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Des abeilles, il est beaucoup question par ces temps d'extinction des insectes et  troubles par de guerres. J'ai donc lu Les Abeilles grises de Kourkov récemment primé Médicis étranger - récompense bien méritée. L'Amas ardent de Yamen Manaï , L'Apiculteur d'Alep de Christy Lefteri. Ces ruches sont-elles une métaphore de société idéale pacifiée, industrieuse, douce comme le miel pour une humanité déchirée? L'apiculteur un modèle de sérénité dans le monde troublé par la guerre?
Les abeilles sont aussi les sentinelles de la nature, les ouvrières de la pollinisation. Leur destruction ayant pour conséquence celle des récoltes et finalement de l'humanité? 

Dans Les Abeilles d'hiver se mêlent trois histoires.

L'histoire de l'apiculteur, Egidius Arimond, épileptique que les nazis ont stérilisé, évincé du métier d'enseignant De Latin et de Grec et qui n'a échappé à l'élimination physique que grâce à l'influence de son frère glorieux aviateur, héros de la Wehrmacht. Exclu de la guerre, il consacre sa vie à ses ruches et passe le reste de son temps dans la bibliothèque de sa ville où il donne des leçons particulières de latin et traduit des manuscrits médiévaux. Pour se procurer l'argent nécessaire à l'achat de ses médicaments indispensable pour éviter les crises, il est aussi passeur pour des Juifs cachés qui fuient vers la Belgique proche. Passeur pour de l'argent, mais aussi parce que c'est un homme juste qui traite avec bonté les fugitifs. 


Histoire des abeilles. le lecteur apprend de nombreuses notions sur la vie des ruches au cours des saisons, les soins qu'on leur apporte, les dangers.


Histoire d'un moine, le bénédictin Ambrosius, venu d'Italie avec des abeilles italiennes, ancêtre de l'apiculteur qui a écrit sur des parchemins des notes précieuses conservées dans le monastère. Il raconte le difficile périple à travers des Alpes d'une caravane transportant des manuscrits précieux et le coeur embaumé de Nicolas de Cues, un proche conseiller du pape. Les écrits du moine conservent aussi des observations sur l'apiculture au 15ème siècle.


A ces trois aspects,  on pourrait aussi ajouter le thème des avions de guerre qui fascinent Egidius. Son frère, l'aviateur lui sauve la vie et les deux frères se sont toujours intéressés à l'aviation. D'autre part, le village de l'Eifel où se déroule le roman est bombardé ces années 1944 et 1945. Les bombardiers sont donc un élément du quotidien des habitants. Ce thème ne m'a pas passionné même si le contexte de la guerre est essentiel au déroulement de l'histoire.

Le roman est un journal intime que rédige Egidius, les écrits médiévaux sont aussi des feuilles d'un journal. J'ai beaucoup aimé le ton de confidences, précis employé par Egidius qui mêle ses démêlés avec le pharmacien et ses relations avec les femmes du villages, ses crises d'épilepsie et sa vie quotidienne.

Livre sensible, complexe dans le contexte de la fin de la Deuxième Guerre, historique et naturaliste.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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À deux pas de la frontière belge, Egidius s'occupe de ses ruches, héritées de son père, et qu'il prépare pour l'hiver. Épileptique qui a miraculeusement échappé à l'euthanasie pratiquée par les nazis, cet apiculteur chevronné, ancien professeur de latin et d'Histoire révoqué, continue à vivre seul, tandis que son frère est pilote et drague tout ce qui porte un jupon. Les jours et mois passant, la petite ruche qu'est la cité locale et ses alentours voit bourdonner dans le ciel des essaims d'avions ennemis qui ne font que grandir, se rapprocher, de plus en plus menaçants. Roman sous forme de journal de la vie d'un individu, d'une communauté -chaque journée se résume à deux pages comme s'il s'agissait d'une alvéole d'un cadre rucher représentant une saison-, l'écriture en est sans apprêt, descriptive, presque entomologique, même si c'est le "héros" qui parle. Lequel préfère s'immerger dans l'émerveillement de l'infiniment petit pour échapper au tragique de la grande catastrophe.
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Un roman surprenant qui transporte le lecteur de janvier 1944 à mai 1945 dans le nord-ouest de l'Allemagne, dans la région rurale et forestière de l'Eiffel proche de la frontière belge.
Egidius Arimond, professeur déchu par le régime nazi pour cause d'épilepsie et maintenu en vie probablement uniquement grâce aux exploits de guerre de son frère aviateur, s'occupe des ruches familiales. Les archives d'un ancêtre, Ambrosius Arimond, consultées et traduites par Egidius à la bibliothèque témoignent de l'activité d'apiculture héritée depuis le Moyen-Age, lorsque Ambrosius, moine bénédictin avait quitté les ordres pour l'amour d'une paysanne. L'apiculture, l'amour des femmes, et l'écriture sont partagés par notre protagoniste avec son lointain aïeul. le journal d'Egidius est le témoin du soin et des attentions qu'il porte aux abeilles, à leur organisation, à leur cycle de vie, et à la production de miel. Mais le troc de miel ne suffit pas à Egidius pour subvenir à l'achat de médicaments anti-épileptiques. Il compte sur le paiement par les fugitifs juifs qu'il aide à passer la frontière pour rejoindre la Belgique.

