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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Laurent Seksik a commencé sa vie professionnelle comme médecin. Il s'est ensuite lancé en littérature, écrivant un roman à succès, l'adaptant au théâtre, puis animant une émission littéraire. Un jour, il a fallu choisir, médecine ou littérature. Ce fut médecine et littérature : la radiologie dans le Midi de la France et, en même temps, l'écriture d'une dizaine de livres. Parmi ceux-ci, plusieurs biographies romancées de grands artistes ou scientifiques du vingtième siècle, nés en Europe de l'Est et de confession juive : Stefan Zweig, Albert Einstein, Romain Gary, et désormais Franz Kafka.

Il ne faut pas prendre au pied de la lettre le titre, Franz Kafka ne veut pas mourir. Dans une première partie, le livre relate les dernières semaines de l'écrivain en 1924. Né à Prague quarante ans plus tôt, il est en phase finale d'une tuberculose généralisée. Il en est atteint depuis sept ans et elle le fait souffrir à un point tel, qu'il implore son médecin traitant : « tuez-moi sinon vous êtes un assassin ! » Morphine et débat sur la fin de vie, il y a quasiment cent ans !

Une fois Kafka mort, l'auteur s'attache aux destinées de trois proches : sa soeur Ottla, avec qui il avait entretenu une relation très affective ; une jeune comédienne polonaise, Dora Diamant, qui fut sa compagne des derniers mois ; un étudiant en médecine hongrois, Robert Klopstock, qui à défaut de pouvoir le guérir, s'efforça de soulager ses douleurs pendant son agonie. Tous trois avaient été très attachés à Franz Kafka, s'avouant fascinés par son brio intellectuel, séduits par sa sensibilité et éblouis par ce qu'ils avaient lu de lui.

Leur identité juive les confrontera à la montée du nazisme, qui infectera peu à peu la Mitteleuropa et ses quatre métropoles, Berlin, Vienne, Prague et Budapest. Viendront ensuite la Seconde Guerre mondiale et les massacres génocidaires que l'on sait. Il fallait survivre ! Ottla Kafka n'y parviendra pas. Vingt ans après la mort de son frère, elle sera gazée à Auschwitz, s'étant sacrifiée auprès d'enfants déportés. Dora Diamant, restée fidèle au souvenir de Kafka, échappera par miracle aux traques nazies, puis, après s'être réfugiée à Moscou et s'y croyant en sécurité, aux purges staliniennes. Robert Klopstock parviendra à embarquer pour l'Amérique, où il deviendra un brillant chirurgien spécialiste de la tuberculose.

Au plus profond d'eux-mêmes, Ottla, Dora et Robert garderont l'impression d'une présence de l'écrivain décédé. Ils voudront faire vivre sa pensée, en diffusant, traduisant, commentant ses textes au fur et à mesure de leur disponibilité. Car Kafka, qui se voulait écrivain, n'avait presque rien publié de son vivant. C'est à un autre proche, Max Brod, qu'il devra sa notoriété posthume. Bien que Kafka lui eût demandé de brûler l'ensemble de ses manuscrits après sa mort, cet homme de lettres, ancien condisciple, considéra que son devoir était de faire connaître l'oeuvre et la vision prospective de son ami. Il publiera notamment le Procès, son roman le plus célèbre et le plus emblématique.

Dans le Procès, comme dans la plupart des romans et des nouvelles de Kafka, le personnage principal est un homme solitaire immergé dans un univers mystérieux et oppressant, où il se sent coupable, sans avoir la moindre idée de la faute qu'il aurait commise. Il se débat en vain, sachant qu'il ne peut rien espérer, car rien n'a de sens dans un monde absurde au point d'être par instant grotesque. Une vision prémonitoire des atmosphères hitlériennes et staliniennes !

La lecture de Franz Kafka ne veut pas mourir est très intéressante. Elle apprend et clarifie beaucoup de choses. Mais malgré sa tournure narrative romanesque, c'est du sérieux, on rigole pas ! Un livre pas vraiment distrayant !

