CHEMIN DES RONCES
II
Cette larme si terrible
que j’ai serrée dans un mot
maintenant elle déclenche
tous les jeux de l’océan
Dieu connaît le sang des choses
il séduit le naufragé
avant que j’aie dérobé
cette mémoire frivole
il avait planté un cèdre
dans mon cœur pour le nouer
Regarde ce puits confident
cette larme si terrible
ce voile de Véronique
où j’ai préservé ton nom.
CHEMIN DES RONCES
I
Mon amour mon amour
je t’appelle sans répit
je te donne des noms inutiles
des noms sans magie
des noms qui n’éclatent pas
comme un mauvais fruit
Mon amour si mal appris
mon détour ma belle eau sale
mon corsage de l’été
déserté par le désir
Tout est toujours à renoncer
à partir d’une larme
le cri de l’oiseau
l’honneur du pain bis
le fruit qui séduit
le pli de la nappe
Et toi mon amour
mon œillet de soufre
ma nuit qu’il faudrait refaire
pour donner une chance au soleil.