Ce roman de Norbert Scheuer, sous forme de journal, est surprenant dans le sens qu'il nous fait partager la vie d'un homme qui semble presque planer au-dessus des évènements du quotidien et des évènements liés à la guerre, tout en étant complètement impliqué. Cette impression de décalage est probablement provoquée par l'impossibilité d'envisager les lendemains en une situation de guerre qui dépasse les populations tout en ayant la nécessité de survie au quotidien.

(Lu en allemand. Roman sélectionné pour le prix des lecteurs des littératures européennes de Cognac 2021).
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Les autres critiques ontdéjà brossé un portrait du pourquoi, et du comment ; donc on ne s'y attarde pas !
Je ne sais que dire : d'une part, j'ai trouvé que l'auteur arrive à créer une ambiance particulière, très preignante ; d'un autre côté, j'en ai eu assez des divers avions, ... et des abeilles !
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Egidius Arimond est un professeur allemand de lettres anciennes désormais sans emploi. Epileptique, il a été évincé de son travail dans l'Allemagne nazi. Stérilisé parce que jugé « inutile », il ne doit son salut qu'à la présence de son frère Alfons, pilote d'avion émérite dans la Wehrmacht.

Egidius s'occupe de ses abeilles et se fait de l'argent en aidant les Juifs à franchir la frontière belge située près de chez lui. Il ne fait pas cela par héroïsme mais par obligation car il doit payer les médicaments anti-épileptiques . de janvier 1944 à mai 1945, il écrit son journal, partageant son temps entre les abeilles, l'observation des avions dans le ciel, les visites à la bibliothèque pour faire des recherches sur un ancêtre (mais également pour récupérer des instructions sur les Juifs en fuite) ou encore ses amours avec des femmes restées seules durant la guerre.

Mes connaissances sur les abeilles sont certes limitées, mais je me suis surpris à lire avec de plus en plus d'intérêt les passages qui y étaient consacrés.

La région de l'Eifel où se déroule l'histoire se trouve de plus en plus pillonnée par l'aviation alliée après le débarquement et malgré cela et une tension qui augmente au fil du récit, on se trouve comme envoûté par cette écriture simple, attachante et si précise ; et profondément attaché à cet homme « ordinaire ». Face à la violence des nazis et au vrombissement des avions, Scheuer oppose de façon si habile le monde des abeilles, leur capacité à s'entraider : cela est illustré par les abeilles d'hiver qui battent des ailes afin de dégager de la chaleur et ainsi de permettre la survie de l'essaim.
J'en garde un excellent moment de lecture et la découverte d'un écrivain que je ne connaissais pas (c'est le seul de ses titres traduits en français).

