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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« « N'aspirez pas à être les égales des hommes » dit la Sección Femenina. On leur apprend aussi que la chasteté doit être absolue. Si une fille est surprise en compagnie d'un garçon dans un cinéma, sans chaperon, on envoie à sa famille une carte jaune de prostitution ».

Ca vous choque ? Eh bien ce qui va suivre va vous choquer encore plus. En tout cas, moi, je n'étais pas du tout au courant ! Connaissez-vous le scandale des enfants volés ? Je savais que cela existait en Amérique du Sud, mais en Espagne, non…
Or, de 1939 à 1980, les religieuses et les médecins à la solde de Franco ont volé 300 000 enfants à des « Rouges », d'abord pour les punir, ensuite pour éduquer la jeunesse dans le « bon » esprit catholique et franquiste. Tout se passait à la maternité et à l'orphelinat…

Ruta Sepetys s'est documentée de façon très précise sur l'époque franquiste où l'Espagne a été coupée en deux, où la religion gouvernait les âmes et les corps, où la Guardia Civil, les « Corbeaux », sévissait, où les pauvres étaient plus que pauvres, où les touristes n'ont été admis que fin des années 50, et pour commencer, les Américains, alliés économiques de l'Espagne.

Elle signe un roman d'une grande justesse, par l'intermédiaire d'un jeune américain, Daniel, venu avec ses parents passer un séjour à l'hôtel le plus luxueux de Madrid. Celui-ci découvrira la vraie réalité de l'Espagne des années 50, au contact de plusieurs personnes, de la femme de chambre au photographe du coin, en passant par un apprenti toréador ou une jeune religieuse de l'orphelinat « Inclusa ». Toutes ces personnes ont une très grande importance dans l'histoire, et les liens entre elles nous lient aussi de façon très progressive et convaincante.

Vraiment, ce récit est une histoire d'amour, de passion, de « toros », de religion, d'endoctrinement, de rébellion, pour la jeunesse (cela se voit au style, écrit avec des phrases simples) mais aussi pour les adultes.
Heureusement, l'Espagne a changé, mais le premier procès d'enfants volés a eu lieu il n'y a pas si longtemps, cela signifie que le passé non résolu revient toujours à la surface.
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J'adore cette autrice (ayant déjà lu deux de ses livres), alors quand j'ai vu celui-ci à la bibliothèque, je l'ai emprunté sans hésiter une seule seconde.

Nous sommes dans les années 1950. Alors que le jeune Daniel Matheson, Américain et passionné de photographie, passe l'été à Madrid avec ses parents, il découvre peu à peu le pays de naissance de sa mère sous le régime franquiste. Son arrivée dans l'hôtel Castellana lui fait rencontrer Ana, jeune fille de son âge qui travaille en tant que femme de chambre. Leur rapprochement va permettre à Daniel de comprendre les nombreux secrets qu'abritent le pays, ainsi que la peur et la pauvreté qui règnent parmi la population sous le poids de la dictature de Franco.

Pour tout vous dire maintenant : ce roman fut un gigantesque coup de coeur !!
Il confirme sans nul doute à quel point j'aime les oeuvres de Ruta Sepetys ! Après avoir lu « Le sel de nos larmes » et « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre », me voilà à découvrir un roman en 1957 sous la dictature espagnole. Et wow !! Sans exagérer, mais je crois que Ruta Sepetys est devenue une de mes autrices préférées… !

Si j'ai eu un peu de mal au début du livre car il y avait pas mal de personnages et plusieurs points de vue, j'ai cependant fini par m'habituer. Une fois que j'ai été prise dans le rythme de l'histoire, je ne l'ai plus lâché. Malgré ses quelques 550 pages, ce fut un récit pleinement addictif qui m'a complètement embarquée dans l'univers de l'Espagne de la fin des années 50.
Je n'y connaissais pas grand chose à cette période historique en Espagne, et ce livre m'a permis d'en apprendre beaucoup. C'était extrêmement intéressant et passionnant. J'ai adoré les personnages principaux que représentent Ana et Daniel, auxquels je me suis très rapidement attachée.

