AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 106 notes
5
18 avis
4
20 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Paris, fin des Années folles.

Dans un bistrot non loin de son hôtel, la jeune et belle Lee Miller attire l'attention d'un groupe d'amis qui dîne à la table voisine de la sienne. Lee a vingt-deux ans, du rêve plein la tête, et une impertinence qui colle à merveille avec le Montparnasse de l'époque – le quartier est un des hauts lieux culturels de la capitale. Suivant ses compagnons de soirée, Lee fait une rencontre qui changera sa vie.

« Je suis Man Ray », se présente-t-il, « comme s'il était impossible qu'elle n'ait pas entendu parler de lui […]. » Elle en oublie l'appareil photo qui ne la quitte jamais… et fait appel à lui pour essayer de le retrouver. Un lien se tisse entre les deux artistes, celui que déjà on encense, et l'apprentie, prête à tout pour passer derrière l'objectif, et qui ne saurait se cantonner au rôle de muse. Avec son prologue qui nous entraîne en 1966, en Angleterre, L'Âge de la lumière commence par surprendre. On y découvre une Lee Miller bien différente de celle décrite dans le résumé du roman. Quelque chose s'est passé en elle, comme si la flamme s'était muée en ressentiment. Rédactrice pour le célèbre magazine Vogue – elle se « passionne » désormais pour la cuisine et écrit sur l'art de recevoir – Lee se voit plus ou moins forcer la main par sa chef de rendre un article sur sa vie avec Man Ray. Ce sera à une condition : que ses propres photos soient prises pour illustrations.

Voyage dans le temps, à l'aube des années 1930. Une atmosphère de fête, de débauche, où toutes les rencontres semblent possibles, dans les veillées aux airs de bouges qui fleurent l'avant-gardisme. Car ce roman est avant tout une ambiance. Bohème, presque exotique, on y côtoie du beau monde, ceux qui se proclament comme tels et ceux qui veulent en faire partie. Mélancolique aussi, parfois, dans les désillusions que taisent les personnages. Malheureusement, je n'ai pas réussi à me laisser entraîner par Lee Miller. La sensibilité des artistes ne m'a pas « parlé ». Si l'existence De Lee a été mouvementée, éprouvante, ses sentiments et ses ambitions mises à mal, c'est une femme qui m'a paru fermée, entêtée, quelquefois trop égocentrique. Il m'a manqué, en elle, de la chaleur humaine, des coups d'éclat – qui pourtant la rongent au fil des ans.

Lee Miller et Man Ray n'ont que peu de marge d'évolution. Peut-être est-ce leur histoire qui veut ça : prenez n'importe quelle relation torturée entre deux êtres qui vivent chacun dans leur monde, vous y trouverez des similitudes. J'attendais plus de personnalités aussi passionnées, habitées. Plus de panache. D'audace dans la narration. L'Âge de la lumière est empreint de simplicité et d'une certaine élégance, les descriptions sont entraînantes, le contexte social et historique bien retranscrit, mais l'ensemble m'a paru fade. Je me suis contentée de faire partie du décor, sans cette impression – qui m'est chère – d'avoir « connu » les personnages, et je le regrette, car le destin hors norme de Lee Miller aurait pu m'embarquer bien plus loin.

