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Citations sur Oeuvres poétiques (53)

À LA POINTE DE L'AUBE

1
La rougeur sur l'îlot et le blanc indicible
De la dernière étoile dans le premier matin,
La mer prise de chair de poule et raclant au métronome
ses os,
Le noir qui cède au bleu, le bleu qui cède au jaune,
De ce balcon où l'univers m'impose l'harmonie,
À travers tempêtes, microsillons, désordres,
En cette saison où les autobus déversent leurs corbeilles
d'adolescents dorés,
Face aux navires qui croisent vers le nord,
Je m'enracine et règne.

2
Entre bleu et blanc tout est blanc.
Ou noir.
Les mouettes, par couples, approchent.
Mais avant la jubilation
Le silence, sec et friable.
Blanc. Noir. Blanc. Un ongle. Pupilles envahies. Tendresse.
Déjà les violentes cymbales
Interrogent le cœur.

21 juillet 1966
p.460
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PROPRIÉTÉS

Ce que tu prends aux autres tu ne te rends pas compte à
quel point c'est à toi.

p.739
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LOUANGE

LE POÈME AU GUÉ DE JABBOK

Mot à mot, silence à silence,
De la touffe opaline à la dure vertèbre,
Ma page tu la connais.

Poussière dispersée, famine en tourbillon,
La trompette sonnera une seule fois,
Ma page sera sous ton regard.

Tous les plaisirs du Môle,
Ta salive dans l'herbe,
Un radar dans les oxalis,
Le sillage d'un ongle dans le pelage d'un fennec,
Un clou de girofle, un peu d'écume à mon balcon,
D'une seule lecture dans la page.

Cette stèle de graffiti,
Cette nuit d'interrogations,
Cet œil de cyclope, ce gouffre de jade,
Tandis que sonnera une seule fois la trompette.

Lumière réfractée en son propre soupir,
Mésange sur la plaie diluvienne. Quel Ange
Frappe une fois de plus à la hanche celui
Qui osa arracher à ses ailes une plume
Pour achever la Création ?

p.506
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L'AUBE NETTE
à Jean Cayrol

Voici le matin
le goût du levain
qui ne monte pas
l'anis du journal
le lin vertébral
la mort à l'étroit

Voici les chevaux
qui ruent vers les plages
l'exil qui commence
entre les draps

La promesse un caillou
voici les genoux
que Dieu ne lie plus
pas même un hibou

Voici la parole blanche
quelqu'un qui reste dans le dessin
des sèves tranchées
dans l'escalier la jeune fille
qui joue aux clés
et le café

Voici le début terrible
l'aube des nerfs sous le tramway
on ne sait pas où va la cible
quand les balles l'ont envoûtée.

p.186
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JOURNAL

J'ai visité ma maison
j'en ai vérifié les serrures
un oiseau chantait dans la cave

Quel domestique lui a crevé les yeux
quelle fille a posé sa lampe
sur une chaise pour le veiller

L'oiseau chante
et le matin se lève
dans le duvet tragique de sa mémoire.

Paris, 29 décembre 1950
(sur carton gris)
p.75
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UN POINT C'EST TOUT



p.745
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NI LE BAISER

Dans la maison lustrale
Il y a tant de graffiti
Que les murs en sont vierges
Et de nouveau la parole est possible.

Mais nous nous taisons et la mer
En nous roule, siècle après siècle,
Déchets et feux. Ce soir
Nous ne nommerons rien.

14 juillet 1966
p.455
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YA OULED

Le jour, de tout leur petit corps malingre et décidé,
ils en prennent la calque.

La nuit avec des clous,
ils forgent le soleil.

Artisans !

Enfants rouillés des bidonvilles !

p.275
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TROISIÈME POÈME ILLIAQUE

1

Tu tords ton maillot jusqu'à l'âme.
Je suis entre tes mains, ruisselant, le poème.
Et tous ces mouvements pour ajuster ton corps
Au nylon rouge, tout ce galbe
Sacralisé, immobile, éclatant,
Qu'est-ce sinon le geste du poème ?
Tes jeux, tes sauts, sur les tripodes
Gravent les syllabes essentielles.

2

Seule une caméra pourrait rendre mon art poétique :
Tes muscles, tes fous rires,
Ballet de signes sur les blocs.

3

Le Môle, mon cahier
D’où rituellement je ramène
Mon mythe : vos graphismes.

4

Contre leur morale révulsée
La gloire pudique de vos corps.

5

À chaque pore une note,
Au bout du voyage le chant.

21 juillet 1966
p.458-459


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G…

Cette prise du corps non comme une bataille
Mais comme si la mer s'engouffrait dans l'entaille
Où l'âme scintillait de girelle et d'oursin.
Et ce rêve arrondi : mon poème ou ton sein ?
Je ne sais plus. Le verbe au remblai des bavards
Est ce silence aigu de la chair en son dard.
Les murs eux-mêmes sont ce livre où tu m'inventes
Tandis qu'entre nos bras mille planètes ventent.
Je t'aime et je voudrais que les mots soient précis
Comme ta peau à l'heure où l'univers dit oui.

14 juillet 1966
p.452
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