AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 43 notes
5
7 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le roman Les Abeilles d'hiver se déroule en Allemagne, à la frontière de la Belgique, de janvier 1944 à mai 1945. Il se présente sous la forme d'un journal intime, entrecoupé parfois de la traduction de manuscrits anciens. Egidius Arimond, le narrateur, est un bien curieux personnage… Son épilepsie l'a fait révoquer : il n'est plus professeur de latin et d'histoire, et il doit sans doute la vie à son frère, talentueux et passionné pilote de chasse, respecté pour ses exploits et dont la réputation l'a soustrait à l'exécution réservée aux épileptiques et à bien d'autres. Alfons réussit à procurer de temps en temps à son frère les médicaments dont celui-ci a besoin pour survivre. Dans son journal, Egidius raconte sa vie quotidienne, ses difficultés, ses amours épisodiques et variées, et surtout sa passion pour ses abeilles et l'apiculture en général. Comme les médicaments qui régulent ses crises sont hors de prix, il aide des Juifs à passer en Belgique pour «un peu d'argent » dit-il, et c'est vrai.
***
Je crois que beaucoup de Juifs fuyant le régime nazi auraient aimé tomber sur un passeur comme Egidius ! Il prend soin des gens qui lui sont confiés, s'occupe d'eux avec bienveillance, les cache, les nourrit en courant chaque fois des risques insensés, et ce, sans les escroquer. Son prétexte pour ses voyages nocturnes ? Visiter les colonies d'abeilles qu'il a installées tout près de la frontière belge, ce qui l'oblige à voyager la nuit pour que ses petites bêtes se tiennent tranquilles. Je vous laisse découvrir comment et où il cache ses protégés, ainsi que son utilisation pour le moins originale des bigoudis !
***
Voilà donc l'histoire d'un « homme sans qualités », comme le présente la quatrième de couverture. Nous le suivons au fil des saisons, rythmées par les soins apportés aux abeilles et aux ruches. J'ai trouvé admirables son courage tranquille, sa force d'âme, sa gentillesse et sa bienveillance. Dans ce village sans hommes, il papillonne d'une femme à l'autre… J'ai beaucoup aimé ce personnage et j'ai été charmé par l'écriture du journal. Egidius nous explique la quantité de soins que réclament ses abeilles, leurs maladies leurs prédateurs, leur organisation : elles font ce qu'il faut pour survivre, ni plus ni moins, sans état d'âme, sans pathos. Je me suis aussi plongée avec plaisir dans les traduction qu'Egidius nous soumet, des textes écrits par son lointain ancêtre, Ambrosius Arimond, paysan inculte, ensuite moine cultivé, puis défroqué à cause d'une femme, et enfin devenu un notable marié et riche, auquel Egidius doit sans doute l'espèce des abeilles qu'il élève. le premier de ces textes particulièrement difficiles à traduire est daté de 1489. Un seul bémol : je n'ai pas réussi à m'intéresser aux avions qui passionnent Egidius et j'ai d'abord trouvé ces passages et les dessins superflus avant de comprendre, à la toute fin, pourquoi Norbert Scheuer avait tenu à les conserver. Une très belle surprise que ce beau roman !
***
Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac 2021
Commenter  J’apprécie          340
Egidius Arimond était professeur de latin dans la petite ville de Kall, en Allemagne, près de la frontière belge. Il a été renvoyé par les nazis au pouvoir à cause de son épilepsie. Elle fait de lui un indésirable, il a été stérilisé, mais pas éliminé. Il le doit sans doute à son frère, pilote de chasse émérite.

Nous sommes en 1944, la guerre n'avait jusqu'alors pas trop impacté la région de l'Eifel, mais les passages d'avions alliés s'intensifient et les bombardements se rapprochent.

Sans ressources, Egidius s'est consacré à sa passion, l'apiculture. Initié dès l'enfance par son père, il s'intéresse de près à la vie de ses abeilles et à l'entretien des ruches. Il a du mal à se procurer les médicaments qui lui sont nécessaires. Les envois que son frère lui faisaient se font rares, aussi il accepte de faire passer la frontière clandestinement à des juifs, dans des ruches aménagées.

Rédigé sous forme de journal, nous suivons la vie quotidienne d'Egidius, ses peurs, mais aussi ses bons moments. Il ne rechigne pas à consoler certaines femmes du village dont les maris sont au front, ce qui ne lui vaut pas que des amis.

Le pays se délite, pourtant c'est toujours un discours de victoire qui est tenu. Les passages difficiles sur l'omniprésence des nazis, la dureté du quotidien, sont contrebalancés par la description de la vie des abeilles, l'élaboration du miel étape après étape.

Egidius passe aussi beaucoup de temps à la bibliothèque où il traduit le journal d'un supposé ancêtre, moine défroqué et apiculteur. Ce n'est pas la partie qui m'a le plus intéressée.

