Nouvelle classée « noire » et pourtant assez marrante, dans laquelle Sepulveda égratigne les clichés autour de l'immigration.
Le narrateur, un journaliste chilien installé à Hambourg, est appelé à reconnaître un corps dans les locaux de la police allemande. le pauvre bougre n'a aucun rapport avec la victime, à part leur pays d'origine, pourtant les inspecteurs le suivent de près, soupçonneux…
Et si ça vous paraît un peu rapide, voir raciste, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Car Sepulveda n'épargne personne, singeant à son tour les images stéréotypées qu'on a de l'Europe du nord, à base de déco Ikea, de ficus en pot, de ciels pluvieux et de café estampillé équitable.
Une très courte histoire dans laquelle l'auteur, un brin espiègle, ne laisse rien au hasard, jusqu'au choix du film vu par les personnages : un Almodovar, le plus sensuel des réalisateurs latins, dans un combat iconique entre talons aiguilles et semelles en liège de claquettes Birkenstock.
Finalement le noir est une excuse assez efficace pour dire tout autre chose, à la manière intelligente et drôle qu'on connaît du philosophe.
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Les flics sont très incrédules, surtout en face des tristes vérités d'un type dont l'unique aspiration est de vivre tranquille aux pauvres perspectives du présent, car le passé et toute sa splendeur est resté définitivement derrière lui et que l'avenir ressemble aux paris sur les courses de chevaux où tout dépend du vent, du terrain, de la boue, et plus que tout des joueurs qui parient gros. Il n'y a pas de vainqueurs naturels, mais des premières places décidées dans l'ombre. Les courses de chevaux sont truquées comme la vie, et il ne nous reste plus qu'à danser sur la musique de ceux qui paient l'orchestre.
... mais cela n'avait plus aucune importance car entre elle et le temps s'ouvrait un vide d'indifférence totale.
Meier avait l'air agressif et j'avais peur pour mes os. Je n'aimais pas du tout être assis là, avec la certitude de vivre un temps volé qui ne m'appartenait pas, totalement étranger à celui auquel nos vies quotidiennes donnent un sens et qui, lui, nous appartenait vraiment.
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler