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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai eu un grand coup de coeur pour ce livre dans lequel une iranienne nous raconte sa vie, sa liberté, son exil.
D'abord petite fille délurée dans l'Iran de Khomeiny, éduquée par un père intellectuel aux idées larges, elle se moque des "barbus et des corbeaux" en se dénudant dans la cour de récréation et en courant à toute vitesse pour qu'ils (ou plutôt elles, "les corbeaux") ne l'attrapent pas.
Arrivée en France, nous retrouvons une adolescente désappointée quand elle en aperçoit aussi dans les rues de Paris.
Là encore elle se retrouve isolée par son intransigeance mais la lecture la sauvera, ses amis sont les libertin- e-s des siècles passés et modernes.
Elle devient une jeune femme libre et déterminée, qui nous livre de profondes réflexions sur la liberté féminine, la laïcité, l'importance de l'éducation égalitaire,...
On ne sort pas indemne d'une telle lecture.
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Essai extraordinairement intelligent sur la condition d'exilée et les raisons de l'exil.

Il permet de confronter les visions occidentales et orientales sur l'oppression des femmes, notamment de démystifier la signification du voile imposé en Iran et toléré en l'Occident par le biais d'un discours de revendication d'une pseudo-liberté des femmes de se vêtir comme elles le veulent.

Cette capitulation d'une partie de la gauche assure ainsi aux "barbus" la visibilité de la progression en nombre d'une population susceptible de subir sans protester la confiscation des libertés individuelles.

A travers la littérature libertine du 18 ème siècle français et l'histoire de l'Iran, Abnousse Shalmani met en évidence la corrélation systématique des confiscations des libertés avec la détérioration des conditions féminine et masculine, inextricablement liées.

Il se dégage de ce livre foisonnant, riche et servi par la rigueur de son argumentation, un enthousiasme et une joie de vivre extraordinaires.

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Lors d'une de nos premières rencontres, Delphine m'avait longuement parlé d'Abnousse Shalmani, et de son premier livre au titre hautement improbable, associant à la fois un dictateur intégriste et le grand maître du libertinage français, à l'origine de la notion de « sadisme ». Ce titre m'est resté en tête, et c'est avec beaucoup d'attentes que j'ai fini par ouvrir ce livre, plusieurs années après, en pleine tourmente personnelle et professionnelle – et ça a été une magnifique claque, bien loin de tout ce que j'avais pu m'imaginer.

Mêlant anecdotes personnelles, analyses diablement intelligentes, faits d'actualité, références littéraires diverses et humour décalé, Abnousse Shalmani nous parle des femmes, de leur droit à appartenir à l'espace public, et de la nécessaire séparation de la religion du politique pour éviter des dérives sociales inadmissibles comme celles qui ont été mises en place en Iran depuis l'avènement de l'ayatollah, ou encore en Afghanistan sous les talibans. J'ai été absolument soufflée par sa réflexion très poussée sur la place de la femme dans les sociétés occidentales et orientales, nourrie par une étude approfondie des femmes présentes dans l'Islam, depuis la première femme musulmane, Hagar, mère d'Ismaël, déconsidérée par la tradition islamiste malgré son rôle-clé. J'ai appris énormément sur cette religion, son histoire et ses traditions, sur les raccourcis que font ceux qui n'y connaissent rien, sur les dérives généralisées et les amalgames qui ont vu le jour après le 11 septembre et les révolutions arabes. J'ai découvert le soufisme à travers la figure admirable du grand-père de l'auteure, exemple de tolérance et d'acceptation, vivant sa religion dans la plus grande humilité sans en faire peser le poids sur les autres.