Une exception, que j'ai trouvée jubilatoire : l'interrogatoire de Dora à Moscou par un enquêteur obtus et vicieux du NKVD, la redoutable police secrète soviétique. Prompt à reconnaître coupable et à condamner l'ancienne compagne d'un écrivain prétendu « petit-bourgeois », le médiocre inquisiteur découvre stupéfait que Kafka avait décrit avec douze ans d'avance le régime judiciaire pervers dans lequel il officie. Une façon de démontrer par l'humour le pouvoir d'un talent visionnaire !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Franz Kafka ne veut pas mourir, mais , hélas, la tuberculose a raison de lui.
Son entourage veut que son oeuvre vive éternellement, que ce soit Robert Klopstock, médecin et ami, Max Brod, son ami, Dora Diamant, son dernier amour ou Ottla, sa soeur.
La vie de Kafka est vue au travers du prisme de ses proches. Il a eu la chance, si l'on peut dire, d'éviter les violences inouïes perpétrées par les nazis à l'égard des juifs.
Et son oeuvre perdure.
Très intéressant.
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Se sachant condamné par la tuberculose et à la veille de s'éteindre en juin 1924, Frantz Kafka avait réaffirmé son désir que soient brûlés tous ses textes non publiés. Une dernière volonté non respectée, on le sait et une mort prématurée qui laisse finalement aux autres - lecteurs, traducteurs, critiques, intellectuels en tous genre - la charge de présenter voire expliquer son oeuvre. J'ai cru voir là le coeur du roman de Laurent Seksik qui donne la parole à trois personnages parmi les plus proches de l'écrivain et met ainsi en évidence un Kafka quelque peu idéalisé par leurs regards respectifs.

Robert Klopstock est un jeune étudiant en médecine féru de littérature lorsqu'il rencontre Kafka dans l'établissement où il vient soigner sa tuberculose. C'est lui qui l'accompagnera tout au long de sa pénible agonie quelques années plus tard, tout comme il soutiendra moralement Dora Diamant, la dernière compagne de Kafka, la seule avec qui l'écrivain aura réussi à partager une véritable intimité matérielle. Enfin, Ottla, la jeune soeur de Kafka est aussi celle qui ne surmontera jamais la perte de ce frère vénéré. A sa mort, Kafka n'a publié que deux textes courts, sa notoriété est restreinte et ce sont ses amis comme Max Brod qui oeuvreront à le faire connaître. Dans ce roman, ce sont autant les personnages que l'époque qui intéressent l'auteur car la personnalité de Frantz Kafka est fortement marquée par son appartenance à ce territoire d'Europe centrale aux frontières sans cesse remises en question. Un territoire où selon les influences on peut être porté aux nues ou méprisé voire assassiné. Tout en suivant les parcours De Robert (jusqu'en Amérique où il deviendra un spécialiste réputé de la tuberculose), de Dora (que de péripéties !) et d'Ottla (qui sera assassinée dans un camp), l'auteur orchestre le débat autour de l'oeuvre de Kafka au rythme des spasmes géopolitiques qui agitent l'Europe. Et j'avoue que c'est la facette qui m'a le plus intéressée, les tentatives d'interprétation et autres discussions autour de l'essence de l'oeuvre. Avec notamment une scène désopilante d'interrogatoire de Dora à la Loubianka autour du roman le Procès... Rien que pour ce passage je ne regrette pas ma lecture.

