J'ai été attirée par ce titre plus par sa couverture qu'autre chose, car le synopsis laissait présager quelque chose de plutôt classique en littérature : des enfants que les parents ont façonnés mais qui choisissent une autre voie, allant parfois jusqu'à la rébellion.
Cependant, le classique n'a pas forcément que du mauvais, et l'ambiance fantasy particulière, entourant les filles et leur destinée rend la chose bien plus intéressante qu'il n'y paraît.
Les triplées, Sophronia, Daphné et Beatriz sont nées et ont été éduquées dans un but bien précis : mener les royaumes de leurs époux à la ruine pour que leur mère puisse les conquérir facilement. Si on se doute bien que la mère, vu son comportement et ses choix éducatifs, a un autre plan derrière la tête, on constate bien vite que les filles n'y ont pas vraiment réfléchi, et n'ont même pas réfléchi à « l'après-conquête » ou à ses conséquences. Elles étaient juste dans l'idée de faire leur devoir puis se retrouver.
On pourrait croire qu'elles n'ont pas vraiment de personnalités affirmées avant d'être envoyées en mission : c'est un peu le cas, d'ailleurs. Si elles ont chacune montré quelques traits de caractère et quelques affinités ou non avec certaines matières lorsqu'elles apprenaient leur rôle, toute leur vie a toujours tourné autour de leur mission.
Ce n'est que lorsqu'elles se retrouvent sur le terrain, dans la réalité de la vie -leur vie- que leur personnalité et leur ingéniosité ressort. Je trouve que c'est Sophronia qui s'en sort le mieux dans la compréhension du plan de leur mère et de ses implications pour le peuple. Beatriz évolue aussi, dans une moindre mesure, mais c'est surtout parce qu'elle n'a pas eu le choix car son plus grand talent s'est révélé inutile dans son pays d'accueil. Néanmoins je pense que c'est elle qui a le plus de chances de s'en sortir de par son pouvoir. Daphné, elle, est celle qui est le plus sous la coupe de sa mère et ne connaît que très peu d'évolution. Ce n'est qu'au dernier chapitre, via les yeux de sa mère, que l'on se rend compte de ce qu'elle a accompli sans vraiment le vouloir.
Et leur mère, Margaraux, parlons-en ! Son point de vue est montré dans le tout dernier chapitre, et je vous avoue que je ne m'attendais pas à ça. Je m'attendais à ce que ses filles ne soient que des outils, oui, mais pas à ce point ! D'ailleurs, telle mère telles filles, dirait-on, parce qu'il semble que vu son plan elle n'a pas vraiment réfléchi à ce qui se passera après sa mort, si du moins elle en a quelque chose à faire. Margaraux est très -trop- ambitieuse et sans pitié, un peu cet archétype de méchante dont l'ambition est le leitmotiv et qui se moque bien du reste.
Souveraines comprend quelques facilités scénaristiques et quelques petites incohérences (je suis étonnée qu'avec une telle magie et l'ambition du genre humain, il y ait encore des étoiles dans le ciel), mais l'histoire accroche vraiment, l'évolution des personnages est plutôt bonne et ça donne envie de connaître la suite (dommage, c'est pour 2023 !). J'ai eu un petit coup de coeur pour ce premier tome et je remercie mon goût en matière de couverture pour m'avoir guidée vers cette petite pépite !
Une petite mention spéciale pour Sophronia que je trouvais trop naïve au début mais dont la combativité en a finalement fait mon personnage préféré !
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