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sur 5066 notes
Luis Sepúlveda a grandi et milité pour que triomphe la démocratie avec Salvador Allende mais il a ensuite connu toutes les souffrances, les malheurs et l'exil lorsque la dictature s'est imposée avec force et violence. Tous ses livres témoignent peu ou prou de ce qu'il a vécu car il excelle à nous faire vivre au coeur de cette Amérique latine si diverse et si riche de contradictions.
"Le vieux qui lisait des romans d'amour" est son premier roman. S'il y décrit bien la vie des indiens Shuars, c'est qu'il a vécu une année entière avec eux. L'action se passe à El Idilio, village créé de toutes pièces en Amazonie équatorienne. Nous faisons d'abord connaissance avec un dentiste qui ne connaît que l'anesthésie verbale… et vient sévir deux fois par an sur place. Il arrache les chicots des autochtones pour leur vendre des dentiers.
Le maire du lieu, surnommé la Limace, ne brille pas par sa clairvoyance et son sens de la diplomatie. Lorsqu'apparaît le premier cadavre d'un homme de 40 ans, blond et fort, chassant hors saison, il ne sait qu'accuser les Shuars.
Un homme a le courage de s'interposer, José Antonio Bolivar Proaño. Lors de chaque passage, le dentiste lui donne deux romans d'amour confiés par Josefina, une prostituée de Guyaquil. « Antonio savait lire mais pas écrire… Il lisait lentement, avec une loupe, bien le plus précieux… Juste après le dentier. »
Avec sa femme, ils avaient fui en Amazonie, à El Idillo où les conditions de vie sont horribles. Grâce aux Shuars, Antonio avait appris à chasser, à pêcher, à construire des cabanes, à distinguer les bons fruits, bref à vivre avec la forêt. Il les décrit ainsi : « sympathiques comme une bande de ouistitis, bavards comme des perroquets saouls et hurleurs comme des diables. »
Hélas, le déboisement fait fuir les Shuars. L'alcool et les chercheurs d'or causent des ravages. Antonio essaie de mettre des limites à l'action des colons puis il découvre qu'il sait lire : « Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. » Ainsi, il lit les noms de villes comme Paris, Londres, Genève mais préfère les romans d'amour.
La suite nous emmène au coeur de la forêt pour tenter de mettre hors d'état de nuire une ocelote, « grand chat moucheté, pas la force des jaguars mais une intelligence raffinée », qui tue pour venger la mort de son compagnon abattu par un gringo. La lutte est intense, pleine de rebondissements et de suspense.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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premier coup de coeur de l'année 2016.

Je ne connaissais de cet auteur que quelques extraits issus de manuels scolaires, et ils m'ont donné envie de lire le roman dont ils étaient issus.

Quel bonheur de se laisser porter par cette écriture si belle et sans fioriture, à l'image de ce vieil homme, Antonio José Bolivar. C'est un ancien colon qui ne fait plus qu'un avec la forêt amazonienne au coeur de laquelle il vit. Il l'aime la respecte la vit, grâce au peuple des indiens Shuars, qui vivent en communion avec elle. « Ces sauvages qui vivent tout nus », selon les colons, sont pourtant ceux qui ont raison !

Ce livre, écrit par Sepulveda en hommage à son ami Chico Mendes, défenseur de la forêt amazonienne, mort assassiné, est un hymne à la nature préservée. Pas une nature gentille et domestiquée, non, car ici la forêt est un personnage à part entière, elle vit, elle croît, elle se bat contre les hommes qui ne la respectent pas.

Magnifique petit (121p) livre, que je ne peux que recommander.
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« Antonio José Bolivar Proaño savait lire, mais pas écrire.
[…]
Il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s'il les dégustait, et, quand il avait maîtrisé le mot entier, il le répétait d'un trait. Puis il faisait la même chose avec la phrase complète, et c'est ainsi qu'il s'appropriait les sentiments et les idées que contenaient les pages.
Quand un passage lui plaisait particulièrement, il le répétait autant de fois qu'il l'estimait nécessaire pour découvrir combien le langage humain pouvait aussi être beau. »

Le vieux qui lisait des romans d'amour, Luis Sepúlveda @editionspoints @luissepulveda54

Parler de ce roman, c'est avant tout parler de beauté, une beauté innocente et douce qui vient murmurer à votre âme et vous toucher là où ne vous ne vous y attendiez pas… elle vous prend par surprise, touchante et éclatante, vibrante et émouvante!

« C'était l'amour pur, sans autre finalité que l'amour pour l'amour. Sans possession et sans jalousie.
- Nul ne peut s'emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s'approprier le bonheur de l'autre au moment de l'abandon. »

Beauté du langage, mais aussi de l'histoire et des personnages, du cadre enchanteur: la forêt amazonienne!

