Je remercie Maïwenn ainsi que la maison d'éditions Juno Publishing pour cette nouvelle lecture dans le cadre du blog tour !
Avant de démarrer ma chronique, un petit mot sur les "mots" d'avant le récit. L'auteur nous indique qu'elle a fait de nombreuses recherches et a pris des libertés concernant le thème principal. Sincèrement, n'étant pas neurologue, à part un ou deux détails, le récit passe très bien et reste "logique". de plus il faut aussi le prendre dans le sens où c'est important de comprendre qu'il ne s'agit pas d'un livre scientifique. La couverture est sublime, je ne suis pas pour les visages aussi imposants, pourtant là, il y a ce petit quelque chose qui attire l'oeil. La douceur du personnage, des couleurs, tout ce mélange rend une belle image avec cette lumière d'espoir en fond.
Le livre est découpé en trois parties. La première nous présente les personnage avec l'état de Théa et sa vie en cinq minutes régulières. La seconde partie lorsque la médecine a fait un grand pas et la troisième est ce voyage inattendu. Deux personnages dont la vie n'a pas été simple. Jim/Jimmy/James a vécue de familles d'accueil en famille d'accueil jusqu'à ses 18 ans. Un traumatisme lui a fait perdre la parole fluide comme la plupart des gens. Adolescent il est devenu bègue et malgré ses efforts, il garde cette parcelle en lui surtout lorsqu'il est nerveux, lorsque c'est important pour lui. Thea est heureuse avec ses parents, sa grande soeur jusqu'à l'accident qui lui prend ses parents et sa mémoire à court et long terme. de nombreuses plaies à vif, un esprit déstructuré, un cerveau qui se réinitialise toutes les cinq minutes, voire un peu plus, mais jamais plus de sept. Depuis son accident et sa sortie de l'hôpital, elle vie en institut pour sa sécurité. Les médecins travaillent sur son cas depuis deux ans. Deux longues années où elle ne se souvient pas de ce qu'elle a fait il y a dix minutes.
Théa est une jeune femme pleine de vie, avant l'accident. Avant, elle peignait préparant la fin de son école d'art. Douée, elle aime la peinture, la musique, la vie, elle adore faire des blagues, s'amuser, danser, faire tourner en bourrique sa grande soeur parce qu'elle l'adore, vivre tout simplement. Après l'accident, elle a gardé sa passion pour le dessin sans vraiment savoir pourquoi. Toujours les mêmes questions, toujours les regards sur ce qu'elle vit sans le savoir. le personnel de Blue Ridge est dépassé par tout ce qui se passe. Peu de personnels, ils doivent faire leur possible pour aider les quelques résidents qui ont tous un problème de mémoire. Plus ou moins grave, certains ne changeront jamais, tandis que d'autres sont dans le noir absolu. Joaquim, Alonzo, Rita, font partie intégrante de la résidence. Ils travaillent d'arrache-pied pour chacune de ses personnes puissent être heureuses. le bonheur ne tient qu'à un fil et si tous ont par moment des instants de joie, à d'autres c'est l'horreur absolue. Il est clair qu'il y a des répétitions, mais l'auteur s'est arrêtée juste comme il fallait, je n'ai pas trouvé cela lourd, au contraire, nous comprenons parfaitement ce qui se passe dans ce qu'il lui reste d'esprit.
Le sujet est délicat, il s'agit du cerveau humain, qui sait ce qui se passe réellement ? Un choc, un coup et tout s'effondre. C'est le cas de Théa qui même si elle se reboot tel un robot, ressent malgré tout des émotions comme tout être humain. L'arrivée de Jim donne un coup de fouet à l'institut même si le cadre professionnel est particulièrement attentif aux demandes de chacun des résidents. Il a déjà travaillé dans ce domaine et serait toujours dans son ancien emploi si l'entreprise n'avait pas fermé. Il a besoin de ce travail, il a besoin d'aider les autres pour en pas penser au fait qu'il a toujours son bégaiement qui lui pourri la vie. Ce problème d'élocution ne devrait pas le rendre si maussade, mais il a subit tellement de brimades qu'il est difficile pour lui de prendre confiance en lui. Il a d'ailleurs les mots de sa dernière "mère" de substitution dans la tête qui n'a cessé de le rabaisser. le travail sur les personnages est important, aussi bien du côté de Théa et sa mémoire défaillante, que du côté de Jim et sa vie. Concernant les recherches il y en a beaucoup, de quoi nous amener des sujets de discussions. le cerveau humain est complexe et les nombreux médecins ont de quoi analyser durant des siècles d'existence.
