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Austerlitz.
Avec un titre tel que celui-ci, nous pouvions nous attendre à un contenu assez "banal", au du moins, puisque cette période funeste ne peut être banale, similaire à beaucoup d'autres oeuvres sur cette même époque.
Lourde erreur. Austerlitz est avant tout un roman humain, sur un homme prêt à tout, dans ce déni omniprésent, à tout d'abord oublier ses origines. Puis, peu à peu, longuement il s'ouvre et cette censure psychologique s'efface. C'est une oeuvre sans aucun doute touchante, mais peut-être un peu difficile à suivre, avec l'enchevêtrement de de narrateurs, et d'histoires.
Austerlitz reste un homme mystérieux, avec une intelligence sans faille.
Un roman qui donne une autre vision de la guerre, loin des combats, mais tellement proche des survivants, et du désarroi qui les accompagne.
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Austerlitz n'est pas simplement un roman sur la guerre et ses conséquences, il questionne aussi la mémoire et l'identité. Au niveau des souvenirs, l'homme est parfois aussi efficace que l'écureuil qui au printemps ne se rappelle plus les endroits où il a mis sa nourriture tant il l'a éparpillée dans tous les coins. Il y a toujours des choses qui restent enfouies, introuvables, condamnées à l'oubli. le récit a pour but la reconstruction des origines du sujet. le morcellement des origines a vraisemblablement été causé par un refoulement. L'Histoire enterre L'Histoire. C'est un roman qui montre bien à quel point nous sommes des produits du temps, mais d'un temps qui ne s'achève jamais, qui se répète, qui se fait oublier et redécouvrir quelquefois. Splendide roman!
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C'était toujours comme si toutes les traces se perdaient dans le sable

« Au cours de l'une de ces excursions belges, qui toujours me donnaient l'impression de voyager très loin en terre étrangère, je me retrouvai, par un jour radieux de l'été commençant, dans une ville qui jusqu'alors ne m'était connue que de nom, Anvers ».

Portait d'un homme, d'un émigrant dans le siècle. Une recherche traduite en un texte dense et lumineux. le temps non-paisible des quotidiens effrités. Connaissez-vous Terezin, Prague, le ghetto de Theresienstadt… ?

Derrière ce portrait, la mémoire de celles et ceux, vaincu-e-s ou oublié-e-s de l'« Histoire », celles et ceux qui furent pourchassé-e-s, déplacé-e-s, déporté-e-s, concentré-e-s ou exécuté-e-s.

« Vera se rappelait aussi la petite fille de douze ans au bandonéon à qui elle m'avaient confié, l'album de Charlot acheté au dernier moment, les mouchoirs blancs claquant au vent, comme l'envol d'une nuée de colombes, avec lesquels les parents restés à quai avaient fait signe à leurs enfants, et l'impression étrange qu'elle avait eue de voir le train, après qu'il se fut mis en branle avec une infinie lenteur, non pour s'éloigner mais sortir de la verrière et là, à peine à mi-distance, se volatiliser ».

Un récit d'un très grande beauté.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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« Sebald, né en Bavière au moment même où Hambourg, Dresde, Cologne, Berlin s'abîmaient dans le feu, a remis sur le métier de nos consciences les interrogations traînantes mais jamais vraiment résolues sur ce moment de l'histoire allemande. Sebald était écrivain, c'est donc assez naturellement que son questionnement a pris des chemins proches de ceux qu'emprunta Dagerman. Mais sa réflexion se déploie bien après que les évènements ont eu lieu, c'est-à-dire dans un temps où l'on peut raisonnablement penser que la mémoire et la littérature ont pu officier. Dans une série de conférences prononcées en 1997 et réunies plus tard en un volume intitulé de la destruction comme élément de l'histoire naturelle (…), Sebald constate que non, la littérature est restée muette, ou quasiment, ce qui n'est pas sans signification. A l'exception, dit-il de deux romans : l'un, la Ville au-delà du fleuve de Hermann Kasack, publié en 1947, connaît aussitôt un grand succès en Allemagne et sonne étrangement vide, lu de ce côté-ci du Rhin soixante ans plus tard, même si ce vide est évidemment davantage le reflet de la glaciation profonde dans laquelle sont saisis les hommes et les lieux du livre que d'une vacuité de propos ; l'autre, le Silence de l'Ange, de Heinrich Böll, a été écrit entre 1949 et 1951 mais publié seulement en 1992. Et, de fait, ce dernier se tient au plus près de la décomposition matérielle et humaine qui accable l'Allemagne et fait errer dans les ruines d'une ville sans nom deux êtres vidés de leur substance, sorte d'écho vaincu, éteint, des deux protagonistes du film de Douglas Sirk. Mais il n'a été publié que près de cinquante ans après avoir été écrit, et dix ans après la mort de son auteur. le temps n'est pas encore passé explique sans doute en partie cette impression de vide qui sonne le roman de Kasack, celui qui est passé dans le silence et dans la peine, l'impression d'hébétude quasi ataraxique qui envahit le livre de Böll. Pareil retard de publication vaut pour un Voyage de Hans Gunther Adler, rédigé en 1950 péniblement publié en 1962 en Allemagne dans une indifférence de plomb, même s'il fut salué par Elias Canetti ou Heimito von Doderer, dont la force insolite et le constant décalage du regard sur les faits mit des années à s'imposer (la traduction française datant de 2011). Il n'est pire sourd… Il reste que le constat dressé par Sebald, qui a par ailleurs écrit une oeuvre considérable sur la mémoire européenne dans sa langue natale mais depuis l'Angleterre où il vivait, est sans appel :'(…) il semble que nous, Allemands, soyons devenus aujourd'hui un peuple étonnamment coupé de sa tradition et aveugle face à son histoire.(…) Et lorsque nous regardons en arrière, en particulier vers les années trente à cinquante, c'est toujours pour détourner les yeux de ce que nous voyons.' Plus loin il ajoute : ‘Il m'apparaît que si les écrivains allemands de toute une génération ont été dans l'incapacité de rendre compte de ce qu'ils avaient vu et de l'inscrire dans notre mémoire, c'est, dans une large mesure, parce qu'ils étaient principalement soucieux de retoucher l'image qu'ils livreraient à la postérité.' Fermez le ban. » Mathieu Riboulet, Les oeuvres de miséricorde, 151 pages, Ed VERDIER 2012, pages 101-102
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Parce que, même si je n'ai pas son érudition, sa démarche est celle dont je me sens le plus proche. Sa manière d'errer à travers livres et villes définit, de mon point de vue, assez bien la position de l'écrivain d'aujourd'hui. Dans la même démarche voir aussi La vitesse des choses de Fresan ou A la recherche du voile noir de Moody...
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