#lecteurs.com

Commenter  J’apprécie          50
Je viens de refermer ce magnifique roman historique. A travers ce roman, nous découvrons quelques périodes de la vie de Lee Miller. Essentiellement les quelques années passées à Paris avec Man Ray, à la charnière entre les années 20 et les années 30.
L'Europe est atteinte de plein fouet par les répercutions du krach de 29 outre Atlantique. Dans ce monde en transition, la majorité des artistes du Montparnasse se fait rattraper par la réalité. A cette époque, Man Ray s'est déjà créé un nom dans le monde de la photographie. Lee Miller, son "assistante", se bat pour gagner la reconnaissance de ses pairs en tant qu'artiste "à part entière". Entre ces deux artistes, une histoire d'amour, d'admiration, de jalousie et d'ambition.
J'ai adoré la narration de ce combat pour l'indépendance, pour la reconnaissance, pour cesser d'être perçue comme "la fille de..." ou "la femme de...".
Dans son premier roman, Whitney Scharer nous livre un personnage très abouti, avec des angoisses et des rages très communicatives. J'embarquerai sans hésiter dans le prochain roman de cette autrice.
Je remercie Babelio et les éditions de l'Observatoire de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de l'opération masse critique ! Un régal !
Commenter  J’apprécie          40
Dans cette rentrée littéraire, il y avait un roman qui m'intriguait beaucoup, dissimulé parmi les grands noms. Un roman plus resserré, intimiste, artistique. Un roman qui éveillait de grandes promesses, mais dont le pitch faisait aussi planer un doute : et si c'était trop ambitieux ? Beaucoup de romans placent le surréalisme au premier plan, encore plus font de Paris une ville de recherche de soi, alors la pente était glissante. Mais le livre de Whitney Scharer avait cette étrange insouciance de garder tout son mystère. Un mystère qui s'est dissipé dès le premier chapitre : quel souffle et quelle maîtrise !

Whitney Sharer ne nous emmène pas dans le Paris des années folles, elle nous le fait revivre par flashs successifs, par des larmes de lumière qui se déposent sur le filtre et duquel explosent mille nuances. L'histoire commence par une habile mise en abyme : Lee Miller n'est plus cette femme inspirée, elle s'est retirée dans le silence et la solitude de Sussex avec son mari Roland Penrose. Elle continue de déchoir gentiment, n'écrivant plus que des papiers culinaires pour Vogue. Mais lors d'un dîner, Audrey Withers l'informe qu'ils vont devoir renégocier son contrat, qu'elle n'a pas eu le choix. Mais elle a une grande idée pour son amie, qui enchantera les lecteurs de Vogue : un grand portrait de Man Ray. Une histoire qu'elle est la seule à pouvoir raconter…

Et voici Lee Miller trente-sept ans plus tôt, débarquant à Paris avec tous ses rêves et sa solitude, attablée devant un gratin dauphinois et un pichet de vin. La suite est une longue valse, tantôt calme et raisonnée, tantôt tumultueuse et passionnée. Sa rencontre avec Man Ray est un hasard, son histoire avec lui un détachement impossible. Il la voit d'abord comme une mannequin, elle veut apprendre le métier à ses côtés. Il n'aperçoit que ses seins flirtant hors du tissu de son peignoir, ne voulant la prendre qu'en photo. Elle finira par réussir à devenir son assistante. Puis dans l'intimité de la chambre noire, les effluves des produits chimiques se changent en parfums sensuels. Les ombres captives en corps emmêlés. Lee Miller élève, muse et artiste.

Lee Miller, Man Ray et Paris

L'écriture de Whitney Sharer est un diaphragme qui s'ouvre et se ferme, dévoilant les passions, voilant certains souvenirs. Mais c'est surtout un jet de lumière qui fait surgir la figure de Lee Miller, entre ambitions artistiques et ivresse amoureuse. Mais si Lee Miller se révèle être une élève attentive et une artiste hors pair, Man Ray lui n'accepte pas de partager avec les autres celle qu'il ne voit que comme sa muse… Devant ses excès de jalousie et de machisme, Lee tentera la fuite dans son art. Man, jaloux maladif et génie égocentrique, n'arrivera pas à supporter l'ascension de sa protégée et surtout, le regard des autres et leur admiration. Terré dans ses obsessions, il va peupler son univers photographique de la silhouette De Lee, pour qu'il puisse encore la voir les yeux fermés. Des cabarets du Paris bohème aux grandes déambulations sur les boulevards, des intérieurs riches et cossus aux ateliers d'artiste, c'est aussi le portrait d'un Paris révolu et vibrant qui se dresse sous nos yeux, pour finalement disparaître dans le brouillard anglais. Les coulisses également de ce Paris, où l'on croise Cocteau et sa verve, Dalí venant de ravir Gala à Eluard, Breton en maître à penser, tout un cortège de personnages et leurs jalousies !