Je n'avais jamais entendu parler de certains faits historiques, notamment un sur lequel Ruta Sepetys se penche dans le livre : celui de vols des bébés. En effet, durant ces années sous le régime franquiste, des dizaines de milliers de bébés furent volés et déclarés morts-nés à leurs parents, pour les faire adopter par des couples franquistes… Je n'ai pas les mots pour exprimer à quel point c'est ignoble, mais je suis très reconnaissante à ce roman d'avoir pu m'en apprendre autant sur cette période.

Ce livre m'a fait ressentir énormément d'émotion. le texte est riche, travaillé, creusé. Tout y est retranscrit avec qualité, avec un style d'écriture agréable et facile à lire.

Une part de moi était frustrée à la fin. Triste. Je n'avais pas envie de finir ce livre, de quitter ces personnages. J'avais encore envie de les suivre, voir ce qu'ils allaient devenir, voir la réaction de Christina sur la vérité… Je ne voulais pas quitter l'univers de ce roman.
Et rien qu'en me rendant compte de cela, c'est une preuve irréfutable d'à quel point j'ai aimé cette lecture.

Si heureuse de l'avoir découvert, ça a été vraiment un énorme coup de coeur que je conseille à tous.tes. ♥
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Oh le retour de Ruta Sepetys tant attendu et qui explose tout sur son passage encore une fois.
Que dire à part que c'est un immense coup de coeur. Encore une fois, l'auteure nous ouvre les portes d'un pan de l'histoire, un fait divers qu'on veut garder secret. Ici, on découvre la période pendant Franco et après Franco à travers Daniel un riche américain.
Daniel Matheson, premier voyage à Madrid, aspirant photojournaliste, va ouvrir les yeux pendant ce voyage qui va changer sa vie. Une rencontre amoureuse oui mais surtout la découverte d'un pays dirigé par un dictateur. Dés les premiers chapitres, l'auteure nous met mal à l'aise et pourtant il faut tout lire pour comprendre et surtout découvrir l'impensable. Oui, en cours d'histoire, on nous enseigne le règne des dictateurs mais plus Mussolini et Hitler. On oublie souvent le généralissime Franscisco Franco et pourtant il a fait régner la terreur lui aussi.
Ruta Sepetys, encore une fois nous offre un travail de tatillon, elle pousse le bouchon très loin, jusqu'à proposer des articles de presses ou des interviews. C'est encore une fois un excellent Ruta Sepetys. Franchement, je ne vais pas en faire des tonnes mais foncez le lire et tous les autres romans de l'auteure. Il n'y a pas mieux en roman historique adolescent. Une manière douce et agréable de faire apprendre l'histoire à nos chers ados.
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Années 1950. La guerre civile en Espagne est terminée, mais avec Franco au pouvoir, les répressions contre les Républicains et leurs descendants se poursuit. Comme toute dictature, l'Espagne devient un pays fermé sur lui-même, à quelques exceptions près. Notamment les Etats-Unis qui ont assuré des contrats de forages avec l'Espagne.
C'est dans ce contexte que Daniel Mattheson, un adolescent texan passionné de photo se rend avec son père , magnat du pétrole et sa mère, une Espagnole pur sang.
Ce voyage sera donc l'occasion pour Daniel d'aller à la rencontre de ses origines, de s'exercer à sa passion mais aussi de découvrir certains secrets bien gardés et l'amour !

J'étais tombée sous le charme de l'écriture de Ruta Sepetys avec Big Easy, et ce roman ne fait que confirmer mon appréciation pour cette auteure.
Outre le gros travail de recherches qu'a nécessité ce roman et la qualité "historique" qui en découle, c'est un roman qui m'a tout simplement captivée !
Le récit est dynamique , avec des chapitres courts et beaucoup de dialogues (littérature ado oblige, certes). Ruta Sepetys, en plus de bien écrire a une écriture très visuelle qui fait qu'on vit se roman et qu'on y est très rapidement happé par le récit. Et, ce qui ne gâche rien, certains de ces personnages sont très passionnés et attachants même.

