AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 220 notes
5
21 avis
4
5 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Suite de réflexions induite par des associations d'idées libres, circulations presque aléatoires entre des lieux comme Londres, Prague, Theresienstadt, Paris, Anvers… en compagnie de deux amis férus d'architecture. Leurs rendez vous espacés dans le temps entraînent le lecteur dans leur sillage, ballottés au gré des aléas de la vie, des hasards des retrouvailles. L'amitié grandissante entre ces deux hommes permet la lente éclosion de la parole et aux souvenirs de survenir.
Jacques Austerlitz, un homme sans racines, sans mémoire, sans famille, seul au monde, grâce à un ami écrivain attentionné, attentif, respectueux peut affronter la plus difficile des quêtes, celle de ses origines.
La traversée de souffrances mentales innommables que les traumatismes de la guerre, des déportations successives subies par les parents font peser sur les survivants est incroyable. Ce livre est un témoignage bouleversant mais c'est peu de le dire ainsi.
Commenter  J’apprécie          73
J'ai fait la connaissance de cet auteur avec Les Émigrants qui ne m'avait pas enthousiasmée mais cependant intriguée suffisamment pour que je revienne à cet auteur. C'est chose faite avec Austerlitz qui aborde le même thème, à savoir le déracinement que les juifs ont dû choisir pour échapper à leur assassinat orchestré par le Troisième Reich. Il s'agit ici non pas de nouvelles mais bien d'un roman qui s'attache d'ailleurs essentiellement à un seul personnage: Jacques Austerlitz. Arrivé en Grande-Bretagne au cours de l'été 1939 à l'âge de 4 ans, en provenance de Tchécoslovaquie, et adopté par un vieux prédicateur non-conformiste gallois et sa femme, il se voit contraint de s'adapter à une nouvelle vie une, nouvelle langue, une nouvelle culture et même un nouveau nom. le roman retrace, à travers le récit qu'il en fait à l'auteur, son parcours pour renouer avec sa véritable identité. C'est proche du récit d'une psychanalyse et c'est ce qui m'a fait penser que ce récit était autobiographique mais il n'en est rien : Austerlitz est d'origine tchèque, Sebald est allemand. Austerlitz est juif, Sebald ne l'est pas (son père était dans la Wehrmacht)…. Comme dans Les Émigrants, le récit est émaillé de descriptions précises de lieux et agrémenté de photographies qui lui donnent un aspect documentaire et contribue à la fascination qu'il a exercé sur moi. L'écriture est un peu surannée, rappelant les grands auteurs du XIXe siècle et la double indirestion du style contribue à nous distancier du vécu d'Austerlitz.
Bien que relativement peu connu dans le monde francophone, je me suis rendu compte que Sebald avait été pressenti pour le prix Nobel. Il est malheureusement mort prématurément à l'âge de 57 ans. Comme Austerlitz, Sebald est retourné dans le néant de l'oubli…
Ce roman m'a permis de mieux apprivoiser le style original de Sebald. Je l'ai trouvé beaucoup plus abouti que les nouvelles des Émigrants et je me promets de poursuivre l'exploration de cet auteur. À ceux qui ne le connaissent pas, je recommande d'en faire la découverte.
Commenter  J’apprécie          220
L'histoire de cet homme, Austerlitz, qui après des années de recherches, apprend qu'il a été, enfant, évacué avec des centaines d'autres, vers l'Angleterre pour fuir guerre et persécutions.
Juxtaposant un style romanesque avec des documents photographiques, l'auteur livre ici la vie romancée d'un émigrant déraciné, Jacques Austerlitz, qui n'a connu son vrai nom que lorsqu'il fut adolescent.
Cela avec le récit de déambulations à travers l'Europe, des réflexions sur l'architecture, une belle écriture, lecture un peu ambitieuse.
Lien : https://collectifpolar.blog/
Commenter  J’apprécie          180
Je viens de finir ce livre extraordinaire qui rentre dans mon panthéon de la littérature moderne. Ce livre est un bijoux de subtilité et amène à des réflexions sur le temps, la mort et l'histoire d'une profondeur rarissime.