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Ce roman, de Norbert SCHEUER, se présente sous la forme d'un journal qui balaie une période difficile pour les allemands des campagnes, de l'hiver 1944 à mai 1945.
Egidius Arimond vit dans la région de l'Urftland à l'ouest de l'Allemagne près de la frontière belge. Ancien professeur de latin et d'histoire, il a été révoqué et stérilisé du fait de son épilepsie. Jugé comme inutile par le régime nazi, il a échappé de peu à l'exécution sommaire réservée aux malades et aux paralysés et n'a pu être enrôlé dans l'armée du Reich. Il survit tant bien que mal en élevant des abeilles pour lesquelles il se passionne et en traduisant les manuscrits latins (interdits) du moine Ambrosius, un de ses ancêtres du Moyen-Age, apiculteur comme lui.
Egidius profite de son statut d'invisible et de laborieux pour cacher des juifs dans les grottes voisines de sa demeure et qu'il connaît parfaitement depuis l'enfance. Il leur fait passer la frontière à la faveur de ses déplacements en montagne pour s'occuper de ses ruches. Leur argent, quand ils en ont, lui permet de s'acheter ses médicaments antiépileptiques que le pharmacien lui refuse souvent au prétexte qu'il est un « parasite ».
Ce texte, original et subtil, établit un parallèle entre la société des ruches où règne partage et solidarité et le régime nazi fondé sur la soumission au chef et prônant la délation et le rejet des plus faibles. de même, le vrombissement des avions anglais et américains passant au-dessus de la région résonne avec le bourdonnement des abeilles.
Riche de métaphores et d'analogies, le récit décrit un anti-héros poignant de vérité qui s'interroge sur les grandes questions existentielles et ne laisse pas le lecteur de marbre.
Poétique et rythmé par les saisons, les tâches quotidiennes et le travail des abeilles, ce texte est un hymne à la nature, aux choses simples qui permettent la mise à distance de la guerre et ses violences. L'observation minutieuse des insectes, surtout les abeilles d'hiver qui assurent la pérennité de ses ruches, aide le héros à survivre lui-même, envers et contre tous.
Un très beau roman qui montre la fin de la seconde guerre mondiale du côté des souffrances du petit peuple allemand, embarqué malgré lui dans un conflit qui le dépasse largement.
Malgré la noirceur du contexte, le lecteur suit ce texte avec aisance, rendu fluide par les pages très courtes du journal. Des crayonnés d'avions de guerre, qui se croisent au-dessus des personnages et lancent leurs bombes rythment les pages. Dans la même logique, j'aurais bien aimé observer des croquis des différentes abeilles dont il est question.
La fin est poignante et injuste saisit le lecteur et le surprend jusqu'au bout.
Belle découverte effectuée dans le cadre du jury des littératures européennes de Cognac 2021.
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Une année dans la vie d'Egidius Arimond, apiculteur mais aussi ex professeur de latin et d'histoire révoqué par le régime nazi parce qu'il est épileptique. Nous allons suivre son quotidien d'allemand sans histoire de janvier 1944 à mai 1945 grâce au journal qu'il tient. Parallèlement à son activité d'apiculteur, il est aussi traducteur des textes d'un certain moine Bénédictin, Ambrosius Arimond, lui-même apiculteur en 1489 et certainement un de ses ancêtres. le troisième « personnage » important du roman est la ruche et ses abeilles, dont Egidius parle merveilleusement bien. Il nous décrit leur comportement solidaire et le détail de toutes les activités de la ruche et l'on ressent, à lire les passages consacrés aux abeilles, tout l'amour et l'admiration qu'il leur porte.
Egidius n'est pas très apprécié dans son village car tous les autres jeunes hommes ont été réquisitionnés et on le considère un peu comme un privilégié. le pharmacien va jusqu'à lui refuser les médicaments qui lui sont indispensables pour se soigner et éviter que la maladie ne le dégrade physiquement et mentalement.
Egidius nous raconte qu'en dehors de sa vie quotidienne bien réglée par son métier d'apiculteur et ses recherches à la bibliothèque, il mène, grâce au déplacement régulier de ses ruches, une activité parallèle de transport de personnes juives qu'il conduit à la frontière belge, après les avoir cachées, quelquefois plusieurs semaines, dans les souterrains proches de son domicile. Egidius ne se vante pas de cette activité, elle lui paraît normale, même si elle devient de plus en plus risquée avec la guerre qui se rapproche et devient très violente dans son village.
Norbert Scheuer, à travers la vie de ce village et de ses habitants, nous amène à découvrir la vie du peuple allemand durant la dernière année de la seconde guerre mondiale. Cet ouvrage, je l'ai lu d'un trait, m'attachant très rapidement à Egidius et à ses abeilles.
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Depuis deux ans, je participe au mois de lecture allemandes organisé par « Et si on bouquinait un peu ». J'y ai fait de belles découvertes, cette année un peu moins mais j'avais retenu ce titre : les abeilles d'hiver, chroniqué par Patrice. le voici donc sur mon blog, et moi aussi j'ai bien aimé cette lecture. le billet de Patrice passe sous silence les pages qui m'ont ennuyée sans que je puisse en distinguer l'intérêt.

