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4,16

sur 5334 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu autrefois un ouvrage de science-fiction où coexistaient en parallèle autant de réalités que de choix possibles pour un individu. "La part de l'autre" est un peu bâtie sur ce principe, imaginant ce qui se serait passé si Adolf Hitler n'avait pas été recalé au concours d'entrée de l'Académie des beaux-arts de Vienne en 1908.

Le récit débute le jour fatidique de l'annonce des résultats et superpose les deux possibles. Hitler, recalé, ressent son échec comme une humiliation et cherche à se venger de ses semblables car il n'ont pas reconnu son génie. Tandis qu'Adolf H., admis, se coule dans le monde artistique, s'ouvrant aux autres et à l'amour.

Par petites touches, Eric-Emmanuel Schmitt évoque ce qu'aurait pu être le destin politique et économique de l'Allemagne sans dictateur – et sans deuxième guerre mondiale – mais ce n'est pas la partie la plus convaincante du livre. En effet, il me semble naïf de croire que sans Hitler, le nazisme n'aurait pas existé. Hitler n'était pas seul dans son délire belliqueux et meurtrier, mais entouré de cerveaux autant, sinon plus malades que le sien : Göring, Hess, Goebbels, Himmler... le mal a d'infinies ressources pour perpétrer son oeuvre infâme.

L'intérêt du livre est ailleurs : à l'intérieur, dans l'humain. L'introspection d'Hitler et de son double l'emporte largement sur la fiction politique. Et ceux qui s'attendent à un portrait manichéen avec l'ultra-méchant d'un côté et le gentil peintre de l'autre seront surpris...

« En montrant qu'Hitler aurait pu devenir un autre qu'il ne fut, je ferai sentir à chaque lecteur qu'il pourrait devenir Hitler » explique l'auteur dans son journal. Si bien qu'au début, le vrai Hitler semble plus à plaindre que le faux. le déclencheur de sa "vocation" – portée par l'opéra "Rienzi" de Wagner – est la défaite de l'Allemagne en 1918. Contrairement à Adolf H. et aux autres jeunes gens, cette guerre meurtrière, en offrant un métier au vagabond Hitler, est sa bouée de sauvetage. La défaite lui intime de trouver un coupable : ce sera la début de son antisémitisme. La haine galvanise ses propos : ce sera le début de son éloquence. Adolf H. et Hitler sont névrosés en raison d'un père violent et d'une mère morte trop jeune. L'un sera guéri par la psychanalyse (« l'oreille qui écoute ») et s'en sortira, l'autre sera traité par l'hypnose (« la bouche qui ordonne ») et on ne peut pas en dire autant...

Éric-Emmanuel Schmitt manie la langue française avec virtuosité ; sa description de la guerre des tranchées est terriblement réaliste. L'humour est là aussi, salutaire sur un tel sujet. Hitler et Adolf H. sont parfois d'un ridicule qui tourne à la farce et cette humiliation littéraire a la saveur d'une vengeance. le passage d'Adolf H. sur le divan de Freud est irrésistible. Comme le portrait d'Hitler en puceau irrécupérable : c'est osé, mais cela se tient.

Après nous avoir donné sa version du bien dans "L'Évangile selon Pilate", Éric-Emmanuel Schmitt nous livre ici sa version du mal et sa clairvoyance est édifiante. « le mal est un mystère plus profond que le bien car, dans le bien, il y a une lumière, un dynamisme, une affirmation de la vie. Comment peut-on choisir l'obscur ? »
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Alors qu'une nouvelle tragédie vient de s'abattre sur Paris, rallongeant la liste des drames qui jalonnent l'Humanité, l'ouvrage "La part de l'autre" revêt des aspects obsédants. Qu'est-ce qui se serait passé si... Est-ce qu'un détail, un léger détail aurait pu tout changer ?

Voilà le point de départ de la réflexion d'Eric-Emmanuel Schmitt : si Adolf avait été reçu aux Beaux-arts de Vienne, évitant ainsi les rebuffades et l'humiliation, les choses auraient-elles été différentes ?

Roman ? Biographie ? Essai philosophique sous couvert de la fiction ? Qu'il est difficile de faire entrer cet ouvrage dans une case... Mais quel bonheur d'échapper à ces fameuses cases! "La part de l'autre" est un récit déstabilisant, criant de vérité, qui conduit, au-delà du récit de ces Hitler qui évoluent en parallèle, à une véritable réflexion instrospective sur ce que nous sommes, sur notre essence, sur cette part d'ombre que nous portons tous en nous.

Bon, méchant. Gentil, cruel. Généreux, égoïste. Désintéressé, égocentrique. Doué, humilié... Les chapitres concernant cet Adolph H. au talent reconnu, alternent avec l'Hitler que nous connaissons, pour plonger dans la psyché de ce personnage honni de l'Histoire. Tantôt émouvant, tantôt pathétique, parfois drôle, le récit flirte avec la vérité historique pour nous amener vers notre propre vérité.

