Le dessinateur
Jean-Jacques Sempé, l'orfèvre d'une poésie tendre, disparu en aout dernier, a enchanté le monde avec ses dessins drôles et poétiques, publiés dans la presse et rassemblés dans des albums.
"
Garder le cap". Sous la plume de
Sempé, il y a un peu d'ironie dans cette formule offensive. Car, on le sait depuis un demi-siècle, ses petits bonshommes sont pleins d'espoirs et de projets que, sans doute, ils n'ont jamais réalisé et ne réaliseront jamais. C'est ce qui les rend si humains et attachants.
Sélection de planches parues dans le magazine depuis les années 1990, ce recueil, le dernier publié par l'auteur de son vivant, montre à nouveau combien l'art de
Sempé, alliant fausse simplicité et vraie précision, est indémodable.
Tournant en dérision les travers de ses contemporains, leurs grandes espérances et leurs petites vanités, l'artiste sait aussi avoir de la tendresse pour leur incompréhension du monde et leur détresse existentielle telle cette vieille dame qui allume un drôle de cierge avec un noeud au milieu, dans une église, en avouant : "J'ai acheté ça dans un magasin rigolo, mais c'est uniquement pour que cette fois on n'oublie pas ma requête"
Sans doute, ce sont d'ailleurs ces illustrations sur la religion qui sont les plus droles, celles qui mettent en scène de fantaisistes bigotes aux dialogues savoureux: «Que vous n'existiez pas soit. Mais à ce point, c'est indécent», lance l'une d'entre elles au Seigneur.
On se rend compte ainsi à quel point La drôlerie, la tendresse de
Sempé viennent tout autant de son trait à la finesse unique que de ses légendes qui, elles cultivent le contraste et l'absurde!
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