On retrouve ici des thèmes et des ancrages chers à l'auteur, sa sympathie confraternelle à l'endroit De Robert - médecin et homme de lettres - est très perceptible tout comme cette volonté de continuer à explorer l'épicentre du fracas du monde. le schéma narratif est efficace et contourne habilement l'exercice biographique pour englober un périmètre bien plus vaste. Intéressante et très agréable lecture.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Le livre est déchirant.
Pris par le récit pathétique des derniers jours de Kafka, on se dit qu'il va perdre de sa force après la mort de l'écrivain.
Sa personnalité est si attachante que tout gravite autour d'elle. Mais, une fois l'ouvrage refermé, on ressent au fond que ce que l'on vient de lire traite de tout autre chose que de l'auteur de la Métamorphose.
Ce sont finalement les destinées entrecroisées de ces juifs pourchassés et martyrisés par les nazis et les bolchéviques, parqués par les britanniques, acceptés avec conditions par les américains qui nous attristent.
C'est d'ailleurs sur ces mêmes thématiques que l'auteur construit ses romans. Rejet et exclusion de celui qui diffère par sa religion, son appartenance au peuple juif, son refus de répondre aux normes sociales dominantes, son handicap ou sa maladie. Puissance morbide du père, y compris au sein de ceux qui sont rejetés, refus de céder à l'autorité, naïveté de croire en la bonté de l'homme de quelque origine qu'il soit. Résilience toujours.
Si Kafka ne peut pas mourir, c'est bien pour nous rappeler à notre humanité, à notre tolérance.
Tout cela est bien trop viscéral et puissant pour ne pas y voir aussi beaucoup de l'auteur lui-même derrière chacun de ses personnages.
Le tout admirablement écrit.
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Laurent Seksik nous fait découvrir dans ce roman la fin des jours de Franz Kafka mais pas que.
A travers le témoignage de Dora, sa dernière compagne, c'est son oeuvre qui est révélée, et la nature de cet écrivain: sincère, et tellement attachant.
A travers le témoignage de son ami Robert (rencontré lors des soins en sana) c'est l'homme que l'on découvre, et la fidélité en amitié.
A travers le témoignage de sa soeur Ottla, son histoire familiale, complexe entre un père autoritaire et une mère très effacée.
A travers l'évocation de Kafka, Laurent Seksik nous fait entrer dans l'histoire . Nous sommes dans une Europe au bord de la guerre.
Un beau livre dense.
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Le livre s'ouvre sur l'annonce du décès de Kafka. L'auteur retrace une partie de la vie de l'écrivain au travers des yeux de son meilleur ami et médecin, son épouse et sa soeur mais il suit aussi la destinée des 3 proches de Kafka dans les années tourmentées du nazisme. Magnifique roman de Laurent Seksik.
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Très intéressant et passionnant roman qui n'est pas une biographie de kafka puisqu'il débute trois ans avant sa mort dans un sanatorium en juin 1924, lors de la rencontre entre lui et Robert Klopstock, jeune médecin lui aussi atteint de la tuberculose et qui va devenir un ami et défendeur de l'oeuvre de cet homme qui n'est plus qu'une ombre maigre lors de leur rencontre mais suffisamment encore fascinant pour graver son empreinte dans Robert.
L'auteur d'une façon très subtile, va nous parler de l'écrivain en évoquant trois personnes capitales dans sa vie, qui vont faire l'objet de chapitres alternatifs, se croiser, unissant leur destin à Franz Kafka pour toujours, car c'est plus l'implication de Franz et de son oeuvre sur la vie de ces trois proches qu'une biographie de cet auteur génial.
Robert donc, Ottla, sa soeur, si proche de lui, qui a bataillé pour que leur père, figure intransigeante, accepte le départ de Franz à Berlin, même si c'est là qu'il va contracter la tuberculose. Elle va mourir à Auschwitz avec ses deux enfants. Robert, lui avait pu partir en Amérique à temps.
Et puis Dora Diamant qui le rencontre en 1923 mais qui pourtant défendra sa mémoire toute sa vie, après avoir fui elle aussi le génocide juif de la Russie jusqu'en Suisse. Elle gardera la brosse à cheveux de Franz comme un talisman.
Et puis aussi, la terrible décision à prendre à la mort de Kafka car l'écrivain voulait que l'on brûle certains de ses écrits encore non publiés comme « le château » mais Max Brod, éditeur va prendre sur lui de garder des manuscrits et de les faire publier. Ottla va en garder, des carnets, et qui seront pris par les nazis. Mais la volonté de Kafka n'a pas été respectée…

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Merveilleux roman, très sombre mais passionnant.
Avec ce roman poignant de Laurent Seksik, j'ai découvert un écrivain français que je ne connaissais pas, et c'est un auteur de talent.
Outre les trois personnages principaux de ce roman inspiré, Robert, Dora et Otla, tous liés à Kafka de manière indélébile, la capitale tchèque est aussi très présente.
Prague est là, Kafka n'est jamais loin...
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- Eh bien, pour Brecht, le thème de Kafka, le seul thème de tous ses livres, tenez-vous bien... l'étonnement." P. 219.
Kafka raconté par sa soeur, son dernier ami et sa dernière compagne dont les vies ont été influencées voire consacrées à l'oeuvre de ce grand écrivain aux textes si... étonnants.
Il manque cependant un peu de chair kafkaïenne au récit qui parfois tombe dans une litanie sur la perte de Kafka.
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