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Citations sur Oeuvres poétiques (53)

AVANT-PROPOS

Que la poésie, ce tamaris toujours indemne qui éploie sa gracilité sur le rivage et les falaises de la mer, sa racine étroite logée dans le sol même où les restes des ouvrages fortifiés des modernes envahisseurs achèvent de se décomposer, que la poésie en cette matinée où je l'interroge, triomphe en bloc m'assurant que la puissance de ses ennemis est éphémère et leur art voué au néant, c'est assez pour que le visage souverain d'Ariel soit une fois de plus ressuscité. Doucement les tamaris s'agitent et des lèvres de lumière rose impriment ça et là le feuillage pulvérisé.
Les poèmes qui m'accompagnent ici aujourd'hui sont ceux de Jean Sénac. Ils chantent à longue voix nourrie et pure le paysage de l'atelier immense du soleil, atelier qui a la nuit pour toiture et l'homme comme exploit décevant et merveilleux. Le vent ami tourne dans mes doigts les pages du cahier où une écriture de jeune homme s'établit en poésie.

Fortifications pour vivre
RENÉ CHAR
p.21
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UNE ÎLE CONTRE LA MORT

Ces mots qui fuient à pleines dents
Sous nos baisers, toute le mer
Sur ta poitrine qui m'entraîne
Vers des bleus, des roux, des matins
Pulvérisés de duvet blond,
Ces rêves inondés de salive,
Ces Odyssée et ces Diwân, *
Ces bras comme un vocabulaire
Pour barrer la rime aux affronts,
Toutes ces voiles : tes caresses,
Mes flamboyantes, mes pudiques,
Dis-moi, ô mon amour, est-ce l'horreur vaincue ?
Est-ce la mort brisant ses frondes ?
Est-ce le poème rendu
Pour un siècle ? Pour une seconde ?

(Epais et francs comme des cuisses
Des mots qui jamais ne jaunissent.)

Pointe-Pescade, 13 juin 1966
p.441
*mot d'origine arabe désignant un recueil de poésie
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BRAHIM LE GENEREUX

à Brahim Djaballah

7

Je te chante.
La mer et la steppe.
Je chante.
Heureux qui a trouvé les lèvres
Où le mot s'embellit !

p.440
avril 1966
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BRAHIM LE GENEREUX

à Brahim Djaballah


2

Je suis irrigué de noblesse,
Le figuier répand son visage.
Citoyen du désert
il suffit que tu marches,
Je n'avais jamais vu la mer aussi bleue !

p.439 avril 1966

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POÉSIE

DIWÂN DU MÔLE

1

Mots, je vous respecte !
Compagnons de la Merci !
Poussière dans la mousson, jamais détruite,
jusqu'au jour où la demeure brille !
J'avais si peur de vous perdre !
J'avais si peur de ne plus pouvoir vivre
sans vos ridicules soucis !
J'ai pleuré, j'ai vu le soir, j'ai dit :
Terre, ne laissez pas mes grandes phrases seules…

p.225
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LES PETITES VOIX
à gérard Albertin

4

Ton corps pour ajuster exactement les heures
du jour et de la nuit
est-ce suffisant contre le malheur
et contre le bruit ?

p.192
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LA VÉRITÉ SERVANTE

Si je pars de la première
qui me comprendra
Entre la pomme et le doigt
on ne voit pas la poussière

Mais c'est elle qui me lie
à la terre d'innocence
Ma lumière la plus dense
est entre la terre et moi.

Paris, 3 novembre 1950
p.82
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Ma douleur est plane…


Ma douleur est plane.
Je m’étends sur le carrelage.

Je ferme les yeux.
Je rêve longtemps.
Ai-je perdu la raison ?
Tout en moi a la fixité géométrique
des dessins de la gargoulette.
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Le poète est combustible…


Le poète est combustible
ses poèmes ne sont que cendres exaltées
si le cœur est une cible
c’est aussi le cageot frais
des matins possibles.
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LA MALÉDICTION


Je vous aime je vous aime
je n’en finis plus de croiser vos sosies
je fais un nid avec mes peines
un herbier avec mes soucis

Dans l’attente l’amour est modèle réduit
petit moteur qui fait du bruit
mais inapte au voyage
je n’en finis plus d’aimer vos sosies

Votre nom rue dans mes vertèbres
je me retourne je dis oui
je me résigne aux joies funèbres
je n’en finis plus d’inventer vos sosies

De l’un à l’autre je suis fidèle
amour je relève le défi
Dieu nous a mis du plomb dans l’aile
sous la nuit morte l’eau sourit.
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