L'érudition d'Abnousse Shalmani m'a bluffée, son regard critique m'a questionnée jusqu'au plus profond de mon âme, et son amour pour la France m'a fait prendre énormément de recul sur mon propre désamour pour ce pays qui est le mien. J'ai trouvé fascinant comment la littérature libertine lui a permis de réintégrer le corps dans les choses de l'esprit, de le dédramatiser et de dépasser les interdits et constructions sociales auquel il est soumis, encore aujourd'hui dans nos sociétés actuelles. Khomeiny, Sade et moi bouille de réflexions politiques, sociales et culturelles immensément riches, que l'expérience personnelle de l'auteure aide à comprendre et à illustrer, le tout dans une prose à la fois accessible et exigeante. Un des meilleurs livres que j'ai lu récemment !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Par où commencer ?
Peut-être en disant tout simplement le choc que cette lecture a été pour moi.
De ceux, rares, produits par un livre précieux qui vous marque durablement de son empreinte.
C'est sa couverture qui m'a d'abord interpellée : une jeune femme à la chevelure luxuriante, au regard direct nous invite sans détour à écouter son histoire, celle d'une personnalité qui s'est construite entre deux figures dont on n'aurait jamais imaginé qu'il fût possible de les voir associer : Khomeiny et Sade. La couverture promet beaucoup : les pages surpassent toute attente.

Ce récit résolument autobiographique s'ouvre sur la première provocation d'une petite fille de 6 ans étonnamment précoce. En 1983, au coeur de Téhéran, alors que le Shah a été renversé et que les « barbus » sont désormais au pouvoir, cette petite fille traverse la cour de récréation de son école entièrement nue. Il ne s'agit pas là d'une simple espièglerie, mais d'un pied de nez fait à tous ceux qui veulent la contraindre à cacher son corps sous un voile étouffant. Car elle ne supporte pas ce monde devenu uniformément gris et noir où les femmes sont réduites à des corps coupables qu'il faut cacher. Elle ne comprend pas en quoi son corps d'enfant peut représenter un danger. C'est épidermique, c'est instinctif et c'est son premier cri de révolte.
Dès lors, jamais Abnousse ne se taira, jamais elle n'acceptera.
Et la nudité deviendra le mode d'expression de sa révolte, comme elle l'a été et continue de l'être pour d'autres femmes, de cette jeune Egyptienne qui choisit de s'exhiber sur Facebook vêtue de simples bas aux Femen bien connues.
Plus aucune minute de son existence ne s'écoulera qui ne soit dédiée à ce combat pour la liberté des femmes.
Agée de 8 ans, elle gagne Paris avec ses parents, croyant ainsi définitivement échapper à l'emprise des « barbus » et de celles qu'elle nomme les « corbeaux ». Las, quelle ne sera pas sa stupeur de découvrir qu'au coeur de cette république laïque dont elle a immédiatement appris à chérir les valeurs des femmes sont capables de choisir le voile, pendant que d'autres, ailleurs, meurent de devoir le porter !

Alors elle va affûter ses armes. Et ses armes, désormais, ce sont les mots. Ceux qu'elle découvre avec les grands écrivains français, ceux qui visent à pulvériser toute forme de censure, d'exclusion, de fanatisme, d'oppression.

Parmi ces écrivains, il en est un qu'elle place au-dessus de tous les autres, écrivain sulfureux s'il en est, écrivain qu'aucun régime ne put jamais soumettre: le marquis de Sade. Et là encore, il ne s'agit pas d'une simple provocation de sa part. Il faut voir comme elle en parle ! Oui, c'est pénible à lire, intolérable, même. Mais cet homme-là ne s'est jamais autorisé la moindre censure, et sa cruelle imagination fut sa façon de dire à tous ceux qui l'emprisonnèrent tour à tour : entre vos murs, ma liberté reste entière et je me ris de vos pudeurs et de vos préjugés.
Rire. Abnousse a compris que c'était l'arme ultime. Elle le reprend à son compte et nous parle d'expériences graves et tragiques avec des formules qui dégonflent instantanément tous les bouffis d'orgueil, des barbus aux trotskistes qu'elle trouve également sur son chemin, qui prétendent nier aux femmes le droit d'exister.