Les 50 premières pages sont difficiles car Austerlitz et le narrateur y discutent principalement d'architecture, mais comme Austerlitz a pris le temps de connaître notre narrateur avant de lui confier sa vie, il faut faire confiance à Sebald et continuer la lecture pour découvrir la quête des origines à laquelle Austerlitz a voué une partie de sa vie. Au final on suit Austerlitz à travers l'Europe, Londres, Paris, Prague, Nuremberg à la recherche des traces d'une enfance ensevelie sous le poids terrible de l'histoire, cette quête est aussi douloureuse qu'elle est envoûtante et on ne décrochera ensuite plus jusqu'à la dernière ligne.

Ce roman est merveilleux de justesse et m'a procuré la sensation étrange de toucher quelques idées sublimes. Je m'en vais sur le champ de ouvrir toutes les autres oeuvres de Sebald.
Commenter  J’apprécie          10
Le génie de W. G. Sebald, déjà salué de son vivant, se retrouve dans l'un de ses derniers romans : Austerlitz. Les thématiques du voyage et de la crise identitaire - chères à l'auteur - s'y retrouvent. le narrateur - dont la ressemblance avec l'auteur est frappante - se fait le dépositaire de l'histoire d'Austerlitz, un émigré Juif à la recherche de ses origines. La force de ce roman réside dans le style alternant écriture de fiction et écriture scientifique, historienne. de fait, la quête dans le passé d'Austerlitz n'est pas seulement documentée et rattachée à l'Histoire, c'est aussi un témoignage de ses souffrances et de ses états d'âme. A la recherche de ses origines et du mot juste, Austerlitz est l'incarnation de l'écrivain-artisan sensible à la langue mais dont sa propre plume lui est devenue étrangère. Bien que la structure soit très travaillée avec des récits enchâssés, l'absence de découpage en chapitres oblige une lecture assidue de la part du lecteur, entraîné à son tour dans la quête d'Austerlitz. Dans une harmonie imitative, les phrases s'enchaînent d'une manière si fluide qu'elles épousent parfaitement le mouvement des pensées des personnages, leurs nombreux déplacements ainsi que le flot continu des paroles d'Austerlitz. Voyage dans le temps, l'espace et l'esprit, Austerlitz est un récit bouleversant au nom des âmes déracinées, prises de vertiges face à la réminiscence de leur passé. Dès lors, il ne s'agit plus de connaître l'Histoire, mais son histoire.
Commenter  J’apprécie          30
Comment chroniquer ce beau roman sans divulgâcher?

Et pourtant ce n'est ni un policier, ni un thriller. Au contraire, c'est un livre qui flâne entre gares et bibliothèques, aux promenades rêveuses dans des manoirs abandonnés et parfois fantastiques entre coupoles byzantines, escaliers et lianes, portes ouvertes vers le passé qui ressurgit par surprise. Ecriture vagabonde qui emmène le lecteur à Londres, Anvers, Prague et Paris, qui traverse cinq décennies. Vous le suivrez aussi à  Marienbad  et à Theresienstadt, de bien triste mémoire...  Ecriture circulaire - l'expression est de d'Mendelsohn qui m'a fait connaître Sebald. 

Ce n'est qu'au mitant du livre que j'ai compris ce titre d'Austerlitz, pour moi une gare ou une victoire napoléonienne, mais pour un enfant Gallois?

A vous de vous perdre dans les méandres des déambulations, de découvrir les belles photographies, cela en vaut la peine.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
Commenter  J’apprécie          160
Une oeuvre de grande qualité. Remarquable.

Le narrateur relate ses rencontres curieuses et récurrentes avec un certain M. Austerlitz, qui constituera le personnage principal du roman et qui, au travers du récit par le narrateur, va expliquer son cheminement très long, complexe et approfondi pour retrouver son passé, comprendre ses origines et retracer sa vie.