Mais au-delà de la "simple" histoire, aventure ou romance, cette histoire invite le lecteur à une réelle réflexion sur les secrets du passé et leur impact sur les générations suivantes mais aussi, à travers la création d'ados espagnols et américains, Ruta Sepetys nous fait réfléchir aux différences que créent le fait de vivre dans un pays "riche" et un pays muselé par la dictature, dans une famille aisée ou dans une famille d' "ennemis de la nation".
En bref, tout cela m'a donné envie de lire davantage de romans sur cette période et d'en apprendre davantage. Un beau bilan pour un roman ado !
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Ruta Sepetys m'émerveillera toujours. Je peux l'écrire noir sur blanc : elle devient officiellement l'une de mes auteures préférées. J'aime particulièrement son talent pour créer des univers différents, toujours ancrés historiquement, auxquels elle ajoute une bonne dose de fiction, pour nous envelopper et nous transporter dans des contrées lointaines. Elle m'avait déjà surprise dans Big easy, une histoire qui se passe dans les années 50 à la Nouvelle-Orléans, entre truands, voleurs, prostituées et racisme. Puis elle m'avait conquise avec le sel de nos larmes, une histoire très émouvante se déroulant pendant la Seconde guerre mondiale, où des réfugiés, des soldats et citoyens fuient la guerre en tentant vainement d'embarquer à bord du Wilhelm Gustloff.

Dans Hôtel Castellana, nous nous situons dans les années 1957 à Madrid, en Espagne, à l'heure du règle du général Franco. Daniel Matheson, un jeune Américain, passionné de photographies, suit ses parents à Madrid, de riches industriels venus faire affaire avec Franco et ses sbires. Ils logent à l'hôtel Castellana Hilton, où ils se font servir par Ana, une jeune femme pauvre, qui subit avec docilité la dictature cruelle de Franco.

Comme d'habitude, Ruta Sepetys ancre son récit dans le réel. Cette fois-ci, elle prend appuie dans l'Espagne franquiste, à l'heure de la dictature du général, qui gouverne son pays avec autorité et répression. Afin de christianiser le pays, l'enseignement est confié à l'église, les manifestations des langues et cultures régionales se veulent interdites, le peuple est privé de liberté, obligé d'obéir aveuglément aux directives de Franco.

L'auteure a pris plus de huit ans pour écrire ce roman. Elle s'est longuement documentée sur l'Espagne, ses pratiques, son histoire passée, présente et future, sur ses liens avec les États-Unis, n'hésitant pas à aller séjourner plusieurs fois à Madrid et à interroger patiemment des témoins de ce règne et de cette période de répression.

Elle y découvre de tragiques histoires, dont une qui sera au centre de son roman : le vol d'enfants. Durant les années franquises, près de 30 000 enfants – voire plus – sont portés disparus, retirés à leurs parents pour des raisons idéologiques. Certains sont déclarés comme mort-nés, mais placés dans des familles adoptives franquistes, dont l'idéologie est plus adéquate que celle de leur parent biologique. Retracé avec réalisme dans le livre, on se rend compte avec effroi que le personnel médical, ainsi que les religieuses, étaient de mèche avec ce trafic ignoble. Encore aujourd'hui, plusieurs plaintes ont été déposées et des procès sont en cours pour que les victimes soient indemnisées.

En outre, l'hôtel dans lequel se déroule l'histoire a véritablement existé. C'était un établissement fastueux, grandiose, qui accueillait l'ensemble des Américains venus en Espagne pour les affaires. Dans un pays qui s'isole volontairement, cette ouverture sur le monde et ce lien nouveau avec les États-Unis permettait de penser à une prochaine libération et à une ouverture des frontières.

C'est dans cet hôtel que loge le jeune Daniel, qui va lentement s'émouracher d'Ana, une belle domestique de son âge, qui prend soin de lui et sa famille durant leur séjour. Malheureusement, tout les oppose, de leur statut social à leur style de vie, de leur pays d'origine à leurs traditions. Mais quand l'amour est là, il est difficile de lui résister.

J'ai vraiment été conquise par l'histoire fictionnelle relatée par l'auteure, par son style d'écriture addictif, prenant, passionnant et surtout par l'ambiance qu'elle arrive à créer, nous projetant directement dans cet Espagne des années 1960. de part les faits historiques, mais aussi les traditions, comme la corrida, souvent abordé dans ce récit – sans pour autant que l'auteure prenne partie entre le « pour » et le « contre » de cette pratique espagnole -, les couleurs chatoyantes, les paroles, exotiques, les lieux, tantôt emblématiques ou pittoresques, qui nous immergent dans la réalité espagnole de cette époque.