Egidius Arimond est un ancien professeur de latin écarté de l'enseignement parce qu'il était épileptique, et que, sous le régime nazi, on écarte ‑voire on élimine- tous les handicapés. Il ne doit sa survie qu'aux exploits de son frère qui est un pilote émérite de l'armée de l'air allemande. Sa qualité de latiniste l'entraine à traduire de très anciens documents d'un certain Ambrosius Arimond (un de ces ancêtres ?) et j'ai trouvé ces textes sans grand intérêt, je trouve que ça alourdit inutilement le roman.
En revanche, comme Patrice, j'ai été intéressée par tout ce qu'il raconte sur les abeilles. J'étais bien au milieu de ces reines et de ces ouvrières, tellement mieux que dans son village gangréné par la présence nazie.

Egidius, doit gagner de l'argent pour se procurer ses médicaments contre son épilepsie, c'est une des raisons pour laquelle il accepte de faire traverser à des juifs, la frontière belge. Ses abeilles et ses ruches l'aideront à cacher les personnes à qui il doit faire passer la frontière : elles seront dissimulées dans les ruches et recouvertes d'abeilles. L'argent n'est pas sa seule motivation, il sait qu'il doit sa survie à la gloire de son frère, son handicap lui donne le recul nécessaire pour juger le régime. le médicament qui lui permet de ne pas avoir de crises épileptiques graves est de plus en plus cher, Edigius se confronte au mépris du pharmacien un nazi convaincu qui ne souhaite que sa mort.

Au village les hommes manquent, car ils sont au combat, et Egidius entretient avec leurs femmes qui lui plaisent des bons moments d'un érotisme très sensuel très bien raconté, mais ces relations le mettent en danger.

Un roman assez lent ‑je retrouve souvent cette lenteur dans les romans allemands – mais je m'y suis sentie bien car le personnage principal est attachant, il m'a fait aimer les abeilles !
Lien : https://luocine.fr/?p=14347
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L'histoire se déroule entre janvier 1944 et mai 1945 dans l'Eifel, région allemande frontalière de la Belgique. Egidur Arimond est un ancien professeur de latin et d'histoire. Epileptique, il a été révoqué par le régime nazi et stérilisé de force. C'est un doux, un contemplatif, qui occupe ses journées aux soins qu'il donne à ses abeilles et à leur observation et ses nuits auprès de femmes dont les maris sont à la guerre. A la bibliothèque municipale il fait des recherches sur le moine Ambrosius qui vécut au 15° siècle et dont la légende familiale raconte qu'il est un ancêtre des Arimond. Lui aussi était apiculteur. A l'occasion Egidius fait passer des Juifs en Belgique en les cachant dans des ruches spécialement aménagées. Il fait ça pour de l'argent mais on comprend bien que ce n'est pas un personnage vénal. Il a besoin de financer ses antiépileptiques que le pharmacien rechigne de plus en plus à lui fournir. Pendant ce temps la région est régulièrement survolée par des bombardiers alliés qui vont larguer leurs bombes sur le coeur de l'Allemagne. A mesure que la guerre s'avance vers sa fin, les attaques se rapprochent du village.

J'ai beaucoup apprécié cet excellent roman rédigé sous la forme de son personnage attachant. L'apiculture lui est un moyen de supporter sa mise à l'écart et le regard méprisant de certains habitants du village -le pharmacien, par exemple- sur lui et sa maladie. Dans le contexte difficile de la fin de la guerre et de son état de santé qui se dégrade, il a la capacité de profiter de l'instant présent. Il y a enfin une présentation de la vie dans un village de l'Allemagne nazie à cette époque qui est intéressante.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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