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Pierre-Jean Bourgeat (Traducteur)
EAN : 9782380942439
512 pages
Nouveau Monde (13/10/2021)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Cet ouvrage unique sur les guérillas anti-franquistes de 1936 à 1960 comble un véritable vide historiographique.

Une fois la guerre civile espagnole (1936-1939) terminée, des milliers d’hommes et de femmes républicains furent contraints de fuir et de se cacher dans les zones les plus inhospitalières d’Espagne. Au sein des montagnes se forgea une authentique organisation de résistance antifasciste : le maquis, qui fut le mouvement d’opposition le plus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« le franquisme fut un régime barbare face auquel il fallait se défendre. Les guérilleros l'ont fait par les armes. Avec le poids de toute leur haine, à l'instar des agents de liaison. de nos jours, alors que les quelques survivants ont pu déposer les armes et mettre leur haine de côté, il est peut-être temps de passer de la légende à l'histoire.
Une histoire nécessairement ouverte. »
Ce n'est pas dans mes habitudes de débuter une chronique littéraire par une longue citation mais la conclusion de la remarquable étude historique de Secundino Serrano, bien traduite par Pierre-Marie Bourgeat, me paraît d'une justesse admirable. de plus, elle laisse ouvert le cycle des recherches et je remercie Babelio ainsi que Nouveau Monde éditions pour avoir publié ce travail et m'avoir permis cette longue lecture pleine d'enseignements avec, hélas, tellement de vies humaines sacrifiées.
Le sort de la Guerre civile espagnole et l'abandon honteux de nos démocraties laissant nos voisins sous le joug du franquisme ont beaucoup fait parler et produit déjà des documents écrits ou cinématographiques. Malgré tout, les années qui ont suivi l'installation de la dictature ont été bien occultées de ce côté-ci des Pyrénées malgré les camps de sinistre mémoire d'Argelès-sur-mer, Saint-Cyprien, le Barcarès, Bram, Agde, Septfonds, Gurs, le Vernet, Rieucros plus d'autres en Algérie, mais j'apprends que la police française n'hésitait pas à livrer à la Garde civile les guérilleros tentant de se réfugier chez nous. Côté portugais, ce n'était pas mieux puisque la dictature de Salazar sévissant à l'époque arrêtait les guérilleros et les remettait aux sbires de Franco.
Historien, spécialiste de l'après-guerre d'Espagne et de l'exil républicain, Secundino Serrano a bâti son ouvrage en cinq grandes parties, explorant les moindres recoins de son beau pays pour détailler ce que fut la lutte à mort contre des rebelles soutenus par les Nazis et qui allaient finalement l'emporter, faisant le malheur de beaucoup de familles, éliminant d'authentiques démocrates voulant simplement que la République régulièrement arrivée au pouvoir continue à instaurer toujours plus d'égalité et de justice.
De la résistance armée pendant la guerre civile (1936-1939) aux anarchistes catalans et la guérilla urbaine, en passant par Fugitifs et guérilleros de l'après-guerre (1939-1944), l'exil français et les invasions pyrénéennes (1944), les années décisives (1945-1947), les années noires (1947-1949) et la fin de la résistance armée (1949-1952), Secundino Serrano n'élude aucune période, n'écarte aucun événement et cite systématiquement ces femmes et ces hommes qui ont lutté pour tenter de libérer leur peuple subissant les pires souffrances, la torture et la mort au bout de leur engagement.
Pendant ces années de résistance fort méconnues en France, les luttes internes aux partis politiques n'ont pas cessé. Ce qui avait désuni la République espagnole face au coup d'État franquiste n'a pas disparu par enchantement. Qu'ils soient socialistes, communistes, libertaires ou anarchistes, ils se battaient toutes et tous pour faire cesser la dictature mais chaque tendance avait sa ligne politique et au sein de chacune, la place du meneur, d'organisateur était très convoitée.
Côté PCE (Parti communiste espagnol), les directives de Santiago Carillo ou de la Pasionaria (Dolores Ibárruri) arrivaient de l'étranger, pas toujours en phase avec l'action sur le terrain, même si c'était dans les rangs du Parti communiste que discipline et efficacité donnaient le plus de résultats.
Hélas, délateurs, transfuges, victimes de tortures insoutenables livraient des renseignements à la Garde civile qui mettait même en place de faux résistants pour mieux infiltrer et détruire les réseaux.
C'est dans les montagnes, les coins les plus reculés de chaque région que la résistance au franquisme a été la plus vive mais il aurait fallu que cela se développe dans les grandes villes. Malgré plusieurs tentatives, notamment à Barcelone, la répression a été terrible et la guérilla urbaine est restée embryonnaire.
Lire MAQUIS, Histoire des guérillas anti-franquistes c'est faire une visite détaillée de la plupart des régions d'Espagne mais c'est aussi ne pas être fier du tout de l'attitude des démocraties européennes qui, une fois débarrassées du nazisme, ont commercé tranquillement avec la dictature franquiste, trouvant en Espagne, des lieux parfaits pour les vacances…
L'excellent document, énorme travail de recherches historiques signé Secundino Serrano, vient combler ce déni de mémoire. Surtout, il se termine par la lettre ouverte d'un ex-guérillero âgé de 91 ans, Martínez López « Quico », à la direction du PCE. Depuis soixante-quatre ans, il réclame la réhabilitation des camarades comme Victor García García « El Brasileño » qui a été exécuté comme beaucoup d'autres par des camarades, sur ordre de la direction du parti. Cette lettre forte et émouvante m'a fortement impressionné sans me faire oublier l'impressionnante liste de victimes de ces années de guérilla, et j'espère qu'enfin, elle sera suivie de la seule décision qui s'impose : la Réhabilitation !
J'ajoute enfin qu'un cahier central sur papier glacé permet de mettre à l'honneur ces hommes comme Manuel Castro, Cristino García et Antonio Medina, héros de la Libération en France et officiers FFI qui ont été fusillés par Franco le 21 février 1946, à Madrid, malgré les protestations et tentatives politiques françaises pour empêcher ces crimes d'État.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ceux des montagnes


