Luis Sepulveda, auteur chilien, nous entraîne, avec ce court roman, au coeur de la forêt amazonienne. Les descriptions, jamais soporifiques, sont très explicites et m'ont véritablement fait voyager.
Antonio s'installe avec son épouse sur les rives du Nangaritza près du village d'El Idilio. A la mort de son épouse, il apprend auprès des Shuars, les Indiens locaux, à vivre dans la jungle. Suite à un incident indépendant de sa volonté, il lui est demandé de quitter la tribu ( mais pas en mauvais termes pour autant) et retourne vivre à El Idilio comme chasseur. Son coeur toujours empli de curiosité, il apprend à lire et se découvre une passion pour les romans d'amour. Ce taiseux, qui n'enlève son dentier que pour manger et le remet aussitôt qu'il n'a plus envie de parler, apprécie la tranquillité et la solitude qui lui permettent de donner cours à sa passion.
Lorsque le cadavre d'un chasseur blanc est découvert, le maire, personnage grossier et portrait craché de l'inadaptation, l'envoie en mission. Nous voici entrainé dans une véritable épopée.
J'ai adoré ce roman.
L'intrigue, au départ faussement naïve de SEPULVEDA, est particulièrement riche et dénonce en réalité les effets négatifs de la déforestation et de la colonisation. Il rend un véritable hommage au peuple amazonien et à la Nature. La plume est dénonciatrice mais tout en finesse.
J'ai été émue par de nombreux passages, notamment lorsque Antonio lit un livre sur Venise, qu'il essaie de s'imaginer, lui qui ne connait pas l'Europe, alors que nous ne connaissons pas l'Amazonie non plus. Il décrypte avec son seul bon sens et ce combat intérieur est extrêmement touchant. C'est un héros inoubliable de la littérature : sa bienveillance, son amour de la Nature et des animaux, son humilité, son humour et son impertinence, m'ont vraiment marqué.
J'ai été révolté par le comportement du maire, arrogant, qui n'écoute personne et abuse de son autorité dès qu'il le peut mais qui finalement, se retrouve bien souvent bête devant l'expérience d'Antonio Bolivar. Je ne peux qu'être indignée, aussi, par le comportement des chasseurs, qui détruisent la faune sans vergogne et qui s'étonnent par la suite des conséquences.
Qu'il est triste, en fin de lecture, de constater que tout est encore si actuel.
Je recommande cette courte lecture, percutante, émouvante et indispensable!
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