Tel un
Jules Verne, conquérant de l'invisible,
Luis Sepulveda, auteur chilien aux best sellers traduits dans le monde entier(dont "
Le vieux qui lisait des romans d'amour", prix du roman d'évasion,prix France culture étranger ou "Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler" prix Sorcière) a écrit sur les murs de sa maison la célèbre phrase du capitaine Némo: "Peu m'importent les nouveaux continents, seuls m'importent les hommes".
Et
c'est bien d'hommes dont il s'agit ici, d'hommes et de rendez vous manqués avec l'amitié, avec soi même,avec le temps qui passe,avec l'amour.
Et ce qui pourrait passer au prime abord pour de légers flash, polaroïds aigus,scènes courtes de parfois deux pages filmées dans la rue du genre "
Enregistrements pirates" de
Philippe Delerm, tourne souvent au désespéré, car ce pris sur le vif, se taille dans la chair de paumés.
Que reste t' il de cette maison du début nimbée d'érotisme torride? Celle d'Isabel. "Elle se laissait tirer sans résistance et se collait à mon corps". "Hanches félines". "Contact volcanique du sexe"."Blues de Ray Charles". "La réalité c'était cette maison qui n'était pas là." "T'es un couillon" rient ses amis. Couillon, rêveur, délirant? Les numéros des rues parfois se lézardent de tremblements de terre!
L'errance se perd ensuite dans un train à travers le regard complice d'un prisonnier et d'un adolescent. Couteau caché.Engagement du fils. Dénonciation future du père. Arrestation(?). Pleurs d'une enfance en rupture de bancs!
Et ce fakir tué. Parce qu'on est "compadres" pas vrai? Un compadre comparse qui boit trop, trop de ces petits vins sans tapage peut créer des mauvais tours dans un silence de mort!
Lucidité diabolique. Tout va crescendo, car au bordel de Mamma Antonia, tu te fais engloutir dans ton propre désir sordide d'obscénité. Et tu rampes, et tu pleures et demandes pitié et en redemandes et en as honte!
Absurde cruauté que subit ce vendeur auquel on a supprimé sa licence!
Horreurs militaires, déchéance. le salaud qui torture, déshumanise car déshumanisé lui même et dissémine la souffrance sera t il déchu ou promu au faite de la gloire en héros national?
Vingt sept nouvelles, au fil desquelles,
Luis Sepulveda sait nous toucher au coeur dans sa langue si belle, dans ce dépaysement chilien qui lui est propre, et nous transporte dans ce pays en guerre pour nous faire toucher du doigt les simples manques ou les atrocité vécues de son engagement.
Dur mais beau!
Seul l'espoir éclaire le ciel de son nom LIBERTE!