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EAN : 9782874494154
208 pages
Les Impressions nouvelles (19/08/2016)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Un écrivain part rejoindre au Caire un ami photographe et découvre la fièvre puis le désastre du printemps arabe. Visitant des familles de jeunes gens morts au cours de la révolution, il retrouve le goût de l’engagement.Gilles Sebhan nous replonge ici dans l’enthousiasme de la révolution égyptienne qui a donné l’espoir d’un avènement démocratique. Nous conduisant dans les quartiers les plus populaires du Caire, il offre la parole aux anonymes qui deviennent des figu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un écrivain arrive au Caire afin de travailler avec Denis son ami photographe, visites de pyramides, photos...pauvreté et hospitalité de la population, quartiers délabrés.
Ils se déplacent dans un taxi conduit par Mohamed, beau comme tout, dont l'écrivain, on comprend qu'il s'agit de Gilles Sebhan, tombe amoureux.
Surviennent les émeutes de janvier 2011, émeutes tristement célèbres, puisque la police et l'armée ont tiré sur la foule des manifestants massés sur la place Tarhir, venus demander la démission de Moubarak. C'était le printemps arabe, en Tunise, Ben Ali était tombé quelques jours plus tôt.
Je pensais sincèrement, compte tenu de l'importance du thème, lire un rappel historique de ces événements, mieux connaitre le contexte politique, mais ce n'est pas le parti retenu par l'auteur. Celui-ci préfère être un témoin, dans la première partie du livre, de la détresse du peuple égyptien, de la crasse, des détritus, constater les exactions de la police, aidée par des milices armées par le régime : "Le Caire était un peu dans l'esprit des gens comme cette montagne millénaire de détritus, en plein milieu de la ville, transformée en parc royal: un mensonge. Et quelque chose persistait du désir de cacher la misère de dérober la vérité aux regards, quelque chose d'un peu soviétique après l'heure, surveiller par exemple les étrangers soupçonnés d'espionnage lorsqu'ils quittaient les pyramides et le musée des Antiquités pour visiter les quartiers délabrés de la ville."
Le portrait de cette société, du peuple de la rue, le pourquoi, la cause de ces émeutes.
Il connaît cette ville, il aime les photos faites par son ami Denis, et ce n'est pas la première fois qu'ils la parcourent ensemble.
Il a incontestablement fait un travail minutieux d'enquête, dérangeant à deux titres. Dérangeant tout d'abord par le rappel de la violence des crimes commis par le régime ce 28 janvier 2011, il y a un peu plus de cinq ans, et dérangeant aussi, car ce rappel est émaillé de désirs sexuels de l'auteur pour ces jeunes hommes qu'il croise, pour ce chauffeur de taxi Mohamed qu'il caresse, qu'il a aimé et dont il n'a plus de nouvelle depuis ce 28 janvier et même pour ce flic qui le suit et le surveille de loin. Quelle est la part de roman, la part de réalité ? Qu'importe !
A l'occasion d'un entretien avec l'auteur Pierre Ahnne extrait du blog de ce dernier, Gilles Sebhan déclare : "En octobre dernier je me suis rendu au Caire et j'ai rencontré, avec mon ami le photographe Denis Dailleux, des familles de « martyrs », chez eux. Je n'avais pas du tout l'idée d'en faire un livre mais la confrontation a été tellement forte et étonnante que j'ai éprouvé le besoin d'en faire le récit et d'évoquer la date clé du 28 janvier, jour où la police a reçu l'ordre de tirer sur les manifestants à balles réelles.". C'est le thème de la seconde partie du livre dans laquelle il rencontre quelques familles des victimes, apprend les conditions de leur mort, de la restitution des corps...et décrit le travail du photographe, un vieux de la vieille qui utilise encore un vieux Mamiya et des pellicules, un photographe qui pense et compose sa photo, choisit ses arrières plans, ses lumières..Pas du tout le "mitrailleur" mais le photographe appliqué qui éditera "Egypte, les martyrs de la révolution"
"La semaine des martyrs" est un livre pour nous faire vivre la genèse d'un autre livre, celui de son ami
Plusieurs rencontres, mais toujours la même détresse, la même incompréhension, la même pauvreté, les mêmes faubourgs délabrés, cette recherche incessante de Mohamed chauffeur de taxi disparu, et le même feu qui couve sous la cendre, malgré les aides reçues par les familles pour indemniser la mort de leurs enfants . Cette révolution n'a rien réglé, le mal reste le même : " des ennemis officiels qui devaient s'entendre en secret, les militaires et les Frères musulmans, les salafistes et certaines factions démocrates. [...] Et nos martyrs devenaient un peu sans cause. du moins cette cause ne suffisait pas à annoncer un monde meilleur. Ces martyrs un peu accidentels, puisque la plupart n'avaient pas milité, seraient peut-être aussi des martyrs pour rien."