Pour celles et ceux qui, comme moi, auront été conquis par cette histoire et par les faits historiques qui y sont abordés, Ruta Sepetys a rédigé, à la fin de son livre, une grande bibliographie qui l'a aidée à le rédiger. de plus, vous pourrez y trouver des explications sur certaines recherches qu'elle a entreprise, ainsi qu'un glossaire recoupant les mots espagnols régulièrement utilisés dans le récit. de quoi prolonger un peu plus longtemps le plaisir de cette histoire.

Un roman historique, qui nous plonge dans l'Espagne franquiste des années 1960. Hypnotique, épatant, puissant et terriblement émouvant, je ne peux que vous recommander Hôtel Castellana les yeux fermés !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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« La fillette lui caresse les cheveux.
- Señorita, pourquoi tu pleures ?
Puri secoue la tête et se force à sourire.
Estamos más guapas con la bocca cerreda.
C'est vrai. Nous sommes réellement plus belles avec la bouche fermée. » (Editions Folio - page 477)

Chape de plomb sur L'Espagne. Franco est au pouvoir. C'est le règne de la peur. le silence est salvateur. Mais « le silence est aussi une voix ». Une voix qui attend son heure. Comme peut l'attendre la réalisation de cette idylle impossible née entre un jeune américain fortuné et une femme de chambre de l'hôtel dans lequel il est descendu : l'Hôtel castellana.

Même si le prix en a été élevé pour les opposants au dictateur, patience et longueur de temps ont eu raison de la tyrannie. C'est l'histoire qui nous le dit. Auront-elles raison de l'obstacle à l'amour, il faut pour cela lire cet ouvrage de Ruta Sepetys. Oui, il faut lire cet ouvrage. Il est d'une justesse et une authenticité incroyables.

Cela fait déjà quelques temps que je n'avais été autant en phase avec pareil ouvrage dans mon genre de prédilection : le roman historique. J'ai rarement vu une fiction se fondre aussi naturellement dans les faits authentiques. Une fiction parfaitement maîtrisée par Ruta Sepetys. Elle parvient à susciter l'émotion sans sombrer le moins du monde dans le pathos ou la mièvrerie. le risque était pourtant grand, s'agissant d'enfants souffrant de la funeste entreprise du régime de Franco : le vol d'enfants à leurs parents républicains et leur vente à des fins de purification politique.

« Franco considère les opinions républicaines comme une maladie héréditaire, alors, pour qu'elle soit éradiquée, les enfants doivent être autant que possible élevés par des franquistes. » (page 376).

La construction de l'ouvrage est judicieuse, l'intrigue est entretenue sans aucune baisse de rythme avec ses chapitres courts et ses encarts de notes officielles émanant de différentes sources, dont des témoins de l'époque, qui viennent à l'argumentation et au rappel de la réalité. Et quelle réalité !

L'autrice réussit à auréoler ses personnages d'une forme de pureté, comme si les affres de la guerre les avaient dépouillés de leur vanité sans leur ôter leur fierté. L'intensité dramatique est empreinte de la prudence des humbles. Ça sonne vraiment juste.

L'histoire d'amour impossible qui nait entre Ana et ce client américain est traitée avec beaucoup de pudeur. La sensualité est dans les aspirations contenues. Cette histoire constitue la colonne vertébrale de l'ouvrage, elle lui confère un souffle romanesque maîtrisé qui ne vole en rien la vedette aux faits périphériques. C'est judicieusement construit.

« le peuple obéit parce qu'il est épuisé. Il y a une tension entre l'histoire et la mémoire : certains veulent désespérément se souvenir, mais d'autres veulent désespérément oublier. » (Page 375).

Histoire et mémoire, où se situe ce roman de Ruta Sepetys ? Au juste milieu serait-on tenté de répondre. L'Espagne a eu ce talent d'évoluer vers une transition douce, non revancharde, avec le retour à la démocratie à la mort du tyran. le roman de Ruta Sepetys a le génie de se fondre dans ce contexte comme il a celui de ne pas trahir l'histoire ni de pervertir la mémoire à succomber aux sirènes d'un misérabilisme racoleur.

Je salue la performance de Ruta Sepetys. Elle a su conserver recul et objectivité pour produire un ouvrage d'une grande justesse sur un sujet ô combien délicat et douloureux. En le rehaussant d'une histoire sentimentale touchante, parce que crédible et parfaitement intégrée, elle produit un très bel ouvrage fort bien écrit et construit. Je lui dis bravo.