Mais L'Âge de la lumière est surtout le tourment dans lequel est prise une jeune femme qui se rêve artiste. C'est l'ambition qui croise la réalité, la ténacité et l'audace qui font face à la rigidité des normes. le courage d'une femme qui se bat pour ne gagner qu'une chose : sa propre liberté. Alors que les romans, essais, films, documentaires ont la large tendance à parler des femmes artistes en les reléguant dans l'ombre de leurs mentors masculins, L'Âge de la lumière montre la rébellion d'une femme contre cette assise et nous plonge dans sa quête de reconnaissance artistique. Sans cesse ballottée entre son rôle d'amante soumise et celle de maîtresse dominatrice, enfermée dans son quotidien de muse docile, cherchant à s'évader et voler de ses propres ailes dans ce monde dont elle ne maîtrise pas encore les codes, Lee est un être tiraillé par la douleur, la révolte d'un monde restreint, l'angoisse de l'inertie tout autant qu'elle est agitée par la frénésie créatrice, une sensibilité salvatrice et la curiosité de la vastitude des possibles. L'Âge de la lumière est l'âme d'une femme qui se cherche et d'une artiste en pleine recherche. C'est aussi l'histoire des souvenirs qu'on ne peut pas taire éternellement. Alors qu'elle a fui à son passé, on demande à Lee Miller d'écrire le portrait de Man Ray : car elle est la seule à lui avoir échappé.
Lien : https://eterneltransitoire.w..
Commenter  J’apprécie          40
L'Age de la lumière est un premier roman de Whitney Scharer qui fait référence à l'illustre photographe Man Ray mais surtout à Lee Miller. le roman s'ouvre en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller en demi teinte, vieillissante, qui se remémore sa rencontre avec Man Ray pour un article de presse.

En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l'objectif pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le grand Man Ray. Séduit par sa beauté, il en fait son assistante, son modèle, son élève, son amante, sa muse, et finalement sa grande histoire d'amour.

Ce Paris des années 30 permet à Lee Miller de se métamorphoser en une femme libérée. Sous l'influence du surréalisme, elle découvre la technique de la solarisation, avec l'aide de Man Ray, une technique qui deviendra une vraie pomme de discorde entre le photographe et sa muse. A partir de cette découverte, celle-ci s'émancipe fortement pour devenir elle aussi une grande artiste de la photographie.

Ce récit romanesque est entrecoupé de passages de Lee Miller dans les années 40, alors qu'elle est correspondante de guerre. Lee Miller sera la première à photographier les camps de la mort. Ces passages sont comme des coupures dans son histoire d'amour avec Man Ray ; ils montrent une femme forte, dominante, en contraste avec sa relation des années 30.

La plume extrêmement additive et surtout maitrisée de Whitney Scharer m'a totalement transporté dans ce Paris bohème et cette histoire d'amour. le récit est très bien mené entre deux périodes totalement différentes de la vie De Lee. Un roman moderne, bien écrit, où l'auteur nous montre la naissance d'une grande artiste peu connue, caché derrière l'ombre de Man Ray. On sent un véritable travail de recherche de l'auteur bien que ce roman se présente comme une fiction.

Ce roman est un véritable coup de coeur. J'ai adoré connaitre l'histoire de Lee Miller, artiste géniale qui décide en 1932 de prendre sa vie en main et de devenir sa propre création. Les thèmes de l'amour, de son aveuglement, de l'égocentrisme et de la vie d'artiste sont magnifiquement étudiés. La force de l'écriture de l'auteur se ressent dans le personnage De Lee, qui s'impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.