L'Histoire a crée ses monstres, mais qu'en est-il de notre propre part d'ombre ?

Même si l'on s'en défend, nous hébergeons tous en nous cet être de noirceur tapi, assoupi, qui n'attend qu'un déclencheur pour s'éveiller, s'étirer et peut-être, absorber cette lumière qui nous guide. Et tout peut être différent, tout aurait pu être différent.

Dans le cas d'Hitler, ma grand-mère n'aurait pas connu l'humiliation réservée aux femmes qui ont aimé un allemand, elle l'aurait rencontré lors de vacances entre amis dans le centre de la France, ils se seraient aimés, lui l'aviateur, elle la jeune femme qui se sacrifiait pour son père. Mon père aurait été le fruit de l'amour, le vrai, et non celui de la honte qui a suivi ses pas jusque dans sa tombe.

L'Humanité n'aurait pas subi l'un de ses génocides les plus atroces, on n'aurait pas eu de choix à faire, de camp à choisir, on aurait pas eu à survivre, le quotidien aurait été suffisant. On n'aurait pas appris à pleurer nos morts, à tenter de soigner le traumatisme de notre âme. Je ne suis pas naïve, la vie n'aurait pas été un océan de bonheur, mais on n'aurait pas connu cette horreur qui fait encore verser des larmes de peine mais aussi de haine.

Si j'avais rédigé cette chronique hier, j'aurais mis en avant la virtuosité de la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt tout en déplorant quelques longueurs. J'aurais dit que j'avais apprécié cette lecture, qu'elle m'avait parfois arraché des sourires, et que j'avais trouvé Adolf Hitler pathétique parfois, que c'était même amusant finalement de se moquer de lui.

Aujoud'hui, je frisonne devant la pertinence de cette réflexion. Comme d'habitude, les mots d'Eric-Emmanuel Schmitt sont justes et s'imbriquent parfaitement dans la dualité qui nous définit.

La part de l'autre est en chacun d'entre nous... Cet autre, lové dans un petit coin de notre être, qui peut tout faire basculer...

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Que se serait-il passé si Hitler avait réussi les beaux arts ?
On a décrits en parallèle les deux parcours possibles d'Hitler, et son évolution dans chacun. L'évolution du monde aurait elle aussi été tout autre. Très bien écrit, une uchronie plaisante.
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Je connaissais Eric-Emmanuel Schmitt uniquement de nom, mais je n'avais jamais été tentée de lire un de ses ouvrages.
C'est grâce à une critique parue sur Babelio que j'ai franchi le pas et je n'ai pas été déçue.
L'auteur mène en parallèle 2 histoires : celle de Hitler (basée sur des faits historiques) et celle de Adolphe H (histoire inventée à partir du postulat qu'Hitler a été reçu à l'ecole d'art qu'il convoitait).
Ce livre est bien mené et l'écriture est fluide. En effet, nous suivons le parcours de Hitler à partir de l'époque de son adolescence jusqu'à la fin de sa vie, ce qui permet de comprendre, (sans excuser les atrocités commises), pourquoi il est devenu le personnage que nous connaissons.
J'ai beaucoup apprécié la postface dans laquelle l'écrivain nous explique comment l'idée de cet ouvrage a germé dans sa tête et en quoi elle a eu une influence sur sa propre personne ainsi que sur son entourage et sa vie personnelle.
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D'une part, je ne connaissais pas cette autre part de l'autre, et d'autre part, je me demande si quelque part elle aurait pu exister.

Cet autre qui aurait été artiste, un peu à part, n'en aurait pas moins gardé sa part sombre.
De part et d'autre on retrouve un homme , Hitler,qui sous la plume d'EES nous offre sa part la plus noire, ou bien une autre, bien blanche et qui aurait changé le cours de l'histoire, allez savoir. Un peu manichéen tout ça, non?

En chacun de nous coexistent deux parts, l'une et l'autre se chassant mutuellement pour trouver l'équilibre, Hitler ne l'a pas trouvé, il a tué.
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Il n’est pas douteux que l’avènement au pouvoir d’Adolf Hitler a été favorisé par le contexte politique et économique de l’Allemagne, la débâcle économique liée à la défaite de 1919, mais aussi par sa personnalité, trop « hors norme » pour être la conséquence d’un accident de parcours. Dès lors se demander si le fait que celui qui a redonné confiance aux Allemands n’aurait pas émergé si son cursus scolaire eut été différent, s’il n’avait pas été recalé à l’Ecole des Beaux-Arts, est certes amusant intellectuellement, mais semble peu plausible. L’Histoire est remplie de gens qui n’ont pas suivi leur vocation initiale et se sont rendus célèbres dans des domaines très éloignés de leur formation.