Secundino Serrano nous propose une étude très complète et détaillée des maquis anti-franquistes et des guérilleros qui les composaient. Il distingue deux périodes dans cette Histoire des guérillas.


La première se déroule pendant la guerre civile et surtout pendant la seconde guerre mondiale.
Les maquisards sont surtout des fugitifs, combattants et civils, qui ont fui la répression et se sont réfugiés dans des zones souvent très inhospitalières. Ils sont très peu coordonnés mais vont former tout de même une organisation clandestine de résistance au fascisme.

La seconde époque se situe à partir de 1945 où les soldats qui ont combattu Hitler, remplis de l'espoir que les Alliés vont se retourner contre Franco, reviennent en Espagne pour reprendre le combat.


C'est l'histoire de ces luttes que nous narre l'auteur.
Il n'élude aucun sujet comme ces rivalités, ces luttes fratricides surtout entre les responsables des différents mouvements qu'ils soient communistes, socialistes ou libertaires et qui, pour lui, sont une des causes de l'échec de la rébellion.
La répression sanglante des franquistes est évidement évoquée à travers, notamment, la "ley de fuga", cette pratique qui consiste à simuler l'évasion d'un détenu pour mieux l'abattre dans le dos et éviter toute action judiciaire.
Les tortures pratiquées systématiquement par la garde civile aussi bien sur les combattants que sur leurs familles conduisent certains à la délation qui, souvent, sera fatale à certains maquis.


Ce livre aurait pu s'appeler "Dictionnaire des maquis espagnols" tant la rédaction est pointue et concrète, notamment sur le noms de tous les intervenants, leurs actes et leurs devenirs. Il aborde toutes les époques, toutes les régions et tous les mouvements à l'intérieur des maquis. Il est tellement précis que cela rend parfois la lecture un petit peu heurtée et ardue avec cette succession de noms aussi bien des maquisards que de leurs adversaires ou victimes pour chaque regroupement.
Un seul regret, le chapitre consacré à la vie quotidienne de ces hommes, aurait gagné à être plus conséquent. Leur quotidien est juste effleuré alors qu'il aurait, il me semble, mérité un plus grand développement,


Si vous voulez tout savoir sur ces hommes et ces femmes, au delà des mythes et légendes, cette étude, basée sur une documentation rigoureuse et très importante mais également sur de nombreux témoignages et dont le but est de rétablir un grand nombre de vérités ainsi que de lutter contre l'oubli, vous comblera.