Ce roman est un riche kaléidoscope : d'une invitation aux délices du Paris dès années 30 en passant par une révolution dans l'histoire de la photographie, il emmène jusqu'aux portes des camps de la mort, accompagne l'éclosion d'une artiste et le sacrifice d'un amour passionnel et déchirant, avec un épilogue d'une beauté totalement foudroyante : L'Âge de la lumière est pour moi le roman incontournable de cette rentrée littéraire 2019.
Commenter  J’apprécie          40
Une américaine à paris. Lee Miller s'installe dans la ville lumière au début des années 30, épicentre mouvementé des arts, pour assouvir son envie de création artistique, la peinture. Et ça sera la photographie suite à sa rencontre avec Man Ray.
Si le coeur de l'ouvrage est bien Lee Miller, le sujet principal concerne la relation fusionnelle et mouvementée de Lee Miller avec Man Ray. Serait-ce que Lee n'existe que par son Pygmalion, Man ? le sujet est Man Ray, "Et ça a toujours été le problème." Voilà ce que Lee Miller répond à Audrey Withers, rédactrice en chef chez Vogue, pour une demande d'article sur leur relation.
Lee Miller a le don artistique. Elle va apprendre la technique avec Man jusqu'à découvrir la technique de la solarisation.
Lee Miller a une blessure émotionnelle et physique qui prend racine dans sa jeunesse. Elle va apprendre à s'ouvrir à lui et à lui donner son amour, sa présence.
Elle va apprendre. Il va prendre.
Affectivement et professionnellement il va la piller et l'écraser de son aura et de son prestige. Jalousie extrême, égocentrisme, vol de ses créations artistiques et techniques, Lee n'aura qu'une solution...
Le récit du couple est intercalé avec de brefs épisodes de sa carrière de photo-reporter de guerre, avec les célèbres photos des camps de concentration en particulier. L'auteure a sans doute voulu instiller une perspective de la transition à venir et c'est assez malin dans la construction narrative.
Le sujet était très prometteur dans le décor du Paris des surréalistes mais l'auteure, par une écriture trop académique et monocorde à mon avis (un comble dans cet univers surréaliste...), ne laisse pas transparaître les émotions amoureuses, joyeuses et houleuses des deux personnages. je n'ai pas ressenti la passion destructrice de l'histoire, juste une très bonne description d'une époque et d'un couple mythique. Les ingrédients étaient très bons, dommage que l'assaisonnement soit si fade.
Un bon livre tout de même et qui a le mérite de rendre à Lee ce qui est à Lee. C'est une véritable artiste !
Commenter  J’apprécie          30
"Je préfère prendre une photo qu'en être une" – Lee Miller

En 1966, Lee Miller est une femme d'âge moyen qui passe son temps à préparer des repas de dix plats et à rédiger des articles de cuisine pour Vogue. Celle qui fut mannequin à New-York, assistante de Man Ray à Paris, photographe de génie, celle qui couvrit le conflit de la seconde guerre mondiale jusqu'à la découverte des camps de concentration, est aujourd'hui dépendante à l'alcool et mène une vie sans relief dans une ferme du Sussex avec son mari Roland Penrose.
Lorsque sa rédactrice en chef, Audrey, lui demande d'écrire un article sur ses années avec Man Ray, Lee décide de raconter la vérité sur cette relation. Commence alors le récit d'une femme qui aimait un homme, d'une femme qui ne voulait plus être une muse, d'une femme qui avait soif de créer et de se réaliser.

Biographie romancée, fiction historique luxuriante et sensuelle, « L'âge de la lumière » est un premier roman vraiment enthousiasmant et dans lequel je me suis sentie investie émotionnellement jusqu'à la toute dernière page. Withney Scharer propose un voyage direct dans la tête de Lee Miller.
Dans l'ambiance décadente du Paris des années 1930, on découvre une femme déterminée à passer de femme objet à femme sujet, de sujet d'art à créatrice d'art.
Aux côtés de Man Ray, son pygmalion tumultueux et enivrant, elle connaitra l'amour fou et la trahison professionnelle.

Hasard des enchainements de lectures, « L'âge de la lumière » entre en résonnance avec « Miss Islande » de Audur Ava Ólafsdóttir terminé récemment. le lieu, l'époque et le style sont différents mais les deux autrices nous parlent de l'aliénation du désir artistique féminin. S'il est acceptable pour une femme d'être belle et de l'assumer, se revendiquer artiste, créatrice, est une autre paire de manches. Pour Lee Miller, pionnière de la photographie, il faudra sortir de l'ombre d'un homme pour accéder à la lumière.