Toutefois le grand intérêt de ce roman est qu’Eric-Emmanuel Schmitt ne se concentre pas sur cette conjecture improbable, mais qu’il joue sur la multiplicité et la disparité des éléments d’une personnalité. Hitler était en même temps le psychopathe à l’origine de la Seconde Guerre mondiale et un artiste, raté ou pas. Un cas où le fameux « effet papillon » décrit par Edward Lorenz ne peut s’appliquer.
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Et si une seule petite minute pouvait à jamais changer la face du Monde ? C'est ce que nous propose ici Schmitt dans cette uchronie... Une minute... Et une annonce... Recalé ou pas ! Hitler, dans une ultime chance, tente d'entrer à l'École des Beaux-Arts de Vienne... Il attend, impatient, de connaître son sort...

Une minute. Recalé. Fini ses rêves et espoirs d'être un artiste reconnu, renommé... On suivra dans ce récit, la longue descente aux Enfers d'Hitler, qu'il l'amènera devenir l'homme que l'on connaît... Un homme de la pire espèce, dirigeant d'un mouvement politique sans pitié qui aura décimé bien trop de gens.

Une minute. Reçu. Adolf peintre. Étudiant. Vivant son rêve. Qui deviendra tout autre que ce que L Histoire connaît. Une homme avec une vie remplie d'apprentissages positifs. Humain. Près de ses sentiments. Sans hargne contre le monde. Ouvert.

Un récit en alternance entre ses deux alter-ego, habillement mené. Je découvre la plume que Schmitt avec ce livre, et j'aime beaucoup. J'ai apprécié cette construction du roman... passant d'un Hitler à l'autre... J'ai beaucoup aimé les passages où Adolf l'artiste se trouve dans le cabinet du Dr. Freud... le guérissant de ses blessures d'enfance.. des moments touchants. Cette lecture m'aura captivé du début à la fin.
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Si....
Si Hitler avait été reçu à l'École des Beaux -Arts de Vienne, est ce que cela n'aurait pas eu une influence certaine sur l'histoire avec un grand H ?
Partant de ce postulat, Eric-Emmanuel Schmitt nous relate le destin de Adolf H. qui va se révéler grâce à la peinture après son admission dans cette école des Beaux Arts de Vienne .
En parallèle de ce destin, on assiste à la lente mais sure ascension de Hitler, de ses débuts difficiles , ses années en temps que caporal pendant la première guerre mondiale jusqu'à son avènement en temps que dictateur de l'Allemagne.
Une plongée dans une page très sombre de notre histoire qui nous fait revivre des moments clefs de la vie de ce fort triste sire. Certes, je n'ai pas oublié pendant la lecture de ce livre qu'il s'agissait d'un roman, mais l'évocation du nazisme et surtout de certaines tranches de vie de son fondateur m'a fait un peu froid dans le dos. Quand on mesure son ascension à la tête de l'Allemagne, on réalise toutes les opportunités qu'il a su saisir.
En parallèle, le portrait de son "double" est tellement saisissant et presque trop beau pour être vrai. Il est vrai que malgré les péripéties qui jalonnent la vie de Adolf H., il a la chance de mener une vie assez incroyable.
Une lecture intéressante, que j'ai seulement pu faire grâce à la proposition de prêt d'une collègue, encore merci à elle...

Challenge Pavés 2016/2017

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Notre vie est le résultat d'une multitude d'événements et de nos réactions face à ceux-ci.
En d'autres termes nous sommes des acteurs sociaux qui faisons face aux aléas de la vie. Nous ne sommes dès lors ni bon, ni mauvais en soi mais uniquement le fruit de nos décisions face à ce que nous traversons.
Voici en quelques mots l'idée maitresse de ce livre.
L'auteur prend le pari de prendre un des personnages les plus tristement célèbre du 20 ème siècle, à savoir Adolph Hitler et de lui créer, de lui imaginer une espèce de vie parrallèlequ'il aurait pu, aurait dû diront certains, vivre.
Le pari est osé et original et est pleinement réussit.
Il permet de comprendre que les évènements dans les moindres petits détails font ce que nous sommes au final.
Hitler aurait pu avoir une toute autre vie si les évènements auraient été différents pour lui. La vie fait de nous ce que nous sommes et nous pousse parfois à faire les pires choses imaginables .Ce livre permet donc de réfléchir à qui nous sommes réellement et aux événements qui font ce que nous sommes.
Et si je n'avais jamais lu ce livre, penserais-je de la même manière ?
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Il s'agit de deux histoires parallèles... La première parle d'un HItler imbu de sa personne et plein de haine contre l'humanité et l'autre d'un Adolf avançant dans la vie à tatons, se cherchant et se trouvant.

LIvre très déconcertant mais très intéressant sur les diiférents chemins que peuvent prendre une vie. Livre qui fait réfléchir.
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Par quoi commence le récit et la vie d'Adolf H.?

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