aux multiples facettes, professeur et éducateur, devenu un chantre de la culture contemporaine autochtone, le symbole de cette renaissance et d'une présence au monde ranimée. L'éclairage et l'esprit du poème, Les graines parlent, de l'épigraphe prend alors tout son sens.

Diane Wilson, militante environnementale, signe ici avec ce premier roman inspiré de sa vie, un texte fort, intime et pudique, poétique, émouvant et poignant, plaidoyer pour la reconnaissance des peuples autochtones et de leurs savoirs tout en alertant les consciences sur des problèmes écologiques majeurs (pollution chimique des eaux de rivière, utilisation du maïs transgénique).

Mais le jour se lève, une pluie bienfaitrice à arroser la Terre Mère, le cycle naturel et éternel de la vie et des saisons continue : dormance, germination, pollinisation. Un dernier rituel avant de reprendre la route le corps et l'âme purifiés par la fumée de sauge, j'enterre une pincée de chamsasa sous un chêne centenaire en ultime offrande et serre très fort dans ma poche une poignée de graines : « Du maïs couleur lavande et rose, des haricots tachetés de noir et blanc, et la graine de courgette en forme de larme ». Fin de la piste, les rencontres ont été belles et j'ai les yeux humides, je m'éloigne sous un ciel sans nuages. Les herbes dansent toujours ...

Je remercie la traducteur Nino S. Dufour et les éditions Rue de l'échiquier pour ce nouveau titre et ce livre objet dont la première de couverture est promesse de cueillettes à venir et de graines à conserver.
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C'est la première fois que je mets la note maximale. Coup de coeur pour ce premier roman de Diane Wilson « Les semeuses », récompensé par le Minnesota Book Award for fiction.
Diane Wilson est une écrivaine d'origine autochtone, de la tribu sioux Mdewakanton dans le Minnesota. Elle est l'ancienne directrice exécutive de Dream of Wild Health, une ferme indigène à but non lucratif, et de la Native American Food Sovereignty Alliance, une coalition nationale de tribus et d'organisations oeuvrant à la création de systèmes alimentaires souverains pour les peuples natifs d'Amérique.

Dans ce livre, elle nous raconte de 1860 au début des années 2000, l'histoire poignante de quatre femmes indiennes de la tribu dakhota dans le Minnesota. Nous suivrons, principalement, l'histoire de Rosalie Iron Wing dite « Rosie » mais aussi de Gaby Makespeace son amie d'adolescence, Darlene Kills Deer sa grand-tante et Marie Blackbird son aïeule. Histoire triste, mais si belle, fable écologique et poétique que baigne la force de caractère de ces peuplades autochtones, leur esprit communautaire et de résilience.

Je laisse le soin à Diane de présenter son roman : « Les semeuses » a été inspiré par une histoire que j'ai entendue il y a quelques années, alors que je participais à la Marche commémorative dakhota. Une marche de deux cent cinquante kilomètres en l'honneur des membres du peuple dakhota qui avaient été déportées de force du Minnesota en 1863, à la suite de la guerre entre les Etats-Unis et les Dakhota. Nous parcourions vingt à trente kilomètres par jour, nous priions pour les mille sept cents femmes, enfants et aînés qui avaient été conduits sous la menace des armes depuis la réserve de Lower Sioux jusqu'au camp de concentration de Fort Snelling. En suivant le même chemin, nous rendions hommage à la souffrance et aux sacrifices de nos ancêtres.
Par une journée particulièrement longue et froide, l'un des marcheurs a partagé une histoire concernant les femmes de la marche originelle. Il a raconté que malgré le peu de temps à leur disposition pour se préparer à leur déportation, elles auraient eu besoin de nourrir leur famille où qu'on les envoie. Ces femmes avaient cousu des graines dans les ourlets de leurs jupes et en avaient caché d'autres dans leurs poches pour pouvoir les semer à la saison suivante. Au cours du long hiver passé à Fort Snelling, des centaines de prisonniers(es) étaient morts de maladie et de faim. Au Printemps 1863, quand on les avait entassés dans des péniches pour le long voyage en direction de la réserve de Crow Creek, dans le Dakota du Sud, les gens avaient continué à mourir à cause de la nourriture trop rare et avariée. Pendant toutes ses épreuves, les femmes avaient su protéger les graines pour garantir d'avoir de quoi manger pour les sept prochaines générations. La force dont ces femmes avaient fait preuve, le profond amour qu'elles avaient montré à leurs enfants et leur capacité à faire des sacrifices pour que leur peuple survive a constitué le coeur de ce livre. Je n'ai pas de mots pour exprimer la gratitude que je ressens. Ces femmes ont permis que le maïs dakhota existe encore aujourd'hui. »

« Comme ils priaient, nous avons entendu le chant que les anciens chantaient à l'aube
Leurs voix se mêlaient au vent qui berçait les branches du peuplier emplies d'étoiles
Nous avons entendu un chant qui était le nôtre, chanté par des humains nés de la prairie
Aimez les graines comme vous aimez vos enfants et le peuple survivra. »
Wachékiye

Je suis pris de remords, je me revois, enfant, regardant les westerns à la télévision avec de bons cow-boys et de méchants indiens. Loin de penser que les colons blancs avaient exproprié les tribus indigènes, déportées dans des réserves, et s'étaient appropriés leurs terres.