Traduit par par Sophie Bastide-Foltz.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Ce roman dense revient sur le parcours de Lee Miller, jeune américaine mannequin qui découvre la photographie par le biais de son père puis de Man Ray pour qui elle sera la muse, la maitresse, la compagne, l'associée. Dans le Paris des années folles, entre cabarets et fêtes mondaines, elle croise le fabuleux Jean Cocteau, la clique des surréalistes (Tristan Tzara, André Breton, Claude Cahun..) et découvre la difficulté d'etre femme artiste dans un milieu masculin et paternaliste.
Les chapitres sont entrecoupés de scènes de la seconde Guerre. Lee Miller a en effet été reporter de guerre et à notamment couvert l'ouverture des camps.
Ces sauts temporels sont très intéressants et saisissants (tout comme l'ouverture du premier chapitre dans la cuisine).
Il y a de très beaux moments dans ce roman parlant de la photographie, de la passion artistique dévorante, de l'acte de création mais également quelques maladresses (de mon point de vue) concernant certaines scènes assez vulgaires et gratuites révélant un problème d'harmonisation entre plusieurs temps d'ecriture ... Sans compter les éternelles coquilles et fautes de frappe.
En résumé un beau temps de lecture pour qui aime l'art moderne.
Commenter  J’apprécie          30
Séduite déjà par la magnifique couverture, je sors de ce roman enchantée, par l'écriture simple et entraînante ; par le récit de la vie palpitante de l'héroïne, Lee Miller. Ce roman est en fait la biographie romancée de cette artiste méconnue, du moins mal connue. On connait bien plus le nom de son compagnon de l'époque ici évoquée (les années 29-30) Man Ray, photographe, peintre, artiste proche du surréalisme aux côtés de qui elle va évoluer et se découvrir.
Jeune américaine, Lee Miller vient à Paris pour fuir New York et son métier de mannequin, pour recommencer sa vie. Elle va rencontrer Man Ray, déjà célèbre dont elle devient l'assistante, puis elle va lier vie professionnelle et personnelle. Aux côtés de cet artiste, elle va s'ouvrir au monde de la culture à Paris, au monde du Surréalisme, elle va y croiser : Paul Eluard, Tristan Tzara, …et se balader dans le Tout Paris, des réunions du groupe aux cabarets.
Ce roman lie donc ces grandes thématiques : l'art, l'amour et amour de l'art. Lee Miller s'intéresse surtout à l'art de la photographie, dans lequel son compagnon excelle. A deux, ils s'épanouissent au point de créer des techniques, et notamment la solarisation.
« Je pense que le monde ...poursuit-elle, continuera de tourner que je prenne une photo ou pas. Mon art c'est de choisir quand prendre la photo. Ce n'est pas la mettre en scène, c'est juste être là au bon moment, et décider qu'il se passe quelque chose dont personne d'autre n'a conscience ». Page 377
Je n'ai pas pu rester insensible à cet éloge de la photographie. J'ai voulu découvrir les oeuvres décrites dans le récit, celle de Man Ray mais surtout celle De Lee. Un des objectifs de Whitney Scharer, l'auteure est donc atteint.
Mais c'est aussi le destin d'une femme libre. Lee Miller va vouloir s'affranchir de son compagnon, pour exister par elle-même, à travers son art ; elle va aussi se tourner vers le cinéma avec une autre rencontre importante dans sa vie, celle de Jean Cocteau. le récit nous plonge ainsi en pleine exploration de la période surréaliste où foisonnent les idées et les artistes. Touche à tout, passionnée par la photo, Lee Miller continuera son chemin de photographe après cette partie de sa vie.
"Toutes les photos qu'elle prend ainsi semblent vivantes et inattendues. Et Lee elle-même se sent plus vivante que jamais du seul fait de les prendre."
On le sait dès le début du roman puisque des insertions dans ses souvenirs de reporter de guerre ponctuent son évolution.
Je conseille ce roman, un roman complet qui oscille entre roman historique, biographie et roman d'amour et qui offre aussi un portrait de femme moderne, libre et indépendante. Je confirme donc mon sentiment à la page 100, le récit de la vie de cette femme m'a enthousiasmée tant Lee Miller a eu une vie pleine et passionnante.
http://passeuredelivres.over-blog.com/2019/08/l-age-de-la-lumiere-whitney-scharer-les-editions-de-la-l-observatoire.html
Commenter  J’apprécie          30
Un véritable coup de coeur qui m'a fait loupé ma station de métro et m'a tenu éveillée jusqu'à 3h du mat.