Inquiétant : tout reste donc à refaire. En recherchant un mieux-être les cairotes ont peut-être fait naître le pire et permis aux islamistes d'avancer cachés.
Toute notre actualité inquiétante
Merci à Babelio pour cette découverte, de deux auteurs, de deux titres.

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Avec beaucoup de retard, voici mon avis sur La semaine des martyrs offert par Babelio et les éditions Impressions Nouvelles lors des Masse Critique de la rentrée.
Tout d'abord merci aux deux protagonistes pour cette lecture.
Nous atterrissons au Caire au côté de Gilles, dans l'odeur forte de jasmin se mêlant aux miasmes citadins. Gilles l'écrivain est venu rejoindre Denis le photographe. Son ami l'a invité à passer quelques jours dans un autre monde. Gilles est à fleur de peau, grisé par la beauté des jeunes hommes égyptiens, en particulier par leur taxi, Mohammed.
Tandis que Denis les emmènent à travers ses pérégrinations photographiques et que Gilles se perd dans ses émois adolescents, l'Egypte vibre au pas de la révolution qui s'annonce. En effet, nous sommes en 2011, la Tunisie a déjà entamé sa révolte et c'est maintenant l'Egypte qui gronde.
Pour Denis et Gilles il y a dans un premier temps un enthousiasme évident devant les foules qui se rassemblent. Il est impossible de ne pas être embarqué par un événement aussi grand et aussi fort. Mais très tôt le couperet tombe : le régime réplique à balles réelles, la ville s'embrase et les première victimes tombent... Dans l'horreur de la violence, la peur prend place, Gilles et Denis doivent partir.
Moubarak démissionne, l'armée prend les rennes le temps de la transition et peu à peu le calme revient au Caire.
Denis et Gilles sont de retour au Caire. Tous deux ont un goût de cendre dans la bouche. C'est celui de la culpabilité. le sentiment d'avoir abandonné les égyptiens à leur mort, protéger par un passeport.
Denis s'est lancé dans un nouveau projet photographique : il tient à rendre hommage aux martyrs de la révolution égyptienne. Pour cela il a besoin de la plume de Gilles qui retranscrira les histoires de chacun. Pendant une semaine, ils rencontrent les familles, s'émeuvent, s'assomment de tristesse jusqu'à n'en plus pouvoir. C'est un moyen d'exorciser le sentiment de lâcheté mais aussi de connaître, un peu mieux, les acteurs malheureux de la révolution.
Dans ce roman, on explore la face cachée d'un pays de tourisme et de rigueur. C'est d'abord dans ces fonds de ruelles ou jamais ne pénètre l'étranger. Ici ce joue le quotidien des cairotes, ici se dessine une mentalité, un mode de vie.
Puis dans l'intimité même des égyptiens, au coeur de leur foyer, au centre de leur peine. Là où la tristesse et la pauvreté ne vous feront jamais oublier de servir du thé aux invités. Là où, malgré l'humidité qui ronge les tapis, les fissures qui lézardent les murs, on est toujours digne face à l'autre.
Enfin c'est dans le discret des alcôves, dans la brume des hammam que se rencontrent les jeunes hommes qui s'aiment. Loin des regards, loin de la rigueur religieuse, loin de la punition certaine. Là enfin, ils peuvent être eux mêmes.
J'ai aimé ce livre, plus que je ne le pensais.
La première partie m'a paru longuette et ego centrée. Puis la révolution est arrivée. Enfin, on quittait cette amourette pour entrer dans des sentiments plus profonds ( à mon goût). le personnage de Gilles en devient moins superficiel, et je comprends l'ensemble des états d'âmes qu'il traverse au coeur de cette révolution, sans les avoir vécu.
Toujours est-il que la douceur d'écriture de Gilles Sebhan m'a saisi jusqu'à la fin de ma lecture. Et que ce roman a été difficile à quitter.