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Nouveau roman de Ruta Sepetys, et nouveau coup de coeur. Cette autrice sort vraiment du lot ; elle parvient toujours à écrire des romans passionnants, qu'on lit d'une traite, tout en nous sensibilisant à un événement tragique et méconnu de l'Histoire... Je suis d'ailleurs ravie que la réédition d'Hôtel Castellana dans la collection Folio de Gallimard ait enfin permis de la sortir de la case "littérature jeunesse" dans laquelle elle était enfermée !

Après deux romans (Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre et le sel de nos larmes) consacrés à la Seconde Guerre mondiale en Lituanie, et un livre (Big easy) sur les Etats-Unis des années 1950, Hôtel Castellana nous embarque cette fois dans l'Espagne franquiste de l'après-guerre (en 1957), et le scandale des bébés volés. le lecteur découvre en même temps que le héros, Daniel, fils d'un magnat du pétrole américain et passionné de photographie, que la réalité du quotidien des Espagnols est loin de l'aspect idyllique officiel qui est présenté aux riches touristes... A travers plusieurs personnages autour de la famille d'Ana, femme de chambre du Castellana Hilton où loge Daniel et dont le héros tombe amoureux, on découvre avec horreur la misère et la censure dont sont victimes les Espagnols, mais surtout le vol des bébés de parents républicains, à qui l'on faisait croire que leur enfant était mort-né, pour les faire adopter contre des sommes astronomiques par des familles franquistes... On se demande comment de telles atrocités ont pu être commises jusqu'aux années 1980, à une telle ampleur, et surtout être tues jusqu'à très récemment...

Le roman de Ruta Sepetys est une pierre à l'édifice pour faire connaître cet épisode tragique de l'Histoire, d'autant que l'autrice s'est énormément documentée, comme elle nous l'apprend à la fin de l'ouvrage, et a eu besoin de huit ans pour mener ses recherches et écrire son livre. le récit est parsemé d'extraits de journaux de l'époque ou d'interviews de diplomates américains ayant travaillé en Espagne à l'époque, et la quasi totalité des lieux et des personnages mentionnés ont réellement existé, jusqu'à l'hôtel du Castellana Hilton qui donne son titre à l'édition française.

Et, comme toujours avec Ruta Sepetys, Hôtel Castellana est le genre de roman qu'on ne lâche pas tant on a envie de tourner les pages pour connaître la suite, et dans lequel on a l'impression de connaître les personnages, de vivre avec eux... C'est une lecture marquante, qui restera longtemps dans mon esprit, et que je ne peux que conseiller !
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Ruta Sepetys est décidément une auteur que j'apprécie ! Chacun de ses romans nous fait découvrir une période et des faits historiques, toujours avec un grand travail de recherche pour coller le plus possible à la vérité.
Avec Hôtel Castellana, Ruta Sepetys nous emmène en Espagne en 1957, pendant la dictature de Franco. Daniel, 18 ans, accompagne ses parents pour un voyage d'affaires à Madrid. Baigné dans la culture espagnole depuis toujours, sa mère y étant née, il arpente avec plaisir les rues madrilènes, son appareil photo à la main. Aspirant à devenir photojournaliste, il cherche toujours le bon angle de vue qui lui permettra de dévoiler en photo une vérité. Logeant à l'Hôtel Castellana, il rencontre Ana, une jeune fille de son âge travaillant comme femme de chambre. Très vite, ils se rapprochent et Ana lui fait découvrir un autre visage de l'Espagne. A travers les yeux et l'objectif de Daniel, nous découvrons donc un pays enchaîné au silence depuis la fin de la guerre civile, la pauvreté, la peur, les secrets.
Ruta Sepetys nous livre ainsi un roman passionnant et intéressant sur les heures sombres de l'Espagne. Des chapitres courts, des personnages forts et attachants, une tension qui va crescendo : un très bon moment de lecture.
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Je viens de fermer la dernière page. Quel génie cette Ruta Sepetys de clore ce roman de cette façon.
J'ai été surprise comme bien des fois durant cette lecture mais là : il n'y avait finalement plus rien à ajouter, tout aurait été mièvrerie. Bravo!
Autre surprise, les chapitres : au nombre de 149, ils s'égrènent sur deux pages et parfois un peu plus ce qui rend une lecture fluide et on peut se dire :" encore un chapitre et je ferme".
C'est un livre qui m'a été offert dans une boîte cadeau KUBE( que je recommande). Ces tois livres étaient formidables et celui-ci conseillé par un libraire m'a étonné et j'en ai reculé la lecture le plus possible. Cause : l'Espagne et Franco. Mes lectures sont plus souvent orientées nord pour mes origines mais quel bonheur d'avoir attendu car j'ai pu en profiter pleinement pendant mes vacances puisque lu en moins d'une semaine.
Cette autrice a consacré plusieurs années à achever ce roman tant les recherches sur ces tristes années de dictature méritaient d'approfondissement.
J'ai appris des éléments de l'histoire espagnole qui m'étaient inconnus et le tout bercé dans une histoire familiale complexe mais ô combien captivante pour le lecteur.
La vérité toujours la vérité.
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Il aura fallu huit années de recherches à Ruta Sepetys pour écrire ce roman. Et pourtant, à aucun moment on ne sent le poids des informations sur cette Espagne de Franco tant est subtil le lien entre Histoire et fiction.
La narration alterne les points de vue des différents personnages, côté américain et côté espagnol, dans des chapitres très courts qui font défiler les pages de ce gros livre sans que l'on s'en rende compte. "Madrid vibre d'une énergie exotique" parfaitement rendue et en même temps on sent la tension sous-jacente à la ville. Daniel le Texan découvre peu à peu ce qui fait le quotidien des Espagnols: la répression, la censure, la Guardia Civil (la force militaire aux ordres de Franco) qui patrouille en permanence... le catholicisme est la seule religion autorisée ("les protestants ou les juifs ne peuvent plus célébrer leurs offices") et l'éducation des femmes est fixée par la "Seccion femenina" ("le destin ultime d'une femme est le mariage"...). Les spécificités locales sont bannies ("Les Catalans ou les Basques n'ont pas le droit de parler leur langue") et mieux vaut ne pas se faire soupçonner d'appartenir au mouvement républicain... de toute façon, ce qui prévaut dans le pays, c'est le silence: rien ne doit transparaître de la vie en Espagne aux étrangers américains.

