La femme bien-aimée du narrateur étant décédée, il découvre dans ses papiers qu'elle lui a caché avoir abandonné une fille à la naissance pour le suivre plus aisément de RDA en RFA. Voilà de quoi redynamiser notre veuf éploré. Il se trouve une belle fille néo-nazi et une arrière-petite-fille qui ne l'est pas moins, nationaliste à fond, révisionniste. Mais qu‘importe, se dit-il dans sa grande magnanimité, quand l'amour est là ?
L'idée est plutôt bonne : description des milieux d'extrême droite allemands, des antagonismes persistants entre Allemagne de l'Est et de l'Ouest, questionnement sur : peut-on aimer quelqu'une envers et contre tout, malgré ses abominables opinions,… Mais je dois dire que malheureusement, cette histoire est complètement incohérente.
Une semaine après avoir fait le connaissance de cette nouvelle « descendance » qui ne demande pas la moindre preuve de cette filiation, Kaspar aligne un chèque de milliers d'euros au titre de l'héritage (ah bon, ils n'ont pas de notaires et de fisc en Allemagne). Et en retour ses parents lui confient la jeune fille pour les vacances : oui, une très mignonne jeune fille de 14 ans confiée à un parfait inconnu septuagénaire... Et il se trouve que c'est une jeune fille parfaite : belle, charmante, intelligente, affectueuse, d'une grande maturité et formidablement ouverte d'esprit (ce qui cadre quand même assez mal avec le sujet). Et j'oubliais, un génie du piano. Enfin, beaucoup plus tard les banques allemandes semblent ainsi faites que quand
la petite-fille fuit en Australie en lui ayant volé sa carte bleue, la chère enfant, il peut suivre ses dépenses à distance, mais oui, il sait qu'elle a acheté un robot de cuisine ou des partitions. Ouf, il est rassuré !
Bref, il y a une certaine contradiction à vouloir ancrer son histoire dans le monde et se ficher aussi totalement de la vraisemblance.