Je ne doute pas que certains trouveront sa parole trop libre, trop radicale, trop crue, trop tout.
Et pourtant. Des femmes mises sous voile à celles que l'on accuse d'être responsables du viol dont elles ont été victimes ; des femmes qui, à travail égal, continuent d'être moins payées que les hommes à celles qui se font conspuer parce qu'elles ont l'audace de porter une robe lorsqu'elles s'expriment au sein de l'Hémicycle parlementaire; des femmes à qui l'on dénie de droit de choisir de porter ou non une grossesse à son terme à ces jeunes lycéennes nigérianes enlevées pour être vendues comme de vulgaires marchandises, il reste, ici comme ailleurs, un long chemin à parcourir pour éradiquer toutes les formes de violence qui leur sont faites, et leur permettre - nous permettre - simplement d'être.

Alors oui, j'applaudis des deux mains à cette parole courageuse et intelligente, drôle parfois et mordante souvent, qui hisse la liberté et la tolérance au rang de valeurs suprêmes !
Et je me dis qu'à l'heure où des responsables politiques prétendent s'émouvoir de l'existence d'un livre où les personnages sont «Tous à poil», le geste de la petite Abnousse reste d'une terrible actualité.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Cela commence avec une petite fille de six ans qui se met nue en sortant de l'école à Téhéran, au temps de Khomeiny. En grandissant, la colère et la révolte restent intactes malgré l'exil de la famille à Paris. La découverte de la littérature érotique, Sade au premier plan donne sens à l'engagement politique contre tous les « barbus » de l'ordre moral, ici et ailleurs, de quelque religion qu'ils soient. Un livre fort, interpellant, dans son combat pour la liberté de penser.
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Superbe livre que tout le monde devrait lire, en tant que femme, en tant qu'homme... d'autant plus après notre tragique 8 janvier 2015
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Paouw ! Comment décrire ce livre sans tomber dans le clivage "Pour" "Contre", "Ce que j'aime" " Ce que je n'ai me pas" ? Il est vrai que l'auteure, en ayant des idées bien arrêtées et en défendant corps et âme son bout de gras, pourrait, peut-être malgré elle, déclencher des réactions tranchées et clivantes. Ce ne serait pas rendre hommage à la densité de son écrit, mais ça pourrait être une réaction prévisible à un ton parfois à la limite de l'agressif.

Passionné d'Iran, j'ai lu de nombreux témoignages d'exilés ayant quitté leur pays natal suite à la révolution islamique et à la guerre contre l'Irak. Si tous sont passionnants, il faut bien avouer qu'ils sont souvent écrits par des personnes qui ont été engagées politiquement, ou qui sont issues des très proches du Shah. "Khomeiny, Sade et moi" a ceci d'original qu'il nous expose la réflexion d'une française d'origine iranienne, issue d'une famille bourgeoise mais pas vautrée dans le faste, dont la proximité avec le pouvoir royal était relativement faible. Ainsi, les SHAHMANI n'ont pas juste eu à poser leurs valises dans un de leur énième appartement parisien, avec quelques centaines de milliers de francs en petite coupure dans les valises ou les tapis. Ils ont dû s'installer dans un quartier populaire de la capitale,, et vivre de boulots peu qualifiés, sous le statut de réfugiés politiques.

C'est ce vécu, et une sincérité à toute épreuve, qui rendent le témoignage d'Abnousse SHAHMANI rare. Comment réagit une adolescente pour qui la vie a basculé lorsque les barbus ont pris le pouvoir dans son pays, quand elle se rend compte qu'en France aussi, les barbus ont leurs soutiens et leurs adeptes (qui sont souvent des gens nés dans un système qui leur permet justement des les critiquer sans risquer la mort) ? Comment réagit une adolescente quand elle retrouve la même bêtise que chez les mollah dans les familles de ses camarades d'origine maghrébine ou chez les parents de ses fiancés, des bcbg 100% parisiens ? Comment réagit l'ancienne réfugiée politique quand on la traite de raciste si elle ose se dire contre le voile intégral ? Comment réagit l'ancienne traumatisée de Khomeiny quand des camarades de collège nés en France lui présentent des condoléances quand le dictateur est mort, alors que c'est pour l'une des journées les plus joyeuses de sa vie.