La lecture est parfois laborieuse, requiert un effort d'attention soutenue, mais quelle merveille d'expression et de langage! Les phrases peuvent être longues, les digressions sinueuses, pour autant la profondeur de ce chemin personnel vers le passé, de ce dialogue avec les origines, avec les morts, est d'une intensité forte et empreinte d'une émotion subtile, prégnante. On est baigné dans cette recherche touchante, bouleversante. On chemine avec Austerlitz dans sa quête, avec une implication presque personnelle.

Ce livre est une ode au souvenir, au dialogue avec le passé, au travail de mémoire, mais en filigrane également infuse tout au long du récit, une humanité pleine de pudeur ou, plutôt, une pudeur pleine d'humanité.
Commenter  J’apprécie          60
de Sebald, j'avais déjà lu Les Anneaux de saturne, et je me suis replongée avec plaisir dans ce style si particulier, aux phrases étirées sur des dizaines de lignes, parfois sur des pages entières, sans que le propos perde sa limpidité.
Les thèmes abordés dans ce roman sont le temps (et la proposition d'une conception non linéaire de celui-ci), la Shoah, la mémoire traumatique ou encore la quête des origines.
Au fil du récit enchâssé de Jacques Austerlitz qui raconte à un narrateur anonyme son histoire et sa quête, les souvenirs des personnages s'accumulent jusqu'à former des strates très denses et enchevêtrées. La chronologie des événements se trouve brouillée, le passé s'immisce dans le présent et le lecteur est aspiré dans le vertige du temps éclaté et déréglé propre au traumatisme.
Commenter  J’apprécie          10
« L'une des personnes qui attendaient dans la salle des pas perdus était Austerlitz, à l'époque en 1967, encore presque jeune d'allure avec ses cheveux blonds étrangement frisés, seulement comparables à ceux du héros allemand Siegfried dans les Nibelungen de Fritz-Lang ».

Une beauté et une souffrance, voilà ce qui me vient à l'esprit pour qualifier ce récit. Une beauté tant l'écriture exigeante de Sebald est hypnotique, fascinante, des phrases longues qui défilent sous les yeux, des détails qui suintent la mélancolie, poésie qui envoûte, une lenteur qui nous oblige à nous poser, à ne rien négliger mais une lenteur qui absorbe jusqu'à notre moi intime, jusqu'à notre inconscient qui finit par s'identifier à Jacques Austerlitz pour devenir une douleur. Eprouvantes aussi, ces lignes magnétiques, ces pages qui se tournent sans chapitre, tout est écrit comme dans l'urgence, pour ne pas oublier, on suffoque entre la fascination de l'écriture et le malaise qui s'en dégage, il faut faire une pause malgré l'envie de continuer.

De cette rencontre entre notre narrateur – Sebald ? – avec Jacques Austerlitz, dans la Gare d'Anvers, va naître une intimité qui de rencontre en rencontre, de confidence en confidence, durera trente ans.

Est-ce de chez Austerlitz qu'exhale, enfoui au plus profond de lui-même, une douleur, comme un sentiment obscur d'incomplétude, une personnalité tronquée, ou bien est ce de la plume de l'auteur, de ses mots que s'exprime cette souffrance. Lui, dont le père fut sous-officier dans la Wehrmacht, lui dont les prénoms Winfried Georg Maximilian ne sont plus que des initiales, lui qui se disait un « produit du fascisme ».

En chroniqueur de la mémoire, l'auteur s'efface devant cet ami, parti de Prague en 1939 à destination d'Angleterre, à l'âge de quatre ans. Adopté par un pasteur sectaire, névrosé, dont il ne comprend pas la langue, élevé dans le silence, sous le regard d'un Dieu qui châtie, sans plus aucune marque d'affection tant de l'épouse que du pasteur, comment ne pas ressentir comme une béance affective, un vide profond traversé par des angoisses, une instabilité émotionnelle. Austerlitz ne découvrira sa véritable identité qu'à l'âge de quinze ans.