« C'était, dans l'obscurité, le bruit de la vie. Comme disent les Shuars : le jour, il y a l'homme et la forêt.
La nuit, l'homme est forêt.
Il l'écouta avec plaisir jusqu'à ce qu'il s'éteigne. »

Le protagoniste apprend au contact de la forêt et d'un de ses peuples autochtones: les Shuars.

« C'étaient les Shuars qui, pris de pitié, s'approchaient pour leur tendre la main.
Ils apprirent d'eux à chasser, à pêcher, à construire des cabanes qui résistent aux tempêtes, à distinguer les fruits comestibles des vénéneux; et surtout, ils apprirent l'art de vivre avec la forêt. »

À travers ce récit d'apprentissage et d'initiation, l'auteur transmet un message de paix et d'harmonie, de respect de la nature et de ses peuples autochtones, du respect de sa place dans le grand tout de la vie…

« Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites a l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette oeuvre maîtresse de l'homme civilisé: le désert. »

Ce court roman est bien plus riche en quelques pages que mille autre livres!

Le récit est simple dans sa prose, mais immersif et sublime à la fois… la nature prend vie sous nos yeux, l'équilibre avec la Terre Mère se manifeste comme une évidence et l'on ressort de ce livre avec un sentiment d'humilité mais aussi un profond attachement à la Mère Nature qui donne la vie et la reprend…

Sachons préserver la beauté et la diversité de notre belle Terre 🙏🏼
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Un livre tout simple qui a reçu deux prix littéraires : celui des relais H à vocation populaire, plus destinés aux livres des librairies de gare, et celui, plus élitiste de France Culture. Sans doute parce qu'il plait à tous
Antonio José Bolivar est un vieil homme confronté aux difficiles conditions de vie rencontrées en Amazonie, des conditions qui ont perdu son épouse, et qu'il arrive à les surmonter grâce à ses amis, les indiens Suars. Ceux- l'accueillent auprès d'eux depuis plusieurs années.
Ils lui apprennent comment vivre au sein de ce territoire en le respectant, en respectant les animaux, en prélevant juste le nécessaire pour manger. Pourquoi tuer si nous mangeons pas la viande de l'animal ? Pourquoi tuer pour une peau, si celle-ci une fois tannée peut faire plusieurs générations? le livre fait encore plus écho aujourd'hui avec nos préoccupations environnementales
C'est aussi histoire de la traque d'une femelle ocelot, devenue tueuse d'hommes depuis qu'un chasseur a tué ses petits pour leurs peaux. Une histoire qui se déroule semble-t-il au cours des années 1960, le transistor à piles est mentionné..., c'est le moment où l'Amazonie commence à être défrichée pour développer des cultures de soja pour nourrir notre malbouffe.
Les gringos arrivent, ne respectant rien... opposition naissante de deux conceptions du monde...
Depuis qu'il a découvert les livres, le vieil homme en cherche toujours un pour l'avoir à portée de main :"Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire. Mais il n'avait rien à lire"
Un livre très agréable et rapide à lire, regorgeant de petites phrases, clins d'oeil d'humour, de prises de position de l'auteur, chargées d'émotions.
Un livre qui, sans aucun doute fait écho à des expériences de vie de Luis Sepúlveda; Il dut s'exiler face aux menaces qui pesaient sur sa vie, du fait de son opposition à la dictature chilienne..il passa ainsi une partie de sa vie dans la forêt amazonienne dans un hameau d'indiens Suars. Renseignements pris, il lui fallu dix ans pour l'écrire et pendant son séjour en Amazonie, il y rencontra fortuitement un vieil homme blanc vivant seul
Je ne connaissais pas Luis Sepúlveda... je suis devenu fan...et aujourd'hui, alors que je viens d'apprendre son départ, je le pleure et je me rends compte que jamais je n'ai pris le temps de commenter ce livre, son plus connu.
Je vais le relire..mais peut-être (certainement même) ai-je été trahi par ma mémoire..
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Plus qu'un roman , c'est un hymne à la nature que cet ouvrage ; on regrette juste qu'il soit trop court !
Ce vieux qui a appris à lire tout seul est friand des romans d'amour qu'il lit et relit à haute voix . Il a longtemps vécu chez les indiens et connait bien leurs us et coutumes ; aussi , lorsque le cadavre d'un blanc est retrouvé dans la forêt amazonienne , il sait que ce n'est pas l'oeuvre des Shuars mais bien la marque d'un félin en colère .
C'est un pur plaisir de voyager dans la forêt , de vivre au milieu des singes , des chauves-souris , de pleurer avec ce félin qui a perdu ses petits et son mâle , de découvrir la vie des chercheurs d'or , la sagesse des tribus indiennes