Lire "Khomeiny, Sade et moi", c'est s'enfoncer dans la réflexion profonde et remarquablement bien construite d'une philosophe obsédée par le vivre ensemble, la démocratie et la laïcité. C'est suivre un cheminement d'une logique implacablement bien défendue. C'est (ENFIN) entendre le point de vue d'une immigrée de culture musulmane qui a choisi d'épouser les idéaux de son pays d'accueil, car elle et ses proches en ont trop bavé de l'islam politique pour soutenir un quelconque prosélytisme d'état.

On ne peut que suivre SHAHMANI quand elle défend ses idées, quand elle explique pourquoi défendre la laïcité ne veut pas dire être raciste ou obtus. On adore sa culture littéraire prodigieuse et la psychanalyse familiale à laquelle elle se livre pour mettre en relation les habitudes orientales et occidentales. On adore quand elle nous raconte des anecdotes parlantes et qu'elle défend des valeurs qui sont les siennes. Féministe mais pas anti-hommes, elle n'a pas peur de dire aux femmes qu'elles sont en partie responsables de ce que certains se permettent de leur imposer. On ne peut pas lui reprocher un aveuglément de complaisance, car tout le monde en prend pour son grade.

En revanche, je déplore deux choses dans ce texte, qui m'ont empêché d'y apporter ma totale adhésion. 1) L'auteure semble se concentrer un peu plus sur ce qu'elle ne veut pas au lieu de ce qu'elle veut. C'est bien malheureux, car à la lire, on dirait parfois que le monde n'est peuplé que de cons. La portée de son message y gagnerait si elle prenait conscience qu'autour d'elle, de nombreuses personnes partagent son point de vue, et qu'il n'est donc pas nécessaire de s'emporter en permanence ! Bien sûr que face à elle, ce sont des opposants qui n'écoutent que ceux qui hurlent. Mais je ne pense pas que ce soit ceux-là qui lisent son livre. Peut-être que son discours y gagnerait si elle l'entourait de plus de positivité. 2) Sa désillusion sur les printemps arabes entretient le discours pessimiste ambiant sur les pays musulmans. Son analyse est indéniable en ce qui concerne l'Egypte, mais je la trouve particulièrement injuste avec la Tunisie. Son analyse de la situation du pays s'arrête trop tôt. Depuis, les choses ont bougé dans ce petit pays. Et il s'y est passé le contraire de ce qu'elle déplore ! Les islamistes ne se sont pas installés : ils ont été dégagés démocratiquement. Les femmes des milieux populaires se sont certes un peu plus voilées, mais le voile intégral ne fait pas d'émules. Les femmes conservent leur liberté, et elles en gagnent même : égalité des sexes inscrite dans la constitution, renforcement de la loi contre la violence faite aux femmes, abolition de la loi qui obligeait les non musulmans à se convertir pour épouser des tunisiennes. le gouvernement travaille maintenant à inscrire l'égalité dans les droits d'héritage (qui est contraire à la charia). N'est-ce une française convertie, mère de djihadiste, qui a récemment dit qu'elle avait tenté de vire en Tunisie, pensant y trouver un pays extrémiste, et qu'elle en était très vite partie car "on lui demandait de se dévoiler pour travailler", et car les tunisiens ne font pas la prière, boivent de l'alcool et adorent les mini-jupes ?

Vous l'aurez compris, le livre d'Abnousse SHAHMANI se lit très bien, est énormément bien construit et crie des idéaux dans lesquels chacun peut se reconnaitre. En tous les cas, il ne laisse pas insensible et l'auteure est dotée d'une intelligence et d'un sens du raisonnement admirables. Néanmoins, je pense que son discours pourrait avoir encore plus d'impact et d'adeptes s'il était moins enflammé et plus tourné vers la joie de vivre ensemble dans la laïcité et le respect des autres (et notamment de femmes) plutôt que vers le malheur de savoir que des barbus sévissent sur terre.
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