Ceux-ci sont concentrés dans l'hôtel Castellana Hilton, le premier autorisé par Franco: "L'Espagne a besoin d'argent et d'investissements étrangers". le père de Daniel est un magnat du pétrole venu signer un important contrat. Ces relations commerciales américano-espagnoles seront longtemps discutées: n'étaient-elles pas une façon de soutenir la dictature, voire de la prolonger? Les diplomates américains avaient-ils conscience de ce qui se passaient intra muros à l'époque? Pas l'opinion publique en tout cas. Passionné de photographie, Daniel va s'évertuer, malgré les nombreux obstacles, à dévoiler la réalité du pays à travers ses photos puisque "la liberté de la presse n'existe pas ici". Très différent de son père, le jeune homme délaisse les conventions liées à son statut (avec son jean, ses bottes et sa boucle de ceinture, il a l'air d'un authentique cow-boy), tente de s'immiscer au coeur du peuple, de libérer la parole, d'étioler les secrets.

Il fait la connaissance de la belle Ana et de sa famille, à travers lesquels on effleure mille et une facettes de ce Madrid des années 1950. Rafa et les abattoirs, Fuga et les corridas, Puri et l'orphelinat ("On murmure que des bébés disparaissaient..."), Julia qui s'efforce de faire vivre sa famille depuis que ses parents républicains ont été tués... La dure réalité est dévoilée par bribes tandis que de leur côté, les jeunes Espagnols prennent conscience "des restrictions qu'ils subissent et qu'il pourrait en être autrement". "Enchaînés à la pauvreté et au silence", Ana et les siens ne peuvent accéder au bonheur que Daniel voudrait tant leur apporter.

La dernière partie est particulièrement romantique. Près de vingt ans ont passé, Franco est mort et "les choses ont changé". de retour à Madrid, Daniel revient sur les mêmes lieux gorgés de souvenirs et qui réveillent en lui des émotions enfouies. Que sont devenus ses amis d'autrefois? Est-il encore possible d'espérer la vie dont il rêvait maintenant que le pays "se transforme peu à peu en démocratie"? C'est la dévouée Puri qui aura le dernier mot: oui, il est temps pour tous de "briser la chaîne du silence", de laisser éclater "la vérité qui nous libère tous".
Lien : https://www.takalirsa.fr/h%C..
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