Citations sur La rivale (31)
[La vieille femme] était complètement peinte, accumulant des coloris intenses, noir aile-de-corbeau sur les cheveux, marron terreux pour les sourcils en circonflexe, beige rosé en fond de teint, carmin sur les lèvres, azur sur les paupières fripées. L’ensemble avait autant d’allure que d’outrance, sorte de défi improbable qui niait la décrépitude tout en l’affirmant. Si les couleurs vives prenaient bien la lumière, elles accentuaient les rides, les sillons et la fatigue d’une peau où par endroits les grains de poudre s’accrochaient comme de la poussière.
Pfttt! Je n'ai pas pu achever la lecture. La langue est pauvre et banale; l'intrigue insignifiante, aucune création en dehors d'Enzo (drôle de prénom, non?), l'ensemble... un livre commercial vite bouclé. 135 pages, interligne 1.5 et gros caractères! La Callas c'est la "Grecque", la "Grecque", la "Grecque"... "elle qui avait tant désiré plaire, léché les culs et qui préméditait tout..." page 76. Amoureux de l'Opéra, s'abstenir.
Sur scène, nous autres, les cantatrices, nous passons notre temps à agoniser. Les histoires le réclament, les compositieurs également, car les affres des héroïnes leur permettent d'écrire des airs déchirants ou des prières à fendre l'âme.
Selon une boutade qui circulait dans le métier, pour un chanteur, le metteur en scène est comme un préservatif : avec, c'est bien ; sans, c'est mieux.
On ne fréquente pas les salles de spectacle pour souffrir.
Carlotta n'avait jamais saisi pourquoi une partie substantielle du public masculin goûtant l'art lyrique adorait les divas sans désirer les femmes.
Carlotta comprenait que ce qui lui déplaisait en Callas pouvait également fasciner : c'était une voix imparfaite qui rêvait à d'autres voix. Ici, elle se serait voulue liquide, là sensuelle, là tiède, là duveteuse, là céleste, là onctueuse, là flûtée, là héroïque. Cette voix rauque charriait en elle mille voix, qu'elle n'imitait pas, qu'elle ne contrefaisait pas, mais qu'elle suggérait par d'infimes modifications de couleur.
La faculté qu'avait Callas de leurrer tout le monde fascinait Carlotta. Les gens se rendraient-ils un jour compte qu'elle les menait en bateau ? Qu'elle ne possédait pas une belle voix, mais un organe pâteux ? [...] Qu'elle avait créé un personnage d'étoile fantasque à partir d'un complexe d'infériorité, celui d'une boulotte bigleuse ? [...] Plutôt que la plus grande cantatrice du XXᵉ siècle, Carlotta repérait en elle la plus grande illusionniste.
L'opéra, ce sont de belles notes qui jaillissent de beaux gosiers, du plaisir, rien que du plaisir, tels un plat savoureux ou un vin pétillant, pas ce dolorisme, cette atmosphère de drame, cette sentimentalité poisseuse, cet érotisme hystérique.
Sur scène, nous autres, les cantatrices, nous passons notre temps à agoniser. Les histoires le réclament, les compositeurs également, car les affres des héroïnes leur permettent d'écrire des airs déchirants ou des prières à fendre l'âme.