J'ai aimé la simplicité du récit, la narration à la première personne. Egidius est un personnage attachant, il fait payer les fugitifs qu'il aide sans les voler et il prend soin d'eux le temps qu'ils sont sous sa garde. Son amour des abeilles est communicatif, mais son désarroi est de plus en plus grand devant le manque de médicaments et la cruauté du pharmacien.

Une excellente découverte qui met en relief l'absurdité des guerres et la complexité des réactions individuelles.
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
Commenter  J’apprécie          120
Je ne serais certainement pas allée vers ce livre si on ne me l'avait offert... et ça aurait été bien dommage !

J'ai, en effet, passé un très bon moment de lecture auprès d'Egidius Arimond, cet ancien professeur allemand, passionné d'apiculture et non envoyé au front (nous sommes en 1944) en raison de ses troubles épileptiques.
C'est sous la forme d'un journal, que nous suivons les événements à la fois historiques et intimes qui parsèment sa vie en cette période trouble. Et l'on découvre un personnage passionnant, tant pour sa curiosité, son érudition, son observation fine de la nature et des abeilles que par son courage et son humanisme dont il ne se glorifie pourtant jamais.

Un livre qui permet d'avoir le sentiment de côtoyer à la fois un moment de réalité historique et un système plus vaste, où les abeilles traversent les époques et les conflits.




Commenter  J’apprécie          90
Des abeilles, il est beaucoup question par ces temps d'extinction des insectes et  troubles par de guerres. J'ai donc lu Les Abeilles grises de Kourkov récemment primé Médicis étranger - récompense bien méritée. L'Amas ardent de Yamen Manaï , L'Apiculteur d'Alep de Christy Lefteri. Ces ruches sont-elles une métaphore de société idéale pacifiée, industrieuse, douce comme le miel pour une humanité déchirée? L'apiculteur un modèle de sérénité dans le monde troublé par la guerre?
Les abeilles sont aussi les sentinelles de la nature, les ouvrières de la pollinisation. Leur destruction ayant pour conséquence celle des récoltes et finalement de l'humanité? 

Dans Les Abeilles d'hiver se mêlent trois histoires.

L'histoire de l'apiculteur, Egidius Arimond, épileptique que les nazis ont stérilisé, évincé du métier d'enseignant De Latin et de Grec et qui n'a échappé à l'élimination physique que grâce à l'influence de son frère glorieux aviateur, héros de la Wehrmacht. Exclu de la guerre, il consacre sa vie à ses ruches et passe le reste de son temps dans la bibliothèque de sa ville où il donne des leçons particulières de latin et traduit des manuscrits médiévaux. Pour se procurer l'argent nécessaire à l'achat de ses médicaments indispensable pour éviter les crises, il est aussi passeur pour des Juifs cachés qui fuient vers la Belgique proche. Passeur pour de l'argent, mais aussi parce que c'est un homme juste qui traite avec bonté les fugitifs. 


Histoire des abeilles. le lecteur apprend de nombreuses notions sur la vie des ruches au cours des saisons, les soins qu'on leur apporte, les dangers.


Histoire d'un moine, le bénédictin Ambrosius, venu d'Italie avec des abeilles italiennes, ancêtre de l'apiculteur qui a écrit sur des parchemins des notes précieuses conservées dans le monastère. Il raconte le difficile périple à travers des Alpes d'une caravane transportant des manuscrits précieux et le coeur embaumé de Nicolas de Cues, un proche conseiller du pape. Les écrits du moine conservent aussi des observations sur l'apiculture au 15ème siècle.


A ces trois aspects,  on pourrait aussi ajouter le thème des avions de guerre qui fascinent Egidius. Son frère, l'aviateur lui sauve la vie et les deux frères se sont toujours intéressés à l'aviation. D'autre part, le village de l'Eifel où se déroule le roman est bombardé ces années 1944 et 1945. Les bombardiers sont donc un élément du quotidien des habitants. Ce thème ne m'a pas passionné même si le contexte de la guerre est essentiel au déroulement de l'histoire.

Le roman est un journal intime que rédige Egidius, les écrits médiévaux sont aussi des feuilles d'un journal. J'ai beaucoup aimé le ton de confidences, précis employé par Egidius qui mêle ses démêlés avec le pharmacien et ses relations avec les femmes du villages, ses crises d'épilepsie et sa vie quotidienne.

