Je m'attendais à une biographie romancée de l'auteur. Il s'agit plutôt de trois destins placés sous le patronage de Kafka que nous suivrons au-delà de la mort de l'écrivain.
Ces personnages ont vécu et nous en retrouvons la trace dans la correspondance de kafka pour deux d'entre eux :
Il y a Ottla, la soeur de Kafka à travers le regard de laquelle est racontée l'entrée des nazis à Prague.
Il y a aussi Robert Klopstok, ancien patient du sanatorium fréquenté aussi par Kafka. Devenus amis, Klopstock devient un grand médecin, il assiste Franz dans ces derniers instants, tout comme Dora Diamant.
Elle est la dernière compagne de Franz. Klopstock en tant qu'ami de Franz échange avec Klaus et
Thomas Mann, et rencontre Zweig.
Nous n'avons actuellement pas trace de la correspondance entre Kafka et Dora Diamant, car lors d'une descente, la Guestapo a récupéré la fameuse valise où Dora avait conservé les écrits de Franz qu'elle avait nié avoir en sa possession quand
Max Brod l'exécuteur testamentaire les lui avait demandés (info veridique).
Malgré son rôle central de "traître au testament" concernant la postérité de Kafka,
Max Brod reste secondaire dans le récit. Kafka voulait que son ami brûle tout. Aujourd'hui si son oeuvre est devenue ce qu'elle est, c'est parce que
Max Brod a trahi la volonté de Kafka.
Je me suis donc demandé plusieurs fois quelle était la finalité de ce livre , la frontière entre la vérité historique et la fable étant ténue. Je regrette néanmoins une certaine inexactitude dans la chronologie de certains événements cités et facilement vérifiable.
J'ai abandonné l'idée même de définir ce récit que j'aurais davantage apprécié en un recueil de nouvelles au titre moins racoleur, car, si Franz est une figure tutélaire, il n'est pas le coeur du propos qui selon moi se trouve plutôt dans ces trois personnages devenus indésirables, apatrides, en quête de sens dans un monde à la logique humaine abolie.
Mon passage préféré est pure fiction. Il s'agit de Dora qui se sauve d'un interrogatoire du renseignement soviétique en évoquant le procès de Kafka, complètement Kafkaïen.
Le récit est inégal quant à l'intérêt et au style. Il manque d'inventivité et de surprise chères à Kafka. Quelques moments forts portent l'histoire heureusement, l'envie de se plonger dans les journaux et la correspondance de Kafka vissée au coeur.