L'avenir peut-il être serein ? le coup de foudre existe ? Pour Jim c'est quasi certain et pourtant il sait qu'il ne doit pas la regarder, car elle est une résidente et lui un aide-soignant. Pourtant le peu de réconfort qu'il lui apporte en tombe pas dans l'oreille d'un sourd, ou d'une sourde. Les petites affections quotidiennes la rendent plus heureuse qu'avant. Jim est celui qui arrive à lui donner le vrai sourire et il suffit de peu, d'un peu de toile, de peintures pour égayer ses journées. Bien entendu tout n'est pas rose, il suffit de voir comment le nouveau Brett pour comprendre que dans ce milieu il y a toujours des opportunistes. Cela se voit dès qu'il arrive, pas besoin de le cacher vu son air supérieur en quelque sorte. Théa ne se rend compte de rien, mais si ce n'était pas vrai ? Nul n'est dans la tête de l'autre, personne ne peut savoir s'il n'y a pas une parcelle de mémoire, une parcelle d'âme bien cachée tentant de ressortir. La question de l'opération, des médicaments à vie est en marche et lorsque Delia, la grande soeur de Théa est d'accord tout peut arriver.
L'aventure de Théa et Jim est intense dans tous les sens du terme. Apprendre à se connaître par le biais de cinq minutes, par épisode, les répétitions dans le cas de la demoiselle lorsqu'elle revient dans son présent court. La routine instaurée est importante pour elle, car elle la calme, la focalise et entraîne son cerveau à refonctionner de manière normale. Ses souvenirs sont enfouis et elle les voudrait, contrairement à Jim qui aimerait oublier ses années avant d'arriver. Il ne doit pas oublier qu'il est ce qu'il est grâce à tout ce qu'il a vécu, bon ou mauvais. Et cela à donné un personnage fort, aimant, généreux. La relation qui s'instaure entre eux n'est pas malsaine, il ne fera jamais rien pour qu'elle soit à lui, même s'il en crève d'envie. La solitude est la même pour l'un comme pour l'autre, deux solitaires qui vont se rejoindre à un moment donné de leur vie. Nous comprenons que Jim aimerait plus, qu'elle se souvienne de lui comme lui ne cesse de penser à elle. Il pense même à être une sorte de harceleur, de forcené lorsqu'il pense et veut qu'elle soit heureuse.
La grande soeur, Delia est présente et l'auteur nous montre la difficulté pour cette femme depuis l'accident. Elle n'était pas dans la voiture, car elle est partie chercher son ami en voiture et est devenue la tutrice de Théa par le force des choses. Les éléments que nous avons en notre possession montre qu'elle s'est arrêtée de vivre en quelque sorte. Deux ans c'est long et cela peut rendre amer n'importe qui, sans compter qu'elles sont toutes les deux, sans famille. Toutes les responsabilités, les choix sont forcément les siens, alors il va y avoir des soucis lorsque les changements vont s'effectuer. Ce sont des mois où tout est en suspend. La difficulté pour chaque personnage est mis en avant et nous touche forcément. Sa froideur est une façade, une véritable carapace parce qu'elle a peur de perdre ce qui lui reste de sa famille.
Le fait que le texte est à la première personne nous met directement dans leur tête à Jim et Thea. L'attirance réciproque qui s'étale dans le temps pour lui, en quelques minutes pour elle. Il y a toujours ces petits moments de bonheur qui donnent le soleil aux deux. le récit est basé sur les émotions, les ressentis, les non-dits. Ces derniers étant des réactions à certains gestes, certains moments pénibles qui ne devraient pas exister, mais malheureusement il y aura toujours des personnes capable du pire n'importe où. de nombreux rebondissements nous entrainent dans leur sillage avec cette peur de l'avenir. Et si le traitement fonctionne ou au contraire ne fonctionne pas ? Et si tout va bien pour être obligé de tout recommencer, encore et encore ? Des questions il y en a de toutes parts et les réponses viennent au fur et à mesure des pages qui défilent. Les trois parties évoluent vers une fin heureuse, mais comment y arriver ? Est-ce que c'est vrai qu'il peut y avoir une solution ? Et si cela rate ? Que reste-t-il réellement des souvenirs ? Tellement de questions et une volonté de vivre réellement qui nous tient jusqu'au bout des deux épilogues.
En conclusion, une belle histoire qui redonne de l'espoir aux deux personnages principaux. Lui qui n'a jamais connu un geste tendre, sauf son papy, elle qui a perdu sa vie en l'oubliant. Un récit qui nous indique qu'il faut savoir vivre sa vie, car qui sait de quoi demain sera fait ?
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