On navigue entre le passé et le présent et on découvre ainsi la vie de Antonio José Bolivar .
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Voilà, tout est dit dans le résumé de l'éditeur.
Luis Sepúlveda nous offre une galerie de personnages secondaires très riches, surtout le maire, surnommé la Limace, qui, d'emblée, m'a fait penser au sergent Garcia de Zorro ! (je me suis guère trompée, au vu des images du film)
Le dentiste, plutôt arracheur de dents, ami du Vieux et son pourvoyeur de romans d'amour. Attention, pas des romans à l'eau de rose, mais des romans d'amour, des vrais qui lui donne une pute de ses connaissances. « le roman commençait bien. "Paul lui donna un baiser ardent pendant que le gondolier complice des aventures de son ami faisant semblant de regarder ailleurs..." Il était clair que ce n'était pas un individu recommandable... Ce début lui plaisait. Il était reconnaissant à l'auteur de désigner les méchants dès le départ. de cette manière, on évitait les malentendus et les sympathies non méritées. »
Les Shuars, peuple amazonien que le Vieux a côtoyé et plus, même s'il ne sera jamais des leurs. Cette peuplade vit dans des contrées de plus en plus reculées « D'énormes machines ouvraient des routes et les Shuars durent se faire plus mobiles »
Et puis, il y a les colons « Les colons, attirés par de nouvelles promesses d'élevage et de déboisement, se faisaient plus nombreux » « Et surtout se développait la peste des chercheurs d'or, individus sans scrupules, venus de tous les horizons sans autre but que celui d'un enrichissement rapide ».

Un livre faussement naïf où Luis Sepúlveda dénonce les effets négatifs de la colonisation, de la déforestation, de la politique bananière. C'est un hommage aux peuples primitifs, à la nature. J'ai aimé Antonio José Bolivar Proaño qui préfère lire plutôt que parler, qui enlève son dentier lorsqu'il n'a plus rien à dire « Antonio José Bolivar ôta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d'or, tous ceux qui souillaient la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d'un coup de machette, s'y appuya, et prit la direction d'El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes. »

J'y ai retrouvé cette amitié désintéressée, l'apprentissage d'une autre culture, la différence acceptée que j'avais apprécié dans « Histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à parler ». Je vais continuer un bout de chemin avec cet homme-là.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'ouvrage est (très) court, mais le récit est puissant et intelligent. Il propose de s'arrêter un instant sur l'attitude de l'homme face à la grandeur de la nature, de la faune et de la flore, et de la forêt Amazonienne plus particulièrement. le tout est proposé avec humour et tendresse, en suivant les pas d'une expédition à la recherche d'une bête folle à abbatre. Dans ce face à face de l'homme et de la nature, on finit par se demander de quel côté est l'humanité. La bête folle de rage et d'amour ? Ou l'homme apeuré, âpre au gain, assoiffé de sang ou de pouvoir ? Bien sûr, notre vieil homme qui lit ses romans d'amour est aussi notre passeur, notre sauveur, celui qui devient le trait d'union dramatique entre ces deux abîmes.
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Ce livre est un enchantement.
C'est un vieux qui aime les romans d'amour bien tristes et douloureux mais qui finissent bien. Il lit pour fuir la barbarie des hommes qui dévastent les forêts et massacrent les espèces animales. Luis Sepúlveda a écrit cette fable en hommage à son ami Chico Mendès,grand défenseur de la forêt amazonienne assassiné en 1988.
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Il est très rare que je relise un livre, mais je viens de finir la relecture du Vieux qui lisait des romans d'amour. Quelle histoire ! Quelle écriture !
J'ai aimé me plonger en pleine Amazonie là où certains humains savent faire corps avec la nature, avec le règne végétal et animal, là où certains humains savent ce que veut dire aimer, respecter, vivre et mourir.
Ce texte flamboyant sait rappeler au lecteur l'essentiel : si l'amour guidait toutes nos décisions, le monde d'aujourd'hui serait probablement meilleur pour chacun d'entre nous, planète comprise.
En matière de littérature, le face à face entre le vieux et le fauve est un concentré d'émotions exceptionnel.
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Superbe histoire comme toujours avec Sepulveda, pleine de poésie. Comment lutter contre la laideur du monde, choisir de lire des romans d'amour, c'est ce que choisi de faire Antonio José Bolivar. La sagesse d'un homme face à la stupidité et à la cupidité des autres, toujours sous fond d'écologie et de protection des animaux et de la nature.
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