Livre sensible, complexe dans le contexte de la fin de la Deuxième Guerre, historique et naturaliste.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          70
Un roman surprenant qui transporte le lecteur de janvier 1944 à mai 1945 dans le nord-ouest de l'Allemagne, dans la région rurale et forestière de l'Eiffel proche de la frontière belge.
Egidius Arimond, professeur déchu par le régime nazi pour cause d'épilepsie et maintenu en vie probablement uniquement grâce aux exploits de guerre de son frère aviateur, s'occupe des ruches familiales. Les archives d'un ancêtre, Ambrosius Arimond, consultées et traduites par Egidius à la bibliothèque témoignent de l'activité d'apiculture héritée depuis le Moyen-Age, lorsque Ambrosius, moine bénédictin avait quitté les ordres pour l'amour d'une paysanne. L'apiculture, l'amour des femmes, et l'écriture sont partagés par notre protagoniste avec son lointain aïeul. le journal d'Egidius est le témoin du soin et des attentions qu'il porte aux abeilles, à leur organisation, à leur cycle de vie, et à la production de miel. Mais le troc de miel ne suffit pas à Egidius pour subvenir à l'achat de médicaments anti-épileptiques. Il compte sur le paiement par les fugitifs juifs qu'il aide à passer la frontière pour rejoindre la Belgique.

Ce roman de Norbert Scheuer, sous forme de journal, est surprenant dans le sens qu'il nous fait partager la vie d'un homme qui semble presque planer au-dessus des évènements du quotidien et des évènements liés à la guerre, tout en étant complètement impliqué. Cette impression de décalage est probablement provoquée par l'impossibilité d'envisager les lendemains en une situation de guerre qui dépasse les populations tout en ayant la nécessité de survie au quotidien.

(Lu en allemand. Roman sélectionné pour le prix des lecteurs des littératures européennes de Cognac 2021).
Commenter  J’apprécie          62
Egidius Arimond est un professeur allemand de lettres anciennes désormais sans emploi. Epileptique, il a été évincé de son travail dans l'Allemagne nazi. Stérilisé parce que jugé « inutile », il ne doit son salut qu'à la présence de son frère Alfons, pilote d'avion émérite dans la Wehrmacht.

Egidius s'occupe de ses abeilles et se fait de l'argent en aidant les Juifs à franchir la frontière belge située près de chez lui. Il ne fait pas cela par héroïsme mais par obligation car il doit payer les médicaments anti-épileptiques . de janvier 1944 à mai 1945, il écrit son journal, partageant son temps entre les abeilles, l'observation des avions dans le ciel, les visites à la bibliothèque pour faire des recherches sur un ancêtre (mais également pour récupérer des instructions sur les Juifs en fuite) ou encore ses amours avec des femmes restées seules durant la guerre.

Mes connaissances sur les abeilles sont certes limitées, mais je me suis surpris à lire avec de plus en plus d'intérêt les passages qui y étaient consacrés.

La région de l'Eifel où se déroule l'histoire se trouve de plus en plus pillonnée par l'aviation alliée après le débarquement et malgré cela et une tension qui augmente au fil du récit, on se trouve comme envoûté par cette écriture simple, attachante et si précise ; et profondément attaché à cet homme « ordinaire ». Face à la violence des nazis et au vrombissement des avions, Scheuer oppose de façon si habile le monde des abeilles, leur capacité à s'entraider : cela est illustré par les abeilles d'hiver qui battent des ailes afin de dégager de la chaleur et ainsi de permettre la survie de l'essaim.
J'en garde un excellent moment de lecture et la découverte d'un écrivain que je ne connaissais pas (c'est le seul de ses titres traduits en français).

Lien : https://etsionbouquinait.com..
Commenter  J’apprécie          51
L'histoire se déroule entre janvier 1944 et mai 1945 dans l'Eifel, région allemande frontalière de la Belgique. Egidur Arimond est un ancien professeur de latin et d'histoire. Epileptique, il a été révoqué par le régime nazi et stérilisé de force. C'est un doux, un contemplatif, qui occupe ses journées aux soins qu'il donne à ses abeilles et à leur observation et ses nuits auprès de femmes dont les maris sont à la guerre. A la bibliothèque municipale il fait des recherches sur le moine Ambrosius qui vécut au 15° siècle et dont la légende familiale raconte qu'il est un ancêtre des Arimond. Lui aussi était apiculteur. A l'occasion Egidius fait passer des Juifs en Belgique en les cachant dans des ruches spécialement aménagées. Il fait ça pour de l'argent mais on comprend bien que ce n'est pas un personnage vénal. Il a besoin de financer ses antiépileptiques que le pharmacien rechigne de plus en plus à lui fournir. Pendant ce temps la région est régulièrement survolée par des bombardiers alliés qui vont larguer leurs bombes sur le coeur de l'Allemagne. A mesure que la guerre s'avance vers sa fin, les attaques se rapprochent du village.

J'ai beaucoup apprécié cet excellent roman rédigé sous la forme de son personnage attachant. L'apiculture lui est un moyen de supporter sa mise à l'écart et le regard méprisant de certains habitants du village -le pharmacien, par exemple- sur lui et sa maladie. Dans le contexte difficile de la fin de la guerre et de son état de santé qui se dégrade, il a la capacité de profiter de l'instant présent. Il y a enfin une présentation de la vie dans un village de l'Allemagne nazie à cette époque qui est intéressante.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10

Autres livres de Norbert Scheuer (1) Voir plus

Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}