Rosie, notre héroïne, descendante de lignes brisées par le colonialisme n'échappera pas à la dureté de la vie. Elle perd sa maman, Agnès, toute jeune et à l'âge de douze ans, dans les années 1970, son papa Ray. Mineure et sans famille proche connue (car dispersée) elle est placée dans des familles d'accueil blanches, d'où elle s'enfuit à la majorité pour gagner sa vie. Dans ces régions comment échapper aux travaux agricoles, elle atterrit dans une exploitation gérée par un cultivateur solitaire (après le décès de ses parents), John, descendant de colons. Rosie, sans domicile, sera bientôt hébergée par l'exploitant. Les sentiments viendront pour se terminer en mariage duquel naîtra un petit Tom. le couple traversera des orages dus à leur origine, leur éducation, mais aussi sur le plan professionnel avec l'arrivée de l'agriculture industrielle. Rosie, l'ancienne petite « squaw », la « peau-rouge » se battra pour trouver place dans la société, pour elle et son petit Tommy.

Vraiment émouvante cette lecture, sous la plume fluide de Diane Wilson. le désastre climatique annoncé et les divers périls nous font prendre conscience que nous devons respecter la Terre. Bien avant nous, les peuplades autochtones indiennes respectaient la vie et la nature, nous traçaient la voie à suivre dont nous nous sommes écartés, nous ferions bien de s'inspirer de leur sagesse pour un meilleur avenir.

Je vous conseille vivement la lecture de ce livre édifiant.
Mille mercis aux Éditons Rue de l'Échiquier pour cette belle découverte.
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Dans le Minnesota aujourd'hui comme hier, que reste t-il quand le monde semble s'effondrer ? Des graines…

Quand son mari meurt la laissant seule pour cultiver les terres familiales avec son fils Tommy qui ne rêve que de techniques modernes et des semences hybrides de la firme agro-tech Magenta, Rosalie Iron Wing s'enfuit et se réfugie dans la cabane de son enfance.

Là, sur ces terres du Minnesota qui ont vu la guerre de 1862 opposer les colons blancs au peuple dakhóta, Rosie renoue avec ses ancêtres et ces femmes qui l'ont précédée.

Marie Blackbird, ou plutôt Zitkádansapa, spoliée de ses terres vendues aux fermiers blancs ; Darlene Kills Deer, sa grande tante, témoin d'une génération d'enfants envoyés de force dans les pensionnats religieux ; et Gaby Makespeace, l'amie fidèle, en lutte contre ceux qui préfèrent ravager la terre et les rivières plutôt que de les préserver.

Un lien les unit : ces graines de maïs transmises dans un panier d'osier entre femmes, symboles de renaissance et d'espoir, pour qui sait écouter la terre, se pencher et la cultiver en l'honorant comme il se doit.

« Sans hommes pour chasser, obligées de laisser derrière nous les plantes médicinales dont nous dépendions depuis plusieurs générations, nous n'avions que ces graines pour survivre. »

Les Semeuses de Diane Wilson – traduit par Nino S. Dufour est une formidable saga intergénérationnelle, faite d'histoire, de nature et de sororité. Un livre addictif rythmé par la rage de l'injustice et l'incroyable force de ces femmes résilientes.

Un livre où la nature est omniprésente, dure et impitoyable pour qui la cultive, souillée par les rejets modernes qui infestent durablement les cours d'eau, mais magnifiée par les apparitions furtives au détour d'une page d'une grue du Canada, de fauvettes, de grives des bois ou d'un opossum.

Un livre sur la mémoire autochtone parmi les meilleurs de ceux que j'ai pu lire, qui se penche moins sur l'histoire factuelle que sur les traces laissées aux survivants, qui n'ont de cesse de ne jamais oublier. Car « être Dakhotá, c'est faire de chaque pas une prière. »
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Quel beau premier roman que les Semeuses de l'autrice sioux Diane Wilson paru chez Éditions Rue de l'échiquier.
Quatre femmes autochtones du Minnesota nous racontent leur combat à des temporalités différentes. Elles ont comme point commun la culture des graines, un savoir transmis de génération en génération.
Peut-on pardonner ce que les Blancs ont fait aux Premières Nations ?
Pourquoi les fermiers blancs ont arrêté d'écouter la terre pour se lancer dans une utilisation effrénée des OGM et des insecticides ?
Des portraits fins et nuancés de la ruralité américaine, emprunt aussi de colère.
C'est une critique de la librairie indépendante "TuliTu" à Bruxelles.
Lien : http://tulitu.eu/wp/?page_id..
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Quel roman ! Quelle claque !

