Les preuves sont nulles
les signes sont fragiles
On ne peut pas encore affirmer
que le jour naîtra
que l’horizon ouvrira ses lèvres au soleil
on ne peut rien dire.
On se tait on retient son haleine
on laisse la rosée toucher des paupières
on laisse l’oiseau dire ce qu’il veut.
On attend
on voit l’incertain trembler
entre la cendre et la chaux
on a mal à son désir.
Il faudra bien recoudre la terre
pria celle
en qui mourir commençait à bouger
Bien recoudre le ventre
et resserrer l’herbe
et planter dessus
vents bouleaux charrois jeux
Bien recoudre la terre
pour que personne n’y voie goutte
ni du dehors ni du dedans
Pour qu’on se trompe bien sur mon compte
dit celle
à qui nous venions par hasard
demander des nouvelles
Venue du chaud
l’hirondelle l’indienne
flèche ouverte dans l’azur
descend
droit sur le soleil pâle
le fend
(un enfant prétend
que l’orange qu’il tenait en main
a été coupée en deux
par un couteau noir
dont les deux ailes chantaient)