Voici un petit bijou, une pépite délicatement ciselée::
Comment qualifier ce roman d'une beauté sourde, sorte d'épopée exaltante:
AMOUR, deuil, politique, déchirements, empêchements nichés dans les recoins les plus intimes des êtres et des familles —— fascinant drame relationnel ——-jusqu'à l'exploration minutieuse de l'Histoire de l'Allemagne ——-, surtout celle de l'après deuxième guerre mondiale ——- à travers d'hallucinants personnages féminins, et rigueur, esprit de justice, bienveillance et culture, pudeur et mélancolie de Kaspar, ———un auto- portrait déguisé ——-de
Bernard S.? .
Les dates correspondraient? ….. Peu importe….
Un veuf, Kaspar, en rentrant de sa librairie , découvre dans la baignoire le cadavre de sa femme Birgit, tant aimée.
S'est - elle donnée la mort? .
Elle était devenue alcoolique depuis longtemps, murée dans le silence, et de solitaires et dérisoires désirs d'écriture, déchirée , empêchée …..
Lui, toujours à l'écoute, bienveillant, l'écoutait, la regardait , l'apaisait , l'aimait tant sans s'avouer qu'il ne la comprenait plus.
Birgit venait de RDA, à l'été 1964, lors d'échanges entre étudiants de l'Est et de L'Ouest, Kaspar en était tombé immédiatement amoureux .
Ils avaient décidé ensemble qu'elle fuirait avec lui de
l'autre côté du mur…
Elle ne lui a jamais avoué qu'elle avait une fille, abandonnée , à la naissance, dont elle venait d'accoucher.
Il le découvre à travers une ébauche de roman où Birgit conte, à la première personne, combien elle désirait retrouver sa fille .
Intrigué, Kaspar part à sa place la chercher.
À l'Est de l'Allemagne il découvre des communautés nostalgiques des nazis , désirant restaurer la grandeur du Reich.
Sigrun, sa petite fille , âgée de 14 ans, Svenja, sa belle - fille, mariée à un neo- nazi , appartiennent à ce mouvement haineux « Völkisch » .
Kaspar rêve d'en sortir sa petite fille d'adoption, Sigrun , mais les portraits de
Rudolf Hess et de la gardienne de camp Irma Grese surnommée « La Hyène d'Auschwitz » ornent glorieusement sa chambre .. ….
Ce livre suscite, au fil des pages, une intense émotion pétrie d'étonnement et de compassion, de tolérance et de générosité.
L'auteur raconte , alerte, sans jamais juger, caricaturer, sans pathos , ni mièvrerie, juste avec une intense humanité dans un monde, qui , lui, en est dénué …
Dans ce climat de haine et de méfiance, au coeur des théories complotistes et racistes.
Au sein de ce voyage au coeur de l'Allemagne où règnent encore de bien sinistres fantômes , pour Kaspar, le libraire , à l'image de l'auteur, la musique, les mots, la poésie , la littérature, peuvent ouvrir en grand l'esprit et l'âme, libérer.
Peut - être sauver ?
L'affection qu'il porte à Sigrun l'engage dans un chemin de renoncements, de lumière , une véritable incitation personnelle pour l'amour de Birgit, elle, qui l'a pourtant , hélas , toujours tenu à l'extérieur d'elle même …
Par delà le destin de l'Allemagne ce roman est une éblouissante histoire d'amour——-, le véritable amour——-de deuil douloureux impossible puis accompli , une compréhension contrariée, intelligente, entre un grand - Père et sa petite fille., une réparation …..
Il n'y est , en fait , outre ce fascinant drame relationnel , que question « d'Aimer » aimer
l'autre jusqu'au bout, de son indéchiffrable, désespérante voire insupportable différence.
L'auteur s'exprime avec une infinie délicatesse, tristesse lancinante, secrets et silences….
Que de belles pages !
Une inépuisable source de réflexion pour le lecteur, voire méditation. ….
L'auteur ausculte la place du passé dans le présent, nous interroge puissamment sur ce qui peut unir ou séparer les êtres .
Un expert des relations Est - Ouest .
Passionnante et dérangeante odyssée politique !
Je n'oublie pas « -
Le-Liseur » et «
Olga, lu , lui, il y a peu de temps .
Un superbe ouvrage que je ne regrette pas d'avoir acheté !