Merci à Babélio et aux éditions « Nouveau Monde » de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
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Merci à Babelio et aux éditions Nouveau Monde pour l'envoie de ce livre lors d'une édition Masse Critique.

Secundino Serrano nous fait part d'une description extrêmement détaillée de ceux qui sont restés dans l'ombre, ceux que l'on a voulu écarter de l'Histoire de la guerre civile espagnole.
Secundino Serrano maîtrise parfaitement son sujet, spécialiste en études anti-franquistes, et nous raconte la vie de "ceux des montagnes".

On nous donne beaucoup de détails, beaucoup de noms de personnalités, certaines restées dans l'anonymat, d'autres devenues célèbres par la suite. Durant tout le livre on reconstitue pas à pas leur histoire.

Pour ceux qui sont passionnés ou ont envie de découvrir les détails des guérillas anti-franquistes je ne peux que vous recommander de lire ce livre.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Les agents opèrent parfois dans les villes et le plus souvent dans les villages et hameaux. Ils sont les yeux et les oreilles de la guérilla, rapportent les mouvements des forces de l’ordre et leurs points de contrôle (ponts, croisements, granges). Ils transmettent les directives de l’organisation politique urbaine, accomplissent les repérages et évaluent des objectifs à saboter (arsenaux, casernements de la garde civile, lignes téléphoniques, recension des horaires de chemin de fer, etc.), recueillent identité et adresse des maires, phalangistes, gardes ruraux et membres de la répression les plus actifs. Ils sont l’élément indispensable à la mise en place des coups de main économiques. De plus, ils se chargent de l’achat de vivres, de médicaments, d’habits et parfois, d’armement.
(page 267)
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La dramatique situation de l’exil et la coercition exercée par les autorités françaises combinant menaces et tromperie font qu’en quelques mois, la moitié des réfugiés retournent en Espagne (70 000 avant le mois de mars). Ceux qui décident d’assumer leur condition d’exilés jusqu’à ses dernières conséquences se retrouvent entassés dans des camps de concentration, gigantesques lieux de stockage à ciel ouvert où promiscuité forcée et hygiène lamentable resteront terriblement gravées dans la mémoire de la diaspora espagnole. Argelès-sur-Mer (le tout premier), Saint-Cyprien, Le Barcarès, Septfonds, Bram, Vernet-les-Bains, Rieucros (réservé aux femmes) ou Prats-de-Mollo sont devenus des noms tristement familiers aux oreilles ibériques.
(page 152)
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Le grand vainqueur du début de la décennie (1980) est Francisco Franco. Le PCE déclaré illégal en France, son bureau politique dispersé dans le monde et le parti socialiste devenu un fantôme, il peut enfin, grâce à l’appui des puissances européennes et des États-Unis, jouir d’un butin bien mérité : l’Espagne. Il comprend parfaitement que la grève des tramways, les mouvements étudiants, les « farces » monarchistes et la rénovation syndicale communiste ne mettent aucunement son régime en péril. L’intervention des pays démocrates, la guérilla (ou la conjonction des deux) qui avaient constitué l’unique péril ne sont plus qu’un souvenir.
Comme l’affirment les pièces de monnaie de l’époque : Franco est le caudillo d’Espagne, et pourquoi s’en priver, par la grâce de Dieu. Tout un programme !
(page 432)
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Le 28 septembre 1955, à l’occasion de la visite de Franco à Barcelone, il (« Quico » Sabaté) va jusqu’à fabriquer un mortier servant à inonder la zone de tracts. L’argent exproprié est intégralement employé à la cause révolutionnaire. Libertaire aussi austère qu’intransigeant, personne n’a jamais perçu chez Sabaté le moindre signe d’opulence, et sa compagne Leonor Castells Martí doit survivre en France en récurant les sols. Cet homme solidaire n’est généreux qu’avec les révolutionnaires, nul ne peut colporter qu’il s’enrichit dans son combat contre le franquisme.
(page 456)
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Mais les actions les plus dramatiques menées par les nationalistes sont sans aucun doute les paseos. Des civils, partisans du nouveau régime, surgissent dans des villages ou des prisons et chargent leurs camions de « marchandises républicaines » pour les liquider dans n’importe quel terrain vague, champ ou route, en jouissant de la plus totale impunité. Il ne s’agit pas d’une répression spontanée, mais bien d’une tactique pour terroriser la population dans les premiers mois de la guerre.
(page 31)
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