Lee Miller, mannequin américaine reconnue, aux nombreuses couvertures Vogue, débarque à Paris pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le génie Man Ray. D'abord son assistante, puis son modèle et enfin sa maîtresse. le Paris des années 30, Montparnasse, les dada, le surréalisme, le ciné de Cocteau...
Dans l'ambiance de la chambre noire où se développent les photos, Miller découvre la solarisation par erreur. Révolution photographique que Man Ray s'approprie : son studio, son assistante donc c'est comme si c'était de lui. Pas de reconnaissance pour Lee. Rupture.
Photographe de guerre, on ne veut pas voir ses photos montrant la réelle horreur des champs de bataille et des camps de concentration.
Après avoir orné les articles de recettes de cuisine et de vie à la campagne, elle accède enfin à la reconnaissance de son talent de photographe. Trop tard, elle part d'un cancer.
Biographie romancée de Lee Miller, l'autrice a su démontrer la complexité de la relation muse / créateur surtout quand les deux sont des génies. Redonnant à Lee ce qui revient à Lee.
Commenter  J’apprécie          20
"L'Âge de la lumière" est le titre donné à l'article que Man Ray a écrit pous sa revue le 221, titre largement inspiré par Lee.

En 1966, Lee Miller Penrose sexagénaire, dans son village isolé du Susex, chaque week-end  prépare des dîners très élaborés dont elle fait le compte-rendu dans le magazine Vogue, à la rubrique "Arts de vivre". Avant cela, elle était leur correspondante de guerre, avant cela, leur correspondante pour la mode et encore avant cela, leur mannequin vedette. Hélas ses mots ne font plus recette... Mais les maux, eux sont toujours présents. Trop souvent des odeurs, des images, le bruit des bombes lui reviennent en mémoire se logeant comme des éclats d'obus dans son cerveau. Alors elle prend un verre de whisky, puis deux... Sa rédactrice en chef, Audrey Withers lui propose d'écrire un article sur ses années passées au côté de Man Ray, "Un bel article" illustré de photos de cette époque. Lee pourrait écrire l'histoire qu'elle a toujours racontée, romantique, ou l'autre, celle qu'elle a verrouillée en elle...

Ce roman est une carte au trésor. Je suis partie à la découverte de Lee Miller, fascinante, femme aux multiples talents, libre, anticonformiste, sensible et sensuelle. C'est une plongée dans le Paris des années trente et ses années de correspondante de guerre.
En 1929, Lee Miller est jeune et insouciante. Elle débarque à Paris et perfectionne sa technique photographique auprès de Man Ray, son mentor, ami et amant, dont elle devient la muse, l' inspiratrice. Avec le concours financier de Man, Lee s'installe dans un appartement à deux pas de celui de son amant et finalement chez lui. Ils vivent et travaillent ensemble. Les deux faces d'une seule pièce, lumière et contre-jour. Les choses se sont faites, simplement, naturellement. C'est l'époque des surréalistes de Montparnasse, les soirées avec Dali, Breton, Ernst, Arp, Soupault, Aragon, Eluard, Cocteau et Claude Cahun et Ilse Bing.
Lorsque arrive la Seconde Guerre Mondiale, Lee devient reporter de guerre avec pour mission de photographier le travail des infirmières américaines après le débarquement, les lieux, les actes chirurgicaux, tous ces gestes sont passés au crible de son objectif, les infirmières allemandes travaillant avec les américaines.  Lee reporter engagée, son appareil en bandoulière, photographie les anonymes, la détresse humaine,  la libération des camps de Buchenwald, Dachau, Munich, Vienne. Puis elle voyage à travers l'Europe et photographie la liberté telle qu'elle lui apparaît, Danemark, France, Luxembourg, l' Europe de l'est, la Roumanie. En 1946 son accréditation lui est retirée, l'argent vient à manquer, Lee rentre à Londres auprès de Roland Penrose.
Commenter  J’apprécie          20



Lecteurs (231) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1745 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..