Nous suivons la vie de plusieurs femmes dakhòta. "Les anciens disaient que les Dakhóta étaient arrivés pour la première fois en ce lieu sacré depuis les étoiles".
Plus particulièrement le destin de Rosalie, qui a grandi avec son père indien, qui lui a appris la nature, la vie toute simple, mais une vie parfois à la dure. Puis il est mort. Et les familles d'accueil sont arrivées. Comment grandir sereinement quand on vous regarde de travers pour votre couleur de peau et vos longs cheveux noirs ?
Puis Rosalie se marie et a un enfant. Mais toujours il y a ce manque, cette identité qu'elle cherche partout : dans les graines, dans l'agriculture, dans la nature.

On découvre au fil des pages le destin tragique de ces femmes, de ce peuple qui a subi tant d'injustice. Un peuple qui était étroitement lié à la nature et qui voit sa propre terre détruite par les hommes blancs, avides de productivité et d'argent.

C'est un roman puissant, lourd, dans le sens où il charrie des sujets profonds, très durs, mais c'est ce qui fait sa force et sa poésie, au final. C'est un merveilleux récit sur la famille, le lien à travers plusieurs générations et la puissance de la communauté.

Si vous cherchez une histoire qui secoue les tripes, poétique, et que vous avez à coeur des sujets comme la nature, la famille ou l'histoire d'un peuple opprimé : ce livre est idéal.

J'ai pour ma part passé un excellent moment et ai été très émue par ce roman.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans ce monde, il n'y a pas de mort. Il n'y a que le cycle éternel de la naissance et de la renaissance qui se déplacent. d'un corps à l'autre. Notre chair vit dans le ventre du chevreuil, dans l'aile d'un papillon, dans chaque graine que tu plantes. Nos corps nourrissant les racines et les feuilles qui nous font vivre. En prenant soin des graines, tu prends soin de tous nos ancêtres. Rien n'est perdu. Rien n'est perdu.
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J' ai étudié la patience du chêne rouge, elle qui se perfectionnait d'année en année, et sa résistance au froid. A l' automne, elle se préparait en aspirant sous terre l' énergie du soleil, pour la stocker dans ses racines, un peu comme je conservais la récolte de mon jardin. Tout au long d'une saison en apparence trop froide pour que rien ne survive, l' arbre attend, simplement, continue de grandir intérieurement et rêve du printemps. Sans bien comprendre encore la raison de mon retour, je commençais à songer que c'était pour ça, pour retrouver un langage que j' avais connu autrefois. Le langage de cet endroit.
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LES GRAINES PARLENT

Nous avons faim, mais le sommeil s'abat sur nous.
Nous avons soif, mais la Mère nous a dit
qu'il est trop tôt pour l'éveil.
Nous palpitons, impatientes, contre la fine membrane, repoussons les ténèbres
qui nous retiennent, suspendues dans une presque-mort
qui n'est pas la mort.
Nous étreignons le temps dans cet espace, accrochées au fil
qui s'élance infini vers les étoiles.

La Mère nous a dotées d'une patience plus forte que la faim, plus forte que la soif.
Nous habitons un royaume de rêves et d'esprit.
À l'approche du soleil,
nous nous éveillons et embrassons la chaleur, nourries par la terre et gorgées de pluie.
Au retour du froid, nous nous terrons de nouveau
pour reposer et rêver.

Nous nous rappelons quand le monde entier avait son propre chant.
Connaître le chant c'était parler à tous les êtres
dans leur propre langue.
La terre racontait des histoires de lieux lointains, de montagnes et de falaises et de vallées verdoyantes.
La rivière puissante chantait sa course lente le long des arêtes
qu'un glacier avait creusées autrefois.

Jadis, quand le gel mordait encore les tréfonds de la terre,
vinrent les Humains.
Ils nous éveillèrent de leurs chants, nous offrirent leurs prières.
Ils venaient en humbles cousins,
inquiets pour la vie de leurs enfants.
Un Accord fut conclu.

Nous avons renoncé à notre état sauvage pour vivre alliées aux Humains.
Grâce à nos soins mutuels, le Peuple et
les Graines survécurent.
Durant de nombreuses générations, l'Accord fut respecté.
Notre faim nourrie,
notre soif étanchée, notre impatience assouvie
chaque fois que nous percions
la croûte de la terre et nous élancions vers le soleil,
vers les étoiles.

Puis vint un long silence, sécheresse de la mémoire, temps de ténèbres.
Ils ne venaient plus nous appeler avec chants et prières.
Mais nous attendions, comme
la Mère l'avait intimé. La terre continuait de tourner
saison après saison,
mais les Humains ne sont pas revenus. Notre temps est presque écoulé ;
le rythme de la vie défaille, la pulsation ralentit.
Notre attente touche à sa fin.
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J'ai rêvé que ma mère m'appelait d'une voix où résonnait un désir douloureux. J'ai rêvé qu'une fumée âcre me piquait les yeux et brouillait sa silhouette, tandis qu'à l'aide d'une ramure de chevreuil elle tirait dans le feu un bloc fumant de bois humide. Les flammes étaient la seule lumière dans une obscurité si épaisse que les arbres avaient disparu.
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