Véritable quête identitaire, Austerlitz se doit de rassembler les morceaux du puzzle pour tenter, peut-être, d'apaiser cette sensation terrible du manque, ne plus vivre la superposition du passé et du présent, cette construction qui rend votre relation au monde totalement flou. Un rien : une couleur, un lieu, un mot en relation avec le traumatisme ravive le choc, la blessure et vous envoie valser avec la détresse. Austerlitz devra parcourir un long chemin sur des lieux semés d'ombre qui se réactiveront au fur et à mesure de ses découvertes. Aidé par sa nourrice qu'il retrouvera, ses pas l'emporteront vers des lieux emblématiques comme Terezin et Gurs à la recherche de ses parents. L'émotion surprend à toutes les pages. Austerlitz en perpétuelle recherche, perpétuelle incomplétude, se questionne et questionne le monde autour de lui et nous entraîne à sa suite, épousant ses vagues émotionnelles.

Que de silence, que de douleurs, éprouvant ce sentiment de ne jamais être à la bonne place, de ne pas avoir sa propre existence, d'être à côté de la réalité « qui je suis, d'où je viens, où vais-je ».

Faisant preuve d'une grande érudition, Austerlitz est chargé de cours dans un institut d'histoire de l'art londonien, ses recherches l'ont mené à l'élaboration d'une thèse monumentale sur l'architecture, tout particulièrement sur les réseaux, tels les chemins de fer. Il ne pouvait expliquer cette fascination qui lui permettait, surtout, ne pas parler de lui, de se réfugier derrière son intellect pour ne pas affronter cette béance, un abri en quelque sorte bien dissimulé derrière la reconnaissance intellectuelle.

La rencontre entre le narrateur et Austerlitz se fait dans la gare d'Anvers, salle des pas perdus. Austerlitz observe la gare, la coupole, et couche sur le papier toutes ses réflexions, ses observations. C'est le prétexte que choisi le narrateur pour aborder Jacques Austerlitz. Ces premiers entretiens se limiteront très longtemps à l'histoire de l'architecture dont les connaissances d'Austerlitz forcent l'admiration jusqu'au jour où, la confiance aidant, une once d'estime naissante, Austerlitz s'abandonnera aux confidences.

Quatrième de couverture : « Par ce portrait saisissant d'un émigrant déraciné, fragile, érudit et digne, l'auteur élève une sorte d'anti-monument pour tous ceux qui, au cours de l'Histoire, se retrouvent pourchassés, déplacés, coupés de leurs racines – sans jamais en comprendre la raison ni le sens ».

C'est un livre sublime, sensible, à l'évocation puissante que je relirai, c'est évident ! Merci à Eduardo et à Dan pour ce conseil de lecture mais j'ai beaucoup moins souffert avec « Séfarade ».

Commenter  J’apprécie          6612
Par cette lecture, je découvre l'écriture de W. G. Sebald, et je me félicite d'avoir lu cet ouvrage dans sa totalité, car il s'agit d'un livre qui se mérite. Je pense d'ailleurs que si je n'étais pas venue à bout du roman "Du côté de chez Swann" de Marcel Proust, j'aurais éprouvé de grandes difficultés à lire Austerlitz. le roman est déjà épais (environ 350 pages) les caractères assez petits. Les phrases sont souvent longues. le texte rédigé d'un seul tenant, sans paragraphes ni chapitres. Beaucoup de références littéraires ou historiques; des citations en tchèque, allemand ou anglais (non traduites)... Enfin, la lecture est encore rendue plus complexe par les digressions du principal protagoniste, Austerlitz, et l'introspection qu'il mène. le sujet est grave, voire dramatique, car l'histoire tourne autour de la shoah, la quête d'une identité, l'implosion de familles, sans compter sur des aspects sordides : spoliation des juifs, ou les machinations terribles des S.S. déportant et massacrant ces populations, hommes, femmes ou enfants. Que de vies brisées! même pour les survivants, pantins déracinés malmenés à jamais par l'existence, victimes de leur passé ou de secrets inavouables.
Un très beau livre, malgré sa noirceur. Une superbe découverte. Une lecture qui laisse des traces. Authentique roman? Biographie? J'ai des doutes, qui sont fondés puisque les photos et illustrations sont présentes en très grand nombre tout au long de l'ouvrage, dès l'illustration de couverture d'ailleurs qui est une photographie issue des archives de l'auteur.

Commenter  J’apprécie          310




Lecteurs (599) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}