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J'avais quitté le Caire en musique, avec Oum Kalthoum, par le biais du beau livre dessiné de Lamia Ziadé : Ô nuit, ô mes yeux -, j'y retourne avec Gilles Sebhan, pour y redécouvrir la capitale égyptienne secouée par la révolution de la Place Tahrir, en 2011. L'auteur entremêle sa propre expérience, ses désirs, mais aussi ses peurs, dans un récit qui dessine, par touche subtile, le portrait d'une société où la martyrologie prend racine sur les cendres encore chaudes d'une révolution dont beaucoup se demande ce qu'elle a réellement changé ? "J'ai pu constater que les habitudes n'avaient pas changé", remarque Gilles Sebhan en fin d'ouvrage, "car le serveur est allé déverser un tombereau d'ordures sous la carcasse d'une éternelle voiture immobilisée et complètement rouillée. Il a poussé les ordures avec un balai jusqu'à ce que le tout ait disparu comme par magie. Ainsi allait la vie dans cette ville. On mettait quatre cuillers de sucre dans son thé. On poussait les mauvaises pensées là où elles ne pourraient pas disparaître et où pourtant elles disparaissaient et on continuait à savourer la fumée des narguilés." Son roman se distingue non seulement par le traitement délicat que l'auteur apporte à son sujet, mais aussi par une écriture à la fois discrète et néanmoins prodigue, sensuelle souvent, attachante tout le temps et incidemment mélancolique comme du Sebald. Et puis cette semaine des martyrs est aussi le moyen de découvrir le magnifique travail du photographe Denis Cailleux, ce "photographe de l'Egypte qui veut être aimée (...) Fragile et menacée, peut-être déjà mourante" (dixit Alain Blottière) ; il révèle aussi le Caire sous un aspect peut-être plus interlope, du moins inédit, certainement plus proche, palpable, pour le lecteur, que ne pourra jamais le ressentir un touriste sur place... Il y a une différence entre perdre et gâcher son temps : le gâcher serait donc de le consacrer à une frange de livres surmédiatisés et probablement surestimés de cette rentrée littéraire, alors que dans le cas de cette Semaine des martyrs, l'ouvrage fait partie de ceux qui, pour reprendre les mots de Mircea Eliade, "nous obligent à perdre notre temps d'une manière intelligente."
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Le narrateur rejoint Denis, un ami, photographe, en visite au Caire quelques semaines avant les événements du "Printemps Arabe". Alors que ce dernier capture en images le véritable visage de la capitale, l'écrivain, à travers ses désirs, découvre la jeunesse égyptienne et toute une société qui espère le changement. Dans la deuxième partie, l'auteur laisse la parole aux famille des martyrs : les conditions de leur mort, le rapatriement de leurs corps. Il décrit également le travail de son ami photographe, qui loin de l'image de la presse à sensation, s'applique, lui, à saisir la réalité de manière artistique.
Même si j'ai aimé le thème du livre, j'ai trouvé certains passages brouillons. Je n'ai pas été vraiment réceptive au style d'écriture. Une autre fois peut-être !
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Dans son dernier roman, Gilles Sebhan nous relate son séjour au Caire en 2011. La capitale égyptienne est en pleine tourmente et l'auteur assiste aux balbutiements de la révolution contre Moubarak.
Denis Dailleux, photographe français vivant au Caire va servir de cicérone à Gilles. L'auteur est très attiré par Mohamed, son chauffeur de taxi mais celui-ci va disparaître du jour au lendemain. L'auteur nous propose à travers la recherche de cet amant disparu une enquête sociologique visant à s'intéresser à l'ensemble des martyrs de la révolution ....
Cet ouvrage permet aussi de comprendre la façon de travailler de Denis Dailleux qui avait sorti pour l'occasion un magnifique livre de photo : "Egypte, les martyrs de la révolution" 9782367440453
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Il y a un trouble très particulier à déboucher dans un paysage parfaitement inconnu, à peine nommé, pas du tout envisagé et jamais repéré sur une carte, un paysage qui n'a pas eu le temps de se former dans l'imaginaire avant d'être modifié par la vision instantanée, la rencontre avec le réel. Ce paysage urbain du Caire, chaque fois que nous avons abordé à un nouveau quartier, à un nouvelle famille, à un nouveau martyr, m'a été révélé au moment où il surgissait pour moi. Cette immédiateté paraissait troublante, non pas à cause de la nouveauté ou de la surprise, mais parce que chaque fois j'y reconnaissais malgré tout la ville, une seule et même ville, une cohérence là ou mon expérience n'était qu'une suite de fragments. Le trouble, c'était celui de constater à chaque fois à quel point mon esprit tentait de mettre de la cohérence dans tout, et au fur et à mesure de la semaine folle que nous avons passé à approcher une douleur qui ne nous regardait pas, c'est le même trouble que j'ai ressenti à vouloir mettre en rapport des morts qui pourtant ne s'étaient jamais rencontrés."
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Quelqu'un que j'avais connu et aimé avait disparu dans le cataclysme de la révolution.
Comment pouvais-je savoir si le téléphone avait sonné dans le casier de la morgue, dans le tiroir d'un buffet du salon parental ou bien si la ligne avait été seulement désactivée.
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Le meilleur commentaire, et le meilleur extrait se sont les photos de Denis Dailleux.
Si vous êtes curieux, vous pouvez découvrir son travail en suivant ce lien : http://www.denisdailleux.com/index.php?/albums/the-martyrs-of-the-revolution/.
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Je pense qu'il serait un amant parfait. Il est doux, touchant, extrêmement intelligent, autant de qualités qui font qu'un monstre handicapé de l'affect tel que moi ne pourra jamais l'approcher et en faire son petit ami.
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